Elle voulait juste être heureuse, Géraldine Dalban-Moreynas

Tomber, se relever, avancer…

Elle est seule, une fois de plus. Il l’a quittée comme ils le font tous, la quitter sans raison, juste le désamour, ou le je ne t’aime plus, totalement incompréhensible.
Ils s’entendaient si bien, lui et elle, sa fille et son fils ; elle y croyait à ce futur à quatre et qui sait plus tard à deux, elle l’imaginait déjà. Mais elle se retrouve seule une fois de plus.

Elle rêve toujours d’un homme qui pourra l’accompagner, l’épauler, la comprendre. Mais c’est comme ça, c’est sa croix sans doute ces hommes qui passent et qu’elle ne retient pas, qui la quittent sans qu’elle sache comment les retenir.

Alors elle rêve d’ailleurs, même si elle a un métier qui lui plaît, une agence qui fonctionne bien.
Elle part à Marrakech se ressourcer, faire le point sur sa vie en miettes. Et se demande alors si elle ne devrait pas tout changer. Et si elle ouvrait une boutique de produits différents, du vrai beau travail traditionnel mais au style modernisé, venu du Maroc par exemple.

Et le lecteur la suit dans ses pérégrinations, ses amours déçues, sa recherche d’un nouveau métier, sa vie de femme et de mère.

L’autrice est cash, directe, spontanée, comme son héroïne souvent déboussolée par ses amours désastreuses, mais capable de réagir et d’avancer sans se laisser abattre. Car il n’est pas toujours facile dans un monde d’hommes tous puissants de s’affirmer, se reconstruire, créer son entreprise et avancer face aux aléas et aux obstacles.

Un roman qui a des airs d’autofiction, quand on sait que Géraldine Dalban-Moreynas tient une boutique en ligne d’artisanat marocain dont elle parle sur les réseaux sociaux. Une lecture pas désagréable mais qui ne me laissera pas de grands souvenirs.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Il l’a quittée la semaine dernière. Plus exactement le mardi soir de la semaine dernière à vingt et une heure quinze. La nuit d’avant, ils ont fait l’amour trois fois. Elle ne sait plus très bien quand exactement. Ce n’est pas très important.
Dans les mois noirs et les nuits blanches qui suivirent, elle se demandera longtemps comment un homme peut faire l’amour trois fois dans la nuit à une femme qu’il va quitter le lendemain. Peut-être justement parce qu’il sait qu’il va la quitter. Lui jurera que non, la veille, il ne savait pas.
On se souvient toujours des jours qui bouleversent nos vies parce que, sur le moment, on pense souvent que tout est terminé ; alors que finalement, c’est ici que tout commence…

17,90 € / Date de parution 01 octobre 2021 / 224 pages / EAN : 9782226452436

Pourvu qu’il soit de bonne humeur, Loubna Serraj

Comment être libre quand l’idée même de liberté n’est pas envisageable ?

Maya, 15 ans, belle, jeune, mais pas libre. Depuis quelques mois déjà ses parents ont décidé qu’elle ne pouvait plus aller au collège. Une jeune femme n’a pas besoin de trop apprendre puisque son avenir est d’être marié, savoir être épouse et mère cela suffit bien. Pourtant chaque jour ou presque, de longues discussions avec Marwan, son frère, lui permettent de continuer à apprendre et à débattre sur l’actualité, la géopolitique mondiale, le monde qui l’entoure dans le Maroc des années 40. Jusqu’au jour maudit où on lui annonce qu’elle doit épouser Hicham.

Il est beau ce jeune homme qu’elle découvre le jour du mariage, et la jeune femme est prête à l’aimer et à se soumettre. Mais c’est sans compter sur la violence qui se déchaîne dès la nuit de noce. Violée à plusieurs reprises, frappée, Maya ne sait pas que sa vie vient de basculer dans l’horreur, le silence, la douleur. Celui qui n’a connu que la violence de son propre père répète le schéma à l’envie, pour le plus grand malheur de son épouse.

Si la famille, la mère, les sœurs, ont compris le martyr que vit Maya, aucune voix ne vient s’élever pour faire cesser la violence meurtrière. Seul son dossier médical à l’hôpital témoigne des multiples fractures, viols, souffrances, maltraitances qu’elle a dû subir en silence pendant autant d’années.

