Les cœurs inquiets, Lucie Paye

Un beau roman qui déborde d’amour et d’espoir

Lui, artiste peintre qui excelle dans les paysages sans aucun personnage, a quitté l’île Maurice pour Paris. Son galeriste envisage une nouvelle expo en septembre, mais est-il capable de répondre à cette exigence.
Son inspiration du moment ? Une femme, pas un modèle, pas une amoureuse, pas une voisine, mais une femme surgie des limbes de son imaginaire sans qu’il arrive à comprendre l’urgence qui s’est emparée de lui.

Elle, on le comprend vite, est malade. Elle saisi les moments de sérénité et de lucidité qu’il lui reste pour écrire à l’amour de sa vie qui a disparu depuis si longtemps.
Qui est-il cet homme qu’elle a cherché pendant tant d’années, que veut-elle de lui, et pourquoi a-t-il disparu ?

Lui et elle, vont-ils être deux destins parallèles ou leurs trajectoires vont-elles se croiser un jour ?

Ce que j’ai aimé ?

L’auteur nous propose des tranches de vie qui émeuvent et bouleversent, mais qui en même temps nous procurent un sentiment de sérénité.
Ces lettres qui débordent d’amour, de regrets, mais qui sont tellement positives et généreuses envers celui qui devrait les recevoir. L’amour d’une mère, absolu et définitif.
Les secrets de famille et les silences qui détruisent inexorablement ceux qui les acceptent.
Cet homme qui trouve une inspiration dans une femme inconnue qui le bouleverse sans qu’il en connaisse la raison. La force de amour filial suggérée ainsi.
Cet amour de l’art et de la peinture qu’ils ont en commun, cette façon qu’à l’auteur de distiller la beauté des œuvres et de nous en faire apprécier le beauté et à parfois le sens.

Un premier roman particulièrement réussi que l’on n’arrive pas à lâcher avant la fin.

Un roman de la sélection 2021 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Gallimard

«J’ai lutté, pour te retrouver, de toutes mes forces. L’espoir m’a fait vivre. Mille fois je me suis levée convaincue que ce serait aujourd’hui. Mille fois mon cœur a bondi en croyant t’apercevoir. Mille fois je me suis couchée en voulant croire que ce serait demain. Le jour où je te reverrais.»

Un jeune peintre voit apparaître sur ses toiles un visage étrangement familier. Ailleurs, une femme écrit une ultime lettre à son amour perdu. Ils ont en commun l’absence qui hante le quotidien, la compagnie tenace des fantômes du passé. Au fil d’un jeu de miroirs subtil, leurs quêtes vont se rejoindre.
Ce roman parle d’amour inconditionnel et d’exigence de vérité. De sa plume singulière, à la fois vive, limpide et poétique, Lucie Paye nous entraîne dès les premières pages vers une énigme poignante.

Parution : 05-03-2020 / 52 pages, 140 x 205 mm / ISBN : 9782072847301 / 16,00 €

L’heure bleue, Peder Severin Krøyer musée Marmottan Monet

Profiter des plus de soixante chefs-d’œuvre de cette première exposition monographique consacrée à l’un des plus grands maîtres de la peinture danoise Peder Severin Krøyer (1851-1909). Ce successeur de Købke et prédécesseur d’Hammershøi tient une place majeure dans l’art de son temps. Ce peintre prolifique et excellent dessinateur est aussi un photographe au regard humaniste et bienveillant.

S’il est un contemporain de Vilhelm Hammershøi (1864-1916) dont je vous avais parlé ici Hammershøi, le maître de la peinture danoise, musée Jacquemart André, Peder Severin Krøyer est au plein air ce que Hammershøi fut à la scène d’intérieur. C’est aussi un extraordinaire interprète de l’heure bleue, ce phénomène météorologique qui précède le crépuscule et se déploie surtout aux lointains bords de mer septentrionaux. Formé à l’Académie des Beaux-arts de Copenhague et à l’atelier de Léon Bonnat, à Paris, on peut le qualifier plus certainement de peintre naturaliste qu’impressionniste.

