Felis Silvestris, Anouk Lejczyk

A la cime des arbres ou entre quatre murs, faire appel à l’imaginaire pour se construire

Deux sœurs, l’une parle, l’autre non.

Celle qui s’est donné pour nouveau nom Felis silvestris est partie dans la forêt. A l’image du chat sauvage, ce chat forestier dont elle a pris le nom, et qui hante les bois d’Europe.

Loin des siens, elle est partie rejoindre une communauté qui défend les derniers arbres contre la déforestation sauvage faite par la firme qui exploite une mine. Sans contrepartie, sans rien attendre, elle lutte dans la clandestinité avec les autres jeunes qu’elle rencontre sur la ZAD. Elle doit apprendre à vivre de rien, dans les arbres, devenant un bouclier humain contre la force des grandes multinationales qui n’ont aucun scrupule à tout raser et à modifier durablement l’environnement.

En parallèle, sa sœur s’enferme peu à peu dans la solitude d’une chambre pour tenter de comprendre d’une part la fuite de sa sœur, et d’autre part ce qu’elle souhaite faire de sa vie. C’est le long monologue de cette dernière qui nous éclaire sur ses projets, sur la nouvelle vie de sa sœur, sur la relation très forte qu’elles avaient et qui souffre de cette absence, de ce silence. Les souvenirs s’égrainent, l’enfance est là joyeuse et tendre, les expériences vécues ensemble.

La nature et en particulier la forêt ont une place prépondérante et nous ramènent à l’essentiel, la vie et l’importance du respect de ce qui nous entoure pour vivre sereinement en symbiose avec les éléments.

Chaque chapitre est ponctué d’un « Et ta sœur, elle est où » qui nous rappelle qu’elles sont deux, mais par moments ne semblent faire qu’une. Comme si la sœur qui se terre était le miroir de celle qui s’envole à la cime des arbres. Alors une, ou deux ? Un roman étonnant, déroutant même lorsque l’on s’interroge sur l’existence des deux sœurs, mais un roman dont on se souvient et qui marque.

Un roman de la sélection 2022 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Le Panseur

Sans crier gare, Felis est partie rejoindre une forêt menacée de destruction. Elle porte une cagoule pour faire comme les autres et se protéger du froid. Suspendue aux branches, du haut de sa cabane, ou les pieds sur terre, elle contribue à la vie collective et commence à se sentir mieux. Mais Felis ignore que c´est sa sœur qui la fait exister – ou bien est-ce le contraire ? Entre les quatre murs d´un appartement glacial, chambre d´écho de conversations familiales et de souvenirs, une jeune femme tire des fils pour se rapprocher de Felis – sa sœur, sa chimère. Progressivement, la forêt s´étend, elle envahit ses pensées et intègre le maillage confus de sa propre existence. Sans doute y a-t-il là une place pour le chat sauvage qui est en elle. Premier roman d´Anouk Lejczyk, Felis Silvestris nous plonge, le temps d´un hiver, dans une histoire intime et sensible, explorant notre imaginaire et nos inquiétudes face à des choix de vie qui nous effraient autant qu´ils nous fascinent.

11 Janvier 2022 / 17.00 € / EAN 9782490834082 / 192 Pages

Ma sœur sérial killeuse, Oyinkan Braithwaite

Ma sœur sérial killeuse, d’Oyinkan Braithwaite, un roman teinté d’humour noir, quand deux sœurs unies à la vie à la mort bousculent nos habitudes

Korede aime sa sœur cadette, bien que celle-ci soit la plus belle et la favorite de leur mère. Elle s’est également donné pour mission de s’occuper d’elle. Mais Ayoola est une véritable mante religieuse, elle supprime ses amants quand elle n’en veut plus, ou peut-être quand ils se rapprochent trop d’elle. En tout cas, quelle qu’en soit la raison, le résultat est là, et c’est toujours la grande sœur qui doit faire le ménage pour la protéger.

Impossible de s’en ouvrir à leur mère, et comme le père n’est plus là… on comprendra d’ailleurs au fil des chapitre la relation ambigüe des filles au père.

Korede, infirmière à l’hôpital, est toujours célibataire. Tate, le médecin avec qui elle travaille, ne la laisse pas insensible. Aussi lorsque sa sœur s’en approche, elle compte bien sortir les griffes pour qu’il garde toutes ses chances d’avoir la vie sauve.

Vif, rythmé, fait de courts chapitres, qui donnent envie de continuer pour aller jusqu’au bout et de comprendre comment ces deux sœurs vont bien pouvoir s’en sortir. Mais permet de se poser des questions sur les méandres obscurs de la société nigériane avec ses strates infranchissables, une police inexistante, les relations hommes-femmes et la condition féminine pas forcément au top, les femmes qui luttent pour prendre la place qui devrait leur revenir.

Voilà un premier roman à la fois addictif et déjanté, décapant et hilarant. Famille et solidarité, société et culture africaine, de nombreux thèmes sont abordés par le biais de cet excellent thriller psychologique et sociologique. Un très plaisant moment de lecture que je vous recommande.

Catalogue éditeur : Delcourt littérature

Traduit de l’anglais (Nigeria) par Christine Barnaste

Korede s’est donné pour mission de protéger sa cadette envers et contre tout, et ce n’est pas une mince affaire. Non contente d’être la plus belle et la favorite de leur mère, Ayoola a aussi la fâcheuse habitude de tuer ses amants. Ainsi, au fil du temps, Korede est devenue experte pour faire disparaitre les traces de sang et les cadavres. Seulement, avec Femi, ça fait trois. Et à trois, on vous catalogue serial killer…
Korede a une vie à mener, elle aussi : elle est secrètement amoureuse de Tade, le séduisant médecin qu’elle croise tous les jours dans les couloirs de l’hôpital où elle travaille comme infirmière. Aussi, lorsque sa jeune sœur jette son dévolu sur Tade, Korede se trouve face à un dilemme : comment continuer à protéger Ayoola, sans risquer la vie de l’homme qu’elle aime ?
À l’instar d’une Jane Austen des temps modernes, Oyinkan Braithwaite interroge les liens du sang, tout en pratiquant une critique en règle de la société nigériane : sa corruption, ses différences de classe, son machisme exacerbé…
Une comédie noire et décalée, aussi grinçante que glaçante.

Parution le 13 février 2019 / 244 pages / 18.50€