Pourtant Maya la soumise, Maya puits de douleur est une femme libre dans sa tête, indomptable et indomptée par celui qui rêvait de la soumettre. Les discussions avec son frère, sa participation à la révolte marocaine face à l’occupant, ses lectures, ses fleurs et ses rêves sont les témoins les plus évidents de cette liberté si chèrement acquise.

Dans le Maroc d’aujourd’hui, Lilya vit une relation heureuse avec son amoureux. Mais elle ne souhaite absolument pas s’engager à ses côtés, car jamais elle n’acceptera de se soumettre au bon vouloir d’un époux. Dans son corps, elle ressent des douleurs et entend des questionnements qui l’interpellent sur sa filiation, qui est elle et d’où vient-elle ? Et si l’âme de Maya, sa grand-mère, était venue la tourmenter pour demander réparation de ses souffrances. Et si Lilya ne s’autorisait tout simplement pas à vivre libre ? Pour le savoir, elle part à la recherche de cette aïeule, soulève le voile du silence et révèle peu à peu la vie de Maya et ses propres contradictions.

De nombreux sujets forts sont abordés dans ce roman. La violence faite aux femmes, que ce soit au Maroc ou ailleurs, le mariage forcé, l’éducation des filles qui n’est pas toujours une évidence. Mais aussi les transmissions transgénérationnelles. La psycho généalogie explique parfois les traumatismes dans des familles où les secrets traversent les générations sans être révélés à ceux chez qui les dégâts sont les plus importants.

Ce sujet difficile est traité d’une manière originale grâce à ces deux générations de femmes qui se retrouvent dans leur soif de liberté, de savoir, d’amour et de vie. Ce roman est le lauréat du Prix Orange du Livre en Afrique 2021, son sujet rejoint Les impatientes, cet autre roman aux multiples récompenses. Souhaitons lui un aussi beau parcours.

Catalogue éditeur : La Croisée des Chemins et Au Diable Vauvert

Deux époques.
Deux couples.
Deux voix. Non, plusieurs voix qui traversent le temps pour raconter une vie, deux vies, leurs vies.
À travers une histoire, tour à tour inscrite dans le passé et le présent, aussi parsemée de violence ordinaire que de passion rebelle, le murmure Pourvu qu’il soit de bonne humeur d’abord inaudible, se renforce, devient mantra et arrache sa propre bulle de liberté, inestimable hier comme aujourd’hui.
Comment être libre quand l’idée même de liberté n’est pas envisageable ?
Comment résister à une guerre de l’intime où les bruits des canons deviennent ceux de clés tournant dans la serrure d’une porte ou de pas se rapprochant doucement mais sûrement ?
Comment la peur peut s’insinuer dans les couloirs du temps pour faire passer un message ? Quel message ?
Maya. Lilya. Deux voix. Deux femmes. Deux époques.
Une intensité. Celle que provoque la liberté.

Loubna Serraj est éditrice et chroniqueuse radio à Casablanca (Maroc). Elle tient également un blog littéraire social et politique sur des sujets d’actualité. Pourvu qu’il soit de bonne humeur, paru au Maroc aux éditions la Croisée des chemins, est son premier roman.

La Croisée des Chemins ISBN 9789920769563 / Parution 2020 / pages 324

Au Diable Vauvert : Parution : 2021-03-18 / pages : 352 / EAN-ISBN : 9791030704105

Ceux que je suis, Olivier Dorchamps

Ceux que je suis, d’Olivier Dorchamps, un roman au ton juste qui parle de famille, d’identité, de filiation

Tarek et Khadija ont quitté le Maroc alors qu’ils étaient jeunes mariés pour aller vivre en France. Trois fils et une vie plus tard, Tarek décède brusquement. Passé le choc de sa disparition, les trois fils sont encore plus choqués d’apprendre qu’il faudra faire le voyage jusqu’au Maroc pour l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure.

Difficile pour ces enfants devenus adultes d’accepter cette décision. Car depuis tant d’années que leurs parents vivent à Clichy, et avec des fils nés en France et sont donc français avant tout, c’est l’incompréhension. Ils se sentent frustrés et volés de ces moments de recueillement qu’ils ne pourront pas avoir sur sa tombe.

