Ceux qui sont restés là-bas, Jeanne Truong

Le récit poignant de survivants du Cambodge de Pol Pot

Cambodge, 1978. Son époux et sa fille ont été tués par les Khmers Rouges. Elle n’a qu’une issue, fuir le pays avec Narang, son fils de six ans, jusqu’à la frontière avec la Thaïlande.

Si Narang est devenu muet suite à la mort des siens, sa mère quant à elle n’arrivera jamais à surmonter la douleur de leur perte. Car c’est aussi celle de milliers de cambodgiens qui ont perdu la vie par la folie et la volonté d’un homme. Au milieu de la jungle, dans une nature hostile et sauvage, sur les sentiers piégés par les Khmers Rouge, à la merci des passeurs indélicats, des profiteurs, des voleurs et des violeurs, leurs chances de survie sont infimes.

Ce seront des jours de marche et d’angoisse, de faim et de soif, de terreur, entourés de morts et d’appels à l’aide, de cris et de pleurs, pour arriver enfin jusqu’aux camps situés à la frontière. Là, les rescapés sont parqués, isolés, en marge du pays voisin qui hélas n’a rien d’ami en cette période pour le moins trouble. Car si certains parmi eux savent tant les exactions perpétrées par Pol Pot et ses armées que les massacres envers une population dont il faut anéantir la moindre racine, à ce moment-là, les thaïlandais ne font rien pour aider les rescapés.

Comment revivre, comment simplement survivre quand on a tout perdu, que l’on est conscient des horreurs que peuvent commettre les hommes et surtout de la fragilité de la vie. Comment vouloir continuer, même pour l’amour d’un enfant, quand face à tant d’atrocités on sait que l’on a tout perdu. Comment enfin grandir et vivre quand son enfance est synonyme de peur et de mort. Les questions sont posées, le contexte est enfin révélé, mais aucune réponse n’est donnée, comment cela serait-il possible d’ailleurs.

Le texte est profond, terrible aussi lorsqu’il ose dire ces massacres dont on n’avait si peu entendu parler, la traîtrise du pays voisin, le manque d’action des associations, puisque très peu de rescapés seront sauvés par la croix rouge ou les instituions internationales. Mais il y a aussi ces moments d’entraide et de partage, rares mais réels, qui permettent de rester en vie. Il en aura fallu du temps pour que le monde se réveille en réalisant les atrocités commises au Cambodge contre son peuple par son peuple.

Un roman qui remue et bouleverse, et nous dit une fois de plus qu’il ne faut jamais oublier ce dont l’homme est capable. La nature luxuriante et pourtant si dangereuse y tient une place prépondérante, et la terreur exercée par Pol Pot sur son peuple se ressent dans chaque fibre, chaque brin d’herbe, chaque mouvement et chaque pleur. J’ai souffert avec Narang, cet enfant bien seul qui a si mal débuté sa vie, incapable d’aimer ou de s’ouvrir à l’autre.

Impossible de ne pas penser en le lisant au roman de Guillaume Sire Avant la longue flamme rouge.

Catalogue éditeur : Gallimard

Il aurait fallu rester jusqu’à la fin. Il aurait fallu mourir. Avoir quitté les lieux avant les autres, c’est être coupé de l’Histoire. Je suis entré dans le noir qu’on appelle la survie. Je n’ai pas vu de mes yeux jusqu’au bout, je n’ai pas payé de ma vie comme les autres. Cependant, si l’enfance détermine tout, alors je suis un enfant des camps.
1978. Narang a six ans. Il fuit le Cambodge avec sa mère. Comme une foule d’autres rescapés, tous deux tentent de rejoindre la Thaïlande. Épuisés par des jours de marche, harassés par la faim et la soif, ils sont parqués dans un camp à leur arrivée. Cela aurait pu être la fin de leur tragédie. Mais ça ne sera que le début d’une autre. Fulgurante, celle-ci.
Jeanne Truong restitue avec force et pudeur l’horreur du cauchemar cambodgien. Elle revient sur un épisode méconnu de cette période sanglante. Le récit de Narang, habité par les obsessions qui hantent les survivants, est saisissant de vérité et d’humanité.

Parution : 14-01-2021 / 272 pages, 140 x 205 mm / ISBN : 9782072888045 / 20,00 €

Les yeux d’Ava, Wendall Utroi

Après le bonheur, ou la descente aux enfers d’une mère sans histoire

Elle est heureuse Ava, un mari qui la comble, deux beaux enfants, et une vie plutôt facile de mère au foyer qui lui convient tout à fait.

Pourtant, un jour le destin en décide autrement et vient rompre le fil du bonheur. Un dramatique accident, une voiture qui s’enfonce dans un lac, un mari qui décède et une mère qui tente de sauver ses enfants et doit faire un choix sans lequel elle risque elle aussi de perdre la vie. Elle sauve l’un des jumeaux mais l’autre va périr.

