La résurrection de Joan Ashby, Cherise Wolas

Quand une écrivaine de talent se perd dans le couple et la maternité, quel est le prix à payer pour se retrouver ?

Joan Ashby le sait, elle est faite pour être écrivaine, c’est sa vie. A seulement vingt-trois ans, reconnue et adulée par son lectorat, elle excelle dans ce rôle. Après deux recueils de nouvelles et des tournées de librairies et de salons dans tout le pays, elle sait que c’est ce qu’elle aime et qu’elle fait le mieux. Elle a peu de certitudes mais certains préceptes inébranlables : ne jamais arrêter d’écrire, ne jamais avoir d’enfants.

Pourtant, la rencontre avec Martin, si elle n’est pas forcément un coup de foudre est malgré tout une évidence. Elle l’épouse, change de cadre de vie, quitte New-York et ses promesses pour déménager dans la petite ville où il a installé sa clinique et découvre sa grossesse déjà avancée. Malgré son envie de ne pas avoir d’enfant, malgré les promesses de Martin, malgré ses rêves, elle s’engage sur le difficile chemin de la maternité heureuse. Car Joan n’est pas faite pour devenir mère, elle le sait, cependant pour plaire à Martin, pour devenir cette jeune femme accomplie conforme aux exigences, elle va prendre son rôle très au sérieux. Et si la maternité n’est pas désirée, elle saura malgré tout donner tout son amour à ses enfants et les aider à grandir à ses côtés.

Les années passent, avec ces deux fils magnifiques, Daniel le rêveur développe tout jeune des talents pour l’écriture, Éric le surdoué autodidacte, inventeur d’un programme informatique à seulement treize ans, est très difficile à canaliser. Martin poursuit avec talent son métier de chirurgien ophtalmologue. Il parcourt le monde pour réaliser des opérations miraculeuses pour des malades toujours plus reconnaissants. Une belle famille composée d’éléments disparates qui s’accordent et grâce à qui la vie devrait être formidable.

Mais dans ces conditions, à toujours faire passer le bonheur des autres avant le sien, comme le font souvent les mères, Joan n’arrive plus à écrire. Devenue mère et épouse avant d’être écrivaine, il lui faudrait pour se réaliser pleinement plus de calme et de sérénité. Alors elle privilégie son rôle de mère au détriment de ses passions, ses envies, ses aspirations. Pourtant en cachette, elle réussit à s’évader et à créer son premier grand roman.

Jusqu’au jour où… c’est la trahison, l’abandon et la fin du rêve éveillé, ce rêve de réussite et de retour à l’écriture. Et la trahison est destructrice. A partir de là, les coutures commencent à craquer, la famille explose, le fils génial part au bout du monde, l’ainé se terre et coupe les ponts. Joan part seule se ressourcer à Katmandou. Elle va enfin le faire ce voyage qu’elle avait reporté d’année en année, pour tenter de se trouver au bout du chemin, pardonner, avancer. La rencontre avec les autres – femmes, religion, méditation – va lui permettre d’avancer sur le difficile chemin qu’il lui reste à parcourir.

Ce premier roman est un portrait de femme à la fois terriblement ambitieux – plus de six cent pages tout de même – et vraiment étonnant. L’auteur nous entraine sur plusieurs dizaines d’années de la vie de Joan Ashby. Cette jeune femme embrasse la maternité presque contre son grès, parce que les conventions, les convenances, parce que le mari, les traditions, mais certainement pas par véritable désir intime, comme c’est trop souvent le cas encore aujourd’hui.

J’ai aimé également cette intéressante approche sur la difficulté pour un enfant de trouver sa place et de forger sa personnalité dans une famille où chaque membre est surdoué, chacun ayant des spécialités si écrasantes, si évidentes, qu’il faut trouver le moyen de devenir soi.

A sa vie se mêlent ses différents écrits, ses nouvelles, son romans, puis le récit de son fils, comme des boites que le lecteur va ouvrir à mesure pour comprendre et appréhender toute la complexité de ce personnage, des relations humaines, de la difficile acceptation de la vie familiale. Il faut du talent pour donner un style différent aux écrits qui se suivent ; parfois un peu difficiles à suivre, mais les différentes polices utilisées aident bien à la compréhension. Ça foisonne, c’est dense, et ce gros pavé est un vrai plaisir de lecture, à la fois original, singulier, humain, il parle à chacun d’entre nous.

