Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin

Un roman sensible, poétique et totalement addictif

C’est long très long, c’est triste très triste, chiant parfois j’ose le dire, mais c’est surtout très poétique, bien écrit, et absolument addictif.

Par son style pointilliste brillant de simplicité Valérie Perrin nous raconte un drame familial à travers la vie de Violette, une jeune femme qui a vécu de famille d’accueil en famille d’accueil avant de trouver l’amour avec Philippe Toussaint, et de construire sa vie avec lui. Ce beau jeune homme ne sera pourtant pas l’homme qu’elle espère, et la vie ne lui fera décidément aucun cadeau.

On aime très vite Violette, cette héroïne fragile, sensible, tellement féminine. Même si j’ai eu par moments envie de la secouer, de lui ouvrir les yeux, j’avais également envie de la prendre par la main, ou dans mes bras pour la réconforter. Je l’ai admirée pour sa force, sa détermination, sa résilience.

La construction du roman est une réussite. Le lecteur qui peut se lasser de la lenteur de certaines scènes parfois répétitives est pris par des rebondissements qui relancent l’intrigue. Ces nombreuses itérations, qui peuvent durer le temps d’un chapitre, m’ont quelques fois lassée, mais au final, elles m’ont paru être là pour montrer le rythme d’une vie, du temps qui passe, de la banalité d’un quotidien qui pourrait être le nôtre, et de fait, elles trouvent toute leur place.

L’action évolue dans des univers qui jouent un rôle déterminant dans la construction romanesque. Il faut avouer que garde-barrière ou gardien de cimetière, même si c’est une vie en apparence ordinaire, cela n’est en rien conventionnel. L’héroïne traverse ces deux mondes professionnels d’une grande banalité que le talent descriptif et imaginatif de l’autrice nous rend vivants et intéressants.

La voix de Françoise Cadol est particulièrement bien adaptée à ce personnage. Je l’ai trouvée empathique, douce et en même temps si forte. À tel point que de temps en temps j’imaginais une adaptation ciné dans laquelle elle incarnerait Violette. Elle porte son personnage et tous ceux qui gravitent autour d’elle, Léonine et Philippe, Sasha, Irène et Gabriel, Julien et Nathan, mais aussi Gaston, Nono, Elvis avec une grande finesse, sensible, à la fois résolue et discrète, elle nous fait vibrer, rire, pleurer, aimer cette héroïne qui n’a rien d’ordinaire.

Retrouvez ma chronique du roman dans le cadre du prix des lecteurs du Livre de Poche, et les chroniques de Nath, qui a beaucoup aimé, et celle d’Anthony, qui aime beaucoup moins.

Catalogue éditeur : Audiolib, Le livre de Poche, Albin-Michel

Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l’on croyait noires se révèlent lumineuses.

Lu par Françoise Cadol
Durée 14h43 / EAN 9791035406974 Prix du format cd 25,90 € / EAN numérique 9791035407124 Prix du format numérique 23,45 € / Date de parution 08/12/2021

Les dieux du tango, Carolina de Robertis

« Les dieux du tango », ou l’histoire d’un destin bouleversé sur fond de musique argentine !

couverture du roman de Carolina de Robertis, les dieux du tango éditions Le Livre de Poche, photo Domi C Lire

Depuis le petit village d’Alazzano en Italie jusqu’à Buenos Aire en Argentine, Leda part à la rencontre de son cousin Dante, son époux par procuration. A son arrivé à Buenos Aires, Dante n’est pas sur le quai pour l’attendre. Son époux a disparu, et Leda suit son ami Arthuro jusqu’au conventillo, ces immeubles où habitent les familles des émigrés. Que faire alors, rentrer au pays, trouver un autre mari ?