La vie d’Ava prend alors un tournant dramatique. C’est la fuite en avant, la douleur occupe toute la place. L’accident qui a bouleversé sa vie à aussi apporté avec lui un certains nombre de révélations toutes plus angoissantes les unes que les autres. Elle découvre que sa vie est une mascarade basée sur le mensonge.

À partir de ce jour, son bel équilibre s’effondre, sa vie s’écroule face aux révélations sur son couple, à sa culpabilité de mère, aux questions qu’elle se pose, à la réalité d’un quotidien qui lui devient insupportable. Alors elle s’enfonce dans le silence, la solitude, le désespoir. Elle n’a plus aucune confiance en elle et ne supporte plus le poids des regrets, la douleur du manque, la responsabilité.

Le lecteur assiste à la lente déchéance d’Ava, son retrait du monde des vivants en quelques sorte, son rejet de tout ce qui lui rappelle l’hypocrisie des jours heureux. Lente déchéance vers la maladie, la dépression, la rue. Elle met en place un véritable processus d’autodestruction pour tenter d’effacer sa culpabilité.

Pourtant, j’aurais aimé parfois la bousculer, lui montrer les vivants plutôt que les morts, j’avais du mal à entendre ce désespoir qui lui fait abandonner l’enfant qui lui reste. Partagée entre empathie et révolte, entre compréhension et rejet de son attitude, j’ai pourtant été plongée dans une lecture totalement addictive et bouleversante qui montre à quel point une vie peut basculer dans le néant rapidement et inéluctablement.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury Prix des lecteurs Le Livre de Poche 2021 Policier

On ne manquera pas d’aller faire un tour sur le blog de l’auteur Wendall Utroi

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

« Si vous lisez cette lettre, c’est que vous tenez mon manuscrit entre vos mains, qu’on me l’aura volé, ou que ma fin sera proche. Il ne me quitte jamais, collé à ma peau, dissimulé sous mon manteau ou dans mon cabas. Les premières pages sont nées, il y a des années, raturées et usées par les griffes du temps. »

Rédigée quinze ans après les faits, la lettre d’Ava a le goût âcre de la rédemption. En 2002, Ava, vingt-neuf ans et quelques mois, mariée à un homme rencontré sur les bancs du lycée, mère de deux beaux enfants, des jumeaux, a une vie idéale. Un amour solide, des désirs simples comblés par des bonheurs immenses. Mais c’était compter sans le destin. Lui peut se jouer de nous, brouiller les cartes, changer les règles. Quand un tragique accident remet toute sa vie en question, Ava sombre. Comment peut-on faire face quand toutes nos certitudes sont réduites à néant ?

Précédemment publié sous le titre La Tête du lapin bleu.

384 pages / Date de parution: 30/09/2020 / EAN : 9782253181569 / prix : 7,90€

Pas trop saignant, Guillaume Siaudeau

Percutant, concis, émouvant, un road trip à la vie à la mort

Le cri des cochons ou celui des vaches, un matin, Joe décide qu’il ne peut plus les supporter. Car ces cris envahissent sa vie, son repos, ses nuits, ses rêves. Ce n’est pourtant pas une décision simple à prendre lorsque l’on travaille dans un abattoir.

Chaque semaine, Joe doit recevoir des perfusions pour arriver à vivre à peu près normalement. Et dans ces moments-là, son seul rayon de soleil, c’est l’infirmière Joséphine. Il faut dire qu’elle aussi habite les nuits de Joe, ses rêves, sa folie douce et ses envies d’ailleurs. Mais rêver n’est plus suffisant, car ça ne fait pas vivre heureux.

Il en est sûr désormais, le bonheur est dans la fuite, loin de l’odeur du sang, celui des bêtes et celui des perfusions, loin de l’hôpital et de la mort.

Alors ce matin-là, le premier éleveur qui pose sa bétaillère devant l’abattoir à la surprise de la voir s’envoler avec ses six vaches à l’intérieur. Et Joe trace la route, mais il n’oublie pas de récupérer au passage le jeune Sam, cet enfant élevé par des tuteurs qui ont confondu maison de redressement et éducation familiale. A eux deux, ils se font la belle. Par l’autoroute, par les petites routes, jusqu’à la montagne et ses verts pâturages ensoleillés. Ou pas. Il peut faire gris et froid dans les montagnes quand on n’a rien à manger et que l’on est entouré par quelques voisins trop bavards.

Quelle heureuse surprise. J’ai apprécié ce court roman aux chapitres brefs, qui fleure bon douceur et mélancolie, teinté d’un humour grinçant et parfois si réaliste. Personne n’est épargné, pas même les gendarmes, qu’ils soient gentils ou pas, efficaces ou pas, aussi rêveurs ou bavards que n’importe qui. Il y a beaucoup de tendresse et de douceur dans ce road-trip pour la vie, dans ce texte aux intonations douces amères qui nous ramène indiscutablement à la banalité et la dureté du quotidien.

