Deux remords de Claude Monet. Michel Bernard

« Deux remords de Claude Monet » de Michel Bernard, un beau roman, à la mesure des magnifiques toiles de Claude Monet, ensoleillé, chaleureux, triste parfois, comme la vie !

domi_c_lire_deux-_remords_de_claude_monetDe Frédéric Bazille et la guerre de 70, à Giverny et la fin de sa vie, l’auteur écrit un superbe roman sur la vie de Claude Monet. Roman structuré en trois parties, Frédéric, Camille et Claude.
Frédéric Bazille, jeune peintre talentueux, ami de Claude, amoureux de Camille, celle qui épousera finalement Claude Monet. Bazille mort prématurément lors de la guerre de 70. C’est aussi l’époque de l’amitié avec ceux qui sont devenus les plus grands, Renoir, Sisley, Manet ou Pissarro. Et les rencontres avec les mécènes et bientôt amis, la famille Hoschedé ou les Durand-Ruel.
Camille, le modèle, la muse, la femme, l’aimée, celle qui partage les moments de galère et ceux d’opulence, avant le succès comme aux meilleurs moments, celle qui pose pour certains de ses plus beaux tableaux, que l’on retrouve avec son ombrelle sur les pentes douces des bords de la seine ou de l’Oise, autour d’Argenteuil ou de Vétheuil. Camille qui lui donneras deux fils, et disparaitra prématurément. Lors de la rétrospective Claude Monet du Grand Palais, les visiteurs ont peut-être été surpris devant ce tableau de Camille sur son lit de mort (même en sachant qu’à une époque il était très courant de faire une photo des morts avant leur dernier voyage), ces lignes de Michel Bernard permettent de mieux en comprendre la signification et l’importance pour le Monet.
Enfin, Claude après Camille, la fin de la vie, l’installation à Giverny et le goût toujours affirmé pour le jardin et les fleurs, les merveilleuses toiles, les nymphéas du bassin au fond du jardin et ceux du musée du jeu de paume. Puis cette période où perdant la vue ses œuvres se sont brouillées et assombries, perdant de la magie lumineuse des couleurs et des perspectives qu’il a été l’un des premiers à oser sur la toile.

Voilà un livre qui nous fait voyager dans la vie du maitre, ses sentiments, mais aussi son œuvre, et nous donne envie de retourner voir ses tableaux et ceux de ses amis dans les musées, à Orsay ou à Marmottant. Mais également envie de se promener à Giverny, à Vétheuil ou sur les bords de Seine, et d’aller partout où l’on trouve les toiles magnifiques de ces si talentueux peintres impressionnistes. Un régal de lecture et une belle découverte.

A Giverny ou à Vétheuil, sur les pas de Claude Monet

#rl2016


Catalogue éditeur : La Table Ronde

«Lorsque Claude Monet, quelques mois avant sa disparition, confirma à l’État le don des Nymphéas, pour qu’ils soient installés à l’Orangerie selon ses indications, il y mit une ultime condition : l’achat un tableau peint soixante ans auparavant, Femmes au jardin, pour qu’il soit exposé au Louvre. À cette exigence et au choix de ce tableau, il ne donna aucun motif. Deux remords de Claude Monet raconte l’histoire d’amour et de mort qui, du flanc méditerranéen des Cévennes au bord de la Manche, de Londres aux Pays-Bas, de l’Île-de-France à la Normandie, entre le siège de Paris en 1870 et la tragédie de la Grande Guerre, hanta le peintre jusqu’au bout.»

Collection Vermillon, La Table Ronde Genre : Romans et récits Catégorie > Sous-catégorie : Littérature française > Romans et récits Époque : XXIe siècle / Parution : 18-08-2016 / 224 pages, 4 ill., 140 x 205 mm / ISBN : 9782710380702

Baby spot. Isabel Alba

Baby Spot, d’Isabel Alba, traduit par Michelle Ortuno, un livre très court mais percutant qui bouscule nos certitudes.