Lors de son départ, son père lui a confié un violon qui est dans la famille depuis plusieurs générations, ce violon que les femmes n’ont pas le droit d’utiliser, mais qui l’attire inexorablement. Et si prendre l’apparence d’un homme était la solution, si pour s’affranchir de tous ces carcans il fallait revêtir les habits de Dante ?
Voilà le lecteur immergé dans la vie de Leda la passionnée vite emportée par la musique dans ce monde parallèle des musiciens de cabarets et surtout vers les prémices de cette musique emblématique qu’est le tango argentin. De plus, si le tango est la musique de la sensualité par excellence, sous ses habits masculins et le poids de sa grande solitude, l’éveil de Leda à sa propre sensualité va l’orienter vers les personnes de son sexe, désirs inavouables mais bien réels…

Tout en abordant avec justesse et réalisme ces vagues d’émigration qui ont peuplé les Amériques des années 1900, en particulier pendant l’entre deux guerre, il y a sous-jacent à cette aventure musicale, un rappel indispensable sur la condition des femmes. Étonnant témoignage d’une réalité de cette époque. Tant pour leur difficulté à vivre au milieu de la société, elles qui sont souvent recluses entre femmes dans les conventillos, à travailler, à vivre seule dans une société largement patriarcale.

Voilà donc une belle évocation de cette époque, de la condition féminine, des affres de l’émigration, mais aussi de la passion dévorante pour une musique emblématique devenue aujourd’hui intemporelle.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury des lecteurs du Livre de Poche 2019

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

Février 1913. Leda a dix-sept ans. Elle quitte son village italien pour rejoindre en Argentine son cousin Dante, qu’elle vient d’épouser. Dans ses maigres bagages, le précieux violon de son père. Mais à son arrivée, Dante est mort. Buenos Aires n’est pas un lieu pour une jeune femme seule, de surcroît veuve et sans ressources : elle doit rentrer en Italie. Pourtant, l’envie de découvrir ce nouveau monde et la musique qui fait bouillonner les quartiers chauds de la ville la retient. Passionnée par ce violon interdit aux femmes, Leda décide de prendre son destin en main. Déguisée en homme, elle s’immerge dans le monde de la nuit, le monde du tango. Elle s’engage tout entière dans un voyage qui la mènera au bout de sa condition de femme, de son art, de la passion sous toutes ses formes, de son histoire meurtrie. Un voyage au bout d’elle-même.

Editeur d’origine : Le Cherche Midi / 512 pages / Date de parution : 29/05/2019 / EAN : 9782253071228

Pamela, Stéphanie des Horts

Pamela est si belle que tous les hommes succombent à son charme, et l’écriture de Stéphanie des Horts nous enchante en nous faisant découvrir la belle-fille de Churchill.

photo roman "Pamela" de Stephanie des Horts, blog Domi C Lire

Pamela est une jeune et belle femme bien décidée à se faire une place dans la société. Les  hommes succombent à son charme, elle n’a que l’embarras du choix pour réussir.  Elle aime l’amour autant que les hommes, et ce sera son moteur pour avancer malgré les embûches.

A 19 ans, elle épouse le fils de Winston Churchill. Sa relation avec le père sera bien plus profonde et sincère qu’avec son mari. Si elle divorce rapidement après lui avoir donné un fils, elle gardera néanmoins ce nom prestigieux toute sa vie ou presque.

Ensuite, elle va collectionner avec toujours beaucoup de passion et de sincérité des amants tous plus prestigieux les uns que les autres, Ali Khan, Gianni Agnelli, Harriman, Druon, Rothschild, Sinatra, Maurice Druon, pour ne citer qu’eux. Mais bien souvent, elle qui sait ce que représente l’argent et le confort que lui procure ces hommes n’arrivera pas à les épouser. Il lui manque toujours quelque chose, le nom, la lignée aristocratique, la position sociale. Ils lui resteront cependant fidèles en amitié et ne la lâcheront pas lorsqu’elle se retrouve dans l’adversité. Jusqu’à son mariage avec Harriman. Bien plus âgé qu’elle, il lui permet d’entrer en politique et  d’assoir une « respectabilité » qui la mènera jusqu’au titre d’ambassadrice des États-Unis en France.

Elle mène une vie flamboyante. Souvent traitée de putain par ses détracteurs, elle avance jusqu’au bout dans le sillon qu’elle s’est tracé, fidèle en amitié mais aussi à ses amours le temps qu’ils veulent bien durer. Quand elle aime, elle aime vraiment, de toutes ses forces, et les ruptures n’en sont que plus douloureuses.

Alors c’est vrai, cette vie-là peut sembler un peu futile et légère, tournée vers un but, l’amour d’un homme assez riche pour vivre dans un réel confort. Mais cette femme est passionnante et bouleversante. Sa façon de traverser le siècle et de s’y faire une véritable place au soleil est bluffante. Elle aura su s’adapter, rebondir, assoir sa position, en particulier auprès de Churchill mais aussi de Clinton. Elle qui sait rester fidèle le sera toute sa vie à « dear Papa » (Winston Churchill) avec qui elle refaisait le monde et s’entendait très bien, excusez du peu !