Citation : Elle comprend qu’elle vivait comme cousue de l’intérieur depuis très longtemps et que les coutures commencent à craquer.

La résurrection de Joan Ashby, par son approche un peu iconoclaste de la maternité m’a fait penser au roman Amour propre de Sylvie Le Bihan que j’avais également beaucoup aimé, pour cette vision qui dérange mais qu’il est primordial d’exprimer.

Catalogue éditeur : Delcourt littérature

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Carole Hanna

Joan Ashby a toujours voulu devenir écrivaine et a établi très tôt quelques préceptes de vie pour mettre toutes les chances de son côté : « Ne pas perdre de temps », « Écrire tous les jours », et surtout « Ne jamais avoir d’enfants ». Elle touche au but à 23 ans et devient la nouvelle sensation de la scène littéraire new-yorkaise avec un premier recueil de nouvelles singulières. Mais elle fait un premier pas de côté en épousant Martin, puis découvre avec effroi qu’elle est enceinte. Elle prend alors une décision fatale à sa carrière et s’efface dans une vie de famille non préméditée. Mère de deux fils diagnostiqués précoces, Joan laisse filer les années. Sur le point de renouer enfin avec la vie qu’elle a mise en suspens, une trahison aux proportions shakespeariennes va l’acculer à questionner tous les choix qu’elle a faits…

Sélectionné par le PEN/Robert W. Bingham Prize for Debut Fiction, La Résurrection de Joan Ashby est le premier roman de Cherise Wolas, par ailleurs productrice de cinéma. Native de Los Angeles, elle vit aujourd’hui à New York et a publié en 2018 son deuxième roman, The Family Tabor.

Parution le 22 janvier 2020 / 624 pages / Prix : 23.90€

Opus 77, Alexis Ragougneau

Se laisser emporter par la musicalité de ce roman envoûtant et virtuose d’Alexis Ragougneau

Tout commence dans une église, une femme est au piano. Ariane, artiste de renommée mondiale, vient jouer pour les obsèques de Claessens, son père, lui-même mélomane, d’abord pianiste, puis chef d’orchestre de l’Orchestre de la Suisse romande.

Ariane, un quart de siècle et des cheveux de feu, va peu à peu tirer les fils enchevêtrés de cette famille désunie. Une mère chanteuse soprano d’origine israélienne qui s’est murée dans le silence et la folie, un père musicien qui ne pouvant plus jouer est devenu chef d’orchestre, un frère, David,  violoniste enfermé dans un bunker qui lui assure un silence total. Chacun a un talent de musicien, mais on dirait que leur plus grande obsession est de le gâcher, de ne pas s’en servir, en dehors d’Ariane qui sort du cadre.

Face à l’image si forte du père, comment peut-on se construire ? Car tout se passe entre ombre et lumière, réussite et échec, espoir et désillusions, travail et abandon. Peu à peu se dessinent les contours d’une famille de prodiges qui ayant toutes les clés en eux pour réussir vont plonger inexorablement dans l’échec et la folie. Avec en trame de fond un silence pesant, celui du bunker, celui de la salle de spectacle, celui de l’église quand l’artiste pose ses mains sur le piano et indique que tout est fini.

Aux obsèques, le fils prodigue est absent, et Ariane l’appelle et lui narre (ou à nous lecteurs ?) cette vie de famille si compliquée, le poids de cet opus sur leurs vies à tous. Tout le roman se déroule au rythme du Concerto pour violon n°1 en La mineur Opus 77, composé par DImitri Chostakovitch. Chaque chapitre commence comme les quatre mouvements du concerto, Nocturne, Scherzo, Passacaglia, Burlesque, au milieu desquels s’insère la cadence. Le ton est donné, la musique, sa force et sa passion dévorante vont nous emporter.

Il y a la mort, présente tout au long du roman et dès les premières pages avec le père omnipotent.
Il y a les relations ambiguës entre un fils et son père, apaisées entre une fille et son père, fusionnelles une sœur et son frère.
Il y a la puissance destructrice de la passion pour un instrument, pour la réussite aux concours – ici l’auteur nous dit tout du Concours musical international Reine Élisabeth de Belgique – et leur exigence dévastatrice pour atteindre la perfection.

L’auteur réussi le prodige de nous intéresser et de nous faire vibrer avec ses musiciens, de nous donner l’impression que nous comprenons tout, l’exigence, la douleur, les heures de répétitions, la solitude du musicien face à son jury, face à la salle.

