Tant que le café est encore chaud, Toshikazu Kawaguchi

Entrez dans le café Funiculi-Funicula pour vivre une expérience extra-ordinaire

J’avais découvert ce roman lors de sa parution chez Albin-Michel, j’ai eu le plaisir de l’écouter dans le cadre de ma participation au Prix des lecteurs Audiolib.

Quel lien existe-t-il entre Fumiko, cette jeune femme qui a rendez vous avec son petit ami au café Funiculi funicular ;
Mlle Hiraï, une jeune femme aux bigoudis sur la tête toujours pressée mais tellement libre, qui refuse de rencontrer sa petite sœur Kumi chaque fois que cette dernière vient la voir à Tokyo ;
Mr Fusagi et son éternelle revue de voyage qu’il annote depuis tant de mois, accoudé à l’entrée du café et son infirmière Mme Kotâke ;
Kei, l’épouse de monsieur Nagare qui tient le café et attend leur premier enfant ;
Et la femme en blanc assise chaque heure de chaque jour à la même place, sur la même chaise, inlassablement.

Et si le lien était justement ce café hors du temps, qui n’a jamais changé depuis sa création cent quarante ans plus tôt ? Dans ce café aux trois pendules, le voyage que l’on vous propose est à faire dans le passé ou dans le futur. Mais jamais le présent ne pourra changer, même après cet incroyable voyage.

Une condition impérative, revenir à l’instant présent Tant que le café est encore chaud.
Alors pourquoi tentent-elles leur chance ces femmes qui embarquent pour un voyage dans le temps ? Et si la solution était simplement dans une autre façon d’accepter et de voir les situations, ne pas changer ce qui est mais changer soi-même et sa perception de l’autre et de la vie ?

Un roman qui interroge sur notre volonté de modifier le cours des choses avant même de tenter de modifier notre façon d’être. La sobriété et la délicatesse du Japon émaillent ces pages pour le plaisir du lecteur. Il y a une grande poésie dans ce roman aux tonalités très japonaises également dans la façon d’être de chacun des personnages, leurs silences, leur maintient, leur retenue, et malgré les nombreuses répétitions, il a vraiment beaucoup de charme.

La voix de Philippe Spiteri porte avec poésie et sensibilité chacune des situations, chacun des personnages avec ses doutes et ses espoirs, ses failles et ses forces. Le rythme n’est ni trop lent, ni trop brusque, le ton est posé, déterminé et délicat.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Albin-Michel, Le Livre de Poche

À Tokyo se trouve un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu’en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud.
Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience et comprendre que le présent importe davantage que le passé et ses regrets. Comme le café, il faut en savourer chaque gorgée.

Lu par Philippe Spiteri
Traduit par Miyako Slocombe
Durée 5h25 / EAN 9791035408442 Prix du format cd 19,90 € / EAN numérique 9791035408817 Prix du format numérique 17,95 € / Date de parution 11/05/2022

À qui la faute, Ragnar Jonasson

Quatre amis, une nuit, une tempête

Ils sont quatre, amis depuis leurs années d’études. Daniel, comédien qui vit à Londres, Gunnlaugur, avocat, Helena, ingénieur et Armann un spécialiste de l’accueil des touristes en Islande. Ils ne s’étaient pas vus depuis des années et ont décidé de passer un week-end entre amis à chasser la perdrix des neiges dans les étendues glacées de l’est du pays.

L’amitié quand elle n’est pas alimentée a de grandes chances de se distendre, et c’est manifestement ce qui leur arrive. Après d’étranges retrouvailles et une première soirée alcoolisée, l’ambiance est déjà tendue. D’autant que le beau temps prévu n’est pas au rendez-vous et c’est une tempête que les quatre amis doivent affronter, sans aucune possibilité d’appeler des secours ou qui que ce soit d’autre.

Au fur et à mesure du déroulé de cet étrange week-end, les tensions se font plus fortes, les anciennes querelles et les griefs reviennent à la surface, les différents entre certains membres du groupe émergent de façon drastique, obérant toute chance de sérénité.

