Les sœurs de Montmorts, Jérôme Loubry

Dans le village de Montmorts, des événements étranges réveillent les terreurs du passé

Journaliste débutante, Camille est emmenée par Élise au village de Montmorts pour y percer le mystère qui entoure cette petite communauté hors du monde. Il faut dire que la promesse d’un scoop, ça ne se refuse pas. Pendant le trajet en voiture, elle doit lire un manuscrit qui va lui raconter par le détail la chronologie et l’ensemble des faits qui se sont déroulés.

Le récit commence avec l’arrivée de Julien, le nouveau chef de la police locale, et sa découverte de ce village déconcertant dans lequel les dernières technologies sont présentes, vidéoprotection, informatique, etc. Le tout financé par le riche propriétaire de Montmorts. Ce dernier est aussi le maire du village et il souhaite faire toute la lumière sur les circonstances du décès de sa fille, précipitée du haut d’une falaise à l’endroit même où des siècles auparavant on exécutait les sorcières. Mais dans cet étrange village, truffé de caméras et de technologies les habitants sont persécutés et entendent des voix qui leur imposent des actes qu’ils n’ont aucune envie de perpétrer.

Dans ce contexte aussi sanglant que mystérieux, l’ambiance est à la sidération, et ce pauvre policier a bien du mal à comprendre le déroulé des événements et les attitudes de ses collègues et des différents administrés. Et le lecteur d’oublier à son tour le livre dans le livre, et de se laisser embarquer par ce récit pour le moins tragique et noir.

Comme j’avais déjà pu le constater et l’apprécier dans Les refuges, Jérôme Loubry sait nous mener où il veut sans même que l’on s’en rende compte. En mêlant le fantastique à une intrigue machiavélique, il happe littéralement ses lecteurs. Même si des informations sont habilement posées de ci de là pour aiguiller le lecteur et lui donner quelques pistes, c’est une fois de plus une énorme surprise qui vient conclure ce roman.

Surtout, ne commencez pas par la fin, et allez au bout de l’intrigue. Peut-être que, comme ça a été le cas pour moi, vous trouvez cette théorie aussi terrifiante que dérangeante. Enfin, le twist de fin est totalement savoureux et dérangeant. De quoi se poser longtemps quelques questions.

J’ai apprécié cette lecture audio et la voix à la fois posée et assez sombre de Slimane Yefsah. Il m’a donné envie d’écouter sans m’arrêter, ce qui était tout à fait impossible, mais avec une terrible impatience à vite y revenir. J’avais l’impression d’être dans la tête de Camille, de voir par ses yeux et de découvrir ce texte aussi sombre que fantastique, une réussite.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2022

Catalogue éditeur : Audiolib Calmann-Lévy

Novembre 2021. Julien Perrault vient d’être nommé chef de la police de Montmorts, village isolé desservi par une unique route. Alors qu’il s’imaginait atterrir au bout du monde, il découvre un endroit cossu, aux rues d’une propreté immaculée, et équipé d’un système de surveillance dernier cri.
Mais quelque chose détonne dans cette atmosphère trop calme. Est-ce la silhouette menaçante de la montagne des Morts qui surplombe le village ? Les voix et les superstitions qui hantent les habitants ? Les décès violents qui jalonnent l’histoire des lieux ?

Lu par Slimane Yefsah

Durée 9h43 / EAN 9791035408237 Prix du format cd 23,90 € / EAN numérique 9791035408596 Prix du format numérique 21,45 € / Date de parution 16/03/2022

Je chante et la montagne danse, Irene Solà

Un roman étrange qui mêle le présent et les légendes, les hommes et les animaux, les femmes et les sorcières

Dans les Pyrénées catalanes, les légendes ont la vie belle, la forêt, les montagnes, les bêtes, tiennent une place prépondérante dans tous les villages y compris et surtout sans doute les plus reculés.
Sió est mariée à Domènec mais celui-ci meurt un soir d’orage frappé par la foudre. C’est sa femme et ses enfants que l’on va suivre tout au long de ces chapitres où alternent la vie et la mort, le cycle normal des hommes mais parfois perturbé par les éléments comme la foudre, ou le hasard malheureux comme cette balle destinée au chevreuil et qui tue l’ami de toujours.