Commence alors pour chacun un voyage vers les racines de la famille. Pas un simple voyage de Clichy à Casablanca, mais bien un voyage pour remonter le temps, un chemin vers les origines et ce qui a forgé l’identité de chacun. Cette identité que l’on se crée soi-même, et celle qui vient de Ceux que nous sommes. Au contact de la famille, une grand-mère qui n’a jamais parlé du passé, un ami fidèle, une mère devenue veuve, les fils vont apprendre d’où ils viennent, tenter de comprendre leurs différences, le pourquoi d’un départ et de ce retour. Mais apprendre aussi le poids des traditions, des croyances et de la religion dans une société dont ils ne maitrisent pas les subtilités.

Ceux que je suis est un livre au ton juste, qui parle de famille, de cette lignée qui construit chaque individu qui la compose, mais aussi de secrets enfouis profondément, de ceux qui marquent des générations sans qu’elles ne comprennent pourquoi. Un roman qui parle d’amour, celui d’un couple, mais également de l’amour filial et de celui des parents pour leurs enfants.

Merci Olivier Dorchamps pour ce beau roman d’identité et de filiation. Un livre qui dit sans juger, qui montre avec beaucoup d’humanité la complexité des sentiments, la douleur, le poids des traditions, l’importance de la famille et des générations qui nous ont précédés.

Roman lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois

Catalogue éditeur : Finitude

« Le Maroc, c’est un pays dont j’ai hérité un prénom que je passe ma vie à épeler et un bronzage permanent qui supporte mal l’hiver à Paris, surtout quand il s’agissait de trouver un petit boulot pour payer mes études. »
Marwan est français, un point c’est tout. Alors, comme ses deux frères, il ne comprend pas pourquoi leur père, garagiste à Clichy, a souhaité être enterré à Casablanca. Comme si le chagrin ne suffisait pas. Pourquoi leur imposer ça ?
C’est Marwan qui ira. C’est lui qui accompagnera le cercueil dans l’avion, tandis que le reste de la famille ­arrivera par la route. Et c’est à lui que sa grand-mère, dernier lien avec ce pays qu’il connaît mal, racontera toute l’histoire. L’incroyable histoire.

13,5 x 20 cm / 256 pages / isbn 978-2-36339-118-6 / 18,50 euros
Talent Cultura 2019

La belle de Casa. In koli Jean Bofane

La belle de Casa, de In Koli Jean Bofane, c’est une histoire de vie et de mort, un conte moderne dans les rues de Casa la belle.

Domi_C_Lire_la_belle_de_casa_actes_sudDans Casa la belle, migrants et voyous se rencontrent dans les quartiers populaires. Sese est un jeune clandestin arrivé de Kinshasa. Il a atterri là alors qu’il pensait arriver en Normandie. Depuis il vivote  en faisant casquer sur internet quelques européennes en mal d’amour, en les amadouant et en leur promettant la lune. Il était associé dans son petit business avec Ichrak.

Un matin, dans une ruelle peu fréquentée, il découvre la belle Ichrak morte, ensanglantée. Ichrak n’a pas de père et sa mère, la farouche Zahira, est folle depuis longtemps. Alors qui pouvait bien lui en vouloir ? Tous ! Car Ichrak la sublime avait la langue bien pendue et ne s’en laissait pas conter.

Et certainement pas par tous ces hommes concupiscents qui la guettaient et rêvaient de la soumettre à leur volonté. Ces nombreux hommes qui évoluent autour d’Ichrak, à commencer par le commissaire Daoudi, qui mène l’enquête. Lui-même est tombé sous le charme de la belle, mais n’a jamais réussi à la faire plier. Il y a bien sûr Sese le migrant, mais aussi Nordine le voyou, Farida la femme d’affaires avertie et son mari le très ambigu Cherkaoui, qui entretient une bien étrange relation avec Ichrak.

Dans ce quartier misérable, les migrants arrivent du Congo, du Cameroun, du Sénégal. Ils n’ont pas trouvé d’issue à leur course vers l’Europe et ont posé ici leurs maigres bagages. Ils squattent des immeubles miteux lorgnés par les promoteurs. Ces derniers rêvent de transformer les quartiers pauvres de Casablanca  pour les proposer aux plus riches, centres commerciaux, palaces, immeubles de luxe remplaceraient opportunément ces ruines, pourvu que l’on puisse en chasser les habitants. Et l’auteur nous décrit, avec une gouaille et un sens du dialogue qui nous embarquent dans une sordide réalité, les malversations, magouilles et affaires qui se trament ici sous le manteau.