De nombreuses œuvres dont j’ai apprécié la beauté, les couleurs, les paysages, mais aussi les thèmes, avec ces scènes de pêcheurs, réunions de famille, portraits ou rencontres avec les amis, donnent une image chaleureuse et réaliste de son époque.

Le double portrait de son épouse Marie et de leur amie, l’artiste Anna Ancher, seules, cheminant, entre mer et plage, sur une étroite bande de sable qui traverse la toile pour s’élever très haut dans l’horizon clôt le parcours. Intitulé Soirée calme sur la plage de Skagen, Sønderstrand (Anna Ancher et Marie Krøyer marchant) (1893, Skagen, Skagens Kunsmuseer) ce chef-d’œuvre est incontestablement la toile la plus illustre de Peder Severin Krøyer et sans doute la plus poétique.

Une très belle exposition à savourer grâce à la jauge réduite dans le respect des mesures sanitaires. Exposition placée sous le haut patronage de la Reine Margrethe II du Danemark.

 : musée Marmottan Monet 2, Rue Louis Boilly Paris
Quand : jusqu’au 26 septembre 2021

Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures, Hector Obalk

Le stand up musical qui dit tout sur l’art !

Du XVIe au XXe, de Michel Ange au Caravage en passant par Corrège, Rembrandt, Ingres, Watteau ou Chardin pour ne citer qu’eux, de la peinture religieuse aux paysages, du maniérisme à la peinture de genre, du néoclassicisme à l’art déstructuré, découvrir les œuvres magistrales des grands maîtres par le regard d’Hector Obalk est une expérience singulière et enrichissante.

Érudit, humoristique, spectaculaire par la précision des images projetées extraites d’une compilation de 4000 œuvres allant du XIVe au XXe, hors du temps avec des accompagnements musicaux en symbiose avec les œuvres présentées, un spectacle complet qui ravira amateurs de peinture, avertis ou pas, et néophytes en recherche de connaissances.

Que vous soyez d’accord ou pas, je vous le promets, vous ne regarderez plus certains tableaux avec le même œil. Plus critique, plus ébloui, plus attentif, plus étonné, plus scrutateur, couleurs, mouvements, détails ne doivent plus nous échapper pour plonger les yeux grands ouverts dans cet art hors du commun.
Vous ne verrez pas le temps à passer !

Quand et où ?

Au théâtre de l’atelier à Paris à partir du 3 juillet, puis en septembre.
A Avignon, dates à préciser.
Toutes les Infos sont à retrouver sur le site http://grand-art.online/

Taches rousses, Morgane Montoriol

Qui est la proie, qui est le prédateur, un premier roman aussi noir que violent

Beck a fuit sa ville natale pour réaliser son rêve et devenir comédienne en Californie. Aujourd’hui, elle vit sans passion mais par intérêt avec un homme bien plus âgé qui pourra lui ouvrir les portes des studios. Mais ce rêve n’était-il pas celui de sa grande sœur ? Car des années auparavant, dans la petite ville de Muskogee, Leah Westbrook, à peine quatorze ans et la vie devant elle, a disparu. Depuis, aucune enquête n’a jamais réussi à déterminer ce qu’il s’est passé, fugue, meurtre, disparition inquiétante, nul ne le sait, et la blessure reste profonde pour Beck et son père. Beck se souvient, son enfance, ses parents, sa sœur qui avait un teint si parfait, sans ces taches de rousseur qu’elle déteste et tente désespérément de cacher sous son maquillage.

Pendant ce temps là, la ville est frappée par de dramatiques meurtres de jeunes femmes. Abordée par Wes, un homme aussi étrange qu’envoûtant, elle découvre son talent morbide d’artiste peintre lors d’une exposition d’art. Fascinée autant qu’inquiète devant ses toiles, elle n’a qu’une crainte, que ce dernier soit le tueur en série qui fait trembler la ville.