L’écriture, ou du moins sa traduction, donne une impression étrange de ce roman écrit au temps présent avec les éléments de la modernité, téléphone, réseaux, etc. et la place des éléments de sorcellerie et du surnaturel, qui s’entremêlent avec une facilité et une évidence qui donnent un rythme et un effet très particulier à cette histoire.

Ce ne sera pas forcément un grand souvenir de lecture, et pourtant j’ai trouvé cette écriture très singulière intéressante. À replacer dans un contexte sans doute, celui de l’importance des traditions et des croyances dans cette région de l’Espagne si proche de nous.

Catalogue éditeur : Seuil

Dans un village perché en haut des Pyrénées, on conserve la mémoire des drames familiaux, des persécutions guidées par l’ignorance, des exécutions sommaires de la guerre civile. Mais rien, jamais, ne vient altérer la profonde beauté du lieu, terre propice à l’imagination, à la poésie, aux histoires transmises de génération en génération.

Chaque voix raconte : d’abord les nuages et l’éclair qui foudroya Domènec, le paysan poète. Puis Dolceta, qui ne peut s’empêcher de rire lorsqu’elle se rappelle avoir été pendue pour sorcellerie. Sió, qui dut s’occuper seule de ses deux enfants. Puis les trompettes de la mort qui annoncent l’immuabilité du cycle de la vie. Le chevreuil, l’ours, la femme amoureuse, l’homme blessé par balle, et les autres.

Dans ce lieu hors du temps, amitiés, mariages, deuils, naissances s’entrelacent au fil des saisons.

Ode à la puissance de la nature, Je chante et la montagne danse mêle les légendes et le folklore catalans aux histoires bien réelles de ceux qui habitent ce lieu protégé par ses montagnes. Aussi limpide que poétique, la langue d’Irene Solà est un doux murmure qui enveloppe, transporte et résonne longtemps.

Traduit par : Edmond Raillard

Date de parution 13/05/2022 / 21.00 € / 224 pages / EAN 9782021460650

Le bûcher des certitudes, Bernadette Pecassou

Quand on immole les femmes aux bûchers pour servir le pouvoir politique et l’ambition des puissants

Depuis La belle Chocolatière j’apprécie les romans de Bernadette Pecassou, car elle entraîne ses lecteurs dans ce sud-ouest que j’aime tant. Après être allés à Lourdes, Biarritz, Bagnères-de-Bigorre ou même sur Le paquebot France, nous voilà de nouveau au Pays-Basque pour un voyage dans le temps au plus près de celles qui font l’Histoire.

En 1609 le roi Henri IV, huguenot fraîchement converti au catholicisme, envoie Pierre de Lancre dans ce Pays-Basque qui pratique depuis toujours les rites anciens. L’inquisition fait des ravages de chaque côté des Pyrénées, les horreurs de la saint Barthélémy sont présentes dans toutes les mémoires et la sorcellerie est le nouveau fléau qu’il convient d’éradiquer. Pierre de Lancre est un passionné, érudit et sûr de lui : les malheurs qui gangrènent le monde sont le fait du diable, et ses messagères doivent être passées par les flammes.

Les destinées de quatre femmes au parcours très différents vont alors se rejoindre pour le pire sans le meilleur hélas. Amalia est une guérisseuse au savoir que l’on se transmet de génération en génération, Murji une fille sauvage qui aime en silence un beau charbonnier, Graciane la sœur du prêtre attend son promis parti à la chasse à la baleine, Lina est prête à tout tenter pour sortir de sa condition misérable.

Il faut savoir qu’en quatre mois à peine soit cent vingt jours, Pierre de Lancre a érigé quatre-vingt bûcher et brûlé quatre-vingt femmes, sans compter qu’il en a arrêté ou torturé des centaines d’autres.

Ce que j’ai aimé ?

L’auteur une fois de plus nous décrit la région de l’intérieur. À travers les grandes familles qui exercent leur pouvoir dans les provinces. Toutes se soutiennent y compris lorsqu’il faut se liguer contre la justice du Roi.
La façon dont elle nous parle du sort fait à ces pauvres femmes accusées de sorcellerie et brûlées en place publique après tortures et violences pour obtenir d’improbables aveux sans véritable procès.
Sa connaissance des traditions de la région à travers les pratiques animistes, les guérisseuses, le pouvoir des plantes et des croyances ancestrales, celle des sorcières par exemple.
La complexité des relations entre l’Espagne et la France, et les stratégies politiques mises en œuvre par Henri IV pour conserver son royaume.
Enfin, comprendre aussi comment les hommes, partis de longs mois vers Terre-Neuve à la chasse à la baleine, abandonnaient leurs familles et laissaient aux femmes la tâche immense de tenir les foyers pendant leur absence.

