Le livre que je ne voulais pas écrire. Erwan Larher

En cette rentrée littéraire, il faut lire « Le livre que je ne voulais pas écrire » ce roman est un OVNI littéraire qui vous prend et ne vous lâche plus.

DomiCLire_le_livre_que_je_ne_voulais_pas_ecrire_larher.jpgUn roman indispensable. Même si ce qu’a vécu l’auteur est difficile, émouvant au-delà de ce qu’on imagine, intense et terrible aussi, et puis doux comme l’amour et l’amitié, ces sentiments plus forts que tout qui viennent rappeler au monde que la vie existe, il faut le lire !

Erwan aime le rock, et quand il va au concert, il l’annonce sur son profil Facebook, celui destiné aux amis, aux vrais, pour qu’ils viennent avec lui à l’occasion… En ce soir du 13 novembre 2015, il est comme beaucoup d’autres amoureux de la musique et de la vie au concert des Eagles Of Death Metal… La suite, on s’en doute, ce sera l’horreur, les tirs, les cris, l’attente, les blessés et les morts, les sonneries des téléphones, les paroles et les regards, l’angoisse et les blessures. Le temps qu’il faut pour être enfin pris en charge par des secours totalement débordés devant la multiplicité des événements simultanés qui ont endeuillé Paris ce soir-là. Puis l’ambulance de fortune, le blessé plus grave qui est transporté à côté de vous, l’arrivée à l’hôpital et le personnel efficace bien que submergé, arriver enfin à prévenir, savoir ce qu’il se passe et ensuite, se poser des questions sur ses capacités physiques, et réapprendre à vivre, entouré d’amour et d’amitié, mais aussi grâce à sa force intérieure, à l’abnégation du personnel soignant, ou en relisant les épreuves de « Marguerite n’aime pas ses fesses » par exemple.

Alors que ce récit aurait pu être celui d’un homme blessé, il est au contraire celui d’un homme debout, non pas victime mais survivant, qui se relève grâce à ses mots et à cette histoire qu’il a posée là, à côté de lui, et pas en lui, comme si elle ne lui appartenait plus. L’auteur transcende la peur et la douleur, il convoque dans son texte les mots de ses amis, ceux  qui l’attendaient, qui l’espéraient, qui l’ont cru… ça personne ne l’a jamais verbalisé bien sûr. Récit bouleversant de pudeur, écrit à cette deuxième personne du singulier qui éloigne et met une distance entre l’intime et l’Histoire, qui relate les hurlements et les silences, l’effroi et l’espoir, qui va au-delà du simple j’étais là, qui questionne aussi, sur la vie, le hasard, les circonstances, et nous aide sans doute à comprendre ces chaos que vit notre époque. Témoignage émouvant, poignant, sensible et qu’il faut lire, vraiment, absolument ! Et surtout, se dire qu’il faut vivre, aimer, donner, et ne jamais oublier de dire aux gens qu’on aime, qu’on les aime !

En décembre 2016, lors de la soirée des 68 premiers romans, j’ai rencontré Erwan Larher et nous avons parlé de « Marguerite n’aime pas ses fesses ». Puis, assez banalement j’ai demandé le thème de son prochain roman. Et là, Erwan répond qu’il écrit sur le Bataclan… Ah, le Bataclan, les attentats, le terrorisme, il y avait déjà eu quelques titres de la rentrée littéraire 2016 qui portaient sur le sujet, ce que j’ai certainement dit, et Erwan de répondre « oui, mais moi j’y étais et j’ai pris une balle… » Aie, là, c’est évident vous vous trouvez totalement stupide. Ne sachant plus trop comment continuer, je parle victime, résilience (sujet évoqué si souvent avec Françoise Rudetzki). Mais là,  Erwan me répond en substance : « Je ne suis pas une victime, je suis un survivant ». Ah, quelle façon extraordinaire de se voir, après avoir vécu ÇA ! Oui « ça » parce que ne l’ayant pas vécu, comment comprendre, savoir et surtout en parler autrement ?

