Découvrir les enfants-loups, un épisode peu glorieux de l’après seconde guerre mondiale
Après la débâcle de l’armée du Reich, l’armée Rouge investit la Prusse-Orientale. Elle est sans pitié pour les populations qu’elle chasse vers l’ouest. Le discours qui était tenu aux soldats soviétiques afin de les encourager était alors « Tuez tous les allemands. Et leurs enfants aussi. » (Ordre de l’état-major soviétique 1945-1946).
A la frontière avec la Lituanie à partir d’avril-mai 1945, femmes et enfants allemands souffrent de faim et de froid, ils risquent leur vie à chaque instant. Impossible pour les familles de rester ensemble, souvent les mères ont été réquisitionnées pour travailler, les pères ont disparu. Des milliers d’enfants, souvent orphelins, doivent trouver par eux-mêmes le moyen de survivre, malgré la grande famine qui sévi alors. Ils sont connus sous le nom de Wolfskinder ou enfants-loups. Ils n’ont qu’un espoir, atteindre en prenant le train ou en passant par les forêts la Lituanie tout proche, se proposer dans les fermes, travailler et quémander pour ne pas mourir de faim.
Heinz est un de ces enfants. Il a déjà franchi la forêt, il est de retour avec un peu de nourriture pour sa famille, ses sœurs, sa mère, et l’amie de celle-ci. Mais les soldats sans pitié rodent, il doit repartir. Tout comme ses sœurs qui tenteront à leur tour de survivre en s’enfuyant. Seuls le plus souvent, car impossible d’accueillir plusieurs enfants, ni de leur donner à manger. Les Lituaniens ne sont pas très accueillants, et lorsqu’ils le sont, ils craignent tant de déplaire au régime soviétique et d’être envoyés en Sibérie, que leur aide est parcimonieuse. Alors Heinz, comme Renate à son tour, devra errer de maison en maison. Ils deviennent cette main d’œuvre corvéable à merci qu’ils offrent en échange d’un repas, d’un morceau de pain, d’un abri. Puis il faut reprendre la route et marcher de village en village, seul, loin des siens, sans espoir de les retrouver un jour.
Ce roman qui met en lumière cet épisode bien sombre de l’après-guerre tient presque du mauvais et dramatique conte de fées. De ceux auxquels on ne veut pas croire et qui font frissonner de terreur. Une fois de plus s’il était besoin de la démontrer, les enfants sont affamés, exploités, parfois violés ou assassinés, souffrant de froid, de manque d’éducation, les premières victimes de la guerre et de la folie des hommes.
Dans ces années 46/48, pas moins de 200 000 femmes et enfants ont été dépossédés de leurs fermes, de leurs biens, laissés dans un état de dénuement extrême. Une bonne moitié décédera de froid et de dénutrition. Près de 30 000 enfants ont vécu cette horreur, pris en étau entre l’armée soviétique et la famine.
Catalogue éditeur : Flammarion
Traduction (Lituanien) : Marija-Elena Baceviciute
Alors que la Seconde Guerre mondiale vient de s’achever, femmes et enfants allemands sont exposés à l’avancée de l’armée soviétique victorieuse en Prusse-Orientale. Dépossédés de leurs biens, craignant pour leur vie, ils endurent la faim et le froid, tandis qu’autour d’eux tout n’est plus que désolation. Leur unique espoir est de gagner la Lituanie voisine pour trouver à se nourrir : malgré la menace omniprésente des soldats russes, certains enfants décident d’entamer le périlleux voyage. La forêt sombre et inquiétante devient alors l’un des seuls refuges de ceux que l’Histoire appellera les « enfants-loups ».
Dans ce roman bouleversant, Alvydas Šlepikas fait revivre plusieurs de ces destinées en s’inspirant du témoignage de deux survivantes. À ce terrible hiver, dont on sent presque la morsure du froid, il prête une poésie et une beauté aussi inattendues que fascinantes, qui confèrent à ce livre une force irrésistible.
Alvydas Slepikas est dramaturge, scénariste et metteur en scène. Il a déjà publié plusieurs recueils de poésie et dirige la rubrique littéraire de l’hebdomadaire Literatura ir menas. À l’ombre des loups (Flammarion, 2020) est son premier roman.
Paru le 08/01/2020 / 240 pages / ISBN : 9782081458017 / Prix : 19,00€