Ce que j’aime aussi avant tout, c’est cette façon de nous présenter l’histoire à partir des êtres humains qui la font, que l’on oublie souvent, et qui sont tout simplement « à hauteur d’homme » comme vous ou moi en quelque sorte.

Un roman que l’on peut qualifier de régional, mais qui aborde un sujet universel. J’ai apprécié ce retour dans le passé pour évoquer une fois de plus la fragilité de la place des femmes dans les sociétés, à quel point elles peuvent servir de détonateur dans les conflits, et leur vie n’avoir aucun valeur face aux ambitions politiques, religieuses ou économiques.

Du même auteur, lire aussi L’hôtel du Gallia-Londres

Catalogue éditeur : Albin-Michel

1609. Au cœur du Pays Basque, encore imprégné de rites et de mythes païens, un homme est chargé par Henri IV d’une mission : éradiquer la sorcellerie. Dévoré par la foi, le goût du pouvoir, et plein de certitudes, Pierre de Lancre a pour ce faire une méthode imparable : purifier les âmes en brûlant les corps.
Sur ces terres rudes à la langue impénétrable, désertées par les hommes partis en mer, les destins de quatre femmes vont s’entrecroiser. Amalia, la guérisseuse au cœur pur, Murgui, une adolescente à la beauté du diable éprise d’un jeune charbonnier, Graciane, la marguillière de l’église qui attend le retour de son marin, et Lina, prête à tout pour fuir la pauvreté et le mépris. Échapperont-elles à la folie de ce chasseur de sorcières ?

Passionnée par l’histoire des femmes, Bernadette Pécassou, auteure de nombreux romans à succès dont La Belle Chocolatière, L’Impératrice des Roses ou La Passagère du France, ressuscite ici la cruelle figure de Pierre de Langre et nous entraîne au cœur d’une épopée sanglante, où des femmes furent sacrifiées au nom de la raison et de la religion.

Après une carrière de journaliste et de réalisatrice pour la télévision, Bernadette Pécassou se consacre à l’écriture. Elle vit au Pays Basque dont elle est originaire.

19.90 € / 28 Avril 2021 / 150mm x 220mm / 256 pages / EAN13 : 9782226446466

Princesse Tralala et la sorcière Pas-de-Bol, La guerre des peluches

Des livres pour enfants qui éveillent leur imagination et leur font apprendre des mots nouveaux tout en favorisant leur développement

Okel n’est pas une petite fille comme les autres, dès qu’elle le souhaite, elle embarque pour le monde merveilleux de ses compagnons, doudous, princesse, ou peluches.

Dans Princesse Tralala et la sorcière Pas-de-Bol, Okel part visiter le royaume de la princesse Tralala. Lorsqu’elle arrive, la surprise est complète, puisque sa poupée se transforme en une jolie princesse, lui présente ses parents, le roi et la reine, et son domaine. Voilà ensuite nos deux amies parties pour un pique-nique magique sur le dos de deux fidèles destriers, deux poneys ailés. Mais attention, car elles ne sont pas au bout de leurs surprises, la sorcière Pas-de-Bol vient contrarier leur idyllique escapade. Comment peuvent-elles lui échapper ?

Dans La guerre des peluches, Okel part avec Artik, son nounours préféré. Mais arrivés dans son royaume, la guerre est déclarée par une peluche extraterrestre qui veut anéantir licornes et nounours… qui aura le dernier mot ? Et comment cette gentille petite fille peut-elle venir en aide à son nounours préféré ?

S’envoler à tout instant dans le monde magique des jouets, qui n’en a pas rêvé ? Okel l’a fait, et cela va donner des ailes et de l’imagination aux enfants. Car on le voit ici, le jeu et l’imagination sont des éléments essentiels de leur développement. Avantage non négligeable de ces jolis volumes, le langage et les mots nouveaux dont ils vont pouvoir enrichir leur vocabulaire. Et profiter de gentils jeux de mots, à leur expliquer sans doute, mais non dénués d’humour !

