Les manquants, Marie-Eve Lacasse

Comment survivre à une disparition ?

Claire, Hélène, et Joan se succèdent dans un bureau au commissariat pour évoquer Thomas, l’époux de Claire qui a disparu depuis deux ans.

Claire et Thomas s’étaient rencontrés à l’université, puis mariés à la surprise de tous car leur caractères et leurs aspirations ne semblaient pas vraiment correspondre. Vingt ans de vie commune, des enfants aujourd’hui adolescents, un changement radical de vie avec l’installation sur les terres des parents de Claire pour reprendre l’exploitation viticole. Désormais Claire sait qu’il faut parler de cette disparition pour enfin pouvoir vivre à nouveau, divorcer d’un absent, ou d’un mort, qui sait, pour reprendre cette liberté dont elle n’a jamais voulu mais qui lui a été imposée par ce mari parti un matin et qui n’est jamais revenu.

Depuis, il y a eu l’attente, l’incompréhension, les questionnements, les doutes, les angoisses, les silences, les peurs, la révolte, les obsessions, les nuits blanches, la méfiance des autres, leurs regards, leurs doutes, et chaque jour le vide abyssal de l’absence inexpliquée.

Depuis, Claire la vigneronne tente de vivre, travailler, penser, élever les enfants, alors que tant de doutes l’assaillent. Amies de toujours, Hélène et Joan sont là pour l’épauler, la faire réagir, l’aider.

Dans un monde en déliquescence, un cataclysme climatique est venu changer à tout jamais la vie des citadins. Où, quand, comment, on ne le saura jamais. Mais Claire et ses amies ont rejoint la Communauté. Là, à l’abri de la pollution, des inondations, du manque de nourriture, elles ont décidé qu’il est temps pour Claire de changer de vie, vendre ses biens, aider la Communauté. Et cela passe par la déclaration de disparition de Thomas.

De chapitre en chapitre, qui tous portent le prénom d’une des trois femmes, le lecteurs découvre la vie de Thomas entre ombre et lumière, mensonge et vérité, amour et amitié. Chacune dévoile la facette du Thomas qu’elle a côtoyé. Cet homme que Claire croyait si bien connaître apparaît peu à peu, semblable ou différent, cet homme brillant qui s’étiolait depuis quelques années dans son travail se révèle un être mystérieux et quasiment inconnu.

Ce que j’ai aimé ?

La façon dont l’autrice traite l’absence, la disparition, la culpabilité, les questionnements et le doute que celle-ci entraîne chez ceux qui restent. Mais aussi la façon dont chacun trouve sa place dans une société qui ne l’accepte pas toujours pour ce qu’il est. La culpabilité de Claire, ce doute qui s’est installé en elle, à se demander ce que Thomas pourrait penser s’il revient un jour et qu’elle ait divorcé sans qu’il l’ait voulu. Avant de se demander si elle a souhaité, elle, se retrouver seule sans la moindre explication. Il semble bien difficile d’accepter l’absence non souhaitée et inexpliquée, de se confronter à une forme de folie intime et violente.

Et si vous vous demandez vous aussi qui sont ces manquants, ce n’est pas seulement Thomas qui manque à l’appel, mais au contraire les pieds de vignes morts ou manquants dans les vignes des parents de Claire, et dans toutes les vignes en fait.

Catalogue éditeur : Seuil

Thomas est parti. Ça fait déjà deux ans. On ne sait pas où. On ne sait ni pourquoi, ni avec qui. On ne sait rien. Et de ce rien il faut bien faire quelque chose. Alerter la police ou non. En parler ou se taire. Rendre cette histoire réelle ou pas. Faire avec. Inventer un récit. Convoquer le fantôme. Vivre avec lui. Ou bien le faire sortir par la porte. L’oublier jusqu’à ce qu’il revienne en rêve. Par la fenêtre. Par la forêt. Par ce détail ou cet objet qui rappelle sa mémoire, sans cesse. Et puis un jour, Claire, sa femme, Joan et Hélène, ses amies, sont convoquées au commissariat. C’est qu’il y a quelque chose de louche autour de la disparition de Thomas Cassar. On ne disparaît pas comme ça. Il y a toujours quelque chose. Il y a toujours quelqu’un.