Wes le prédateur, et Beck la proie, jouent alors un jeu du chat et de la souris terriblement noir et à la tension grandissante. Chacun est hanté par ses démons et fort étrangement, la disparition de Leah semble être leur point commun.

Qui est la proie, qui est le prédateur ? Le jeu sanglant et morbide qu’ils jouent chacun à leur tour entraîne le lecteur dans des profondeur d’incertitudes et de questionnements. Leur passé, leurs démons, leurs secrets seront peu à peu révélés. Et le lecteur de se demander au fil des pages qui est qui et qui veut quoi. Des personnages noirs et sombres à souhait que l’on tente de comprendre, dont on a beaucoup de mal à discerner le but, et que l’on sent hantés par un passé inavouable.

Un premier roman noir adroitement mené, même si c’est parfois avec un peu trop de détails ou certaines longueurs qui à mon avis cassent le rythme. De fait, il m’a manqué de tempo pour m’embarquer vraiment. Même si je reconnais la force d’une intrigue qui nous mène par le bout du nez quasiment jusqu’au dénouement.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury Prix des lecteurs Le Livre de Poche 2021 Policier

Catalogue éditeur : Albin-Michel, Le Livre de Poche

Leah Westbrook a disparu un après-midi de septembre, à Muskogee, en Oklahoma. Elle avait quatorze ans. Son corps n’a jamais été retrouvé. Depuis, sa sœur, Beck, a quitté la ville pour s’installer à Los Angeles. Elle vit par procuration le rêve de Leah, en tentant une carrière de comédienne. Sans conviction. À la différence de Leah, dont la peau était parfaitement unie, Beck a le visage couvert de taches de rousseur. Des taches qu’elle abhorre et qu’elle camoufle sous des couches de fond de teint.
Bientôt, des corps atrocement mutilés sont retrouvés dans un quartier d’Hollywood où Beck a vécu. L’œuvre d’un tueur en série que la police peine à attraper. Peut-être cet homme aux yeux terribles, qui la suit partout…

Le Livre de Poche Prix : 8,20€ / Date de parution : 03/02/2021 / 408 pages / EAN : 9782253079286
Albin-Michel 21.90 € / 29 Janvier 2020 / 150mm x 220mm / 368 pages / EAN13 : 9782226446824

L’âge d’or de la peinture anglaise, Musée du Luxembourg

De Reynolds et Gainsborough à Turner, l’âge d’or de la peinture anglaise à travers les chefs-d’œuvre de la Tate Britain,  de la fin du XVIIIe au début du XIXe siècle

Mrs Robert Trotter

On y trouve portraits, peintures d’histoire ou animalières, paysages et aquarelles. Des œuvres assez étonnantes par leur construction, leurs couleurs, et leur taille. Dans les premières salles, les portraits sont si gigantesques qu’ils semblent à l’étroit dans l’espace du musée. Par la suite, quelques paysages ont au contraire des tailles bien modestes, quand on connait par exemple l’œuvre de Turner.

Vers 1760, puis tout au long du règne de George III, soit jusqu’en 1820 environ, la société anglaise se transforme et avec elle l’art et la culture connaissent une mutation importante. Sans pour autant renier les grands maîtres précédents, les peintres anglais s’essaient à de nouveaux styles, de nouvelles techniques, renouvelant le genre du portrait, les rendant plus sensibles et même expressifs, ou celui du paysage et de la peinture d’histoire.

Jusqu’au moment de la révolution française, on assiste au développement du paysage comme un genre en soi. Le goût en est sans doute favorisé par les échanges que font les artistes avec l’étranger, notamment lors de leur Grand Tour au cours desquels les peintres se familiarisent avec les œuvres italiennes en particulier. Après la révolution, les voyages étant plus compliqués, ils se tournent vers leurs propres paysages et mettent en valeur la campagne anglaise.

Et l’on peut voir au hasard des salles :

Ce portrait portrait où le personnage ne regarde pas devant lui, une construction assez surprenante et très belle.