Dans une banlieue tout à fait sordide de Madrid, en bordure d’un périphérique, frontière entre deux mondes, il y a ceux qui réussissent et les autres. Les jeunes trainent leurs guêtres dans les ruines d’un quartier jamais terminé par l’entreprise de construction, quand les appartements eux ont été vendus depuis longtemps. Témoins de la vie sordide des petits voyous et des trafics en tout genre, des violences sur les femmes, elles qui disent toujours non et se débattent même quand elles sont d’accord comme chacun le sait bien, des coups portés à la mère quand elle veut s’exprimer, du père qui traine au café, ivre, du matin au soir car il est au chômage. Les enfants trainent, et Lucas est un peu leur souffre-douleur, il les accompagne partout, mais il est bien plus sage, car lui, c’est sur, sa mère l’aime vraiment et s’en occupe comme elle peut.

Et Tom raconte, raconte dans une logorrhée sans fin, sans trop de points ni de virgules tant le récit presse et veut sortir, ce qu’il a vu ce jour d’août, le jour où Lucas est mort dans le chantier, le jour où le flic pourri a arrêté le caïd du quartier, Le Zurdo, le frère de Martin, celui que jusqu’alors Tom admirait tant. Le jour où tout a basculé, comme ça, pour rien, comme dans un film, parce qu’on ne sait pas « pourquoi » finalement tout bascule.

Et les mots sortent, en langage parlé, qui disent la vie au jour le jour, les pères sans emploi, les femmes abandonnées quand elles tombent enceintes, les violences faites aux femmes et le porno à la télé ou dans la chambre des parents à la cloison si fine qu’on entend tout. Qui disent aussi la tyrannie entre gamins, les petits caïds en prison, et l’innocence d’un gamin de 12 ans qui aime tant sa petit sœur Diana et sombre en même temps dans une cruauté et une violence indicibles. Quel roman étonnant, bouleversant, cru parfois, mêlant cruauté et enfance, de cette enfance qui sur le fil du rasoir ne sait pas encore de quel côté elle va tomber, le bon ou le mauvais ? Voilà un livre d’à peine 90 pages qui se lit d’une traite et qui vous laisse un peu pantois, sonné.

Traduit de l’espagnol par Michelle Ortuno

#rl2016


Catalogue éditeur : La Contre Allée

Baby spot Isabel Alba, Michelle Ortuno (traductrice)

« Avec les films c’ est plus facile, parce que quand les images t’ envahissent et que t’ arrives pas à les effacer, tu peux te consoler en te disant que, comme dans les cauchemars, tout est faux, que rien de ce que tu vois dans ta tête n’ est vrai et que bientôt tout va disparaître pour toujours. Mais ce qui est arrivé au Zurdo, et aussi à Lucas, je sais que c’est arrivé pour de vrai, voilà pourquoi ça ne sort jamais complètement de ma tête. C’est pour ça que je veux écrire, pour voir si j’arrive à faire sortir toute cette histoire et à la laisser pour toujours sur le papier. »

Tomás, un garçon de douze ans, vit dans une banlieue de Madrid. Un soir d’août, son ami Lucas est retrouvé pendu à une poutre, sur un chantier abandonné.
Tomás se met alors à écrire. Son récit prend l’apparence d’un roman noir.

« Je m’appelle Tomás, j’ai douze ans et je ne sais pas qui est mon père. Mais après tout, c’est banal dans la vie d’un gamin, et d’ailleurs je crois que ça n’intéresse personne, même pas moi, et puis j’en ai vraiment marre de toujours entendre la même histoire. » 

Collection La sentinelle / ISBN 9782917817520 / Format 13,5 x 19cm / Nombre de pages 96 / Date de parution 25/08/2016 / Prix 13, 00€

Vivre près des tilleuls. L’AJAR

« Vivre près des tilleuls » ou la lecture quasi hypnotique d’un court premier roman qui sonne terriblement vrai.

Si très souvent le lecteur s’interroge – à tort d’ailleurs, car après tout qu’importe – pour savoir qu’elle est la proportion de vécu qu’un auteur met dans ses écrits, voilà la preuve qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vécu pour dire et écrire avec talent. Car du talent ils en ont ces 18 auteurs qui produisent un roman à l’unité stylistique et littéraire évidente.