Elle croise la route de tant de monde ! La maîtresse de Malaparte n’est autre que la mère de Gianni Agnelli, son grand amour. Malaparte que l’on retrouve dans l’excellent roman Amour propre de Sylvie Le Bihan. Elle croise la route d’Emerald Cunard dans ses salons littéraires à Londres. Emerald Cunard que l’on retrouve dans Avec toute ma colère d’Alexandra Lapierre. Puis de Louise de Vilmorin, que l’on retrouve dans Edmonde, là aussi passionnant roman de Dominique de Saint-Pern sur une femme singulière et attachante.

Pamela m’a fait voyager dans le temps et dans la vie de cette femme dont j’ignorai tout, c’est envolé, subtilement écrit, alerte, vivant. Un véritable plaisir de lecture.

En parcourant le XXe siècle, les historiens trouveront partout des traces du rouge à lèvres de Pamela Churchill. Daily Mail.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury des lecteurs du Livre de Poche 2019

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche et Albin Michel

Légère, séduisante, insolente, Pamela décide très tôt de capturer l’homme qui la mènera à la gloire. Randolph Churchill, qu’elle épouse à dix-neuf ans. Ali Khan, Agnelli, Sinatra, Harriman, Druon, Rubirosa, Rothschild… aucun ne résiste à son charme. S’ils ont le pouvoir, elle exerce sur eux une attirance fatale. Ils l’ont tous désirée. Elle les a tous aimés. Les conquêtes de Pamela sont des alliances, des trophées qu’elle brandit sans crainte de choquer les cercles mondains. Scandaleuse ? Intrigante ? Courtisane ? La ravissante Anglaise à la réputation sulfureuse, morte comme une légende dans la piscine du Ritz à Paris où elle était ambassadrice des États-Unis, a emporté ses secrets. Stéphanie des Horts en recherche les parfums et nous révèle l’existence flamboyante d’une séductrice hors norme.

288 pages / Date de parution : 27/02/2019 / EAN : 9782253237990

Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin

Voilà un beau roman d’espoir et de vie, d’amour et de solitude, de résilience et de bonheur. Pourquoi il faut découvrir « Changer l’eau des fleurs » de Valérie Perrin sans plus attendre !

photo couv du roman changer l'eau des fleurs, Valérie Perrin, blog Domi C Lire

Violette Toussaint est gardienne de cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Elle connait aussi bien les vivants que les morts de son domaine et semble trouver un véritable plaisir à vivre au milieu des morts. Pour elle, Changer l’eau des fleurs, c’est entretenir les tombes et parler aux visiteurs. Quelle étrange idée, un peu lugubre ou mortifère. Il s’agit plutôt d’un bel élan de vie et de courage, d’amitié et de partage, d’empathie et de confiance.

Violette est née sous X. Jeune fille paumée, elle tombe amoureuse du plus beau client du bar dans lequel elle travaille, ils se marient. Puis c’est une mère comblée par la naissance de sa fille Léonine. Comme le couple doit travailler et malgré la grande paresse de Philippe, ils seront garde-barrière, puis gardiens de cimetière. La cohabitation avec Philippe Toussaint n’est pas un long fleuve tranquille, il est bien trop souvent absent ou silencieux, Violette doit gérer et travailler pour deux. C’était une enfant abandonnée, c’est une mère et une épouse fracassée par les trahisons et les absences, par le deuil et la perte, c’est aussi une femme capable d’aller de l’avant en se forgeant une carapace pour affronter la vie sans recevoir trop de coups.

Violette n’a pas une vie facile, le malheur semble lui coller au corps. Et pourtant, c’est une belle âme qui se cache sous ses habits de dehors comme elle les nomme, une femme qui sait entendre, écouter, consoler. Une femme qui a peur de ressentir des sentiments, qui ne s’octroie pas le droit au bonheur par crainte de trop souffrir encore. C’est surtout une femme que l’on aime d’emblée tant elle donne aux autres, qu’il est doux de connaître.

