Le Dit du Vivant, Denis Drummond

Quand une découverte incroyable bouleverse et interroge notre civilisation

La terre a tremblé une fois de plus au japon. Il n’y a pas eu de réplique mais le village d’Atsuma, sur l’île d’Hokkaïdo est entièrement enseveli. La coulée de terrain qui a englouti les villageois a aussi dégagé une nécropole impressionnante et insoupçonnée.

Immédiatement, des scientifiques de tous pays se rendent sur place à la demande des autorités pour examiner la nécropole. Laura, une paléontologiste reconnue de ses pairs, est du voyage. Elle est accompagnée de Tom, son fils autiste, qui a ressenti le cataclysme au plus profond de son être et fait comprendre à sa mère qu’il devait aller sur place avec elle vivre cette incroyable expérience.

Dès qu’une datation est possible, le monde entier est plongé dans l’incrédulité et la stupeur. Il semble bien que les corps et éléments enfouis là bouleversent toutes les connaissances humaines sur l’apparition de l’homme sur terre.

Denis Drummond nous propose une dystopie humaniste, scientifique et riche de questionnements. Comment tourne cette planète que nous détériorons chaque jour un peu plus ? Et si le dernier homme d’une civilisation perdue était là pour nous montrer le chemin ? Six parties constituent ce roman à la structure étonnante, comme les six éléments de l’ADN, proposés de façon répétitive : après une définition viennent Récit, Le journal de Sandra, Chroniques-articles-correspondances, Le Dit de Tom, Le Dit du Vivant.

De nombreux thèmes sont abordés. D’abord la différence, avec Tom, le fils autiste de Laura. Son comportement, l’évolution de sa différence, de sa relation au monde, aux autres, aux bruits et aux événements perturbants qu’il a du mal à accepter mais que peu à peu il réussit à accepter, à intégrer. Une façon de montrer que l’autisme a tellement de facettes et de caractéristiques différentes en fonction de ceux que cela touche.

L’étude paléontologique, la science, la recherche et les conflits autour des découvertes au niveau mondial, avec cet aréopage de scientifiques venus des plus grandes universités ou centres de recherches basés sur les six continents ; et les bagarres de ceux qui ne sont pas inclus dans le sérail des sachant.

L’immuabilité de la civilisation japonaise, à travers en particulier l’exemple de la réparation d’une céramique cassée à laide de poudre d’or pour en faire un autre objet, différent mais ayant toujours autant de valeur, ou encore la façon de reconstruire à l’identique y compris des sites millénaires et de les considérer toujours de la même façon, enfin la magie du travail d’Akira Ito. Cet artiste de la lignée des plus grands maîtres de l’estampe japonaise, d’Hiroshige à Hokusai, qui réalise lui aussi estampes et calligraphies et est considéré par tous comme un dieu vivant.

Le réchauffement climatique, la destructions des espèces d’animaux, de plantes, la raréfaction des ressources, les céréales génétiquement modifiées pour résister à l’appauvrissement en eau et continuer à nourrir les populations toujours plus nombreuses, l’appauvrissement des civilisations et leur destruction à plus ou moins long terme, autant d’éléments abordés ici et qui sont cruellement d’actualité.

Et bien sûr, nous suivons en parallèle le récit du Vivant et le décryptage des nombreuses pièces découvertes dans la nécropole, qui montrent la fragilité des différentes civilisations et la fugacité de l’existence de l’Homme sur terre.

Si ces thèmes sont foison, ce n’est ni fastidieux ni moralisateur. On est dans une posture de questionnement sur le devenir de la planète à travers l’étude des civilisations perdues. Ce kaléidoscope de personnages attachants et singuliers fourmille d’interrogations et de mystère, et donne sa force au récit. J’ai forcément pensé par moments au roman La nuit des temps, de Barjavel.

Vous aimez les dystopies, les romans d’anticipation, les récits qui interrogent, alors le Dit du Vivant est pour vous.