Mrs Robert Trotter par George Romney. On sait que le peintre pouvait réaliser un portrait avec seulement quelques séances de pose. Ce portrait est novateur car seul le personnage est travaillé alors que le fond est à peine esquissé, presque flou. Contrairement à un portrait plus classique, avec un arrière-plan très fouillé.

À la façon de…

Francis Cotes, Paul Sandby, l’artiste fait le portrait d’un peintre spécialiste du pastel en le représentant à sa fenêtre, ses crayons de pastel à la main.
J’ai apprécié dans ce tableau de George Stubbs Un Hunter gris avec un palefrenier et un lévrier à Creswell Crags le regard que l’on devine entre le chien et le cheval.

L’empire colonial…

Mais il ne faut pas oublier la grande période de l’empire colonial Anglais, en particulier en Inde, que l’on retrouve notamment dans des paysages ou des portraits de famille. Ici un détail, une jeune fille et sa jeune servante indienne.
Ou encore, le peintre, découragé car ne recevant plus aucune commande, sombre dans l’alcool, puis se suicide. Ici il pose devant sa toile blanche…

Ce n’est pas forcément une exposition inoubliable, mais de belles choses à voir.

Que voir : L’âge d’or de la peinture anglaise, de Reynolds à Turner
Où : Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard 75006 Paris
Quand : jusqu’au 16 février 2020, tous les jours de 10h30 à 19h, nocturne jusqu’à 22h le lundi

Samuel Beckett, le plus beau visage du XXe siècle, Tullio Pericoli

Pour les 30 ans de la mort de Samuel Beckett, l’artiste italien Tullio Pericoli s’expose à la galerie Gallimard

L’artiste a une passion tant pour l’œuvre que pour le visage de Samuel Beckett, qui est selon lui le plus beau visage du XX° siècle.

Tullio Pericoli est un artiste peintre né en Italie en 1936. Il a réalisé une centaine de portraits de l’écrivain, bien qu’il en l’ait jamais rencontré et se base toujours sur le fonds de photos disponible dans les différentes archives.

A ma question, pourquoi seulement des portraits de l’écrivain âgé, Tullio Pericoli m’a répondu une évidence : pour trouver sur ce visage les traces d’une vie, d’une passion, de tout ce qui fait l’homme et l’artiste. Les sillons, les rides, les expressions du visage, voilà ce qu’il recherche, et ce qu’il rend de façon incroyablement pertinente.

« Beckett est l’écrivain que j’ai le plus peint et dessiné. C’est même devenu une obsession. Son visage me fascine. J’y vois une sorte de mystère, je scrute les rides, les marques ; c’est comme si le temps s’était mis à raconter tout ce qu’il avait pensé et vécu. »

J’ai particulièrement aimé les peintures, huiles sur toile ou sur bois, colorées ou ton sur ton, mais aussi de très expressifs dessins au fusain ou les aquarelles sur papier.

Allez-y, rencontrez Samuel Beckett, il vous regarde, mutique et secret, et qui sait si comme moi en sortant vous n’aurez pas envie de le relire !

Exposition vente à l’occasion des 30 ans de la mort de Samuel Beckett
Quand : Jusqu’au 30 Novembre 2019
Où : Galerie Gallimard au 30/32 rue de l’université Paris 7

La collection Alana, Chefs-d’œuvre de la peinture italienne

La collection Alana, Chefs-d’œuvre de la peinture italienne est à découvrir au Musée Jacquemart-André

La Collection Alana, l’une des plus précieuses et secrètes collections privées d’art de la Renaissance italienne au monde, est actuellement conservée aux États-Unis.

Pour lever tout de suite le mystère du nom de la collection, malgré ses sonorités italiennes il associe tout simplement le début du prénom de son propriétaire, le milliardaire chilien Álvaro Saieh, à celui de son épouse, Ana Guzmán.

Le Musée Jacquemart André expose ici plus de 75 chefs-d’œuvre des plus grands maitres italiens qui n’avaient jusque-là jamais été présentés au public : il s’agit entre autre des chefs-d’œuvre de Fra Angelico, Lorenzo Monaco, Vittore Carpaccio, Filippo Lippi, Tintoret, Véronèse, Bartolomeo Manfredi ou Orazio Gentileschi.