Quel bonheur ce roman. D’abord, il semble être le roman idéal à lire sans réfléchir pendant les vacances. Mais peu à peu l’intrigue prend corps, les sentiments émergent, les personnages souvent bien plus complexes qu’ils ne le semblent au premier abord trouvent leur place. Le mystère s’éclaircit mais comme pour Violette, la lumière est au bout du chemin. Violette est une belle âme meurtrie tellement positive malgré tout ce qu’elle doit affronter, exactement le genre d’amie que l’on souhaite rencontrer. Valérie Perrin nous offre là un excellent moment de lecture, avec ce pavé que l’on n’a absolument pas envie de lâcher et que l’on referme à regrets tant les personnages sont attachants. Il ne faut surtout pas bouder son plaisir !

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury des lecteurs du Livre de Poche 2019

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche & Albin-Michel

Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se confier et se réchauffer dans sa loge. Avec la petite équipe de fossoyeurs et le jeune curé, elle forme une famille décalée. Mais quels événements ont mené Violette dans cet univers où le tragique et le cocasse s’entremêlent ?
Après le succès des Oubliés du dimanche, un nouvel hymne au merveilleux des choses simples.

672 pages / Date de parution : 24/04/2019 / EAN : 9782253238027

Un mariage anglais, Claire Fuller

Roman épistolaire délicat et nostalgique, on aime le charme et la sensibilité du roman de Claire Fuller « Un mariage anglais » .

PHOTO roman un mariage anglais de Claire Fuller, blog Domi C Lire

Ingrid est une jeune étudiante amoureuse de Gil, son professeur de littérature. Vingt ans les sépare mais l’amour les réuni pour le meilleur et pour le pire.

Le couple s’installe au pavillon de nage, puis naissent deux filles, Nan et Flora. La mer et la nature sont présentes à chaque instant. Si le mariage est heureux en apparence, Gil est terriblement volage. Il n’arrive pas à écrire son prochain et merveilleux roman, s’absente, collectionne les aventures et les livres qui envahissant peu à peu la maison. Loin de ses rêves de jeunesse et des promesses de Gil, Ingrid,  trahie par celui qu’elle aime et cantonnée dans un rôle de mère au foyer qui ne lui convient pas, s’étiole peu à peu. Seules la mer et ses longues séances solitaires de natation trouvent grâce à ses yeux. Quelques années après leur mariage, Ingrid disparait. Personne ne sait ce qu’elle est devenue, noyée, évaporée ?

Ce roman aux sensations douces amères est construit en deux récits parallèles.

D’abord le temps présent. Gil vient d’avoir un accident, enfin, sans doute, car nul ne sait si la chute était accidentelle finalement. Il s’en sort plutôt bien, mais ses filles veillent à son chevet. Entre Nan et Flora, les souvenirs resurgissent, Flora cherchant toujours en vain la présence d’Ingrid.

Puis les années de vie commune, à travers les lettres d’Ingrid. Face à l’absence et au silence de son époux, elle décide de lui écrire et de cacher ses lettres entre les pages de romans de sa bibliothèque. A travers ce récit épistolaire se dessine peu à peu une vie pas du tout idyllique, aux contours plus sombres qu’il n’y parait. Bien qu’elle soit toujours amoureuse, Ingrid est malheureuse. La vie dont elle avait rêvé, les promesses de Gil, rien de tout cela ne vient égayer son quotidien.

Voilà un étonnant roman sur le couple et sur la place des femmes, mais femme au foyer qui se doit d’être mère avant tout, sur l’amour, l’absence, le poids des non-dits et le manque de communication. La nature est omniprésente, à travers la mer et ses promesses de bonheur et d’évasion, la lande et ses chemins, le jardin qu’Ingrid dessine avec obstination. Un beau roman d’été empreint de nostalgie.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury des lecteurs du Livre de Poche 2019

Catalogue éditeur : Stock, puis Le Livre de Poche

Roman épistolaire construit à rebours, ce récit relate le mariage d’Ingrid et de Gil Coleman, son professeur de littérature, de vingt ans son aîné. Quinze ans plus tard, Ingrid, lassée des absences répétées de son mari, disparaît, laissant une série de lettres dans lesquelles elle revient sur l’histoire de son mariage.

432 pages / Date de parution : 24/04/2019 / EAN : 9782253237600 / Prix  8,20€

P.A.L, vous avez dit P.A.L d’été ?

