Les orangers de Versailles, Annie Pietri

Intrigue à la cour du Roi-Soleil

Marion est la fille d’un des jardiniers du château de Versailles. Élevée par son père depuis le décès de sa mère, elle connaît tous les secrets des plantes que se trouvent dans le parc. Dans la France de Louis XIV, nombreux sont les courtisans qui vivent à Versailles. La favorite du Roi-soleil est alors Athénaïs de Montespan. Une marquise adulée par son époux qui refuse que sa femme soit favorite du roi à la cour, mais a-t-on son mot à dire face aux désirs d’un monarque.

Le Roi fait tout pour satisfaire sa dulcinée, rien n’est trop beau pour elle. Exigeante, arriviste, jalouse de la Reine, elle choisit Marion comme demoiselle de compagnie. Et découvre rapidement que cette jeune fille n’est absolument pas quelqu’un d’ordinaire. Elle sait lire et écrire, ce qui est fort rare chez les jeunes femmes de sa condition, et elle connaît parfaitement les parfums. Elle est même capable d’en composer à la demande.

La vie n’est pas toujours facile pour les servantes de la cour du Roi, mais fort heureusement, l’amitié existe même entre demoiselles de compagnie. Il est bien doux alors d’avoir une oreille attentive à qui confier secrets et doutes. Le jour où la Montespan est malade, troublée par le diagnostic du médecin, Marion comprend vite qu’il faut ruser lorsque l’on s’adresse aux puissants. Toute vérité n’est pas toujours bonne à dire et il est parfois plus sage de s’abstenir.

Fine psychologue, perspicace et douée d’un sens aigu de l’observation, Marion comprend rapidement que la Montespan se joue d’elle et complote contre la Reine. Elle trouve vite un allier en la personne du médecin. Ensemble ils vont devoir jouer très finement pour déjouer tous les pièges qui se dressent devant eux.

Un roman très agréable et une lecture parfaite, la voix de Emmylou Homs est posée, douce, rythmée, et nous fait aimer d’emblée cette jeune fille bien courageuse et si singulière.

Si l’épisode qui est évoqué ici et les personnages sont adaptés pour une lecture par des enfants à partir de 11 ans, l’intrigue est pourtant bien basée sur des faits historiques. Une bien jolie façon d’apprendre un pan de notre histoire avec l’affaire des poisons à la cours du Roi Louis XIV. Et n’allez pas croire que ce roman est pour les filles, les garçons qui l’ont écouté avec moi étaient également très intéressés. L’enquête menée par Marion et le médecin, les tentatives de la Montespan, le coté historique et la visite du Versailles de cette époque doivent y être pour beaucoup !

Catalogue éditeur : Audiolib

Marion, la fille d’un jardinier du château de Versailles, a été choisie pour servir la favorite du Roi-Soleil, madame de Montespan. La marquise est exigeante et capricieuse ; il est bien difficile de la satisfaire. Heureusement, Marion possède un don rare : elle sait créer des parfums extraordinaires qui plaisent à sa maîtresse. Mais la Montespan a plus d’un vilain tour dans son sac. Bientôt, Marion découvre qu’un terrible complot se trame contre la reine…

Lu par Emmylou Homs

Dès 11 ans / Éditeur d’origine Bayard Jeunesse / Durée 2h37 / EAN 9782367627649 Prix du format cd 13,90 € / EAN numérique 9782367627298 Prix du format numérique 12,45 € / Date de parution 12/09/2018

Le château de mon père, Versailles ressuscité

Comment Pierre de Nolhac, conservateur passionné, a fait du Versailles de la IIIe république un fleuron du patrimoine français

Quatre chapitres pour dire le retour à la vie de l’un des musées préféré des français et des touristes qui visitent la France. L’arrivée à Versailles (1887-1892), la redécouverte de Versailles (1892-1900), Versailles à la mode (1900-1913), Versailles entre guerre et paix (1914-1936). Puis un dossier composé de nombreuses photos et portraits pour conclure cette BD.