Les œuvres présentées démontrent une véritable fascination du couple pour l’art gothique et la Renaissance italienne, mais aussi plus récemment pour la peinture des XVIe et XVIIe siècles.

Ne boudez pas votre plaisir, c’est tout simplement somptueux !

A voir jusqu’au 20 janvier 2020 infos ici
Le Musée Jacquemart-André est ouvert tous les jours y compris les jours fériés de 10h à 18h, au 158 boulevard Haussmann 75008 Paris

Hammershøi, le maître de la peinture danoise, musée Jacquemart André

Visiter l’Expo « Hammershøi, le maître de la peinture danoise » et ressentir un moment de sérénité pure à contempler ces toiles en impressions de gris et blancs.

Un artiste éternellement contemporain, superbement étonnant, une jolie découverte. Apparemment tombé dans l’oubli pendant de nombreuses années, Wilhem Hammershøi (1864-1916) est parfois considéré comme le Vermeer du XX° siècle.

Il se dégage de ces quelques 40 toiles, à mesure que l’on progresse dans les salles, une telle sérénité, un tel calme, que l’on a envie d’y revenir. Si le thème des intérieurs était en vogue à l’époque chez les peintres danois, il l’a en quelque sorte sublimé. Les couleurs sont quasi absentes, essentiellement des tonalités de gris, bruns, blancs, tonalités froides donnant une impression de mélancolie, voire d’austérité, peu de meubles ou d’objets, et des compositions de lignes horizontales et verticales pour arrêter le regard… Chaque pièce semble la même et pourtant l’artiste a voyagé et peint les différents intérieurs dans lesquels il a évolué avec sa femme Ida.

Si la fiancée est représentée de face, l’épouse quant à elle ne le sera que de dos ou visage penché. Un parti pris artistique, pour ne retenir du tableau que les formes, la lumière, la pièce dans laquelle elle se situe ?

Alors oui, avouons-le, ce rendu est superbe. On a l’impression de se trouver face à des partis-pris photographiques, cadrage resserré, ombre et lumière, contrejour, suite de pièces et de portes… L’artiste est mort jeune, 51 ans, on peut se demander jusqu’où serait allé son désir d’abstraction dans ses œuvres…

💙💙💙💙💙

Le musée Jacquemart André met l’artiste danois à l’honneur jusqu’au 22 juillet. Ouvert 7/7 de 10h à 18h, nocturnes les lundis jusqu’à 20h30.

Pauline de Perval, L’or du chemin

« L’or du chemin » de Pauline de Perval nous transporte au cœur de la Renaissance italienne, à la recherche de l’amour, dans le milieu des artistes qui ont fait la gloire de l’Italie.

Couverture du livre "L'or du chemin" Pauline de Perval blog Domi C Lire

Parvenu au bout du chemin, Giovanni se tourne vers son passé. Cet artiste florentin (né de l’imagination de l’auteur) rêvait d’absolu, jeune apprenti dans l’atelier de ses maitres successifs (bien réels quant à eux !). Il écrit une lettre, mais à qui ? La réponse, comme sans doute une partie des réponses à sa quête d’absolu, n’arrivera qu’à la fin du roman.

Au début de la Renaissance, cet apprenti d’à peine 16 ans déjà très doué pour la peinture, souhaite plus et mieux. Ce ne sont pas les mathématiques qui doivent lui indiquer le chemin, point de codification ou de règle, seuls ses sentiments, son art, et ses recherches doivent le guider. Il veut produire des œuvres qui iront au plus près de l’émotion, puisant la force de ses réalisations au plus fort de sa passion, cherchant à atteindre le beau à travers son inspiration, en transfigurant la réalité pour accéder au sublime.