En parallèle, on découvre le sort de ces migrants qui ont quitté l’Afrique noire et se retrouvent prisonniers en Lybie dans des conditions sordides, tant qu’ils n’ont pas payé un lourd écot aux passeurs, risquant leur vie pour un espoir d’avenir meilleur en Europe ou en Afrique du Nord.

Et comme un bouleversement majeur qui agirait en continu tout au long du roman, il y a le vent Chergui, ce vent du désert qui assèche, qui chamboule les hommes par sa chaleur, sa force, qui les contraint à trouver une issue à leurs souffrances. Symbole de ce changement climatique qui pousse hommes et femmes à chercher vers le nord un territoire où se poser ?

Ce que j’ai aimé ?  Le style, l’écriture, les vies et les portraits de ces personnages, réalistes, tragiques, vivants, décrivant une réalité douce-amère avec beaucoup d’humanité et de véracité. On s’y croit.. on y croit, et c’est bouleversant.

💙💙💙💙

Quelques photos de l »auteur aux Correspondances de Manosque, en cette belle fin de mois de septembre.

 


Catalogue éditeur : Actes Sud

Qui a bien pu tuer Ichrak la belle, dans cette ruelle d’un quartier populaire de Casablanca ? Elle en aga­çait plus d’un, cette effrontée aux courbes sublimes, fille sans père née d’une folle un peu sorcière, qui ne se laissait ni séduire ni importuner. Tous la convoi­taient autant qu’ils la craignaient, sauf peut-être Sese, clandestin arrivé de Kinshasa depuis peu, devenu son ami et associé dans un business douteux. Escrocs de haut vol, brutes épaisses ou modestes roublards, les suspects ne manquent pas dans cette métropole du xxie siècle gouvernée comme les autres par l’argent, le sexe et le pouvoir. Et ce n’est pas l’infatigable Chergui, vent violent venu du désert pour secouer les palmiers, abraser les murs et assécher les larmes, qui va apaiser les esprits… Lire la suite

Août, 2018 / 11,5 x 21,7 / 208 pages / ISBN 978-2-330-10935-6 / prix indicatif : 19, 00€

Maroc Emotions Couleurs. Xavier Richer & Jean-Marie Boëlle

Maroc Emotions Couleurs, c’est le très beau livre des éditions Glénat, porté par les photos de Xavier Richer et les textes de Jean-Marie Boëlle.

https://i0.wp.com/www.glenatlivres.com/images/albums/9782344010921/9782344010921-L.jpgBleu genièvre, Blanc amande, Jaune curcuma,
Rouge piment, Vert olive, Vibrance…

Ce livre est juste magnifique ! Une belle harmonie, des couleurs qui claquent et qui montrent le pays par un autre regard, la vie, les Hommes (avec un H majuscule, donc les hommes et les femmes !), les paysages, tout y est et tout vibre. Les chapitres aux noms si évocateurs de couleurs apportent la palette juste de ce que notre regard recherche lorsque nous voyageons, la magie et la lumière, la découverte et la singularité, la différence et le sourire, les odeurs et les saveurs.
On a envie de tourner les pages, de les regarder encore et encore, chaque photo à juste ce qu’il faut de commentaire pour laisser toute sa place à la magie des images et à la symphonie des couleurs qui emportent le lecteur.

On voyage, on rêve, on plonge dans les très belles photos de Xavier Richer ponctuées des textes sobres et descriptifs de Jean-Marie Boëlle, c’est absolument superbe !

💙💙💙💙💙


Catalogue éditeur

Aborder le Maroc par ses couleurs permet de révéler  la diversité et la beauté de ce pays.
Bleu genièvre, blanc amande, jaune curcuma, rouge safran, vert olive, 5 chapitres qui se terminent par une fusion… de couleurs.

Format : 275 x 328 mm / 224 pages / Façonnage: Cartonné /
Paru le 12.11.2015 / EAN/ISBN : 9782344010921 / éditions Glénat