Été lecture, été studieux, avec mes participations à différents jury de Prix des lecteurs… Comme chaque année, non seulement je lis pour mon plaisir, mais en plus j’ai le bonheur d’être jurée pour différents prix littéraires.

Le Prix des Lecteurs du Livre de Poche

Pendant 7 mois, le Livre de Poche espère révéler de nouveaux auteurs, faire découvrir ou redécouvrir des romanciers talentueux. Le Livre de Poche vous invite à rêver, à voyager, à vous informer, à vous indigner tour à tour avec eux.
Amis jurés, nous nous réjouissons de vous accueillir parmi nos lecteurs. À vos marques… lisez, commentez !

Pour ces deux mois de juillet et août, ce sera les lectures de :

  • Claire Hajaj, La maison aux orangers
  • Stéphanie des Horts, Pamela
  • Claire Fuller, Un mariage anglais
  • Valérie Perrin, Changer l’eau des fleurs
  • Alice Adams, Un été invincible
  • Carolina de Roberts, Les dieux du tango

Voir le site Prix des Lecteurs 2019 Livre de Poche

Prix français et étranger des Nouvelles Voix du polar 2019 avec les éditions Pocket

Les jurés reçoivent les titres sélectionnés par les libraires (2 romans français et 2 romans étrangers). Les 4 romans retenus sont soumis au vote des lecteurs pendant l’été. Les lecteurs élisent le lauréat du prix des Nouvelles Voix du polar français et le lauréat du prix des Nouvelles Voix du polar étranger.

Polar français :

  • Hervé Jourdain, Femme sur écoute
  • Marc Voltenauer, Qui a tué Heidi ?

Polar étranger :

  • Karen Cleveland, Toute la vérité
  • Wendy Walker, Emma dans la nuit

Voir le site Nouvelles Voix du Polar

Le Prix Littéraire de la Vocation 2019

Le Prix Littéraire de la Vocation, fondé en 1976, est le prolongement littéraire de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la Vocation créée en 1960. Elle est aujourd’hui présidée par Élisabeth Badinter, la fille de Marcel Bleustein-Blanchet le fondateur de Publicis. Le lauréat du prix – qui a nécessairement entre 18 et 30 ans et a publié un roman ou un recueil de nouvelles depuis le mois de juin de l’année dernière – reçoit 8 000€.

Quel bonheur d’avoir été contactée pour participer au jury des lecteurs de ce prix prestigieux.

Mes lectures pour cet été :

  • Diane Château Alaberdina, La Photographe, éditions Gallimard
  • Bertille Dutheil, Le fou de Hind, éditions Belfond
  • Maëlle Lefèvre, Jiazoku, éditions Albin-Michel
  • Louise Chennevière, Comme la chienne, éditions P.O.L
  • Lola Nicolle, Après la fête, éditions les Escales
  • Hector Mathis, K.O, éditions Buchet-Chastel
  • Victor Jestin, La chaleur, Flammarion

Voir le site de la Fondation de la Vocation

Le Prix Hors Concours

Peut faire partie de la sélection un titre de création littérature francophone, de fiction ou de récit, paru ou à paraître entre le 31 mars 2018 et le 1er octobre 2019.
Mars 2019 : L’Académie Hors Concours annonce la sélection des 40 titres lors de Livre Paris.
Mars – Juin 2019 : Les professionnels du livre et les lecteurs s’inscrivent en ligne.
Juillet – Septembre 2019 : Les professionnels du livre et l’Académie des lecteurs reçoivent la Bibliothèque Hors Concours et découvrent la sélection 2019. En s’appuyant sur une grille de lecture et leur ressenti, ils choisissent puis votent en ligne pour leurs cinq titres favoris.
Octobre 2019 : L’Académie Hors Concours annonce les cinq finalistes du prix Hors Concours 2019.
Octobre – Novembre 2019 : Les cinq journalistes du jury lisent les cinq œuvres complètes et choisissent lors d’une délibération à huis clos leur lauréat. Pendant ce temps, les professionnels du livre et l’Académie des lecteurs lisent également les cinq ouvrages, et votent en ligne pour attribuer les mentions spéciales.
Décembre 2019 : L’Académie Hors Concours annonce le lauréat du prix Hors Concours 2019 lors d’une Cérémonie à la Société des Gens de Lettres, soirée à laquelle sont conviés les éditeurs, les auteurs, les professionnels du livre et les lecteurs.