Catalogue éditeur : Pocket et Alma

Pour certains fuir se résume à entrer dans un beau rêve. Pour d’autres les choses ont besoin d’être plus concrètes. Joe est de cette trempe. Il veut se sentir bien. Vivant. Pour de vrai. Voilà pourquoi, émergeant d’un demi-sommeil existentiel, il passe à l’action.
Un beau jour, Joe, un jeune homme, employé aux abattoirs, entend à la télévision un couple retraité expliquer qu’ils ont vendu la maison pour acheter un camping-car et qu’ils vont partir sur les routes histoire de ne pas mourir idiot. Illico, Joe décide lui aussi de mettre les voiles. Sur son lieu de travail, il fauche une bétaillère (bestiaux compris), passe prendre son plus proche ami, Sam un enfant placé, et file au volant de l’engin sur les routes montueuses de la région. Évidemment, la gendarmerie est alertée mais la chasse à l’homme commence plutôt mollement. L’insurgé, l’enfant et les six vaches auront le temps de rencontrer d’épatantes personnes. Dont l’une hors-champs et dont on ne peut rien dire sinon qu’elle porte une blouse blanche.

Alma : 16 € / 144 pages / Date de parution : 6 octobre 2016 / ISBN : 978-2-36279-201-4 / Livre numérique : ISBN : 978-2-36279-202-1

Punto Basta, Lionel Froissart

Une étonnante reconstruction de l’accident le plus tristement célèbre du tunnel de l’Alma


Jocelyne travaille à la préfecture de Bobigny. Célibataire sans enfants elle mène une vie solitaire. De temps en temps elle passe la soirée à Paris avec ses copines et rentre en empruntant les beaux quartiers côté ouest par la voie sur berge et sa belle traversée des lieux emblématiques de la capitale.
Le soir du 30 août 1997, au retour de l’une de ses sorties entre copines et alors qu’elle s’engage dans le tunnel du pont de l’Alma à bord de sa Fiat Uno blanche, elle est percutée à grande vitesse par une Mercedes. C’est tout juste si elle s’aperçoit lorsqu’elle jette un œil dans son rétro que l’autre voiture s’encastre dans un pilier du tunnel. Elle en est quitte pour une grande frayeur et parvient à regagner son domicile tremblante et fortement secouée.
Au petit matin, elle découvre atterrée que la princesse Lady Di est décédée la veille dans un accident de voiture à Paris. Les journaux n’ont aucune piste crédible, si ce n’est très rapidement celle d’une mystérieuse Fiat Uno blanche aperçue par plusieurs témoins sur les lieux du drame. Mais alors, Jocelyne est-elle impliquée, fautive, témoin, coupable ?

L’auteur nous fait pénétrer les méandres de son cerveau fortement perturbé par les circonstances de l’accident. La personnalité de la victime principale, l’ampleur de l’enquête mise en place pour rechercher les causes (on se souvient que la quasi totalité de la PJ parisienne était mobilisée pour tenter de trouver une explication au drame, autre que vitesse excessive, course poursuite avec les motos, et … pas de ceinture de sécurité qui aurait pu sauver des vies), les interrogations de Jocelyne spectatrice et actrice bien involontaire du drame, sont analysées avec soin. Le cheminement de sa pensée est décortiqué pas à pas. Coupable ou pas, que peut-elle faire, que doit-elle dire ?
Vient ensuite une incursion (qui par contre ne m’a vraiment pas convaincue) dans les pensées de Lady Di pendant les heures qui précédent l’accident. Puis l’auteur par ailleurs spécialiste de la F1 fait un rappel de quelques grands accidents de la route qui ont coûté la vie à de nombreuses autres têtes couronnées. Enfin, il revient à la banalité du quotidien de Jocelyne. Cette femme ordinaire qui a vécu un événement hors du commun en se demandant comment s’en sortir.

Une lecture qui nous remémore quelques lointains souvenirs, en particulier l’émoi qu’a provoqué dans le monde l’accident tragique de Lady Di. Malgré quelques bémols (la partie sur Lady Di justement), j’ai aimé la façon dont l’auteur analyse et décrit avec réalisme le quotidien ordinaire de la plupart d’entre nous, pour en faire quelque chose d’extraordinaire.

Catalogue éditeur : Héloïse d’Ormesson

Jocelyne mène une vie tranquille et solitaire à Bobigny. Son petit plaisir, c’est de traverser les beaux quartiers de Paris au volant de sa Fiat, qu’elle surnomme affectueusement Paulette. Le soir du 30 août 1997, alors qu’elle rentre par la voie sur berge, Jocelyne est accrochée par une puissante berline. Obnubilée par la maîtrise de son véhicule, elle remarque à peine que la voiture folle s’encastre dans le tunnel du pont de l’Alma. Le lendemain, Jocelyne découvre la terrible nouvelle : Lady Di a succombé à l’accident. Quel rôle a-t-elle joué ? Aurait-elle pu porter secours à la princesse ? Et si la police remontait jusqu’à elle ?
Avec ce portrait de jeune femme tout en fêlures, Lionel Froissart déjoue les pronostics de cette ténébreuse affaire qui a fait couler tant d’encre. Derrière ce drame de portée internationale, l’histoire d’une Madame Tout-le-monde se télescopant avec celle d’une étoile.