Marie-Ève Lacasse, née en 1982 au Canada, vit en France depuis 2003. Elle a publié, entre autres, Peggy dans les phares (Flam­marion, 2017) et Autobiographie de l’étranger (Flammarion, 2020). Elle est journaliste-reporter à Libération.

Date de parution 03/03/2023 / 19.00 € TTC / 256 pages / EAN 9782021526769

L’évanouissement de Marie, Natacha Sadoun

Un premier roman intimiste et pudique sur le couple et la vie

L’appel est d’une rare violence, pourtant la voix au bout du fil se veut factuelle sans doute, rassurante certainement pas. Paul est dans le coma, à la Pitié Salpêtrière, une hémorragie cérébrale, un pronostic vital en jeu, un état transitoire qui peut s’ éterniser, et la vie de Marie bascule dans un vide abyssal sans fin. Quand, comment, Paul pourra-t-il s’en remettre, personne ne peut le lui dire.

À partir de ce moment-là, plus rien ne peux plus être comme avant. Marie sombre, son quotidien devient aussi vide et silencieux que la vie de Paul.

Après des semaines de solitude et de sidération, Marie réagit enfin. Qui était cet homme avec qui elle vient de passer autant d’années, le connaît-elle vraiment ? Marie cherche, fouille, dans les affaires, dans le passé, et découvre des failles, des secrets, qu’elle n’avait jamais imaginé.

Elle croise par hasard un homme qu’elle avait quitté pour Paul, part enquêter sur le passé de Paul auprès de ceux qui le connaissent, sa famille et ses amis, loin, jusqu’en Italie. Nice, Florence, les Cinque Terre, et la vie, ailleurs, autrement, différente. Et ce voyage pour comprendre devient un voyage initiatique qui lui permet de mieux appréhender ses propres désirs, la réalité de ses sentiments, de se connecter enfin au monde qui l’entoure, même si cela doit être au prix d’une rupture complète avec son passé.

Ce que j’ai aimé ?

Une écriture intimiste, un rythme à la lenteur étudiée qui émeut et bouleverse. Un premier roman pudique et attachant malgré le thème abordé et le froideur parfois difficile à appréhender de Marie. Si j’ai été surprise par la dernière partie du roman, j’ai apprécié le questionnement sur sa vie, ce qu’on en fait, et sa place dans le couple après un aussi grand choc, assez classique je crois mais dont on parle peu.

Catalogue éditeur : Buchet-Chastel

Un accident. L’arrachement à Paul, l’absence et le manque.
Mais dans cette soudaine solitude, Marie commence à poser un regard nouveau sur le monde qui l’entoure et sur sa vie. Et bientôt sur Paul qu’elle découvre sous un autre jour ; il lui faut comprendre, partir sur les traces d’un passé.
Des rues de Paris aux paysages d’Italie.
Un cheminement intérieur qui crée les conditions d’une autre énigme.

Date de parution : 19/08/2021 / 160p. / ISBN : 978-2-283-03522-1 Prix : 15,00 € / Numérique ISBN : 978-2-283-03523-8 Prix : 9,99 €

Avant le jour, Madeline Roth

Quand le voyage amoureux devient voyage intérieur

Elle a bientôt quarante ans, un amant plus jeune qu’elle, un enfant déjà adolescent. Divorcée alors que son fils Lucas n’était encore qu’un bébé de quelques mois, il a aujourd’hui treize ans. Elle a choisi de vivre seule, mais aujourd’hui elle attend Pierre. Pierre l’amant qui part toujours trop vite mais qui lui a promis ce long week-end en Italie. Partir à Turin tous les deux, comme un cadeau, une parenthèse.

Pourtant, il ne viendra pas, il reste auprès de sa femme qui vient de perdre son père. Alors, que faire, rester seule chez elle en sachant qu’il ne viendra pas ou partir sans lui pour rencontrer la ville qui devait abriter leur amour, pour s’y rencontrer elle-même.