J’ai aimé cette immersion dans un monde inconnu et très exigeant. Alexis Ragougneau dit les sélections, les concours, le travail acharné pour devenir le meilleur, le soliste que tout la monde va s’arracher. Mais aussi l’inextricable complexité des sentiments, face à un père qui domine par son aura une famille dans laquelle les enfants ont du mal à trouver leur place. Il se dégage de ces pages une belle musicalité des mots, des sentiments, des personnages, aimables ou pas, troublants dans leur façon de réagir, émouvants dans leur solitude et leur prison de silence.

Catalogue éditeur : Viviane Hamy

« Un jour, dans mille ans, un archéologue explorera ton refuge. Il comprendra que l’ouvrage militaire a été recyclé en ermitage. Et s’il lui vient l’idée de gratter sous la peinture ou la chaux, il exhumera des fresques colorées intitulées La Vie de David Claessens en sept tableaux. Je les connais par cœur, ils sont gravés à tout jamais dans ma médiocre mémoire, je peux vous les décrire, si vous voulez faire travailler votre imaginaire :

L’enfant prodige choisit sa voie.
Il suscite espoirs et ambitions.
Le fils trébuche, s’éloigne, ressasse.
Dans son exil, l’enfant devient un homme.
Le fils prodigue, tentant de regagner son foyer, s’égare.
Blessé, il dépérit dans sa prison de béton.

Mais à la différence des tapisseries de New York, ton histoire est en cours ; il nous reste quelques tableaux à écrire, toi et moi, et je ne désespère pas de te faire sortir un jour du bunker. La clé de ton enclos, de ta cellule 77, c’est moi qui l’ai, David. Moi, Ariane, ta sœur. »

Parution : 05/09/2019 / ISBN : 9791097417437 / Pages : 256 / Prix : 19€

Ma sœur sérial killeuse, Oyinkan Braithwaite

Ma sœur sérial killeuse, d’Oyinkan Braithwaite, un roman teinté d’humour noir, quand deux sœurs unies à la vie à la mort bousculent nos habitudes

Korede aime sa sœur cadette, bien que celle-ci soit la plus belle et la favorite de leur mère. Elle s’est également donné pour mission de s’occuper d’elle. Mais Ayoola est une véritable mante religieuse, elle supprime ses amants quand elle n’en veut plus, ou peut-être quand ils se rapprochent trop d’elle. En tout cas, quelle qu’en soit la raison, le résultat est là, et c’est toujours la grande sœur qui doit faire le ménage pour la protéger.

Impossible de s’en ouvrir à leur mère, et comme le père n’est plus là… on comprendra d’ailleurs au fil des chapitre la relation ambigüe des filles au père.

Korede, infirmière à l’hôpital, est toujours célibataire. Tate, le médecin avec qui elle travaille, ne la laisse pas insensible. Aussi lorsque sa sœur s’en approche, elle compte bien sortir les griffes pour qu’il garde toutes ses chances d’avoir la vie sauve.

Vif, rythmé, fait de courts chapitres, qui donnent envie de continuer pour aller jusqu’au bout et de comprendre comment ces deux sœurs vont bien pouvoir s’en sortir. Mais permet de se poser des questions sur les méandres obscurs de la société nigériane avec ses strates infranchissables, une police inexistante, les relations hommes-femmes et la condition féminine pas forcément au top, les femmes qui luttent pour prendre la place qui devrait leur revenir.

Voilà un premier roman à la fois addictif et déjanté, décapant et hilarant. Famille et solidarité, société et culture africaine, de nombreux thèmes sont abordés par le biais de cet excellent thriller psychologique et sociologique. Un très plaisant moment de lecture que je vous recommande.

Catalogue éditeur : Delcourt littérature

Traduit de l’anglais (Nigeria) par Christine Barnaste

Korede s’est donné pour mission de protéger sa cadette envers et contre tout, et ce n’est pas une mince affaire. Non contente d’être la plus belle et la favorite de leur mère, Ayoola a aussi la fâcheuse habitude de tuer ses amants. Ainsi, au fil du temps, Korede est devenue experte pour faire disparaitre les traces de sang et les cadavres. Seulement, avec Femi, ça fait trois. Et à trois, on vous catalogue serial killer…
Korede a une vie à mener, elle aussi : elle est secrètement amoureuse de Tade, le séduisant médecin qu’elle croise tous les jours dans les couloirs de l’hôpital où elle travaille comme infirmière. Aussi, lorsque sa jeune sœur jette son dévolu sur Tade, Korede se trouve face à un dilemme : comment continuer à protéger Ayoola, sans risquer la vie de l’homme qu’elle aime ?
À l’instar d’une Jane Austen des temps modernes, Oyinkan Braithwaite interroge les liens du sang, tout en pratiquant une critique en règle de la société nigériane : sa corruption, ses différences de classe, son machisme exacerbé…
Une comédie noire et décalée, aussi grinçante que glaçante.