C’est la première fois que je lisais un roman de cet auteur. J’avoue que j’ai trouvé que c’était vraiment très long. Il y a un grand nombre d’invraisemblances tout au long de cette nuit. Les quatre amis se sont réfugiés dans une cabane dans laquelle ils sont confrontés à une scène pas ordinaire, et leur réaction est hors de propos. Pourtant, ils sont sensés être dotés d’un minimum de réflexion vu le profil que leur donne l’auteur.

Bien sûr la suite et la fin de l’histoire donnent au lecteur toutes les clés pour dérouler cet enchevêtrement d’invraisemblances. Mais il m’a manqué des pistes, des indices, que l’auteur aurait pu semer tout au long de chacun des chapitres de ce roman choral, où il fait parler alternativement l’un ou l’autre des amis pour les amener peu à peu à se dévoiler et apporter la solution à tous ces mystères.

J’ai trouvé qu’il y avait des longueurs et un manque de cohérence qui perturbent l’écoute. J’ai par contre apprécié la voix du lecteur qui endosse chaque rôle avec la dose parfaite de mystère, de découragement, d’incertitude et de tension qui sied à l’intrigue. J’avais envie qu’il me parle du grand froid, de la glace et de la tempête, dommage que l’intrigue n’ait pas été à la hauteur.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, La Martiniére

Ils pensaient se retrouver le temps de quelques jours paisibles. Une simple chasse à la perdrix dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande… Mais le voyage tourne au cauchemar. Une tempête de neige violente et inattendue s’abat sur eux et les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. À l’intérieur, une découverte macabre changera à jamais le cours de leur existence – et de leur amitié. C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux.

Lu par Slimane Yefsah
Traduit par Jean-Christophe Salaün

Durée 6h19 / EAN 9791035412524 Prix du format cd 23,90 € / EAN numérique 9791035412906 Prix du format numérique 21,45 €/ Date de parution 18/01/2023

Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel

Le roman noir des violences intrafamiliales et de leurs répercutions sur la vie d’adulte

Vivre son enfance sous le joug d’un tyran domestique violent, cela laisse des traces. C’est ce qui est arrivé à Jeanne, la petite dernière d’un famille vivant dans le canton du Valais. Sa mère a enduré les coups, les insultes, d’un époux tyrannique sans jamais chercher à fuir.

Sa sœur aînée a tout subi elle aussi, mais si elle était Sa préférée, nul ne saura vraiment ce qu’elle a vécu, si ce n’est les quelques révélations faites à sa jeune sœur, puis sa disparition, inacceptable pour les femmes de la famille qui s’interrogeront sans fin, incapables de trouver la moindre réponse à leurs questionnements.

Jeanne enfant subit les violences du père, sa brutalité quasi quotidienne envers ses filles et son épouse, qui lui laissent à jamais un goût amer et provoque en elle une antipathie physique envers les hommes. Et qui dit accepter ces violences dans l’intimité du foyer implique souvent une forme de soumission aux autres maltraitances. Celles des garçons du village, de la cour de récréation, petite fille perdue, moquée, frappée, mais toujours en mal d’amour, de signe de sympathie, d’amitié.

Alors Jeanne grandit, quitte le foyer familial, celui de tous les malheurs, de toutes les questions, pour vivre à Lausanne. Elle reviendra très peu dans son Valais natal, seulement pour y retrouver sa mère, son seul refuge. Trouvera une forme de stabilité dans l’amour, la douceur, la compréhension des femmes qui lui ressemblent parfois si peu mais qui l’attirent. Mais toujours reste en elle la douleur initiale, celle de ces violences à la fois physiques et morales qui détruisent les vies à jamais. Car il ne suffit pas de partir pour oublier, difficile de trouver une forme de résilience dans l’oubli et le silence de ce qui a été. Bien sûr, l’apaisement et la douceur sont là, mais les traumatismes du passé aussi, tapis, prêts à ressurgir au moindre moment de faiblesse.

Roman souvent glacial et perturbant lorsqu’il évoque le foyer, cette violence intrafamiliale et les silences, les mots et les gestes du père, ses colères et ses coups, tous les traumatismes de l’enfance. Émouvant aussi, puissant lorsque l’autrice évoque de deuil, l’enfance, les douleurs et les coups. Le silence des voisins, celui du médecin, sont autant de coups portés aux femmes victimes de violences. Et pourtant, j’ai trouvé difficile d’entrer en communion avec Jeanne, de la plaindre ou de la comprendre tant son personnage m’a paru froid, elle en qui la violence du père à fait sourdre une autre forme de violence, celle qui lui est indispensable pour tenir, se défendre, continuer à vivre et à exister. Une fin ouverte qui laisse tout envisager, mais surtout le pire.