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Photos de la rencontre à la librairie Millepages à Vincennes.

N’hésitez pas, allez lire les avis de Virginie, Nicole, Joëlle


Catalogue éditeur : Quidam

Je suis romancier. J’invente des histoires. Des intrigues. Des personnages. Et, j’espère, une langue. Pour dire et questionner le monde, l’humain.
Il m’est arrivé une mésaventure, devenue une tuile pour le romancier qui partage ma vie : je me suis trouvé un soir parisien de novembre au mauvais endroit au mauvais moment ; donc lui aussi.

Collection : Made in Europe / Thèmes : politique violence Histoire Invention formelle /  août 2017 / 140 x 210mm / 268 pages 20 € /   ISNB : 978-2-37491-063-5

Vernon Subutex 1, Virginie Despentes

Découvrir l’écriture de Virginie Despentes avec Vernon Subutex, un roman aussi singulier que son personnage principal

Vernon Subutex, 1

Comme c’est la première fois que je lis un roman de Virginie Despentes je ne sais pas dire si Vernon Subutex est caractéristique ou non de son écriture. J’ai été légèrement perturbée, lassée à certains moments, par le manque de suivi dans l’intrigue. Et si j’ai eu beaucoup de mal à accrocher, une fois passées quelques hésitations j’ai été très intéressée par cette écriture étonnante que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire.

L’auteur plante le décor, dans Paris, Vernon Subutex, la cinquantaine, disquaire de son état, est victime du progrès. Sa boutique a fermé depuis longtemps, mais il subvient à ses besoins en vendant peu à peu son stock sur internet. Et surtout son ami le chanteur Alex Bleach l’aide à boucler ses fins de mois. Tout pourrait tranquillement perdurer ainsi sans le décès soudain d’Alex. Voilà Vernon à la porte de son appartement. Il lui manque peu pour s’en sortir et pourtant jamais il ne demandera à tous ceux qui l’hébergent de l’aider. Les points de vue de nombreux protagonistes se succèdent pour nous présenter le passé et surtout le présent incertain de Vernon, sans que jamais ces points de vue ne se confrontent à celui de Vernon. Chemin faisant, d’amies en relations plus lointaines, et sans oser avouer qu’il est expulsé de chez lui, Vernon va se faire héberger, squatter pour quelques jours, quelques semaines, puis se faire mettre à la porte de ces foyers d’accueil qui n’en sont pas, ceux de ses relations interlopes, de ses connaissances intéressées, de ces femmes qui craquent pour ses beaux yeux bleus et ne rêvent que de le mettre dans leur lit, pour au final se retrouver à la rue, SDF parmi tant d’autres, dans un monde qui lui est totalement étranger.

Écriture singulière de Virginie Despentes qui n’hésite pas à dire ce qu’elle a dire, caustique, crue, réaliste, consciente des travers et des défauts des protagonistes, immersion totale dans le monde, dans un Paris de la misère sociale plus sombre que ville lumière, mais aussi dans le monde des Bobos, des riches, qu’elle dépeint sans scrupule sous leur plus mauvais jour. Il y a tellement de vérités qui ne sont en général pas bonnes à dire mais qui sont ouvertement écrites, tellement d’évidences, qu’on se dit « mais oui, bien sûr » en les lisant, il y a aussi quelques paragraphes qui perturbent, c’est parfois cruel, mais totalement maitrisé par un auteur qui cerne avec brio les contours et les travers d’une génération, le tout sur un fond musical qui ne laisse pas indifférent.

Catalogue éditeur : Grasset

QUI EST VERNON SUBUTEX ?
Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de ressurgir.
Le détenteur d’un secret.
Le dernier témoin d’un monde disparu.
L’ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous.

Format : 140 x 205 mm / Pages : 400 / EAN : 9782246713517 / Prix : 19.90€ / Parution : 7 Janvier 2015