En 1887, Pierre de Nolhac est nommé conservateur du château de Versailles, pas vraiment une promotion quand on comprend dans quel état il est, et surtout quel est l’intérêt que porte le ministère de la culture, ou plutôt son équivalent de l’époque, pour ce château qui incarne encore si fort la monarchie et l’ancien régime. Pierre de Nolhac s’installe alors au château avec femme et enfants. D’autres enfants suivront, nés dans ce cadre certes somptueux mais qui dévore totalement la vie de Pierre de Nolhac, au détriment et pour le malheur de son épouse et de sa progéniture.

Henri, l’un de ses fils, nous conte ici son histoire. Il vient rendre visite à son père en mai 1935. Celui-ci est désormais conservateur du musée Jacquemart-André, très affaibli, il fini de rédiger ses mémoires sur les heures vécues dans le château de Louis XIV.

Les auteurs mêlent subtilement l’histoire de la renaissance de Versailles à celle du délitement de la famille de Pierre de Nolhac. Cet homme si passionné par son métier et par ce qu’il envisage de faire à mesure de ses découvertes du château et de ses trésors n’aura pas su vivre à la fois son métier et sa vie de famille. Son absence ou son indifférence devant les nombreuses naissances, les décès de certains de ses enfants qui affectent durablement son épouse, puis le départ de celle-ci, montrent qu’il n’aura jamais su gérer avec autant de ferveur sa vie personnelle.

Par contre, la résurrection du palais de Versailles, la façon dont il a été protégé en particulier pendant la seconde guerre mondiale, les œuvres cachées ou exfiltrées en province, le Grand Canal et les nombreuses fenêtres occultés, et cette énergie mise à restaurer sans le dénaturer ce splendide ouvrage que l’Histoire lui a confié, parfois en se battant contre sa propre hiérarchie, toujours réalisés grâce à la passion et au dévouement de Pierre de Nolhac, ont fait de ce musée le magnifique château que nous pouvons visiter avec tant de bonheur aujourd’hui.

Au niveau du graphisme, le parti pris du noir et blanc, avec ses dessins esquissés aux visages ou aux traits parfois à peine définis, nous plonge dans le passé avec une subtilité qui ne se voit pas forcément de prime abord, mais qui devient vite une évidence. Rendant parfois bien sombre le majestueux Palais du Roi Soleil, sans doute pour être en symbiose avec ce qu’il était à cette époque. La grande qualité de cet album vient aussi des éléments historiques fouillés, de véritables révélations pour certaines, tant il semble évident au commun des mortels dont je suis que ce château a toujours connu la même splendeur et le faste que nous pouvons admirer aujourd’hui. Même si j’ai le souvenir, à mesure de mes visites depuis près de cinquante ans, de l’ouverture de nouvelles salles, de nouveaux meubles, de restaurations aussi splendides et prodigieuses les unes que les autres. Car le travail de restauration et de conservation des grands musées, du patrimoine que nous a légué l’histoire est sans fin. Ce roman graphique a enfin l’avantage d’être créé en partenariat avec le château de Versailles et par des auteurs qui connaissent et maîtrisent parfaitement leur sujet, cela se sent et renforce la crédibilité et l’intérêt de cette lecture.

Passionnés d’histoire, de Versailles, ou simplement amateur de romans graphiques qui nous apprennent l’Histoire en nous racontant des histoires, ce livre est fait pour vous.