Voir le site Hors Concours

Le bonheur n’a pas de rides, Anne-Gaëlle Huon

Lire « Le bonheur n’a pas de rides » de Anne-Gaëlle Huon, un véritable hymne à la vie qui donne envie de manger les petits Lu en commençant par les coins !

Mais qui est Paulette, une vielle dame revêche et bougonne, ou une gentille octogénaire qui attend la fin de sa vie ? Elle est très désagréable avec sa belle-fille, surtout depuis qu’elle vit chez son fils. Elle rêve d’une maison de retraite grand luxe dans le sud de la France. Mais c’est dans un petit village francilien, dans une auberge improbable choisie par sa belle-fille qu’elle est lâchement déposée au début des vacances. Un peu comme on abandonnerait son chien !

Paulette a décidé d’être désagréable. Avec son caractère bien trempé et son côté acariâtre, elle s’y entend pour embêter son monde. D’abord le propriétaire de l’auberge, qui ne sait plus comment la gérer, puis les autres pensionnaires. Elle ne leur trouve que des défauts et refuse de s’intégrer. Pire, elle fait tout pour les provoquer.

Pourtant, sa perspicacité, son bon cœur, et le caractère attachant de ses compagnons d’infortune dans cette auberge improvisée maison de retraite auront raison de son mauvais caractère. En cherchant bien sous les carapaces de chacun – et en fouinant un peu dans les affaires des autres il faut l’avouer – l’aventure est au bout du couloir, l’amour et l’amitié aussi.

Plein de bons sentiments, pétillant d’humour et non dépourvu de réalisme parfois, voilà un roman qui se lit avec bonheur, sans se poser de question. Léger mais pas simpliste, rempli de bons sentiments pas toujours évidents, c’est le roman idéal sur la plage ou pour les longues soirées d’été.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury des lecteurs du Livre de Poche 2019

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

Le plan de Paulette, quatre-vingt-cinq ans, semblait parfait : jouer à la vieille bique qui perd la tête et se faire payer par son fils la maison de retraite de ses rêves dans le sud de la France. Manque de chance, elle échoue dans une auberge de campagne, au milieu de nulle part.
La nouvelle pensionnaire n’a qu’une idée en tête : quitter ce trou, le plus vite possible ! Mais c’est compter sans sa nature curieuse et la fascination que les autres résidants, et surtout leurs secrets, ne tardent pas à exercer sur elle. Que contiennent en effet les mystérieuses lettres trouvées dans la chambre de monsieur Georges ? Et qui est l’auteur de l’étrange carnet trouvé dans la bibliothèque ?
Une chose est certaine : Paulette est loin d’imaginer que ces rencontres vont changer sa vie et peut-être, enfin, lui donner un sens.

Prix : 7,90€ / Pages : 352 : Date de parution : 03/04/2019 / EAN : 9782253906803

Editeur d’origine : City Edition

Le serpent de l’Essex, Sarah Perry

Le serpent de l’Essex, de Sarah Perry, un roman aux accents victorien qui parle d’émancipation, de liberté et de paléontologie.

Photo couverture du roman le seprtent de l'essex par Sarah Perry Le Livre de Poche, blog Domi C Lire

Cora est veuve, par forcément joyeuse, mais veuve libérée de cet homme qu’elle avait aimé au premier regard mais qui a fait preuve de violence envers sa jeune épouse soumise. Avec son fils Francis, et désormais à l’abri du besoin, elle décide de partir pour l’Essex et l’estuaire du Blackwater. Elle espère suivre la voie de Mary Anning, admirative de cette femme qui trouve des fossiles (et qui influença la paléontologie par ses recherches).

Là, Cora s’installe dans une vie libre de toute contrainte. Habillée comme un homme, ne cherchant pas à soigner son apparence, elle part chaque jour dans la boue à la recherche de coquillages, fossiles, et même du serpent de l’Essex, ce monstre qui terrorise toute la région, et le village d’Aldwinter en particulier. Soucieux, des amis la confient au pasteur William Ransome et à sa famille. Elle est accueillie à bras ouverts par Stella Ransome, qui souffre d’un mal étrange et ne veut vivre que dans un monde en bleu. Sa rencontre avec William, d’abord fortuite, puis régulière, lui fait découvrir une vision du monde qu’elle ne partage pas, mais de leurs échanges toujours passionnés et vifs va naître une véritable amitié.