Parution le 13 février 2019 / 244 pages / 18.50€

Helena. Jeremy Fel

Quand Jeremy Fel nous plonge avec Helena dans un univers noir qui parle de filiation et de détresse, un roman où la normalité bascule dans la violence et tient ses lecteurs en haleine.

Helena, mais qui est Helena ? Tourner les pages avec avidité – et un soupçon d’inquiétude – pour plonger dans l’univers noir, très noir de Tommy, Norma et Hayley, puis chercher à comprendre, savoir qui est cette Helena que l’on attend, que l’on espère dans cette ambiance particulièrement sombre et pesante.

Au Kansas, hors du temps, dans une région qui semble à l’écart du monde, là où les hommes peuvent se noyer ou mourir à la chasse, là où les abattoirs fermés depuis longtemps abritent SDF et jeunes en mal de repères, là où tous les repères de la normalité éclatent en morceaux, l’auteur a réuni ses protagonistes pour une rencontre totalement improbable.

Tommy, au lourd secret d’enfance et à l’esprit qui disjoncte, rêve de monstres ; Norma veuve soulagée mais culpabilisée, est éblouie par la beauté de sa petite Cindy ; Graham, le grand frère si raisonnable est amoureux et rêve d’évasion et de liberté ; Healey, jeune femme de 17 ans orpheline de mère, est insouciante et trop spontanée pour réfléchir et ne pas se flanquer dans les plus mauvaises situations. Tous campent des caractères tellement normaux, tellement classiques même et pourtant, tous sont à un moment ou un autre sur le fil du rasoir, au risque de franchir la frontière entre normalité et folie…

Helena est un roman émouvant et bouleversant, sanglant et angoissant ! Oui, tout à la fois, mais en fait, une fois dépassées les premières impressions, on n’a qu’une seule envie, aller au bout de ce lourd pavé !

L’auteur aborde dans ce roman noir de nombreux thèmes difficiles. On y trouvera la pédophilie et le viol, avec le silence des victimes comme des témoins, la dépression qui ronge des vies et l’abandon, et surtout, prépondérant, l’amour maternel, qui n’est pas toujours une évidence, mais qui peut aussi être porté à son paroxysme avec cette louve qui protège ses petits, parfois un peu trop tard, parfois à cause d’une culpabilité qui la ronge, enfin, l’ambivalence des personnalités, où le bien et le mal cohabitent et luttent pour savoir lequel des deux va prendre le lead sur la vie, les actions de chacun… Le tout avec des personnages poussés à l’extrême, qui malgré tous leurs défauts, et c’est un doux euphémisme, sont pourtant difficile à détester.

Il me semble enfin que Jeremy Fel approfondit la complexité des relations intrafamiliales, et le fait qu’elles sont normales ou au contraire à quel point elles peuvent être parfois totalement ambiguës, ici entre parents et enfants, frère et sœurs ou entre sœurs.

Avec Helena, Jeremy Fel nous offre un grand classique digne du thriller américain, son écriture est d’ailleurs totalement cinématographique. C’est à la fois lourd, sombre et addictif au possible, une réussite !

💙💙💙💙

Catalogue éditeur : Rivages

Kansas, un été plus chaud qu’à l’ordinaire.
Une décapotable rouge fonce sur l’Interstate. Du sang coule dans un abattoir désaffecté. Une présence terrifiante sort de l’ombre. Des adolescents veulent changer de vie. Des hurlements s’échappent d’une cave. Des rêves de gloire naissent, d’autres se brisent.
La jeune Hayley se prépare pour un tournoi de golf en hommage à sa mère trop tôt disparue.
Norma, seule avec ses trois enfants dans une maison perdue au milieu des champs, essaie tant bien que mal de maintenir l’équilibre familial.
Quant à Tommy, dix-sept ans, il ne parvient à atténuer sa propre souffrance qu’en l’infligeant à d’autres…
Tous trois se retrouvent piégés, chacun à sa manière, dans un engrenage infernal d’où ils tenteront par tous les moyens de s’extirper. Quitte à risquer le pire.
Et il y a Helena… 

ISBN : 978-2-7436-4467-3 / EAN : 9782743644673 / Parution : août, 2018 / 800 pages / Format : 14.0 x 20.5 / Prix : 23,00€

L’enfant aux cailloux, Sophie Loubière

Avec L’enfant aux cailloux, Sophie Loubière propose un suspense psychologique qui tient ses lecteurs en haleine jusqu’au bout

Fait de flash-back, ou plutôt d’impressions du passé en quelques pages, le début du roman nous livre des personnages bien particuliers, au passé lourd qui va les poursuivre dans leur vie future.