Le graphisme moderne, pétillant et résolument coloré rend cette lecture agréable. A lire aux petits, à faire déchiffrer par les plus grands. Il faut également le souligner, la collection Les mondes magiques d’Okel, ce sont des livres édités et fabriqués en France.

Catalogue éditeur : Les rêves d’Ily

Les mondes magiques d’Okel : Okel est une petite fille qui vit des aventures extraordinaires en voyageant dans les univers magiques et féeriques de ses jouets. Il s’agit évidemment d’une allégorie retranscrivant la place qu’occupe le jeu dans la vie de l’enfant.

Auteure : Fatiha MESSALI
Illustratrice : Johanna CRAINMARK

Tome 1 – princesse Tralala et la sorcière pas-de-bol
Lorsqu’elle se rend dans le royaume de la princesse Tralala en passant par le vortex magique, Okel ne s’attendait certainement pas à vivre une aventure pleine de rebondissements. Dans le monde de la princesse Tralala, la magie règne en maître et il n’est pas rare de croiser une sorcière au détour d’un chemin mais une sorcière comme la pauvre Pas-de-Bol, on n’en rencontre pas tous les jours !

ISBN : 978-2-491012-01-4 / 36 pages / Prix Public : 9,90 € TTC

Tome 3 – la guerre des peluches
Quand elle s’engouffre dans le vortex magique pour le monde des peluches, Okel n’imaginait pas s’engager dans une aventure qui la conduirait à sauver le monde des peluches des griffes de l’extraterrestre Frisbi. Elle aura pour mission de rechercher le seul magicien capable de rivaliser avec les pouvoirs de Frisbi. 

ISBN : 978-2-491012-02-1 / 36 pages / Prix Public : 9,90 € TTC

Ronce-Rose. Eric Chevillard

« Ronce-Rose » d’Éric Chevillard, voilà un roman qui émeut, perturbe, intrigue….

DomiCLire_ronce_roseRonce-Rose raconte son histoire, elle l’écrit dans ce journal que personne ne doit lire. Elle y raconte jour après jour sa vie dans cette maison qu’elle partage avec Mâchefer, son père, et Bruce, un ami, un géant, avec qui il travaille … enfin, quand ils travaillent, le soir et les weekend, dans des stations-services, des bijouteries, des banques….
Ronce-Rose ne va pas à l’école, ne rencontre personne et reste dans cette maison où la vie coule et semble lui convenir, pourvu qu’elle ait une robe, une culotte propre et un crayon pour écrire. Jusqu’à ce matin où Mâchefer et Bruce ne reviennent pas. A partir de là, tout l’univers de Ronce-Rose bascule, car où, quand et comment les retrouver ?

Ce qui m’a le plus interpellée dans ce roman, c’est cette façon particulière qu’a l’auteur de jouer avec le langage, les mots, le sens qu’il leur donne, et surtout celui qu’il détourne, explique, revendique, l’interprétation et l’humour tellement singuliers qu’il affiche. Il en fait un univers complétement hors du temps, décalé et en même temps parfois tellement évident qu’on se demande qui de nous-même ou de Ronce-Rose ne tourne pas tout à fait rond !

Le roman, étonnant et déstabilisant, est construit autour de Ronce-Rose, une fillette – mais est-ce réellement une fillette, ou seulement mon interprétation ? Son univers est rempli de mésanges, d’une sorcière, d’un unijambiste à surveiller, mais aussi de poissons d’or et de poésie surréaliste, dans un monde un peu triste et légèrement désabusé. Roman à découvrir, qui fait réfléchir et que l’on peut interpréter chacun à sa façon.


Catalogue éditeur : éditions de Minuit

Si Ronce-Rose prend soin de cadenasser son carnet secret, ce n’est évidemment pas pour étaler au dos tout ce qu’il contient. D’après ce que nous croyons savoir, elle y raconte sa vie heureuse avec Mâchefer jusqu’au jour où, suite à des circonstances impliquant un voisin unijambiste, une sorcière, quatre mésanges et un poisson d’or, ce récit devient le journal d’une quête éperdue.

2017 / 144 pages / ISBN : 9782707343161 / 13.80 €