L’auteur met en scène une femme moderne, éprise de liberté, qui veut vivre comme elle l’entend loin du joug du mariage et des conventions. Autour de Cora gravitent d’autres personnages porteurs de valeurs qui émergent à la fin du 19e. A travers eux, Sarah Perry aborde des thèmes qui ont connu une réelle évolution à cette période, chirurgie, traitement de certaines maladies, problèmes sociaux, en particulier la confrontation de différentes classes sociales, misère extrême des ouvriers mal logés qui subissent les dictats de propriétaires sans morale, émergence du socialisme, évolution (ou pas !) des pensées du clergé, qui dicte souvent aux villageois leur conduite, quand dans les grandes villes comme Londres l’évolution de mœurs et des habitudes est en marche.

L’ambiance est bien traitée par des descriptions de campagne anglaise, de bois denses, de bord de l’eau envahi par la brume et des brouillards épais, un peu comme en écho aux mentalités de l’époque. Et Cora émerge de tout ce brouillard… Il faut de la concentration et au moins quelques dizaines de pages pour rentrer dans le roman, car il ne s’y passe pas énormément de chose, tout est dans l’ambiance, les sentiments, les caractères. Un roman à lire au calme, en prenant son temps.

Bien sûr, je ne peux m’empêcher de conseiller la lecture de Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier, roman qui évoque si bien Mary Anning.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury des lecteurs du Livre de Poche 2019

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

Cora Seaborne, jeune veuve férue de paléontologie, quitte Londres en compagnie de son fils Francis et de sa nourrice Martha pour s’installer à Aldwinter, dans l’Essex, où elle se lie avec le pasteur William Ransome et sa famille. Elle s’intéresse à la rumeur qui met tout le lieu en émoi : le Serpent de l’Essex, monstre marin aux allures de dragon apparu deux siècles plus tôt, aurait-il ressurgi de l’estuaire du Blackwater ? Dans un cadre marqué par une brume traversée d’étranges lumières, Cora Seaborne construit sa liberté.

Sarah Perry est née en 1979 dans l’Essex. Son premier roman, After Me Comes the Flood, a figuré parmi les sélections du Guardian First Book Award, du Folio Prize et a remporté le Anglian Book of the Year en 2014. Elle vit à Norwich. Le Serpent de l’Essex est son premier roman traduit en français. Traduit de l’anglais par Christine Laferrière.

Prix : 8,70€ / 576 pages / Date de parution : 03/04/2019 / EAN : 9782253906681

Editeur d’origine: Christian Bourgois Editeur

On ne peut pas s’empêcher de penser au roman « Prodigieuses créatures » de Tracy Chevalier.

Les rêveurs, Isabelle Carré

On connait l’actrice Isabelle Carré, sans la reconnaitre comme elle aime à le dire, on connait moins l’auteur qui se dévoile dans « Les rêveurs » son premier roman intimiste.

Isabelle Carré parle de sa vie, sa famille, son enfance, sa carrière, dans un texte à son image, discret et délicat, sobre et émouvant. Elle dévoile sobrement et avec pudeur une enfance et une adolescence auprès de parents bien peu conventionnels, dans une famille totalement atypique.

Ce sont les années 70, des années où tout parait possible. La mère d’isabelle était fille-mère lorsqu’elle rencontre son mari, puis viendra Isabelle et un troisième enfant. Isabelle n’est pas vraiment une enfant désirée, pas non plus aimée par cette mère qui sombre dans une forme de folie et ne donne pas, ou si peu, de marques de tendresse, pas d’effusion ni démonstration de quelconques sentiments envers ses enfants. Son père a réussi sa vie professionnelle, créateur d’une agence de design florissante dans ces années 80-90. Pourtant il quitte le foyer le jour où sa femme n’accepte plus son homosexualité.

Ce seront aussi la chute et la fin d’un rêve de ballets, les séjours en hôpital psychiatrique, le départ de la maison à 15 ans, puis l’éveil au théâtre, une véritable passion.