Catalogue éditeur : Le Château de Versailles avec la Boîte à Bulles

Comment imaginer que, voici moins de 150 ans, le château de Versailles était presque tombé dans l’oubli ?
Lorsque Pierre de Nolhac s’y installe en 1887 avec femme et enfants, il s’aperçoit bien vite que le palais du Roi-Soleil n’intéresse plus grand monde en ces temps républicains. Il faudra au jeune attaché devenu conservateur du château toute son énergie et sa détermination pour redonner au lieu ses lettres de noblesse… Mais à quel prix ?
Henri de Nolhac, le fils de Pierre, nous conte sa vie de famille et de château, un récit mêlant joies et drames, petite et grande histoire…

Scénario : Maïté Labat et Jean-Baptiste Véber
Storyboard : Stéphane Lemardelé et Alexis Vitrebert
Dessin : Alexis Vitrebert

2019 / 22 x 30 cm, 170 p., 24 € / ISBN 978-2-84953-347-5

Le Soleil éclipsé. Claire Bonnotte

Le Soleil éclipsé. Le château de Versailles sous l’Occupation, un excellent et très complet ouvrage écrit par ​Claire Bonnotte

Ce château symbole de la France, mais qui a également été symbole de défaite pour les allemands, puisqu’on y a signé deux armistices, ne pouvait qu’être une prise de guerre pour Hitler. Quand en 1940 Hitler envahi le château, les jeux pourraient déjà être fait, et les œuvres définitivement perdues, tant on sait le nombre d’œuvres d’art qui ont transité par les trains vers l’Allemagne et les collections du Reich.

J’ai eu envie de comprendre comment on a imaginé sauver des œuvres, à quel moment, pourquoi, et surtout qu’est-ce qui a fait qu’à moment donné on s’est dit qu’il fallait en enlever le plus possible du château.

Ce que j’aime dans ce livre, l’alternance du récit lui-même, dense, complet, étayé, et justement les extraits d’articles, de lettres, de documents, qui démontrent et allègent en même temps la lecture. Donnant aussi une dimension humaine à l’action des hommes et des femmes qui ont réalisé ce sauvetage !

Le travail réalisé par ​Claire Bonnotte  semble pharaonique, le résultat est passionnant, car peu commun. 

💙💙💙💙

Catalogue éditeur : éditions Vendémiaire 

Le château de Versailles et les éditions Vendémiaire publient Le Soleil éclipsé. Le château de Versailles sous l’Occupation, un ouvrage qui dévoile une période méconnue de l’histoire du château, celle de la Seconde Guerre mondiale. Un sujet rarement traité par les auteurs et les chercheurs.

Le château du Roi-Soleil à l‘ombre de l‘envahisseur nazi 

14 juin 1940. La Wehrmacht envahit le château de Versailles. Par la portée symbolique de cet événement, Hitler réalise son rêve de revanche. Dès lors, et durant quatre années, des milliers de soldats arpentent la galerie des Glaces, parcourent les jardins dessinés par Le Nôtre, tandis qu’aléas climatiques, bombardements, pénuries, pillages et vandalisme mettent en péril ce joyau national, et les derniers chefs-d’oeuvre qu’il abrite.
En prévision du pire, un vaste plan de protection avait été élaboré dès les années 1930. On camoufla à partir de septembre 1939 tout ce qui pouvait l’être, à commencer par le Grand Canal, entièrement asséché. Dans l’affolement de l’exode, on finit d’évacuer collections et décors au sein de plusieurs châteaux de province : Chambord, Brissac, Sourches, Serrant, Voré… La plupart de ces trésors survécurent ainsi, « hors les murs », jusqu’à la fin du conflit. C’est un quotidien fait de craintes et d’espoirs que dévoile cet ouvrage, au plus près d’une poignée d’hommes et de femmes, conscients de la nécessité absolue de préserver un patrimoine unique.


L’auteur : Diplômée d’études supérieures de l’École du Louvre et docteur en histoire de l’art de l’Université Paris Nanterre, Claire Bonnotte a travaillé à l’Institut national d’Histoire de l’art de Paris avant d’intégrer le service des expositions du château de Versailles. Depuis 2017, elle a rejoint la conservation du musée comme collaboratrice scientifique. Elle a étudié plus de soixante-dix années d’innombrables archives à la fois françaises et allemandes, permettant aujourd’hui de restituer les évènements survenus dans l’ancienne résidence des Rois de France et le devenir de ses collections notamment sous l’Occupation allemande.