Né en 1958, Lionel Froissart est journaliste sportif, spécialisé dans la F1 et le tennis. Il a travaillé pour Libération pendant près de trente ans. Auteur notamment d’une biographie d’Ayrton Senna en 2004, il a remporté avec Les Boxeurs finissent mal en général le prix Sport-Scriptum 2008 du meilleur livre sportif de l’année.

192 pages / 17€ / Paru le 14 janvier 2021 / ISBN : 978-2-35087-628-3

L’amour égorgé, Patrice Trigano

Une biographie complète et passionnante du poète René Crevel

René Crevel (1900-1935) est un poète surréaliste fort méconnu, en tout cas d’un lecteur lambda comme moi.

Commencer son adolescence avec la vision effroyable de son père pendu et de ses pieds au-dessus du sol juste à hauteur de votre regard a de quoi bouleverser toute une vie. Nous sommes en 1914, c’est une vision voulue par une mère maltraitante, agressive et tyrannique. Une seule issue possible, fuir le plus vite possible cette ambiance délétère de violence et de désamour pour enfin essayer de se construire.

C’est ce qu’il fait en quittant le foyer familial pour Paris, ses cafés, ses poètes, ses dadaïstes puis ses surréalistes, qu’il va très rapidement rencontrer et qui le passionnent. Il s’intègre dans la bande de Tzara, Breton, Aragon.

René est un beau jeune homme. Il plait aux femmes, aux hommes aussi, et n’arrive pas à définir ses attentes amoureuses. Il est attiré par l’humain plus que par l’homme ou la femme, mais il craint ses aspirations homosexuelles honnies tant par sa famille que par son époque. Les rencontres de Gide, Aragon ou encore Cocteau vont réussir à le libérer et à accepter sa bisexualité.

René souffre depuis l’enfance d’une tuberculose qui l’handicape presque à chaque instant de sa vie. Son jeune frère, jamais soigné par une mère qui refusait d’admettre cette faiblesse, décède très jeune de cette même maladie. De nombreux séjours en sanatorium, d’innombrables opérations, des soins réguliers aideront René à vivre quelques années de plus. Dès lors, il aura à cœur de profiter à fond de tout ce qui vient, la création bien sûr, mais aussi et surtout l’amour, hommes et femmes, les amis, l’alcool, les drogues, la fête et se fondre dans ce Paris des années folles partout et tout le temps.

René Crevel rencontre tous ceux qui ont fait son époque, André Gide et Jean Cocteau, on l’a dit, les surréalistes et les dadaïstes, avec Tristan Tzara ou André Breton, mais aussi Nancy Cunard, éternelle amoureuse, mécène des artistes, ardent défenseur de la cause des noirs. Salvador Dali, Gala, Paul Eluard, Jacques Prévert, Marc Allégret ou Alberto Giacometti croiseront son chemin. Avec eux tous il va vivre des moments intenses de création, d’exaltation, de liberté dans cet entre-deux guerre dans lequel commence à sourdre les relents d’un fascisme qui cache encore son nom. C’est encore l’époque du parti communiste et des espoirs de liberté et d’égalité pour tout le peuple, les intellectuels défendent la cause du prolétariat ouvrier, et y croient.

L’auteur Patrice Trigano nous offre là bien plus que le portrait d’un homme, c’est aussi le portrait d’une génération d’artistes qui ont marqué en profondeur la création française du XXe. Écrivains, poètes, peintres, sculpteurs, cinéastes, ils sont tous là, et leurs talents, leurs conflits, leurs faiblesses et leurs batailles d’égo se déroulent devant nous pour notre plus grand bonheur de lecteur.

Ne sachant pas trop à quoi m’en tenir en ouvrant ce livre, j’ai été absolument emballée par le rythme et par la puissance d’évocation de la personnalité de René Crevel et de son besoin de trouver une place au milieu de tous ceux qu’il a côtoyé à un moment ou un autre de sa courte vie.

Un roman publié à l’occasion du centenaire du surréalisme

Envie d’en savoir plus sur certains personnages de cette époque ?

Vous pouvez lire aussi Avec toute ma colère, un roman dans lequel Alexandra Lapierre dévoile la relation amour/ haine entre Nancy Cunard et sa mère. Pour mieux connaitre Robert Desnos, on ne manquera pas de lire Légende d’un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant.

Et pour aller un peu plus loin Les parapluies d’Erick Satie par Stéphanie Kalfon, ou encore 37, étoiles filantes par Jérôme Attal.