L’écriture est étonnante et ne respecte aucune chronologie. Les chapitres alternent des moments de vie, des sentiments, il y a une certaine bienveillance et de la douceur malgré une violence dans les relations avec les parents. Ils montrent une jeune femme en apparence fragile qui se construit et devient la douce et belle actrice que l’on imagine. Au fil des pages s’égrènent pêle-mêle des souvenirs qui construisent une personnalité, qui font le socle d’une vie. Et l’on y retrouve Keith Jarreth et le mythique Koln concert ou The Wall des Pink Floyd que tous les ados, moi y compris, écoutaient en boucle, mais aussi les parfums de l’enfance et du temps qui passe.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury des lecteurs du Livre de Poche 2019

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche, Grasset

« On devrait trouver des moyens pour empêcher qu’un parfum s’épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi qu’il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans un grand magasin, retrouvent l’odeur de leur mère, d’une maison, d’une époque bénie de leur vie, d’un premier amour ou, plus précieuse encore, quasi inaccessible, l’odeur de leur enfance… »

Quand l’enfance a pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées du moment, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d’une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d’écriture.

Comédienne de théâtre et de cinéma, Isabelle Carré poursuit depuis 1987 une carrière d’anti-star discrète au talent toujours plus reconnu. Les rêveurs est son premier roman.

288 pages / Date de parution : 30/01/2019 / EAN : 9782253906896 / 7,70€

Les cuisines du grand Midwest, J.Ryan Stradal

Du roman écologique au roman gastronomique, J.Ryan Stradal entraine ses lecteurs à la suite d’Eva dans « Les cuisines du grand Midwest ».

Eva Thorvald arrive de loin, sa mère l’abandonne pour vivre sa vie de sommelière à l’autre bout du monde, son père Lars, grand amateur de cuisine et fin gastronome (c’est lui qui, dans sa famille, a poursuivi à Noël la tradition scandinave du lutefisk) meurt d’une crise cardiaque quand elle a à peine 6 ans. Adoptée par ses oncle et tante qui lui cachent ses origines, cette enfant singulière grandi avec le goût inné des saveurs et comprend très tôt les subtilités des produits authentiques.

Tout au long de sa vie, Eva prend le parti de choquer, d’aller au bout de ses limites en consommant par exemple les piments les plus forts, les plus intenses pendant son enfance. Puis peu à peu elle comprend que les saveurs sont surtout synonymes de subtilité et de douceur et change alors sa façon d’appréhender la cuisine et la nourriture en général. Nous la suivons d’étape en étape, dans les petits restaus de l’Amérique profonde, puis assistante de grand chef et enfin grande ordonnatrice de diners extraordinaires et absolument dispendieux pour VIP triés sur le volet.

L’auteur pose un regard étonnant sur la vie de son héroïne. Son parti pris n’est pas de suivre Eva, mais plutôt de choisir l’une ou l’autre des personnes -amis, ennemis, rivaux ou associés- qui ont jalonné sa vie et à travers eux décrire la période pendant laquelle ils l’ont côtoyée. Quels que soient les aléas qu’elle traverse, Eva réussit à les affronter, à rebondir et s’en sortir là où bien d’autres auraient renoncé, toujours à la recherche inconsciente de la douceur enfuie de son enfance. Roman initiatique, roman d’ambiance aussi, on s’attache à ces personnages pour le moins singuliers et à leurs relations pas toujours évidentes. Une belle façon de nous les présenter et d’aborder intelligemment la cuisine et les dérives des extrémistes du tout écologique et du 100% naturel.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury des lecteurs du Livre de Poche 2019

Catalogue éditeur : Le Livre  de Poche

À l’instar de son père, Eva Thorvald est une surdouée du goût, un prodige des saveurs. Étape après étape, des fast-foods aux grands restaurants, des food trucks aux dîners privés, elle va devenir un grand chef, à la fois énigmatique et très demandé. Tous ceux qu’elle croise la regardent avec admiration ou jalousie.
Mais ce don unique vient aussi d’une blessure qui, malgré le talent, ne cicatrise pas. Eva cuisine comme d’autres peignent, écrivent ou composent : pour retrouver un peu de sérénité et le paradis perdu de l’enfance.

Avec Les Cuisines du grand Midwest, J. Ryan Stradal signe un roman initiatique poignant et une vaste fresque qui, à travers la gastronomie, explore tous les milieux sociaux des États-Unis.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Esch.

448 pages / Prix : 8,40€ / Date de parution : 27/02/2019 / EAN : 9782253073567 / Editeur d’origine : Rue Fromentin