J’ai donc plongé dans les mémoires d’Esther Montandon, cette femme qui a laissé, et caché, des écrits retrouvés par hasard par le dépositaire de ses archives, Vincent König. Vincent qui décide de produire ce roman, ces mots de souffrance, de deuil, ces souvenirs de l’absente, cette petite fille qu’Esther avait tant attendue, elle qui ne sera mère qu’à quarante ans. Cette enfant qu’Esther va perdre prématurément puisque Louise meurt d’un accident domestique à trois ans. Courte vie, qui laisse un vide tel qu’il ne pourra plus jamais être comblé, perte irremplaçable de celle qui sera éternellement cette magnifique enfant de trois ans.

Quel exercice de style, criant de vérité, d’émotion, de tendresse et de souffrance. Voix multiple et cependant unique pour dire les mots, les souvenirs, le cheminement des perdants, ceux qui restent au bord du gouffre de l’absence irremplaçable. Difficile, réaliste, sensible et juste !

Quelques extraits, phrases qui m’ont touchée :

« Ce soir, Louise dort en terre.
Ce sera le cas pour tous les soirs à venir. Toutes les nuits du monde.
Je le consigne ici. Cela ne change rien. Il le faut. »

« Le chagrin est moins un état qu’une action. Les heures d’insomnie, puis le sommeil en plomb fondu sur les paupières, la prostration dans le noir, la faim qui distrait la douleur, les larmes qu’on ne sent plus couler : le chagrin est un engagement de tout l’être, et je m’y suis jetée. On me dit de me reprendre, de faire des choses pour me changer les idées. Personne ne comprend que j’agis déjà, tout le temps. Le chagrin est tout ce que je suis capable de faire. »

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Catalogue éditeur : Flammarion

Vincent König est le dépositaire des archives de l’écrivaine suisse Esther Montandon. En ouvrant par hasard une chemise classée « factures », il découvre des dizaines de pages noircies, qui composent un récit intime. Esther a donc tenu un « journal de deuil », dans lequel elle a pour la première fois évoqué la mort de sa fille Louise et l’aberrante « vie d’après ». Les souvenirs comme les différents visages de la douleur s’y trouvent déclinés avec une incroyable justesse. Ces carnets seront publiés sous le titre Vivre près des tilleuls.

Roman sur l’impossible deuil d’une mère, porté par une écriture d’une rare sensibilité, Vivre près des tilleuls est aussi une déclaration d’amour à la littérature : ce récit d’Esther Montandon est en réalité l’œuvre d’un collectif littéraire suisse, l’AJAR. Ces dix-huit jeunes auteur-e-s savent que la fiction n’est pas le contraire du réel et que si « je est un autre », « je » peut aussi bien être quinze, seize, dix-huit personnes.

L’AJAR – Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands – est un collectif créé en janvier 2012. Ses membres partagent un même désir : celui d’explorer les potentialités de la création littéraire en groupe. Les activités de l’AJAR se situent sur la scène, le papier ou l’écran. Vivre près des tilleuls est son premier roman. Son site : http://www.jeunesauteurs.ch

Collection : Littérature française / Parution : 17/08/2016 / Format : 13.5x21x0 cm / Nb pages : 128 / Prix : 13,00 € / AN : 9782081389199

Celui-là est mon frère. Marie Barthelet

« Celui-là est mon frère » le premier roman de Marie Barthelet, parle d’amour fraternel, à la vie à la mort.

DomiCLire_celui-la_est_mon_frereIl y a des 7 plaies d’Egypte dans Celui-là est mon frère, ce roman où des frères adoptifs, élevés ensemble se rapprochent puis se séparent et finissent par s’affronter en un combat fatal.

Dans un pays qui pourrait être un royaume africain, deux frères sont élevés ensemble par le maître du pays. L’un est son fils et sera appelé à régner à sa mort, l’autre est un enfant adopté. Ce dernier est issu d’une tribu d’individus considérés comme inférieurs car ils sont osé se rebeller contre le pouvoir, et depuis le coup d’état, ils vivent en marge de la société.