Catalogue éditeur : Maurice Nadeau

Un matin de juin 1914, à son réveil, René Crevel, âgé de quatorze ans découvre le corps pendu de son père à la poutre centrale du salon de l’appartement familial. Ce traumatisme alimentera un besoin de révolte qui ne quittera pas le poète qu’il devint. Tourmenté par sa bisexualité, tour à tour amoureux d’un peintre américain puis d’une jeune berlinoise adepte du triolisme, dégoûté par son corps atteint de tuberculose, René Crevel conjurait son mal de vivre en cherchant dans les abus de la drogue, du sexe, et des frivolités mondaines l’apaisement de ses maux.

Jusqu’à son suicide en 1935, il rêva à une version régénérée du monde en devenant tour à tour membre du mouvement Dada, du groupe surréaliste et enfin du Parti communiste. En une épopée passionnante, d’une plume alerte, Patrice Trigano fait revivre dans ce roman les moments d’exaltation, les sentiments de craintes, d’angoisses, les douleurs morales et physiques de René Crevel. Il dresse une peinture des milieux intellectuels des années vingt et trente, alors que le fascisme était en embuscade, à travers des portraits saisissants des amis du poète : Gide, Nancy Cunard, Breton, Éluard, Aragon, Tzara, Cocteau, Dali, Giacometti.

Passionné par les grandes figures de la révolte, Patrice Trigano a précédemment publié : La Canne de saint Patrick (2010, Prix Drouot) et Le miroir à sons (2011) aux Éditions Léo Scheer et aux Éditions de La Différence : Une vie pour l’art (2006), À l’ombre des flammes. Dialogues sur la révolte (avec Alain Jouffroy, 2009), Rendez-vous à Zanzibar (correspondance avec Fernando Arrabal, 2010), L’Oreille de Lacan (2015). Suivent aux Éditions Maurice Nadeau, Artaud-Passion (2016) et au Mercure de France, Ubu-roi, merdre ! (2018).

Paru le 10 septembre 2020 / 978-2-86231-292-7  Prix : 18 €

Le dernier des Dulac, François Antelme

Embarquez pour l’Ile Maurice avec cette formidable saga familiale

Île Maurice, en 1928, le 25 novembre marque la naissance de Marc Dulac, le dernier né d’une famille de grands blancs installée à Chambord, cette demeure majestueuse construite par Eugène pour y abriter son bonheur avec son épouse Bérengère et sa famille. Mais si l’enfant se porte bien, Bérengère décède quelques heures après la naissance. Cette perte irréparable sera toujours comme une barrière infranchissable entre le père et son fils.

Toute la première partie du roman est axée sur l’histoire de l’île Maurice au travers de celle d’Eugène Dulac. Depuis l’ancêtre Augustin du Lac, arrivé deux siècles auparavant. Puis la façon dont les colons blancs ont géré cette ile, leur politique, et l’intégration des deux cultures dans la société mauricienne. Enfin, avec la vie des Dulac à partir des années 20. Et les bouleversements économiques et politiques sur l’ile, avec la fin des colonies et l’indépendance.

L’on y découvre la vie de chaque membre de la famille, le deuil impossible du père à la disparition de Bérengère, André le frère ainé si brillant engagé dans la Royal Air Force pendant la seconde guerre mondiale, la folie et la santé défaillante de la jeune sœur après le décès de sa mère puis de son frère adoré. Enfin, Marc, le petit dernier, celui par qui le malheur est arrivé et qui porte sur ses épaules sans le savoir et sans pouvoir s’en défaire, tout le chagrin et le deuil de la famille. Secrets, déceptions, douleur, chagrins, folie, le lecteur comprend peu à peu tout le mal qui est fait à chacun avec ces non-dits, ces silences, qui détruisent l’harmonie entre Eugène et Marc. Jusqu’à la fuite.

La seconde partie se situe en 1989 à Paris et à Maurice. Se déroule alors une autre partie de la saga des Dulac, plus contemporaine mais tout aussi désespérée. Le narrateur Amaury Deveyne, journaliste, rencontre à l’hôpital à Paris un homme qui doit être Marc. Marc qui par une pirouette que l’on comprendra plus tard est toujours vivant au bout du monde, Marc et la difficulté d’exister quand on porte le poids d’une disparition, celle d’une mère idéalisée par tous et que l’on a jamais connue. Marc et le dialogue impossible avec le père, toujours à la recherche de son identité au risque de s’inventer des vies plus douloureuses que salvatrices. Marc malade dont la fin est proche et qui demande à Deveyne de prendre des nouvelles d’une femme restée là-bas, à Maurice.

J’ai suivi avec grand plaisir les aventures et les destinées de la famille Dulac. L’auteur distille avec finesse et une certaine tendresse mêlée de nostalgie la vie de toute une époque, ce siècle qui a vu les fortunes des grands blancs, mais aussi avec réalisme lorsqu’il décrit la vie économique et sociale, les difficiles relations entre blancs et natifs, les différences sociales qui en découlent. L’écriture est intéressante, la finesse des descriptions, les personnages avec leurs faiblesses et leurs contradictions sont attachants et bouleversants. C’est un plaisir, malgré leurs douleurs, de découvrir l’ile, la nature, de se promener sous les jacarandas en fleurs, et de mieux en comprendre l’histoire tout au long du 20ème siècle.
Roman de vie et d’amour, de vengeance et de désespoir, idéal pour tous ceux qui aiment s’évader et découvrir de nouveaux horizons. N’hésitez pas à le découvrir.