368 pages + 12 pages illustrées • 23 euros / 978-2-36358-283-6 / En librairie le 7 juin 2018 

La du Barry, Edmond et Jules de Goncourt

La légende de la dernière grande courtisane royale déflorée par Edmond et Jules de Goncourt, ou grandeur et décadence à la cour des Rois de France.

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Une très jeune femme poussée dans les bras d’un riche homme d’un âge certain, par des messieurs qui ne voient là que leur intérêt, comment appelle-t-on cela ? Proxénétisme peut-être ? Mais non, nous sommes à la cour du Roi Louis quinzième du nom, et les gentilshommes qui souhaitent placer au mieux leurs intérêts le font par l’entremise de ces jeunes, jolies et parfois ingénues jeunes femmes qu’ils espèrent voir accéder rapidement au rang de favorite du Roi.

C’est le sort qui est réservé à cette mademoiselle Jeanne Bécu qui vient au monde en août 1743, à Vaucouleurs, en Champagne. Élevée au couvent de Sainte-Aure elle y développe un goût certain pour la lecture, une piété sincère qui la portera vers une grande générosité envers les pauvres et les nécessiteux, ainsi qu’un réel talent pour le chant et le dessin. Cette orpheline de père, gaie, un brin vulgaire dans son parler familier, mais une beauté que certains qualifieraient d’étourdissante, est tellement jolie que, comme nombre d’autres demoiselles de sa condition, elle va servir de divertissement à ces hommes que l’on dits « de qualité ».

Elle a à peine vingt ans en 1763 lorsqu’elle rencontre le comte Jean du Barry. Subjugué par ses charmes et certain que ses appâts lui ouvriront les portes qu’il convoite, il décide de la proposer aux plus grands à la cour de Versailles – quand je vous disais qu’on n’est pas loin du proxénétisme ! – certain qu’une telle beauté ne pourra que plaire au roi.

En 1768, Louis XV a 58 ans, il pleure encore la marquise de Pompadour. Lorsqu’il rencontre la du Barry il se sent littéralement revivre. Les présentations sont faites en prétextant que la donzelle est déjà mariée… quelle chance, elle plait donc au roi ! Il est donc de bon ton maintenant de lui trouver un mari officiel. Puis pour qu’elle apparaisse après du roi, il faut la « présenter à la Cour ». Elle sera mariée très vite à Guillaume du Barry, le frère de l’autre… et dès le printemps 1769, c’est une comtesse qui arrive à Versailles et s’installe tout près du roi.

De détractions en amours sincères, la cour qui tout d’abord la repousse va céder au charme et à la grâce de la du Barry. Mais la cour de Versailles est déjà cet « univers impitoyable » dans lequel les jalousies et les ambitions poussent certains aux pires bassesses. La disgrâce du duc de Choiseul en 1770 et le désamour de Marie-Antoinette amplifieront sa chute.

Après la mort du roi, celle qui a tant pleuré l’homme qu’elle a sincèrement aimé, refuse de quitter la France. Pourtant, la Révolution, puis la Terreur sont aux portes de son cher château de Louveciennes, à l’ouest de Paris, cadeau du roi Louis XV. Elle refuse de fuir, sera arrêtée, jugée, puis condamnée. Le 8 décembre 1793, guillotinée avec tant d’autres sur l’hôtel d’une justice assassine, ses cris déchirants alors qu’elle monte à l’échafaud sont comme un acte ultime de désespoir absolu, de révolte et d’incompréhension. Elle qui osera dire, dans un dernier souffle « Encore un instant, monsieur le bourreau« …  Ce manque de dignité va finalement donner à sa mort l’image d’une femme assassinée, et plus seulement celle de l’anéantissement d’un symbole de la royauté.