Ce roman est lu par Lola Naymark. Sa voix est à la fois douce et forte, hésitante et décidée. A l’image de Jeanne qui se cherche et reste si fortement en colère tant la douleur et les blessures de l’enfance sont prégnantes, toujours vivantes en elle. Si j’ai aimé cette écoute et la voix de la lectrice, la violence qui est en filigrane du roman et qui explose à chaque chapitre le rend parfois difficile à écouter, trop d’émotion, de douleur, de doute. Et pourtant, j’avais l’impression d’être une oreille attentive aux confidences de Jeanne, d’être à ses côtés, mais incapable de l’aider ou de la sauver des réminiscences destructrices de ces violences subies.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Sabine Wespieser, Audiolib

Lu par Lola Naymark

Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l’assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence.
Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. À l’École normale d’instituteurs de Sion, puis à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d’apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu’elle s’accorde.
Habitée par sa rage d’oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d’êtres bienveillants que sa sauvagerie n’effraie pas, s’essayant même à une vie amoureuse.

Née en 1971, Sarah Jollien-Fardel a grandi dans un village du district d’Hérens, en Valais. Elle a vécu plusieurs années à Lausanne, avant de se réinstaller dans son canton d’origine avec son mari et ses deux fils. Devenue journaliste à plus de trente ans, elle a écrit pour bon nombre de titres. Les lieux qu’elle connaît et chérit sont les points cardinaux de son premier roman.

Sabine Wespieser : Parution : Août 2022 / 20 € / 208 p. / ISBN : 978-2-84805-456-8

Lauréat du Prix du Roman FNAC 2022

Audiolib : Parution : 18/01/2023 / Durée : 4h37 / EAN 9791035412418 Prix du format cd 22,50 € / EAN numérique 9791035412623 Prix du format numérique 20,45 €

L’eau du lac n’est jamais douce, Guilia Caminito

Comment survivre à une enfance dans un milieu défavorisé au bord du lac de Bracciano

Ce roman traduit de l’italien nous ouvre les portes d’une très modeste famille romaine des années 2000. Gaïa, le personnage principal, nous compte sa vie et ses aventures de l’enfance à l’âge adulte, toujours à la première personne sans que cela ne soit jamais lassant.

Gaïa a une mère singulière, qui ose aller jusqu’à des scènes dont sa fille a honte pour tenter d’obtenir un logement décent. Un père handicapé depuis qu’il a fait une très mauvaise chute sur ce chantier sur lequel il n’a jamais travaillé. Deux frères jumeaux bien plus jeunes et trop dociles, et un aîné rebelle né d’un père différent. Elle abhorre sa vie dans la pauvreté et cette condition sociale qui la place perpétuellement en marge de la vie des autres. Ils vont vivre une grande partie de leur vie à Anguillara Sabazia, une commune située près du lac de Bracciano au nord de Rome.

Elle grandit aux côtés d’Antonia, une mère au caractère bien trempé qui en est presque caricaturale. Tout repose sur elle, et elle doit se battre contre les injustices, au-delà des conventions, seule depuis que le père est relégué au rang des accessoires. L’enfance lui fait découvrir l’injustice, l’adolescence lui colle ses complexes et l’entrée dans l’âge adulte exacerbe ses difficultés. De part son milieu social Gaïa est souvent rejetée par ses camarades, surtout lorsque Antonia souhaite l’inscrire dans des écoles pour riches. Ce rejet accentue ses complexes mais fait émerger en elle des ressources insoupçonnées.

Il faut dire que sa mère lui a inculqué l’idée que seule la beauté permet aux pauvres d’accéder au milieu des riches. Alors elle se désespère, trop maigre, trop rousse, trop plate, trop mal habillée, trop différente. Mais elle découvre peu à peu qu’elle a hérité de sa mère une farouche détermination et une intelligence qui pourraient lui permettre de bousculer son destin.