Vous aimez l’ile Maurice ? Découvrez avec Rivages de la colère, une histoire passionnante et bouleversante, celle des habitants des Chagos

Catalogue éditeur : Slatkine & Cie

Île Maurice, fin des années 1920. La Seconde Guerre mondiale s’apprête à sonner le glas de la suprématie occidentale. Marc, le dernier fils des Dulac, voit le jour en 1928, dans la magnifique résidence familiale des hauts plateaux. Devenu jeune homme, persuadé qu’on lui a caché la vérité sur sa naissance, il ne parvient pas à trouver sa place au sein de son illustre famille. Abandonnant derrière lui l’existence dorée qui lui était promise sur l’île, sa quête le conduira à une longue errance en France. Mais trouve-t-on jamais la vérité ?
Formidable chronique d’une communauté et d’une époque révolue, Le Dernier des Dulac s’impose comme une saga inoubliable, mêlant avec brio l’intime et le politique.

Paru le 7 novembre 2019 / 280 pages/ Prix : 19 € / ISBN : 978-2-88944-128-0

Sang Chaud, Kim Un-Su

Dans la Corée de Kim Un-Su, quelques mafieux ont encore le « Sang Chaud », un polar à découvrir d’urgence

Entre le printemps et l’été, dans les années 90 à Busan, deuxième ville et l’un des principaux ports de Corée du Sud, les voyous ne portent pas de costard. Huisi coule des jours solitaires, bien qu’il soit le principal homme de main de Père Sohn, le chef de la mafia locale. Il loge à l’hôtel Mallijang, point central d’où il contrôle tout son territoire. Mais père Sohn et ses comparses font partie de l’ancienne garde, cette mafia locale vieille et fatiguée qui préfère la négociation attablée devant un bol de bouillon de bœuf plutôt que le conflit, à l’heure où il faut contenir d’une main ferme les élans des jeunes qui convoitent leurs territoires.

Aujourd’hui, à quarante ans, Huisi aspire à davantage de tranquillité. Il veut s’installer avec Insuk, la tenancière d’un bar à filles qu’il aime en silence depuis son adolescence, et avec Amy, son fils qu’il a déjà adopté. Comme Amy a fait quelques bêtises et q’il va bientôt sortir de prison, il pourra aussi s’en occuper. Mais comment se mettre en couple avec une prostituée quand on aspire à se faire craindre et à déployer ses ailes. C’est pourtant ce que fait Huisi. Il se lance dans les machines à sous, abandonnant son rôle auprès de Pére Sohn et déclenchant quelques inimitiés et querelles entre mafieux installés et prétendants au trône.

Dès lors, la guerre des clans est déclarée, les alliances occultent se nouent tant dans le milieu de crime organisé que de la politique (qui sont par ailleurs souvent liés), les couteaux sont tirés (et les couteaux à sashimi sont dangereusement affutés) et les combats à mort ne tiennent même plus compte des vielles amitiés.

C’est passionnant, et surtout on a l’impression de s’immerger dans un autre monde, de comprendre un peu mieux les mécanismes de la pègre locale, les trafics en tout genre (drogues, alcools, machines à sous, parasol sur la plage, mais pas seulement, on appréciera la scène picaresque de la contrebande de piment coréen largement coupé de piment chinois), les règles d’honneur et de soumission, les notions de rivalité et de territoire, dans cette Corée mystérieuse aux traditions séculaires. Une ambiance singulière, des protagonistes attachants et pour certains très humains malgré le milieu dans lequel ils évoluent, et la découverte d’un pays, du port de Busan où a grandi l’auteur, et de l’importance des guerres de territoire, où que l’on soit sur terre finalement.

Matin-Calme est une toute nouvelle maison d’éditions dédiée au polar coréen, et c’est une excellente surprise. J’ai rencontré l’équipe en fin 2019, et évoqué avec eux les titres qu’ils vont nous proposer cette année 2020. c’est un plaisir de découvrir Sang chaud de Kim Un-Su, un roman dépaysant qui renouvelle le genre, même s’il n’est pas le premier de cet auteur paru en France. Alors merci Matin Calme Polar et Pierre Bisiou  de nous permettre de faire de telles découvertes. Sang chaud est paru en début d’année, depuis, Bonne nuit maman, de Seo Mi-Ae est également disponible en librairie.

Catalogue éditeur : Matin Calme

Huisu, homme de main pour la mafia de Busan, atteint la quarantaine avec pas mal de questions. Jusque-là, il n’a vécu que pour les coups tordus, la prison, les exécutions, tout ça pour se retrouver dans une chambre minable, seul, avec pour horizon des nuits passées à dilapider son argent au casino. Il est temps de prendre certaines résolutions.
Avec un solide couteau de cuisine dans son poing serré.