Ce livre retrace habilement et avec moult détails la vie de la du Barry, et l’adjonction de documents, pièces d’inventaires, courriers, notes précises en rend la lecture plus riche encore. A conseiller à tous ceux qui aiment l’Histoire, en connaître les détails et en comprendre les subtilités.

Catalogue éditeur : Rivages poche

Le nom de Mme Du Barry est souvent synonyme de scandale. Quelle fut la vie de la favorite ? Sur un mode souvent grivois, comme il se doit, et avec beaucoup de verve, les frères Goncourt décrivent l’arrivée à la cour, les intrigues, les années fastes et le « luxe de la femme galante » dont témoignent ses comptes et ses factures. La chute n’en est que plus grande : les arrestations, les interrogatoires, la prison puis l’échafaud. Cette biographie est complétée par plusieurs documents, souvent inédits : mémoires des « marchands, ouvriers et fournisseurs », réponses de la Du Barry devant le tribunal révolutionnaire, perquisitions, inventaire des biens. Avec leur sens du détail et leur plume de romanciers, les Goncourt campent un personnage pittoresque et attachant qui a inspiré plusieurs films importants de Lubitsch à Christian-Jaque.

Collection: Rivages Poche Petite Bibliothèque / Genre : Art et Littérature / Numéros poche : 907 / ISBN : 978-2-7436-4414-7 / EAN : 9782743644147 / Parution : juin, 2018 / 480 pages / Format : 11.0 x 17.0 / Prix : 10,00€

Histoire du lion Personne. Stéphane Audeguy

Stéphane Audeguy  nous conte l’Histoire extra-ordinaire d’un lion nommé Personne, qui traverse une époque révolutionnaire et dont nul ne se souvenait… jusqu’à aujourd’hui.

Domi_C_Lire_histoire_du_lion_personneSénégal, 1786. Dans son village, Yacinne est protégé par le père Jean, le vieux missionnaire qui a su détecter chez ce jeune homme de belles capacités intellectuelles et qui lui donne toute l’éducation qu’il est possible de recevoir au village. Voyant que l’enfant peut aller plus loin, il décide de l’envoyer à St Louis, pour parfaire cette éducation. En chemin, Yacinne trouve un lionceau, et lorsqu’il est certain de pouvoir s’en occuper sans danger, l‘adopte et lui donne pour nom Kena, ce qui en langage de sa propre tribu signifie « personne ».

Voilà comment va naitre « l’Histoire du lion Personne ».

Arrivé à Saint-Louis-du-Sénégal, le jeune Yacine se place immédiatement sous la protection de Jean-Gabriel Pelletan de Camplong, le directeur de la Compagnie Royale du Sénégal. Ce dernier, arrivé là d’avantage par punition que par promotion, va prendre goût à la vie au Sénégal, et adopter Kena, le lion Personne. Pourtant, Jean Gabriel est un homme droit, dont les pensées vont à l’encontre de la morale de l’époque et de l’intérêt du commerce, bataillant contre l’esclavagisme, refusant de prendre pour maitresse ces belles mulâtres qui se donneraient pourtant facilement à lui pour obtenir promotion et porte ouverte dans le grand monde, et ses goûts plus prononcés pour les hommes que pour le jeunes femmes qui le convoitent ne vont pas lui rendre la vie facile. Personne devient très vite le compagnon de solitude de Pelletan. A la mort de Yacinne, Personne va adopter un nouvel ami, un jeune chiot bâtard appelé Hercule, ils deviendront inséparables.

Face au risque encouru par Personne dans sa maison du Sénégal, et grâce à ses contacts épistolaires avec Georges-Louis Leclerc Buffon, Pelletan décide de le faire partir pour la Ménagerie Royale de la cour de Louis XVI à Versailles. Hélas, nous sommes en mai 1788, en pleine période révolutionnaire. La mission sera compliquée et le chemin qui les mène de Saint-Louis du Sénégal au Havre de Grâce en Normandie, puis jusqu’à Versailles, enfin jusqu’à la ménagerie du Jardin des Plantes de Paris, sera un véritable parcours du combattant semé d’embuches. Les animaux sauvages et nobles ont une image un peu trop majestueuse pour cette époque de révolte, et celle du roi des animaux est bien trop associée à l’image du roi, cela ne plait vraiment pas au peuple. Ii est intéressant de comprendre alors la vision des classes de la société à travers les différents animaux, l’image qu’ils transmettent, et de fait, le principe de création du premier jardin zoologique.