Il rencontre la belle Léonora, les deux jeunes gens tombent amoureux, mais ils ne font pas partie de la même classe de la société, toute union est impossible entre eux. Le jour où le père de Léonora lui choisit un mari, tous deux s’enfuient loin de la ville pour vivre leur amour cachés. Mais le sort et la morale les rattrape, et Léonora est enfermée au couvent, inaccessible et invisible. Giovanni part alors en quête de cet absolu qu’il tentait de poser sur la toile, pratiquant maints métiers manuels, cherchant à trouver L’or du chemin, vers sa vérité intérieure, par cet éloignement et les épreuves qu’il s’impose.

Dans l’Italie du XVe siècle et les débuts du Quattrocento, la peinture et les commandes sont essentiellement des sujets religieux. La richesse de l’église lui permet de s’offrir ces merveilles réalisée par les plus grand maitres qui sont parvenues jusqu’à nous. C’est dans ce contexte que Giovanni ressent un besoin d’absolu. Par son art, comme d’autres par la prière ou par l’amour du prochain, il tente de donner un véritable sens à sa vie. En fuyant, c’est sa vérité qu’il tente de trouver.

L’auteur a ancré son intrigue dans la réalité, restituant les techniques de la peinture de l’époque, la complexité de l’usage des pigments, le rôle de chacun dans un atelier, les tensions entre riches familles et gouvernants qui dirigent en partie la vie du pays. L’Histoire est présente tout au long de l’ouvrage, même si le sentiment principal qui persiste à la suite de cette lecture est celui d’une certaine poésie et de l’importance d’aller au bout de la quête de soi, quel que soit le contexte … En cela, le roman est intéressant et agréable. Il m’a pourtant manqué un peu plus profondeur, de réalité, ou un je ne sais quoi pour m’attacher vraiment à Giovanni. J’ai eu l’impression de rester devant la toile sans entrer réellement dans sa vérité.

💙💙💙

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Qu’est-ce qu’aimer ? Comment mener une vie qui vise à l’essentiel ? Comment œuvrer à rendre l’homme meilleur ?
Ces questions d’hier et d’aujourd’hui sont au cœur de la quête de Giovanni,  un peintre florentin du début de la Renaissance. Pauline de Préval nous raconte son parcours singulier : les épreuves qu’il traverse, son combat contre ses doutes, mais aussi contre l’emprise de l’argent qui façonne la société de son temps, comme sa volonté de doter sa vie de sens. Léonora, sa bien-aimée, Brunelleschi, son ami, Starnina, son maître, le guident tour à tour vers le plus intime de lui-même.
Dans l’Italie enfiévrée du XVème siècle, un roman initiatique porté par une émotion intense, qui propose à chacun de retrouver la clef du paradis.

Édition brochée : 14.00 € / 30 Janvier 2019 / 140mm x 205mm / 144 pages / EAN13 : 9782226438874

La petite danseuse de quatorze ans. Camille Laurens

Quand le destin de l’artiste croise celui de « La petite danseuse de quatorze ans », immortalisée pour l’éternité. Camille Laurens a mené l’enquête dans l’univers impitoyable de l’art et de la danse.

Domi_C_Lire_la_petite_danseuse_de_quatorze_ans.jpegDifficile d’appeler La petite danseuse de quatorze ans de Camille Laurens un roman, c’est plutôt un essai, ou un récit historico socio… je ne sais quoi. Mais je l’ai trouvé particulièrement intéressant, surtout après avoir découvert l’exposition « Degas, Danse, Dessins » au musée d’Orsay.

A l’Opéra de Paris, au 19e siècle, les petits rats n’étaient pas toujours des petites filles qui rêvaient de devenir danseuses. Et si aujourd’hui on se soucie de la vie et de l’enfance des petites filles, celles-ci ont pu être pendant de très longs siècles la proie de quelques messieurs amateurs de chair aussi fraiche que jeune.

