L’homme qui aimait trop les livres, Allison Hoover Bartlett

Quand les bibliophiles se transforment en biblio-maniaques l’amour des livres anciens autorise tous les extrêmes

Quand l’amour des livres anciens et rares pousse un homme à remplir sa bibliothèque de la façon la plus illégale qui soit.
Quand l’amour des livres anciens et rares pousse un libraire obstiné à traquer le collectionneur passionné mais néanmoins voleur qui commet ses larcins en toute impunité.

Basé sur un fait divers, voilà un récit tout à fait passionnant et subtil.

Qui n’a pas admiré ces majestueuses bibliothèques que l’on découvre dans les grands classiques du cinéma anglais ou américain, qui posent leurs propriétaires comme appartenant à une certaine élite, celle des intellectuels cultivés, celle des bourgeois amateurs de belles lettres. C’est peut-être ce qui a séduit John Charles Gilkey, né en 1968 aux USA. Ce passionné de livres anciens et de manuscrits  en a dérobé pour environ 200 000 dollars, dans des salons du livre, chez des libraires, ou dans des bibliothèques. Son but ? Posséder les  livres répertoriés par la liste des 100 meilleurs romans de Modern Librairy. Dans son imaginaire, posséder une belle bibliothèque est le signe d’appartenance à une classe sociale supérieure, et certainement à ses yeux de grande respectabilité.

Pendant quelques années, il a utilisé des reçus de cartes bancaires qu’il avait subtilisé lors de ses courts emplois successifs aux rayons du Saks Fith avenue de San Francisco. Très prudent et futé, il prenait son temps pour utiliser les numéros de comptes ainsi volés. Il agissait par téléphone pour demander les livres qu’il avait repéré sur les sites des grandes librairies spécialisées dans le livre rare.

Allison Hoover Bartlett l’a rencontré. Elle le fait parler et agir sous nos yeux sidérés par tant d’audace et tant de manque de respect pour les libraires qu’il a spoliés pendant des années, et ce apparemment sans aucun scrupule. Comme s’il considérait tout simplement que ces livres lui étaient dus ! On remarque d’ailleurs en lisant les entretiens qu’elle a eu avec John Gilkey qu’il ne lui dévoile certains vols que lorsqu’il sait pertinemment qu’il y a prescription ! Il faut dire qu’il ne volait pas pour spéculer ou pour revendre, mais bien pour garder chez lui tous ces livres exceptionnels.

Face à ce voleur passionné mais bien peu scrupuleux, on trouve donc Ken Sanders, un libraire de Salt Lake City aussi passionné que lui, mais qui tient à préserver son travail et celui de ses collègues libraires en livres anciens comme lui ; il va le traquer sans relâche, mettant en place d’abord un fichier répertoriant quels livres volés et à qui, puis une stratégie pour arriver à le confondre.

Alors qui sait, on a peut-être un peu tendance à essayer de le plaindre, de lui chercher des excuses à ce voleur qui aime les belles choses, les beaux livres surtout (nous qui sommes aussi passionnés que lui !) mais c’est totalement immoral, et au final bien peu des livres volés par Gilkey ont été retrouvés pour être rendus à leur propriétaires. John Gilkey reste à ce jour le plus grand voleur de livres anciens et rares de ces dernières années aux États-Unis. Une passionnant enquête qui se lit comme un roman.

Ce que j’ai aimé dans cette passionnante enquête qui se lit comme un roman ?

Comprendre comment travaillent les librairies spécialisées dans ces livres rares et anciens, comment il leur est parfois difficile d’avouer qu’ils ont été spoliés, mais comprendre aussi leur amour des livres qu’ils vendent, la difficulté de leur métier, la mise en danger que représentent ces vols qui peuvent s’avérer catastrophiques pour leur budget et la survie de leur commerce.

En dehors de ce fait divers absolument passionnant, comprendre à travers l’expérience de Allison Hoover Bartlett cet amour des livres, cette passion qui vient de loin, car comme elle nous l’explique, ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on cherche à collectionner les beaux livres. De même que leur destruction par les dictatures ou en temps de guerre nous inquiète, les collectionner, les posséder, est un acte naturel à travers les âges. Ou quand les bibliophiles se transforment en biblio-maniaques éclairés ! Et c’est étonnant de découvrir les profils des collectionneurs, qui sont attirés par la beauté de l’objet, le nom de l’auteur, la rareté de l’ouvrage. Qu’ils soient lecteurs ou pas, les collectionneurs sont avant tout des passionnés qui protègent et sauvegardent ces trésors, et l’on croise fort les doigts pour que les livres rares ne deviennent jamais seulement des objets de spéculation à tout va.

Catalogue éditeur : Pocket, éditions Marchialy

Traducteur : Cyril GAY

Un voleur de livres rares, un libraire obstiné, l’histoire d’une traque haletante entre deux amoureux du livre.
Jusqu’où iriez-vous pour mettre la main sur le livre de vos rêves ? Mieux encore, jusqu’où iriez-vous pour avoir une bibliothèque remplie de vos livres préférés ?
L’Américain John Gilkey a dérobé pour 200 000 dollars de livres anciens. Son but, réunir une collection à son image. C’était compter sans la ténacité de Ken Sanders, libraire irascible, qui s’improvise détective et mène l’enquête.
À travers le récit de cette traque, l’auteur nous plonge dans l’univers fascinant du livre ancien en se posant toujours cette question : de quoi serions-nous capables par amour des livres ?

Allison Hoover Bartlett est une journaliste américaine. Elle découvre le monde secret du livre ancien le jour où un ami lui confie un exemplaire d’un herbier du XVIIème siècle. Intriguée, elle choisit de se frayer un chemin dans ce milieu mystérieux et très masculin. Elle écrit entre autres pour le New York Times, le Washington Post, le San Francisco Chronicle Magazine. L’article à l’origine de ce livre a été repris dans l’anthologie The Best American Crime Reporting 2007.

Pocket : Parution le 02/01/2020 / Prix : 6.95 € / EAN : 9782266298629 / Pages : 264 / Format : 108 x 177 mm

Éditions Marchialy : Paru le 4 octobre 2018 / Prix : 21 euros / ISBN : 9791095582403

3 réflexions sur “L’homme qui aimait trop les livres, Allison Hoover Bartlett

  1. zarline février 20, 2020 / 04:30

    Bon évidemment, on ne peut être qu’attiré par le sujet de ce livre. Mais c’est sous forme de roman ou plutôt d’enquête type non-fiction?

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  2. Domi février 20, 2020 / 08:51

    C’est vraiment une enquête, très bien faite, avec entre autre des interview des deux principaux protagonistes, et qui se lit comme un roman

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