Lorsque l’histoire commence, le frère adoptif du narrateur revient après dix ans d’absence. Il était parti sans un mot, sans espoir de retour, après avoir tué un homme. Il arrive et affronte son frère qui gouverne aujourd’hui le pays, réclame le dû de son peuple, de sa tribu. Ayant abandonné tout ce qui constituait l’amour fraternel qui les unissait, il est prêt à prendre le pouvoir quel que soit le prix à payer. Face au refus d’obtempérer de son frère, les plaies vont s’abattre sur le pays, les eaux empoisonnées qui détruisent flore et faune, la grêle qui anéanti les récoltes, la lèpre et les maladies qui atteignent les troupeaux et les hommes.

Récit étrange, déstabilisant, difficile à placer dans le temps et dans l’espace. Il y a des paroles d’évangile dans ce titre-là ! « Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère »Celui-là est mon frère est écrit en alternance de scènes au présent, pour décrire le retour du frère, l’affrontement et le malheur qui s’abattent sur le pays, et de réminiscences par le narrateur de l’enfance commune , du passé heureux et du présent jusqu’alors serein. Ce récit ressemble plus à un conte hypnotique qu’à un récit banal. Qu’importe le pays, les circonstances, les protagonistes, l’essentiel est dans les sentiments, les souvenirs, l’amour et la haine qui émanent des personnages. Face au refus, l’irréel fait son œuvre pour amener les frères à se retrouver jusqu’au moment où haine et amour se confondent, jusqu’au moment où ils s’affrontent, dans la mort et dans la vie, dans le chagrin et dans la perte. L’amour fraternel se transforme et fait son œuvre, instillant son poison, qu’il soit vengeance ou passion mortelle.

#rl2016


Catalogue éditeur : Buchet-Chastel

Un jeune chef d’état reçoit la visite de son frère tant aimé, disparu dix ans plus tôt. La brève joie des retrouvailles cède très vite la place à l’amertume et à l’indignation : celui qui est revenu a changé. Il est désormais l’Ennemi. À cause de lui, le pays va s’embourber dans une crise sans précédent.
Celui-là est mon frère, premier roman de Marie Barthelet, est un véritable conte qui déroule, avec sensibilité, le récit envoûtant d’une affection mortelle.

Littérature française /Parution : 18/08/2016 / Format : 11,5 x 19,0 cm, 176 p., 14.00 € /
ISBN 978-2-283-02974-9

Comment tu parles de ton père. Joann Sfar

On ne présente plus Joann Sfar, enfin presque plus, car qui n’a pas lu, ou au moins vu la série de BD « Le chat du Rabin » dont il est dessinateur et scénariste ? Avec « Comment tu parles de ton père » je le découvre et je l’apprécie dans un registre totalement différent.

Pourtant à priori le sujet est plutôt triste, il s’agit de la mort de son père, « né l’année où tonton Adolf est devenu chancelier : 1933 »… comme mon père, parti trop tôt lui aussi…. et c’est cette phrase en 4e de couverture qui m’a au départ attirée vers ce livre. Mais je n’ai rien projeté de personnel ensuite dans la lecture de ce roman, je me suis laissé porter par les mots de l’auteur.

Joann Sfar parle de son père et de son grand-père aux personnalités fortes l’un comme l’autre, mais aussi de souvenirs, d’enfance, de famille, de parents et d’amis, de sa vie et de ses amours. Il évoque largement la souffrance de n’avoir pas su que sa mère était morte, lorsqu’à trois ans et demi, son père a préféré lui dire qu’elle était partie en voyage…souffrance inutile de l’enfant qui attend et qui ne comprend pas l’abandon de sa mère…Ni compris alors que son père voulait le protéger, et sans doute se protéger également, de la douleur de cette perte inéluctable.

Ce livre se lit avec bonheur, même s’il évoque la tristesse et la perte d’un être cher, qui plus est d’un parent. On sent au fil des pages l’amour d’un fils pour son père, teinté de respect, d’admiration, d’affection. Il égrène les souvenirs et tout ce qui ne sera jamais plus, et en parallèle, forcément la vie qui avance, inéluctable, jusqu’au prochain deuil, à la prochaine naissance, aux prochaines amours. Je l’ai ressenti comme une prière, qu’elle soit israélite, chrétienne ou païenne, mais aussi comme une ode à la vie et à tous ceux qui ne sont plus, à la fois émouvant et empreint d’humour, comme la vie en somme.