Alors elle part, seule dans ce train, seule dans le lobby de l’hôtel, dans la chambre, les églises et les musées qu’ils auraient pu arpenter à deux, seule surtout avec ses interrogations, avec cette introspection utile et bienvenue. Qu’est-ce que l’amour, est-ce raisonnable d’attendre un homme que l’on n’aura jamais à soi, et pourquoi faut-il divorcer, pourquoi partir et se priver de son fils une semaine sur deux, le priver aussi de cet autre parent qui forcément va lui manquer.

Les questions arrivent au rythme de ses pas dans la ville qu’elle découvre, mais aussi au fil des souvenirs qui s’égrainent, quatre ans déjà avec Pierre, cet homme qu’elle aime même s’il ne sera jamais à elle.

Un court roman qui dit l’amour, l’attente, les questions que l’on se pose lorsque l’on voit filer les années et que l’on ne sait pas si l’on a fait les bons choix, les questions que l’on se pose aussi quand on comprend que l’on est exactement à la place où on souhaite être. Raconter et vivre l’amour interdit avec des mots simples et sincères, pour nous le faire comprendre et partager. Un premier roman lucide et vrai tout en finesse.

Lire également l’avis de The Fab’s blog

Un roman de la sélection 2021 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : La fosse aux ours

La narratrice avait prévu un court voyage à Turin avec son jeune amant. Au dernier moment, celui-ci annule sa participation pour raison familiale. Elle se retrouve seule dans la capitale du Piémont. Le voyage amoureux se transforme en un voyage intérieur qui lui permet de faire le point sur sa vie.

Date de parution : 07/01/2021 / EAN : 9782357071643 / pages 64

Après la fête, Lola Nicolle

Reflet criant de vérité sur les attentes et les désillusions de la jeunesse d’aujourd’hui, « Après la fête » de Lola Nicolle, le premier roman d’une jeune autrice au style très prometteur.

Se rencontrer, vivre ensemble, s’aimer, et c’est la fête… Mais quand l’amour s’en va, doucement, lentement, inexorablement, on se demande pourquoi et comment on en est arrivé là, après la fête.

Depuis l’université, Raphaëlle et Antoine sont inséparables. Leurs études, les amitiés en commun, le monde à refaire, les projets et l’insouciance des années étudiantes les ont rapprochés. Vivre ensemble est un bonheur de chaque jour. Pourtant, une fois leurs diplômes en poche, lorsque Raphaëlle trouve un emploi, Antoine peine à trouver sa place. D’échecs et refus, son caractère change. Il devient irritable, perd confiance et cette instabilité vient perturber l’équilibre du couple. Leur relation se délite peu à peu.

Sous la plume de l’auteur qui écrit à la première personne, Raphaëlle évoque sa vie avec Antoine et s’adresse à lui tout au long du roman, en employant alors la deuxième personne. C’est tout d’abord déroutant, puis on entre peu à peu dans cette écriture. J’ai suivi avec bienveillance les aléas de leur  vie, qui nous rappelle insidieusement celle de tous ces jeunes gens qui vivent ou ont vécu ces moments de doute et d’incertitude. Qui a dit que l’entrée dans le monde du travail et la vie adulte était une libération ? La vie étudiante est une période d’insouciance et de liberté unique, c’est aussi le siège de nombreux enjeux dont la réussite ou l’échec vont conditionner votre avenir.

Malgré quelques longueurs ou répétitions, Lola Nicolle a su me faire entrer dans la tête de Raphaëlle, et d’Antoine à ses côtés. Il y a dans son roman une forme de mélancolie et une sincérité dans les personnages qui les rend particulièrement attachants. Leurs émotions, leurs espoirs, leurs échecs et leur désamour, je les ai vécus près d’eux, avec eux, intensément, tristement. J’ai aimé découvrir et tenter de comprendre leurs interrogations sur l’amour, la relation de couple, les projets d’avenirs, les rêves enfuis.