Elsa Préau, ancienne directrice d’école, est une femme étrange. Elle revient habiter sa maison, après un séjour de quelques années dans le sud de la France. Son fils Martin est médecin, marié à Audrette, une canadienne qu’Elsa n’aime vraiment pas. De sa fenêtre, dans cette vie paisible qui est désormais la sienne, rythmée par la visite hebdomadaire de son fils, celle plus quotidienne de son infirmière et de son aide-ménagère, Elsa surveille la maison des voisins. Elle pense que quelque chose ne tourne pas rond dans cette maison, dans ce jardin où viennent jouer de façon bizarre trois enfants, dans cette famille qui n’en compte que deux. Elle va aller s’en ouvrir aux services sociaux, à la police.

Oui mais voilà, Elsa voit des fantômes, Elsa entend des souris qu’elle ne peut capturer, Elsa semble avoir des hallucinations, qui sait peut-être est-elle simplement folle ? Elsa a aussi et surtout un passé douloureux qui a meurtri sa propre famille, un passé que l’auteur dévoile par petites touches au fil des pages.
L’intrigue se déroule, nous entrainant dans les pas d’Elsa, sous son regard, à travers ses jumelles. Le mystère s’épaissit puis s’éclaircit en partie. Mais les rebondissements ne sont pas là où on les attendait. C’est un véritable suspense psychologique, qui nous tient en haleine jusqu’au bout. Où il est question de vieillir, d’entre-aide, mais également de la relation mère fils, de confiance ou de défiance envers ceux que l’on aime mais que l’on ne comprend pas toujours. Où est la vérité ? Quelle est la connaissance que les êtres ont les uns des autres ? Et quelles difficultés à dénoncer la maltraitance des enfants, sujet poignant et particulièrement intéressant.

polar montigny

C’est une belle découverte et un vrai plaisir de lire Sophie Loubière, rencontrée au salon du polar de Montigny-Lès-Cormeilles.


Catalogue éditeur : Pocket

Elsa Préau est une retraitée bien ordinaire. De ces vieilles dames trop seules et qui s’ennuient tellement – surtout le dimanche – qu’elles finissent par observer ce qui se passe chez leurs voisins. Elsa, justement, connaît tout des habitudes de la famille qui vient de s’installer à côté de chez elle. Et très vite, elle est persuadée que quelque chose ne va pas.

Les deux enfants ont beau être en parfaite santé, un autre petit garçon apparaît de temps en temps – triste, maigre, visiblement maltraité. Un enfant qui semble l’appeler à l’aide. Un enfant qui lui en rappelle un autre…
Armée de son courage et de ses certitudes, Elsa n’a plus qu’une obsession : aider ce petit garçon qui n’apparaît ni dans le registre de l’école, ni dans le livret de famille des voisins.
Mais que peut-elle contre les services sociaux et la police qui lui affirment que cet enfant n’existe pas ?
Et qui est vraiment Elsa Préau ? Une dame âgée qui n’a plus toute sa tête ? Une grand-mère souffrant de solitude comme le croit son fils ? Ou une femme lucide qui saura croire à ce qu’elle voit ?

Auteur de huit romans, de nouvelles policières (notamment Les petits polars parus en version numérique chez 12/21) et d’un livre pour la jeunesse, Sophie Loubière s’est fait un nom dans le milieu de l’édition grâce à une émission littéraire unique en son genre (Parking de nuit, France Inter) et à ses chroniques à France Info (Info polar). Après L’Enfant aux Cailloux (Prix de la ville de Mauves-sur-Loire et Prix Lion d’or en 2012) Sophie Loubière nous invite dans son dernier roman Black Coffee à une exploration inédite de la mythique route 66 à travers l’histoire envoûtante d’une Française perdue dans l’immensité américaine…

Date de parution : 14 Avril 2011 / Pages : 336 / EAN 9782265092570