La petite danseuse modèle de Degas, mais surtout petit rat de l’Opéra, est Marie van Goethem. Née en 1865 dans une famille belge très pauvre, Marie et sa grande sœur Antoinette deviennent danseuses pour assurer le quotidien de leur mère. Il n’était pas rare à cette époque que ces messieurs entretiennent une danseuse, où viennent payer pour le plaisir de les regarder à satiété, et plus si … sans doute. La mère maquerelle et le proxénétisme ne sont pas loin, mais ici hélas, c’est bien la mère des fillettes qui tient le rôle maudit. Les jeunes filles plaisent aux messieurs ou pas, dansent quelques années, puis finissent au bordel, ou éventuellement richement entretenues pour les plus belles, les plus chanceuses.
L’auteur retrouve celle qui servi de modèle à cette sculpture révolutionnaire que Degas va présenter au salon impressionniste de 1881. Marie sera renvoyée de l’Opéra en 1882, certainement à cause de ses nombreuses absences, celles dues aux heures de pause pour l’artiste qui immortalisera le modèle ?

La petite danseuse de quatorze ans  est donc une sculpture de cire, petite fille au visage chafouin, tendu vers le haut, bras croisés à l’arrière du dos, comme en signe de rébellion, tout sauf soumise, tout sauf heureuse sans doute. Si la sculpture choque, c’est parce qu’elle n’est pas particulièrement jolie, mais également qu’elle n’est pas de plâtre ou de bronze, au contraire quasiment de chair et de sang, car cuir, tutu léger et vaporeux, cire, complètent ce très inhabituel tableau. Il va choquer. Degas en fera plusieurs exemplaires, le Musée d’Orsay expose un moulage en bronze dans ses collections permanentes.

Domi_C_Lire_Degas_danse_dessins_1La question que pose Camille Laurens, et que l’on se pose certainement en regardant cette petite danseuse est le pourquoi de ce visage aussi ingrat ? Un moyen pour l’artiste de dénoncer la condition de cette enfant, de secouer les consciences ? Ou est-ce au contraire un moyen de se rendre complice des pensées de l’époque, quant au faciès attendu d’une prostitué ou d’une pauvresse, d’une presque mendiante, qui ne pouvait être que non conforme aux standards en matière de beauté pour une jeune fille dite de « bonne famille » ? Soif de choquer ou simple habitude ? Le mystère reste entier.
Cependant, la petite danseuse de quatorze ans possède une grâce indolente et rebelle qui ne peut que conquérir celui qui la découvre. Reflet d’une époque ou sortie de l’imagination de l’artiste, portrait de Marie ou création du maitre, qu’importe, elle nous intrigue et nous enchante, comme le font les œuvres de Degas, peintre, dessinateur, sculpteur sur le tard, puisque lorsqu’il devient aveugle, la dimension de la sculpture palliera en partie sa cécité. Le livre de Camille Laurens est en cela particulièrement intéressant qu’il dévoile tout cela et appelle notre conscience, éveille notre curiosité, avec juste ce qu’il faut d’interrogations et de réponses, et ce qu’il faut également de mystère irrésolu.

💙💙💙

L’exposition du musée d’Orsay :

 


Catalogue éditeur : Stock

« Elle est célèbre dans le monde entier mais combien  connaissent son nom ? On peut admirer sa silhouette  à Washington, Paris, Londres, New York, Dresde ou Copenhague, mais où est sa tombe ? On ne sait que son  âge, quatorze ans, et le travail qu’elle faisait, car c’était déjà  un travail, à cet âge où nos enfants vont à l’école. Dans les  années 1880, elle dansait comme petit rat à l’Opéra de Paris, et ce qui fait souvent rêver nos petites filles n’était pas un  rêve pour elle, pas l’âge heureux de notre jeunesse. Elle a  été renvoyée après quelques années de labeur, le directeur  en a eu assez de ses absences à répétition. C’est qu’elle avait  un autre métier, et même deux, parce que les quelques sous  gagnés à l’Opéra ne suffisaient pas à la nourrir, elle ni sa  famille. Elle était modèle, elle posait pour des peintres ou  des sculpteurs. Parmi eux il y avait Edgar Degas. »

Collection : La Bleue / Parution : 30/08/2017 / 176 pages / Format : 140 x 216 mm / EAN : 9782234069282 / Prix : 17.50 €