Catalogue éditeur : Le Cherche Midi

Je suis le Vivant. Le dernier d’entre nous. Quand j’aurai terminé mon ouvrage, je quitterai ce monde, laissant une trace secrète dans un repli du temps.

Un séisme au Japon met au jour une vaste sépulture. Sandra Blake, paléogénéticienne, se rend sur les lieux, avec Tom, son petit garçon, autiste.
La datation du site archéologique plonge la communauté internationale dans la stupeur. Une civilisation jusqu’alors inconnue se révèle peu à peu, et met à bas toutes les connaissances acquises. Sandra et l’équipe de recherche qu’elle a constituée sont prises dans un suspense scientifique qui les dépasse…
Construit en six parties, comme une séquence d’ADN – réunissant récits, journaux, chroniques, articles de presse et correspondances –, ce roman-monde est écrit à la manière d’une odyssée.

Denis Drummond, d’origine franco-écossaise, est l’auteur de trois recueils de poésie et de cinq romans. La Vie silencieuse de la guerre (le cherche midi, 2019) a été distingué par le prix Révélation de la Société des gens de lettres.

EAN : 9782749166896 / pages : 288 / format : 140 x 220 mm / prix : 19.00 €

La coquille Saint-Jacques, sentinelle de l’océan, Laurent Chavaud

Laurent Chauvaud, directeur de recherche au CNRS, nous livre avec « La coquille Saint-Jacques sentinelle de l’océan » un récit à la fois étonnant, instructif et écologique

Elle trône sur nos tables de fête, et nous l’apprécions souvent pour ses qualités gustatives, pourtant elle n’est pas que cela, même si ce serait déjà beaucoup ! Symbole religieux, point de ralliement des marcheurs de Saint-Jacques de Compostelle, ou symbolique des peintures des maitres italiens avec en particulier la vénus de Botticelli, la Saint-Jacques est tout cela, mais bien plus encore.

Parce que décrypter la vie secrète de cet étonnant bivalve mieux connu sous le nom de coquille Saint-Jacques peut mener loin, l’auteur le démontre dans ce petit livre fort instructif.

L’auteur nous entraîne dans son laboratoire et à ses côtés tout au long de ses années de recherche sur ce coquillage qui ne mène pas seulement jusqu’à Compostelle mais qu’il nous présente comme une véritable machine à remonter le temps, sentinelle du milieu marin et du réchauffement climatique. Et nous parle de ses recherches sur les différentes mers du globe, de la rade de Brest à la  Mauritanie, de la Nouvelle-Calédonie à l’Arctique, Il est parti à l’écoute de la coquille (et croyez-le ou pas, il l’a même entendue chanter) sous tous les climats et toutes les latitudes.

Par exemple, ses stries nous renseignent sur sa croissance. Mais il est très intéressant de les étudier. Car ces stries que ce mollusque fabrique chaque jour et où qu’il se trouve, permettent de comprendre l’état de la mer. Et de remonter le temps pour mieux appréhender les changements de température de l’eau, les effets de la pollution, les changements climatiques, des évènements aussi divers que variés mais qui tous ont une influence sur le comportement du mollusque et sur sa composition. Car oui, les stries que l’on trouve sur la coquille sont bien des éléments caractéristiques du milieu dans lequel elle vit. Sédentaire, elle ne nage quasiment pas, elle est donc un témoin important de la mer et des lieux où elle se cantonne. Révélateur de la pollution, du changement de température, mais aussi témoin des éléments toxiques versés dans l’eau, c’est une véritable sentinelle. Si son étude peut nous éclairer sur la vie aquatique passée, elle nous avertit également pour le futur, car les changements constatés ne sont pas anodins.

Voilà donc un petit livre très pédagogique, y compris pour les néophytes comme moi. Et si comme moi vous aimez la savourer dans votre assiette, je suis sûre que vous aussi vous ne la verrez plus de la même façon.