Ce récit dans lequel les lieux et les événements ont leur place reste vrai, le style est léger, rythmé, féminin, poétique parfois. L’écriture de Giulia Caminito est directe, sobre, vivante, et terriblement réaliste. Les phrases sont simples, les mots précis, les répétitions de bon goût, les énumérations jamais fastidieuses et les allégories et les métaphores bien choisies. L’adolescence, point central du roman, y est bien décrite avec ses amitiés, ses expériences heureuses ou malheureuses, ses trahisons, ses succès et ses déceptions.

Difficile parfois de comprendre la psychologie du personnage principal. On la voudrait victime, elle est rebelle et toujours en colère. L’auditeur s’attache à Gaïa malgré son caractère ni sympathique ni agréable, et imagine la suite de sa vie à la lumière de ce qu’il croit comprendre. La fin un peu trop brutale à mon goût peut décevoir tellement l’empathie pour ce personnage ambigu est forte.

J’ai aimé la voix de Florine Orphelin, à la fois posée et juste dans ses atermoiements, ses hésitations, ses révoltes et ses envies de vie meilleure. Dans sa rage aussi contre une mère qui par son obsession de réussite scolaire espère lui permettre de vivre mieux qu’elle. Il y a tout dans ce personnage, l’espoir, le doute, la violence, la rébellion, l’amour et la déception, l’amitié et le deuil, et tout cela est bien transmis à l’écoute du roman.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Gallmeister

« Notre mère ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde. Mariano et moi sommes dans le couloir qui conduit aux chambres, culottes courtes et mollets raides, et sans ciller nous fixons notre peur : ne pas être comme Antonia, ne jamais être à la hauteur, ne remporter aucune bataille. »

Antonia, une femme fière et têtue, s’occupe d’un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, elle ne fait pas de compromis et croit au bien commun. Pourtant, elle inculque à sa fille le seul principe qui vaille : ne compter que sur ses propres capacités. Et sa fille apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir.

Nous sommes en l’an 2000, les grandes batailles politiques et civiles n’existent plus, seul compte le combat pour affirmer sa place dans le monde.

Lu par Florine Orphelin

Traduit par Laura Brignon

EAN 9791035411510 Prix du format cd 25,90 € / EAN numérique 9791035411381 prix du format numérique 23,45 € / Date de parution 10/08/2022 / Durée : 8h54

On était des loups, Sandrine Collette

Naître père ou le devenir ?

Liam est un solitaire, les forêts, les lacs, la montagne, la chasse, c’est sa vie. Mais le jour où il rencontre Ava, l’entente est immédiate entre ces deux être pourtant dissemblables, et la belle part avec lui dans le coin retiré où il vit.

Quelques années plus tard, un petit Aru vient rejoindre le cercle familial que Liam aurait bien circonscrit au couple. Aru, c’est Ava qui s’en occupe, l’élève, le nourrit, l’éduque. Pendant que Liam part de longs jours à la chasse. Alors bien sûr, il y a ces élans du petit garçon vers le père lorsque celui ci apparaît au bout de la pairie après des jours d’absence. Mais il n’y a aucun sentiment ni émotion de la part de cet homme solitaire et taiseux. Si Liam sait être un époux, il n’a toujours pas accepté d’être aussi un père, bien que son fils ait aujourd’hui déjà cinq ans.

Un jour, à son retour d’une période de chasse, il découvre le corps sans vie d’Ava, et Aru toujours vivant, blotti sous elle. Liam n’a pas la force de continuer à faire vivre son fils dans l’univers sauvage qu’il s’est créé et qu’il n’est pas décidé à abandonner. Il part avec Aru pour le confier à un lointain parent qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Bercé par le pas des chevaux, Liam et Aru partent pour un dernier voyage ensemble avant la séparation. Mais c’est sans compter sur la réaction de l’oncle.

Alors Liam repart, et son monologue continue, fil ténu qui envahi sa tête, incompréhension, solitude, chagrin, rage, rejet de ce fils resté vivant à la mort de la mère tant aimée. Ensemble, ils devront cependant affronter la faim, la peur, la violence de l’ogre, au cours de ces jours qui transforment une vie à tout jamais.