Extraits :

« Papa m’a toujours dit que si un jour il me cognait, j’aurais le droit de me défendre. Le jour où il me semblera que ce danger s’éloigne, j’abandonnerai la lutte.
Cela se produit à la mort du père : on n’a plus personne à épater. »

« Chers fidèles, il m’arrive d’avoir peur que le judaïsme ne consiste qu’en de semblables ruminations : craindre le futur et louper l’instant. »

« J’ai tant parlé de sa beauté parce que je souhaite convoquer les souvenirs de mon père en jeune homme. Sur les tombes juives, on interdit de faire figurer des photographies afin que la mémoire ne se fixe pas sur un moment de l’existence du défunt. Il faut beaucoup d’imagination pour remonter le temps et laisser derrière soi les images de l’agonie ou de la vieillesse. »

#rl2016

Retrouvez l’avis de Jean-Paul sur son blog


Catalogue éditeur : Albin-Michel

« Papa est né l’année où tonton Adolf est devenu chancelier : 1933. C’est l’année où pour la première fois on a découvert le monstre du Loch Ness. C’est l’année, enfin, où sortait King Kong sur les écrans. Mon père, c’est pas rien. »

Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir un père comme André Sfar. Ce livre pudique, émouvant et très personnel, est le Kaddish de Joann Sfar pour son père disparu. Entre rire et larmes.

Edition brochée 15.00 € : 1er Septembre 2016 / 140mm x 205mm / 160 pages / EAN13 : 9782226329776

J’ai toujours ton cœur avec moi. Soffia Bjarnadottir

Dans « J’ai toujours ton cœur avec moi », Soffia Bjarnadottir nous entraine au cœur de l’Islande, ce  pays que notre imaginaire associe souvent au froid, au rêve et parfois même au surnaturel.

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Les sentiments y sont comme les paysages, parfois arides, intimistes, et leur beauté se confond avec celle des âmes qui l’habite. Dans cet univers si particulier, Hildur vient d’apprendre que Siggý, sa mère, vient de mourir.Alors qu’elle arrive dans la petite maison jaune sur l’Ile de Flatey, Hildur se souvient de cette mère qui n’a jamais su endosser ce rôle unique, être la mère de ses enfants. Les souvenirs, les délires, le ressentiment, l’espoir, des envies d’autre chose, de vivre peut-être enfin, affluent, dans son cœur enfin délivré de cette dose de folie intimement liée à cette femme si singulière. Car au fil des pages et des souvenirs, des errances et des hallucinations, on comprend que Siggý a disparu depuis longtemps de la vie de sa fille, ouvrant une faille impossible à combler puisqu’à son tour Hildur ne saura jamais endosser ce rôle.

Étrange pouvoir que celui d’une mère, présente ou absente, et qui par son comportement, change à tout jamais le destin de ses enfants. Poétique, étonnant, attachant, ce roman se lit avec beaucoup de plaisir et d’interrogation.

💙💙💙💙

Catalogue éditeur : Zulma

Roman traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün

Phénix excentrique tant de fois ressurgi de ses cendres, Siggý n’est plus. Elle qui n’a jamais été là pour personne a légué à sa fille Hildur son mal étrange et une petite maison jaune sur l’île de Flatey.
Une lettre de sa mère pour seul viatique, Hildur s’embarque vers ce point minuscule perdu dans l’océan. Avec pour ange tutélaire l’homme aux yeux vairons. Et une foule de souvenirs sans pareils – les extravagances de Siggý et de son voisin Kafka, les mantras de grand-mère Láretta contre les idées noires, l’appel des phoques sacrés ou les fantômes de la rue Klapparstígur… Qui tous portent la promesse d’une singulière renaissance.
Comme une consolation venue d’ailleurs, J’ai toujours ton cœur avec moi est la belle chronique de ces quelques jours sans boussole – mélancolique, insolite et décalée.

12,5 x 19 cm • 144 pages / ISBN 978-2-84304-764-0 / 16,50 € / Paru le 07/01/16