Catalogue éditeur : équateurs

Depuis son apparition il y a 25 millions d’années en Europe sur la côte Atlantique, la coquille n’a cessé de fasciner les hommes. Dans l’Antiquité, on l’utilisait comme une parure, puis la coquille devint un symbole religieux (sur le chemin de Compostelle) et artistique (associée à Vénus, à la féminité et à la maternité). Ce n’est qu’au début du XXème siècle que des Bretons ont commencé à la pêcher et à la manger. Et grâce aux recherches les plus récentes, menées notamment par Laurent Chauvaud, cet animal est devenu un outil scientifique … lire la suite

144 pages / format 120×190 / 15.00 € / paru le 27 novembre 2019 / ISBN : 9782849906606

Les étoiles du temps. Victor Hussenot

Prendre son temps et lire la BD de Victor Hussenot « Les étoiles du temps ».
« Le temps, le temps, le temps n’est rien d’autre, celui des uns, et  celui de autres… »

DomiCLire_les_etoiles_du_temps_victor_hussenotComment définir le temps ? Vaste sujet, et vaste question, combien de temps me donnez-vous pour répondre ? Vous avez une idée ? Non ? Alors pourquoi n’irions nous pas demander à Victor Hussenot, et ainsi découvrir sa relation au temps, avec ce roman graphique qui vient tout juste de sortir chez Gallimard.

Les années passent sans que l’on s’en rende compte, l’école, les copains, le permis de conduire, un boulot, la vie, la vie, la vie qui passe… Les vacances d’été qui durent si longtemps, puis qui raccourcissent inexplicablement d’année en année. Se souvenir, oublier, raconter, puis comprendre que les autres n’ont pas les mêmes souvenirs d’un même évènement que nous, et souvent pas la même notion du temps que nous. C’était il y a longtemps, mais non, c’était hier ! Se poser un instant et regarder, passer le temps, perdre son temps, courir après du temps pour réussir à bien employer son temps ? …ouf, j’ai plus le temps !

Alors le héros s’interroge, se questionne sur sa relation au temps, sa représentation du temps. Le temps historique, le temps individuel, le temps quotidien, sur lequel doit-on vraiment s’appuyer ? Et si comprendre le temps n’avait aucun rapport avec vivre l’instant ? Que faut-il privilégier, la représentation ou la réalité ?

Mais, et vous, êtes-vous plutôt chronophage ou préférez-vous vous prélasser pendant les heures creuses, avez-vous peur de perdre votre temps ? C’est très difficile de savoir, pas le temps de se poser la question en fait. Alors arrêtons de perdre notre temps, vite, lisons « Les étoiles du temps », pour ne plus le gaspiller sans pour autant oublier quel est le seul qui a de l’intérêt, le temps véritable, celui que nous avons envie de vivre, chaque jour, en toute sérénité. Merci à Victor Hussenot de nous le rappeler !

Un graphisme étonnant, celui de l’enfance est doux et chaleureux, celui de l’urgence a des dominantes de rouge et noir, celui de l’inquiétude aussi, puis de la sérénité bien sûr. Un peu perplexe au départ, finalement j’aime assez cette représentation de nos angoisses et de nos craintes, qui nous permet aussi de les matérialiser et sans doute de les éloigner, enfin, au moins pour quelque … temps !

💙💙💙


Catalogue éditeur : Gallimard

Le temps est mathématique, mais aussi aléatoire, subjectif… insaisissable. Pour preuve, plus on vieillit et plus il semble s’accélérer. De raisonnements logiques en déambulations imaginaires, le personnage principal de cette enquête singulière s’interroge sur notre perception du temps et ses représentations. Une quête qui le mène de l’enfance aux divers âges de la vie. Mêlant intime et universel, Victor Hussenot poursuit ici avec brio sa réflexion graphique et poétique sur l’existence humaine.

Collection : Bandes dessinées hors collection / Date de parution : 21 / 09 / 2017 / 96 pages / 20 € / 210 x 280 mm / ISBN : 9782075076821