Étonnant roman dans lequel une fois de plus, Sandrine Collette nous plonge dans la vie d’un homme en marge de la société, un solitaire qui a tout du sauvage, un homme brisé et révolté par ce que le destin lui impose.

Peu à peu, Liam va devoir écouter, entendre et comprendre cet enfant qu’il rejette de toute son âme et refuse de garder près de lui. Mais qu’elle est la vérité dans cette attitude, est-ce pour le bien de l’enfant ou pour le confort du père. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre et même à accepter l’attitude de cet homme brisé, mais si dur avec son fils, prêt à commettre l’impensable pour rester debout, pour continuer à vivre selon ses principes. Je me suis demandé si un homme pourrait réellement avoir une telle attitude. Mais qui sait, face à un choc immense, anéanti par le chagrin, les réactions peuvent être disproportionnées et incompréhensibles pour le quidam qui vit tranquillement sa petite vie confortable.

C’est un livre audio que j’ai écouté en voiture sur un trajet fait avec mon mari. Selon lui, « seule une femme pouvait avoir écrit ce roman tant la psychologie du personnage masculin parait caricaturale et peu réaliste. Comment imaginer qu’un homme intelligent et sensible aux beautés de la nature tel que décrit ici, qui aime sa femme, pourrait être amené à certaines extrémités. Les tentatives de l’autrice pour nous faire imaginer l’impensable sonnent faux. Le suspens est bien là mais difficile d’oublier ces invraisemblances ».

Un roman qui parle de nature, de violence, d’amour fou, de solitude et de questionnements sur la paternité en particulier, ce sentiment pas forcément plus naturel chez un homme que chez une femme. Mais aussi de liens familiaux, innés ou pas, place et importance de la famille, du couple, de la paternité. Sandrine Collette à l’art de décrire une nature sauvage, montagnes, lacs, animaux, parfois sans pitié pour l’homme qui souhaite toujours la dompter, mais en plaçant toujours l’Homme et ses comportements au centre.

J’ai aimé la voix de Thierry Hancisse, son rythme fluide qui coule comme les phrases apparemment sans ponctuation voulues par l’autrice. Grave, posée, rugueuse aussi parfois, une voix qui dit le doute, l’absence, la souffrance, la rage et la violence. L’auditeur, comme le lecteur sans doute, est entièrement immergé dans la tête de Liam, dans ses pensées morbides, cette tension qui sous-tend chacun de ses gestes, de ses décisions, de ses désirs. L’humanité n’est pas forcément une évidence pour l’autrice, elle sait nous le montrer et Thierry Hancisse en est le vecteur parfait, solide, sombre, fou de rage et emporté par une douleur qui domine ses réflexions et obère ses capacités de jugement.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Jean-Claude Lattès

Lu par Thierry Hancisse

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.
Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Parution : 14/09/2022 / Durée : 3h58 / EAN 9791035411534 Prix du format cd 21,90 € / EAN numérique 9791035411701 Prix du format numérique 19,45 €

La sélection des titres en lice pour le Prix Audiolib 2023

Cette année encore, pour mon plus grand bonheur, je vais participer au jury du Prix du meilleur livre audio avec les éditions Audiolib.

Mais alors, quels sont les livres dans la course pour remporter le Prix Audiolib 2023 ? Et surtout, le prix Audiolib, qu’est-ce que c’est ?

Il a été créé en 2013 et récompense chaque année le meilleur livre audio des éditions Audiolib.
Le jury des blogueurs dont je vais faire partie va devoir sélectionner les 5 finalistes après l’écoute attentive des 10 titres en lice. Ensuite, les lecteurs – vous par exemple ?- éliront leur ouvrage préféré lors d’un vote en ligne qui déterminera le lauréat du Prix Audiolib 2023.

En 2022, c’est Laura Imai Messina qui a été récompensée pour Ce que nous confions au vent, traduit par Marianne Faurobert et lu par Clara Brajtman.

La sélection 2023 :

Comme vous pouvez vous en douter, j’ai vraiment hâte de recevoir ces nouveaux titres et de les découvrir !

Et si vous voulez lire les avis des jurées qui vont partager l’aventure avec moi, voici le liens vers leurs blog ou leurs chaînes Youtube :