On appréciera également la bande son qui accompagne le roman, comme pour ancrer chaque chapitre dans le quotidien des gens ordinaires que nous sommes aussi.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury du prix littéraire de la Vocation 2019.

Roman lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois

Catalogue éditeur : Les Escales

Dans le Paris d’aujourd’hui, Raphaëlle et Antoine s’aiment, se séparent, se retrouvent… pour mieux se séparer et s’engouffrer dans l’âge adulte. En quête de sens, ils ont du mal à trouver leurs repères.
Un premier roman d’une grâce absolue. Une écriture éblouissante et sensorielle. La force d’un roman générationnel. Arpentant les rues du quartier de Château-Rouge, Lola Nicolle nous plonge dans le Paris d’aujourd’hui.
Après la fête raconte les ruptures qui font basculer dans l’âge adulte. Il y a d’abord celle – universelle – entre deux êtres, quand Raphaëlle et Antoine se séparent. Puis celle qui survient avec l’entrée dans le monde du travail, lorsque la réalité vient peu à peu…

Née en 1992, Lola Nicolle est éditrice. Elle est l’auteure  d’un recueil de poésie Nous oiseaux de passage (Blancs Volants, 2017) et a participé à l’ouvrage collectif Les Passagers du RER (Les Arènes, 2019). Elle vit à Paris et signe avec Après la fête son premier roman.

L’invitation. Elizabeth Day

Deux mondes, deux univers, une amitié indéfectible… Découvrir « L’invitation » d’Elizabeth Day, un roman tout en tension et faux-semblants, où jeux de pouvoir et classes sociales se côtoient et s’affrontent.

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Avec des accents typiquement britanniques de différence de classes sociales et de bienséance, Elisabeth Day nous offre un roman qui nous tient en haleine. Sous couvert de bonne société, elle explore la face cachée des amitiés entre deux hommes que leurs classes devraient justement tenir éloignés, que tout oppose et qui pourtant s’enorgueillissent d’une longue et fidèle amitié.

Martin Gilmour est un critique d’art reconnu, mais un écrivain plutôt raté, un homme fade et sans attrait. Avec son  épouse la douce et très effacée Lucy ils sont invités à l’anniversaire de l’ami de toujours, l’élégant et talentueux Ben Fitzmaurice. Les deux hommes se connaissent depuis l’adolescence, lorsque Martin, ébloui par Ben, avait décidé de conquérir son amour… ou son amitié ?

Dans la somptueuse maison que le couple vient d’acquérir et de rénover à grands frais, Ben les accueille avec sa superbe épouse Serena. Ce soir-là, anniversaire et crémaillère viennent valider la réussite de Ben, mais les deux couples doivent d’abord se parler…

Quand le roman débute, Martin est au commissariat. Peu à peu, le drame qui a conclu cette soirée transparait par le récit de Martin, le narrateur ou dans les écrits de Lucy, dont on nous dévoile quelques pages. Alternant les épisodes qui retracent les liens d’amitié, ceux qui font émerger les tensions, puis les séances de psy de Lucy ou les flash-back vers l’enfance, le lecteur voit se dessiner peu à peu une intrigue pleine de rebondissements et de ressentiment, de faux-semblants et de vaines espérances, de secrets enfouis et inavouables, creusant des tranchées profondes entre rêve et réalité, envies et contraintes, espoirs et déceptions.

L’auteur nous entraine par ses mots, ses descriptions de l’âme humaine, de la société dans laquelle évoluent ses personnages, interrogeant la part de réel ou d’imaginaire qu’il faut décrypter entre les deux hommes, entre ces deux mondes, ces deux classes sociales qui finalement ne se rejoignent peut-être pas aussi sincèrement que ça. C’est finement observé, judicieusement décrit, savoureusement mené, une intrigue qui a tout du roman noir, qui vous embarque avec mordant et lucidité, et parfois un brin d’humour british pour faire passer la tension.

