L’été diabolik. Thierry Smolderen & Alexandre Clerisse

‘L’été Diabolik’ dont parle la BD d’Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen, c’est l’été où Antoine se découvre un père qu’il croyait connaitre et où son monde se transforme.

DomiCLire_l_ete_diabolik.jpgL’histoire se déroule en deux temps, en 1967 et dix ans après. Nous sommes en pleine période de guerre froide, pendant cet été, Antoine, le narrateur, va vivre intensément des rencontres et des disparitions qui vont marquer son existence.

Tout commence par un tournoi de tennis, Antoine gagne, son père est ravi, celui de son adversaire beaucoup moins. Une bagarre éclate, de façon assez incompréhensible. A partir de cet épisode, tout s’enchaine et Antoine va aller de découvertes en découvertes, perplexe face à la tournure prise par sa vie à partir de ce moment-là.

Sur fond de guerre froide, avec un décor très années soixante où se mêlent habilement Mondrian dans une robe Yves Saint Laurent et les couleurs psychédéliques des bandes dessinées de l’époque, l’auteur nous dévoile habilement les angoisses de l’adolescence, les craintes de l’envahisseur et de l’espion venu de l’Est, les questions sur les apparences, les non-dits et sur ces secrets de famille qui ont des répercussions sur toute une vie.

C’est habile, on s’y laisse prendre, on est porté par un graphisme absolument superbe et original, en particulier par les couleurs vives, limites flashy, qui peuvent surprendre mais qui très vite donnent une atmosphère particulière à cette BD. Une belle réussite graphique pour un véritable plaisir de lecture.


Catalogue éditeur : Dargaud

Dessinateur : Alexandre Clérisse / Scénariste : Thierry Smolderen / Coloriste : Alexandre Clérisse

Un agent secret sorti de nulle part, un accident dramatique, une fille troublante et la disparition de son père, le tout en deux jours… Pour Antoine, 15 ans, l’été 1967 sera celui de toutes les découvertes. Après Souvenirs de l’empire de l’Atome, les auteurs proposent un nouveau cocktail détonant et jouissif : un scénario particulièrement haletant, entre espionnage et littérature, passé au mixeur graphique de Clérisse qui, cette fois, mélange les références des fumetti à David Hockney.
Espionnage, policier, années 1960, relations père-fils… Un cocktail détonnant !

168 pages / Format : 210×280 / EAN : 9782205073454

L’innocent. Christophe Donner

« L’innocent », le héros de Christophe Donner essaye tout, mais est-ce réellement nécessaire pour perdre son innocence ?

L'innocent1965, Christophe a neuf ans, 1968, Christophe découvre sa sexualité naissante…Pendant ce temps, ses parents divorcés et remariés découvrent aussi l’amour à la façon des années 60, légèrement débridée. Balloté de la famille de Julia, sa mère, à celle de Jean-Claude, son père, les années adolescentes passent. Christophe a découvert le plaisir solitaire. Seul, il se branle, partout, en tout lieu et à tout moment, comme une sorte de baptême amoureux et rêve d’un dépucelage précoce. 1969, il rencontre Lila, elle a vingt ans, il en a treize et fait l’amour pour la première fois. Puis il y a Raphaël et Paul, les amis que Christophe veut rejoindre en Tunisie, et là-bas, Florian, dont il tombe amoureux, il y a aussi la lutte révolutionnaire de gauche et la rébellion contestataire, poser pour des photos, pour gagner un peu d’argent facile et surprendre ou choquer.

Tout est bon à prendre quand on vit au milieu de cette jeunesse relativement protégée entouré de parents aux mœurs libres et souvent eux-mêmes en recherche d’équilibre, qu’il soit amoureux, politique, ou sociétal. Et Christophe prend et essaye tout, sans limite, mais peut-être également sans bonheur. Étrange roman construit comme un film. Au début de chaque chapitre ou presque, une présentation, comme un voix off qui introduit chaque scène, la replace dans une époque, un lieu. Puis Christophe apparait, agit, bien ou mal, il vit, il tente, essaye tout, jusqu’à y bruler son innocence sans doute. J’ai eu beaucoup de mal à le trouver sympathique et à m’y attacher. Le roman est ancré dans une réalité très urbaine et intellectuelle, à laquelle on a du mal à s’identifier il me semble. Même s’il se lit vite et facilement, il ne m’en reste pas grand-chose une fois refermé… enfin si, peut-être le joli refrain de la chanson de Maurice Fanon, « L’écharpe » dans mes souvenirs interprétée par Félix Leclerc…

Quelques extraits, ces phrases que j’ai aimé :

« Est-ce que je voulais préparer le conservatoire après tous les efforts que j’avais faits pour quitter le lycée ?
Je voulais d’abord partir dans le midi et baiser avec elle. »

« Si je porte à mon cou, en souvenir de toi, ce souvenir de soie, qui se souvient de nous, ce n’est pas qu’il fasse froid, le fond de l’air est doux, c’est qu’encore une fois… »(L’écharpe, Maurice Fanon)

#rl2016


Catalogue éditeur : Grasset

« Je suis sorti de la maison au petit matin, j’ai marché à grands pas sous les platanes du cours Mirabeau, sans pouvoir m’empêcher de sourire.
Une chose m’apparaissait sûre et certaine : je n’étais plus le même. Je venais de passer la nuit dans le lit d’une femme, à l’embrasser, la serrer, la baiser, car si cette nuit n’avait pas été celle de l’accomplissement de l’acte sexuel, elle n’en avait pas moins été une nuit d’amour, entière, complète, jusqu’au petit matin frisquet, le reste n’était qu’une question de vocabulaire : est-ce que nous avions fait l’amour ? C’est ce qu’il me semblait puisque j’étais amoureux. »

Christophe entre dans les années soixante-dix et dans l’adolescence bercé par les idées révolutionnaires de ses parents divorcés, entre qui il va et vient, et la découverte angoissante d’une sexualité dévorante, obsessionnelle. De Paris à Saint-Tropez en passant par la Tunisie, l’adulte qu’il est devenu égraine les souvenirs d’une jeunesse douce-amère à travers le prisme de ses aventures sexuelles.
De brefs chapitres qui sont autant de souvenirs, paysages, odeurs, mêlent la voix de l’enfant précoce et de l’auteur qui, quarante ans plus tard, observe avec tendresse et cruauté ce Christophe d’une autre époque. L’école, la famille, la révolution, les vacances, la mer. Autant d’éléments de décor aux scènes que se remémore Donner avec ce court récit, très intime, qui montre le film irréalisable de sa vie, entre 13 et 15 ans, quand l’amour s’apprenait dans les tourments du sexe.
Un récit effronté, émouvant, drôle, cinématographique : Visconti croisant Pialat

Parution : 31/08/2016 / Pages : 216 / Format : 130 x 205 mm / Prix : 18.00 € / EAN : 9782246861065