Paru le 9 janvier 2020 / Prix : 22 € /  EAN- 978-2-491290-00-9

Une année folle, Sylvie Yvert

Deux hommes embarqués dans les tourments de l’Histoire, deux souverains qui se disputent le pouvoir, deux épouses extraordinaires… Vous venez, on part découvrir cette année folle si bien racontée par Sylvie Yvert !

Waterloo, qui n’est pas seulement une gare britannique, mais aussi les cent-jours et le retour de Napoléon puis de Louis XVIII, la plupart d’entre nous connaissons, ou du moins en avons-nous quelques souvenirs de lointains cours d’Histoire ou différentes lectures. Mais avec Une année folle, Sylvie Yvert nous dit tout sur ces bouleversements qu’a connu la France en 1815, quand à partir de fin février Napoléon Ier traverse la France en quelques semaines et revient à Paris après son exil à l’île d’Elbe.

Avec une exceptionnelle rigueur des faits et des événements, l’auteur réussit l’exploit de nous offrir un récit historique à la fois érudit, foisonnant, et surtout romanesque à souhait avec ces deux personnages principaux que sont, non pas Napoléon et Louis XVIII, mais le sage Antoine et le jeune et beau Charles. Car voici le récit tragique et drôle à la fois de la vie incroyable de ces deux hommes, mais aussi de leurs deux épouses hors du commun.

Ce que j’ai aimé ? Découvrir ces personnages décalés dont nous n’avions sans doute jamais entendu parler, dans cet exposé plus que significatif des incohérences de l’Histoire. Comment deux hommes tous deux proches de Napoléon, fidèles à leurs opinions, soucieux de leurs métiers, dans l’armée pour l’un, aux Postes pour l’autre, mais aussi de leurs familles, ont été emportés par le vent de l’Histoire et ont servi en quelque sorte de boucs émissaires en cette période où il fallait faire un exemple.

L’écriture de Sylvie Yvert, le rythme soutenu de cette année folle qui prend des airs de tragi-comédie sur fond d’intrigues et de compromissions, et le fait que le récit soit parfaitement documenté sans paraitre trop dense, voilà la recette d’un excellent roman historique.

Catalogue éditeur : éditions Héloïse d’Ormesson

Entrez dans la danse : une des plus sidérantes années de l’histoire de France commence. Fraîchement débarqué de l’île d’Elbe, Napoléon déloge Louis XVIII pour remonter sur son trône. « Son » trône ? Après Waterloo, le voilà à son tour bouté hors des Tuileries. Le roi et l’Empereur se disputent un fauteuil pour deux, chacun jurant incarner la liberté, la paix et la légitimité.
Sur la scène de ce théâtre méconnu des Cent-Jours, deux fidèles de « l’Aigle » sont dans la tourmente. Deux héros oubliés liés par un sens de l’honneur et une loyauté hors du commun qu’ils vont payer cher…
Au bal du pouvoir la valse des courtisans bat la mesure face à un peuple médusé. Chorégraphe d’une tragi-comédie en cinq actes, Sylvie Yvert tisse avec une savoureuse habileté ces destins contrariés. Une fable intemporelle, enjouée et amorale.

336 pages / 19€ / Paru le 15 février 2019 / ISBN : 978-2-35087-490-6

Illustration de couverture © Musée de la Ville de Paris – Musée Carnavalet/Bridgeman Images

Ils ont voulu nous civiliser, Marin Ledun

Une belle rencontre avec l’auteur aux Quais du polar à Lyon cette année, doublée d’une belle rencontre avec ses romans, et l’envie de vous dire Lisez Marin Ledun, vous allez aimer !

Domi_C_Lire_marin_ledun_quais_du_polar_lyon_2018_ils_ont_voulu_nous_civiliserJanvier 2009, pendant 48 heures dans les Landes. La tempête Klaus arrive et va frapper, fort, très fort cette région du sud-ouest de la France. Là, on fait d’abord la rencontre de Ferrer, un sacré looser, un petit malfrat de seconde zone qui vivote en faisant quelque razzias dans les élevages de canards voisins, canards qu’il refourgue à Baxter, un voyou ni très cool ni très régulier. Alors le jour où Ferrer, en manque de fric, sent bien qu’il se fait posséder par Baxter, la violence se déchaine, les coups pleuvent et Baxter est laissé pour mort par un Ferrer plus inquiet que rassuré par son acte. Il n’a plus qu’à fuir loin, très loin.

Mais pour Baxter, secondé par deux affreux malfrats à sa botte, commence une folle poursuite dans ces Landes tourmentées par les éléments déchainés. Car la tempête, en véritable protagoniste du roman, bloque Ferrer, isole les hommes, fait rugir le vent, noie le ciel et se ligue contre les hommes pour leur plus grand malheur.
Refuge provisoire et inespéré, Ferrer va se replier dans la forêt chez Alezan, un quasi Hermite qui ressasse ses souvenirs d’une guerre sans merci, celle de l’Algérie de sa jeunesse. A partir de là, tout s’enchaine, et les rencontres pas toujours heureuses vont se succéder… mais là, impossible d’en dire plus sans en dire trop !