Personne aura une courte vie, à peine dix ans, protégé par ses différents maitres, et surtout par le chien Hercule qui l’accompagne dans son périple.

J’ai vraiment apprécié découvrir cette aventure, l’écriture est étonnante et parfois ampoulée car ancrée dans son siècle, mais foisonnante d’images et de sentiments, d’idées et de interrogations. Qui ne s’est pas posé des questions face à la pléthore d’animaux empaillés de la Grande Galerie de l’évolution au Muséum d’Histoire Naturelle, animaux datant souvent de cette époque ?

Et surtout, j’ai apprécié cette façon de personnifier le lion, Personne, de lui créer des souvenirs, des émotions, pendant cette période historiquement riche d’événements importants : la colonisation de l’Afrique et l’esclavagisme, la révolution française et la fin de la royauté. Cela donne une autre vision de tous ces événements, de cette grande période de bouleversement politiques, économiques et sociétaux majeurs dans notre histoire. Un peu à la façon d’Éric Vuillard qui observe l’Histoire à travers les personnages la plupart du temps insignifiants ou oubliés, Stéphane Audeguy fait parler les petits, les faibles, pour donner sa version de ces dix ans de vie.

💙💙💙💙

PMR Seul

Ce roman fait partie de la sélection 2018 pour le

Prix du Meilleur Roman de Points #PMR2018


Catalogue éditeur : Seuil, éditions Points, sélection du Prix du meilleur Roman 2018

Il est absolument impossible de raconter l’histoire d’un lion, parce qu’il y a une indignité à parler à la place de quiconque, surtout s’il s’agit d’un animal.
Il est absolument impossible de raconter l’histoire du lion Personne, qui vécut entre 1786 et 1796 d’abord au Sénégal, puis en France. Cependant, rien ne nous empêche d’essayer.

6,5€ // 168 pages / Paru le 17/08/2017 / EAN : 9782757868829

Visiteurs de Versailles, exposition au Château de Versailles

Le château de Versailles est l’un des sites les plus visités au monde. Plus de sept millions de visiteurs par an. En découvrant cette exposition, nous devenons à notre tour l’un des « Visiteurs de Versailles » !

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Versailles, l’un des sites les plus visités, et ce depuis toujours ! Car dès le règne de Louis XIV les visiteurs ont été acceptés et accueillis au château. Il était même organisé des moments précis afin que tous puissent voir le roi, au lever, à la messe, en promenade, etc. Qu’ils soient ambassadeurs ou princes, étrangers ou français, voyageurs ou voisins, artistes ou philosophes, savants ou espions, visiteurs d’un jour ou voyageurs du « Grand Tour », tous pouvaient venir à la cour. Cette cour qui, contrairement à la pratique de certains autres pays, était ouverte… Cet espace, à la fois propriété royale et espace public, était la scène de ce théâtre quotidien joué par le Roi pour la cour et pour ses sujets.

Qu’ils soient venus là pour quémander, se plier au bon vouloir du Roi ou en visite officielle, de nombreux visiteurs ont laissé des traces de leur visite. Cadeau royaux ou diplomatiques, lettres, tableaux, objets, journaux, témoignent de leurs passages. Venus de Stockholm ou des États Unis, de la BnF ou de Londres, l’exposition rassemble plus de trois cents objets, tableaux, bronzes, portraits ou même vêtements, j’ai par exemple aimé cet habit brodé de Mr de Fersen, tabatières somptueuses, poire à poudre ou carquois, venus de Sèvres ou de Londres, de Mysore  ou de Siam, des Pays-Bas (dont une étonnante boite à médailles..) ou de Turquie, autant de façon de revoir le château à travers les yeux de ces visiteurs qui nous font remonter le temps.