💙💙💙💙


Catalogue éditeur : Belfond
Lutte des classes, ambition politique, désirs refoulés et violence sourde… Une œuvre originale et parfaitement construite qui allie roman noir à la tension implacable et comédie sociale mordante, quelque part entre le Monsieur Ripley de Patricia Highsmith et Le Dîner de Herman Koch, le tout porté par un humour grinçant tout britannique.

Ben Fitzmaurice est devenu le meilleur ami de Martin Gilmour le jour où, dans la cour de leur très chic école, Ben, héritier d’une prestigieuse dynastie, a pris la défense de Martin, petit boursier, fils unique d’une mère célibataire sans le sou. Depuis, Ben s’est fait un nom en politique, Martin est devenu critique d’art ; Ben a épousé la très parfaite Serena, Martin vit avec la très discrète Lucy. Et Ben est toujours le meilleur ami de Martin.
Ce soir, Ben fête ses quarante ans. Tout le gratin est présent. Martin aussi. Naturellement…

Traduction : Maxime Berrée / Date de parution : 03/05/2018 / EAN : 9782714476135 / Nombre de pages : 352 / Format : 140 x 225 / Prix : 21€

Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une. Raphaëlle Giordano

Le premier roman de Raphaëlle Giordano est exactement le genre de livre dont on entend parler et qui donne envie !

DomiCLire_raphaelle_giordanoAvec plus d’un million de lecteurs séduits, le nombre parle de lui même. Car il va certainement vous donner envie, de légèreté, envie de quelques bonnes idées glissées là en passant, et qu’on acceptera avec plaisir car autant l’avouer il y a toujours quelques hauts, mais aussi quelques bas dans nos vies, n’est-ce pas ? Envie de passer un bon moment de lecture, et si en plus ça nous permet de mieux vivre chaque jour, alors c’est tout bénéficie !

Peut-être aussi le genre de livre vers lequel je ne serais pas allée, sans la rencontre si légère, gaie et sympathique avec l’auteur, qui dégage un sourire, une bonne humeur et des convictions telles que vous avez envie de l’écouter et de la suivre. Un vrai plaisir, vous ressortez de là gonflée à bloc et le sourire aux lèvres tant sa positivité est communicative !

C’est une routinologue peut-être ? Quoi ? Routinologue ? Vous ne connaissez pas ? enfin, pas encore, mais ouvrez ce livre et vous saurez. Vous saurez que dans la vie, il y a plein de moyen de passer une mauvaise journée où l’on est grincheux et mal dans sa peau, mais qu’il y a aussi pas mal de façons de changer la donne, de positiver, d’évoluer dans le bon sens sans que ce soit pour autant la révolution culturelle dans son entourage. Alors on a l’impression en fermant la dernière page d’avoir compris quelques astuces, d’avoir envie d’appliquer quelques recettes, et de suivre les personnages dans leur évolution positive.

Le petit bémol à ce livre ? Peut-être justement cette légèreté apparente qui implique un peu trop d’astuces et de « leçons » en à peine 240 pages au risque de la saturation. Comme si le manuel du mieux vivre s’étalait justement sur trop peu de pages. Il aurait peut-être fallu étoffer un peu l’intrigue ? Mais en fait, le lit-on pour ça ? je n’en suis pas sûre. Alors, si vous voulez passer un bon moment, si vous cherchez quelques astuces à glaner, à mettre en pratique, parce que avouons-le, il y a en a plein et on est tous un peu intéressés, alors peut-être en fermant la dernière page serez-vous enfin sur le chemin du reste de votre vie « positive »… qui sait ?


Catalogue éditeur : Pocket et Eyrolles

– « Vous souffrez probablement d’une forme de routinite aiguë.
– Une quoi ? »

Camille, trente-huit ans et quart, a tout, semble-t-il, pour être heureuse. Alors pourquoi a-t-elle l’impression que le bonheur lui a glissé entre les doigts ? Tout ce qu’elle veut, c’est retrouver le chemin de la joie et de l’épanouissement. Quand Claude, routinologue, lui propose un accompagnement original pour l’y aider, elle n’hésite pas longtemps : elle fonce et repart à la conquête de ses rêves…

Date de parution 01 Juin 2017 / 256 pages / 9782266270021

Brillante. Stéphanie Dupays

Stéphanie Dupays parle avec talent du monde du travail, et surtout du rejet et de la souffrance que cela implique quand du jour au lendemain, de « Brillante », vous n’êtes plus rien.