Dans une intrigue portée par un rythme effréné, et tout en piochant dans le passé des différents protagonistes, Marin Ledun réussi le tour de force de nous faire aimer ses voyous. Qu’il soient solitaires ou quelque peu caractériels, il réussit à mettre en exergue à travers leurs personnalités tant la violence que la misère de ces paumés issus de milieux sociaux défavorisés, ces petites gens qui tentent par tous les moyens de garder la tête hors de l’eau. Même si ces protagonistes ne sont ni tout noir, ni pas très blanc, avouons-le, on se plait malgré tout pour certains à les plaindre et à les suivre avec émotion et espoir.

Est-ce donc ce que l’on appelle un roman social ? En tout cas c’est un roman qui vous prend et ne vous lâche pas, sombre et violent, mais aussi humain et fragile, comme ces hommes et ces arbres arrachés, ballotés par la tempête qui dévaste en une soirée toutes les vies… Marin Ledun est assurément un auteur à suivre !

 

💙💙💙💙


Catalogue éditeur : Flammarion

Thomas Ferrer n’est pas un truand. Pas vraiment. Les petits trafics lui permettent de sortir la tête de l’eau, même si la vie n’a pas été tendre avec lui. De petits larcins en détournements de ferraille, le voilà face à face avec un truand, un vrai cette fois. Celui-ci, laissé pour mort par Ferrer,… Lire la suite

Ombres noires / Paru le 11/10/2017 / 240 pages – 129 x 198 mm /  ISBN : 9782081398184

Par le vent pleuré. Ron Rash

Découvert en cette rentrée littéraire 2017 « Par le vent pleuré » le dernier roman de Ron Rash a tous les codes du thriller et l’écriture d’un roman classique.

DomiCLire_par_le_vent_pleure_ron_rash.jpg

Dès les premières pages, les ossements d’une jeune femme disparue depuis de très nombreuses années viennent de refaire surface,  mettant également au jour les ressentiments, les mensonges, les faux-semblants qui ont perturbé la vie d‘une famille entière. Même si l’enquête policière n’est pas prégnante, c’est bien une intrigue qui se dévoile au fil des pages, au fil des échanges, et que l’on découvre avec les personnages principaux, les deux frères Bill et Eugène.

Élevés  par leur mère suite au décès accidentel de leur père, mais surtout ayant subi une éducation fortement orientée par un grand-père tout puissant à qui rien de résiste, pas même sa belle-fille, les destins de ces deux jeunes hommes ont pris des tours bien différents.

Bill , l’ainé, le sage, le protecteur, le scientifique, est aujourd’hui un chirurgien reconnu pour son admirable maîtrise professionnelle, y compris lors des situations les plus difficiles et les plus désespérées, et pour son dévouement.

Eugène, le plus jeune, a au contraire raté sa vie, plongeant inexorablement dans l’alcool, ce compagnon des mauvais jours qui a éloigné de lui sa femme et sa fille.

La plus grande partie de l’intrigue se déroule pendant l’été 69, à cette époque les jeunes ont déjà gouté aux dogues légères, une grande liberté règne auprès d’une certaine jeunesse libérée, et Ligeia, cette jeune femme qu’ils rencontrent alors qu’ils sont à la pêche, n’est pas en reste. Chaque jour pendant quelques semaines, ils vont la retrouver, partager avec elle des moments de liberté, jusqu’au jour où elle disparait.

L’auteur se plait à dévoiler les caractères, les subtilités des échanges entre les deux frères et leur relation au grand-père, ainsi que la relation de celui-ci avec tous ceux qu’il a tenu sous sa coupe pendant de si longues années. De flash-back en retour au présent, Ron Rash distille une ambiance malsaine et une tension à la fois dans l’intrigue et dans la psychologie de ses personnages. La domination d’un grand-père tout puissant, les erreurs ou les hésitations de l’adolescence, les folies de la jeunesse, tout nous donne envie de vite en découvrir la fin. Qui plus est, l’auteur nous entraine dans des paysages des États Unis qu’apparemment il connait bien, donnant une dimension supplémentaire à son intrigue.

💙💙💙💙


Catalogue éditeur : Seuil

Traduit par : Isabelle Reinharez

Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s’appelait Ligeia, et personne n’avait plus entendu parler d’elle depuis un demi-siècle.

1967 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et emporter dans le tourbillon des tentations. Le temps d’une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue.

À son macabre retour, les deux frères vont devoir rendre des comptes au fantôme de leur passé, et à leur propre conscience, rejouant sur fond de paysages grandioses l’éternelle confrontation d’Abel et de Caïn.

Date de parution 17/08/2017 / 19.50 € TTC / 208 pages / EAN 9782021338553