 

L’exposition Visiteurs de Versailles est présentée jusqu’au 25 février. Une belle occasion de revenir voir ce château somptueux et majestueux, de se promener dans le parc et de profiter du soleil de l’automne finissant.

Le rendez-vous manqué de Marie-Antoinette. Harold Cobert

Découvrir Harold Cobert avec « Le rendez-vous manqué de Marie-Antoinette », un roman historique aussi subtil, c’est vraiment un excellent début.

DomiCLire_le_rendezvous_manque_de_marieantoinette.jpgCe passionné de Mirabeau se met à la place de ses protagonistes, à la fois Marie-Antoinette et Mirabeau, pour évoquer cette rencontre secrète à Saint-Cloud, en ce 3 juillet 1790. Si on sait que l’entrevue pourrait avoir eu lieu, on n’en connait cependant pas les détails. L’auteur féru d’histoire, de Mirabeau et de cette période en particulière utilise ses connaissance pour produire un roman totalement réaliste et actuel.

La révolution française a eu lieu, le roi et la reine sont désormais quasiment abandonnés de tous, leur courtisans ont déjà fui, eux sont « prisonniers » à Paris pour quelques mois encore. Mirabeau, tribun hors pair, tente secrètement de sauver la monarchie, et pour cela il a besoin de la coopération de la reine. Mais comment Marie-Antoinette, femme subtile, éduquée, tout en finesse peut-elle accepter les conditions que lui propose cet homme si laid, libertin collectionnant les conquêtes d’un jour, élu du tiers état, comment avoir confiance, comment y croire.

Et le lecteur embarque dans ce rendez-vous, pas si manqué que ça puisque l’on a l’impression d’être là, à côté de ces deux immenses personnages, témoin attentif d’un tournant de l’histoire, porté par l’élan de la révolution, la passion des tribuns, le destin de ceux qui, par leurs décisions ou leur manque de décision, ont peut-être scellé ou fait basculer celui de la France.

La psychologie de chacun est habilement analysée, leurs passés si différents, leurs failles, leurs désirs pour le futur d’un pays. L’écriture est fine, subtile, agréable à lire, et pourtant le propos, cette période sombre de la révolution, la fin de la monarchie, n’auraient à priori pas donné prétexte à un texte aussi passionnant. Pourtant on y est, on suit l’auteur, on écoute, on espère, les deux voix alternent avec les évènements, pour nous permettre de resituer, de comprendre, de désespérer. En fait, voilà un excellent roman qui donne envie d’en lire d’autres de cet auteur.


Catalogue éditeur : réédité par Le livre de poche sous ce titre.

D’abord édité sous le titre : l’entrevue de Saint Cloud, chez Héloïse d’Ormesson.

3 juillet 1790. Alors que la monarchie est en péril et l’avenir de la France incertain, Marie-Antoinette rencontre secrètement Mirabeau à Saint-Cloud. Ces quelques heures suffiront-elles au comte libertin pour modifier le cours de l’Histoire ? Car, paradoxalement, un seul désir anime l’orateur du peuple, l’élu du tiers état, celui de sauver le trône. Déployant toute son éloquence, le redoutable tribun saura-t-il rallier la reine à ses convictions ? Ce livre a précédemment été publié aux éditions Héloïse d’Ormesson sous le titre L’Entrevue de Saint-Cloud.

Ajoutée à une précision méticuleuse, l’élégance classique de la langue sert un roman éminemment théâtral. Jeanne Garcin, Elle.