DomiCLire_brillante.jpgClaire, jeune trentenaire brillante, a quitté son limousin natal et la vie de province étriquée pour venir à Paris finir ses études dans une grande école cotée. Là, elle va trouver à la fois l’amour avec Antonin, étudiant comme elle puis cadre dans une grande entreprise, et un emploi à la hauteur de ses ambitions.

Dans un grand groupe numéro un de l’agroalimentaire essentiellement orienté laitages et vie saine, sous la férule de sa supérieure hiérarchique, Claire va en peu de temps démontrer ses capacités, son talent et son ambition. Brillante lors d’une présentation, elle risque de faire de l’ombre à Caroline, qui décide de lui enlever son plus important dossier pour ne lui attribuer que des affaires ou projets perdus d’avance. Ce revers de situation, le « placard », le changement du bureau, l’isolement qui en résultent mettent Claire dans la position de la perdante, elle qui n’ose même pas évoquer sa situation avec ses proches ou même dans son couple, là où tout doit démontrer la réussite et l’avancement de carrière.

Brillante démonstration par Stéphanie Dupays de la descente vertigineuse qui arrive lorsque, une fois entré en disgrâce auprès d’un manager ou d’une direction, plus rien ne fonctionne. Mise au placard, perte de confiance, équipe ou projets bancals qui augmentent le sentiment d’échec, oubli d’invitation au réunions, boite mail désespérément vide, tout s’enchaine vertigineusement sans qu’on puisse l’arrêter. De l’isolement voulu par un petit chef à la mise à l’écart par le reste des collègues, ceux qui craignent pour leur propre carrière, comme si parler à quelqu’un tombé en disgrâce pouvait nuire à leur propre carrière, comme si c’était contagieux ! Tout va tellement vite, la perte de confiance, le sentiment d’être en faute, d’être soi-même le mauvais élément, le seul et unique responsable de son propre échec, la prise de médicaments, la dépression, guettent, il est rapide de sombrer, beaucoup plus difficile de remonter et se reconstruire.

Brillante description du monde cruel de l’entreprise, de la carrière réussie à tout prix et quel qu’en soit le prix.

Et bien sûr, on ne peut s’empêcher de penser au roman de Delphine de Vigan « Les heures souterraines » qui décrit si bien la descente aux enfers et le harcèlement au travail.

les 68 premieres fois DomiClire #RL2016 Rentrée Littéraire janvier 2016


Catalogue éditeur : Mercure de France

Claire est une trentenaire comblée. Diplômée d’une grande école, elle occupe un beau poste dans un groupe agro-alimentaire où elle construit sa carrière avec talent. Avec Antonin, cadre dans la finance, elle forme un couple qui est l’image du bonheur parfait. Trop peut-être.
Soudain, Claire vacille. Au bureau, sa supérieure hiérarchique lui tourne ostensiblement le dos, de nouvelles recrues empiètent sur ses dossiers, elle se sent peu à peu évincée. Après une phase de déni, Claire doit se rendre à l’évidence : c’est la disgrâce.
Elle qui a tout donné à son entreprise s’effondre. Claire va-t-elle réussir à exister sans «briller»?  Que vont devenir ses liens amicaux et amoureux fondés sur un même idéal de réussite?
Satire sociale grinçante, Brillante traite de la place qu’occupe le travail dans nos vies, de la violence au travail – et notamment de celle faite aux femmes, et de ses répercussions intimes.

Stéphanie Dupays est haut fonctionnaire dans les affaires sociales. Brillante est son premier roman.
Roman 14-01-2016 / ISBN : 978-2-7152-4276-0 / 180 pages / 14×20,8 cm / 17 €