168 pages / Date de parution : 07/03/2012 / Editeur d’origine : Héloïse d’Ormesson / ISBN :

9782253161707

 

L’oiseau des tempêtes. Serge Brussolo

Sous le règne de Louis XIV, on se laisse embarquer avec Marion dans la Bretagne profonde, celle des  nobliaux sans fortune au tempérament aventurier et bagarreur.

DomiCLire_l_oiseau_des_tempetes.JPGJe découvre Serge Brussolo avec L’oiseau des Tempêtes, on pourrait penser qu’il est temps, tant l’auteur est prolixe. Ce ne sera certainement pas le dernier que je lirais, la meilleure des raisons étant qu’apparemment il y aura une suite, et en fait il ne peut en être autrement !
Dès les premiers chapitres, le décor est planté et on fait la connaissance des protagonistes majeurs de l’aventure. Artus de Bregannog est un noble sans fortune, le train de vie pour avoir sa place à la cour du roi soleil n’est plus à sa portée, aussi s’est-il réfugié sur ses terres en Bretagne. Là, à sa demande, Alexandre, l’un de ses hommes, vétérinaire de son état, prend pour épouse une ancienne prostituée, ex-comédienne ayant eue son heure de gloire à la cour, et devient le tuteur de sa fille Marion. Lorsque sa mère, devenue folle, disparait dans les flots, Marion devra rester et accepter la vie au village.

En ces années de faste royal à la cour de Versailles, la terre est inhospitalière et la misère profonde dans les provinces reculées. Les villageois se transforment en naufrageurs, ces paysans qui allumaient de feux pour attirer et échouer les bateaux vers les côtes déchiquetées, afin de piller les épaves. Jusqu’au jour où, par malheur, leur subterfuge criminel est découvert. Bientôt la police du Roi est là pour emporter tout ce monde vers les geôles de Saint-Malo. Vont alors s’ensuivre des années bien difficiles et sombres pour une Marion encore un peu trop honnête et innocente.
Mais les évènements et la vie vont se charger de faire son éducation. Après bien des péripéties, la voilà embarquée en compagnie de quelques prostituées qui s’en vont peupler le nouveau monde, vers des iles où sévissent les pirates. Les éléments vont se déchainer pour lui rendre la vie dure. Parfois bien trop crédule, peu bagarreuse et trop soumise, Marion se révèle et apprend à lutter contre le mauvais sort qui s’acharne.

L’auteur nous emporte, avec un style bien à lui, dans une intrigue romanesque à souhait, portée par une fine connaissance historique, instillée au fil des pages, qui donne au lecteur une vision assez réaliste de la vie sous le règne du Roi-Soleil. Que l’on soit dans les campagnes pauvres, au bordel, ou dans les provinces où les traditions, les superstitions et les peurs des marins sont prégnantes, dans les geôles du Roi ou sur les bateaux face aux pirates, on espère, on s’amuse et on s’énerve parfois de tant de naïveté, mais on vibre avec Marion, pour un bon moment de lecture délassant et dépaysant.


Catalogue éditeur : Fleuve éditions

Sous le règne du Roi-Soleil, Marion, fille d’une ex-comédienne de Molière, devient à la mort de celle-ci la pupille d’un étrange baron tombé en disgrâce, qui vit retiré dans une presqu’île inhospitalière de Bretagne. La jeune fille va bientôt découvrir que ce noble, ruiné, dirige une équipe de naufrageurs. Bien malgré elle, dans l’incapacité d’échapper à son tuteur, elle se trouve associée à ses crimes. Ce qui lui vaut d’être arrêtée et conduite au bagne de Saint-Malo.
Dès lors, ballottée au hasard des événements, elle côtoie une faune étrange de marginaux, faux-monnayeurs et trafiquants, jusqu’au jour où, par décret royal, elle est déportée aux îles en compagnie d’autres malheureuses condamnées à être offertes en pâture aux colons célibataires.
À peine débarquée, elle va devoir lutter pour survivre au sein d’un monde où boucaniers et pirates font la loi.

Date de parution 10 novembre 2016 / 408 pages / 9782265097360