Nos âmes la nuit. Kent Haruf

Avec « Nos âmes la nuit », Kent Haruf nous entraine dans les pas de deux veufs qui rapprochent leurs solitudes le temps que quelques nuits, faisant fi du quand dira-t-on, de l’avis de leurs familles respectives, des voisins, jusqu’au moment où…

couverture

Dans la petite ville de Holt, la solitude est pesante pour Addie Moore qui a perdu son mari depuis longtemps, et dont le fils vit bien loin. Jusqu’au jour où elle décide d’aller voir Louis Waters, son voisin depuis des années, veuf lui aussi, et à qui elle propose, oui, carrément et tout simplement, de venir passer les nuits allongé près d’elle à bavarder, à dormir, pour repartir au petit matin. Un peu surpris, louis va pourtant se faire un plaisir de tenter l‘aventure, et de nuit en nuit, une complicité et une forme d’amour va rapprocher les deux solitaires.
Jusqu’au jour où Gene, le fils d’Addie, va lui confier pour quelques semaines la garde de son fils. Et le petit fils va trouver sa place entre ces deux anciens qui se font grands-parents de substitution. Mais dans une petite ville de province, où qu’elle soit, tout se sait, les bavardages, les commérages, vont bon train, les jalousies ont vite fait de s’exacerber. Louis et Addie n’en ont que faire, eux qui trouvent dans cette présence incongrue au plus noir de la nuit, un réconfort, une écoute, mais aussi un dynamisme et une énergie qu’ils avaient perdus depuis longtemps.

Un joli roman qui se lit comme un conte et qui fait bien évidemment penser au roman Sur la route de Madison, et surtout à Clint Eastwood et Meryl Streep dans le film éponyme, quand la famille, la bienséance prédominent sur l’amour, la tendresse, le bonheur individuels. Egoïsme des familles, manque de courage pour braver les interdits, si on est conquis par ces lignes, par leur tendresse et la joie qui s’en dégage, on reste frustré malgré tout devant le gâchis qu’engendrent les convenances. Où l’on se rend compte que l’âge ne rend pas plus libre pour autant !

💙💙💙💙

Catalogue éditeur : Robert Laffont, Pavillons    

Traduit par Anouk NEUHOFF

Addie, soixante-quinze ans, veuve depuis des décennies, fait une étrange demande à son voisin, Louis : voudrait-il bien passer de temps à autre la nuit avec elle, simplement pour se parler, se tenir compagnie ? La solitude est parfois si dure… Bientôt, bravant les cancans de la petite ville de Holt ou ils vivent depuis toujours, Addie et Louis se retrouvent presque chaque soir.
Ainsi commence une belle histoire d’amour, lente et paisible, faite de confidences chuchotées dans le noir, de mots de réconfort et d’encouragement. Mais très vite, les enfants d’Addie et de Louis s’en mêlent, par égoïsme et, surtout, par peur du qu’en-dira-t-on.
Ce livre-testament, publié quelques mois après la mort de l’auteur, est une célébration de la joie, de la tendresse et de la liberté. De l’âge, aussi, qui devrait permettre de s’affranchir des conventions, pour être heureux, tout simplement.
« Nombre de romans évoquent la quête de l’amour, mais celui-ci est illuminé par sa présence. » The Guardian

Parution : 1 Septembre 2016 / Format : 135 x 215 mm / Nombre de pages : 180 / Prix : 18,00 € / ISBN : 9782221-187845

Dans la chaleur de l’été. Vanessa Lafaye

« Tu es mort maintenant mon frère, mais qui, pendant la saison des ouragans en Floride t’a laissé sur les Keys où un millier d’hommes étaient déjà morts avant … » Ernest Hemingway

https://i0.wp.com/ecx.images-amazon.com/images/I/41Byh3qOK2L._SX210_.jpgAvec « Dans la chaleur de l’été », Vanessa Lafaye nous entraine en Floride pendant les années trente. Elle utilise en trame de son roman deux composantes essentielles de la vie à l’époque, la ségrégation raciale et les lois iniques qui cantonnent les Noirs dans leur condition d’avant la sécession, et les ouragans terribles qui sévissent régulièrement dans cette zone des USA.

Les hommes, célébrés par tous lorsqu’il sont partis en 1917 faire la guerre en France, sont rejetés par les populations et le pouvoir en place, pas de travail, pas d’indemnisation, pas de pension, ils survivent en marge de la société et parcourent le pays à la recherche d’un travail. Mais ce sont les années de la grande dépression, il y a tellement peu  de travail. Les vétérans ont enfin trouvé un emploi sur le chantier d’un pont, sur les Keys, au sud de Miami, en Floride. Un de leurs chefs n’est autre que Henri Roberts, un jeune noir du pays, parti fier et conquérant, la fleur au fusil comme tant d’autres, et qui depuis son retour en ville n’a jamais revu sa famille.

C’est le 4 juillet, et à Heron Key comme partout dans le pays, les habitants vont célébrer la fête nationale lors d’un grand barbecue sur la plage, journée clôturée comme chaque année par un feu d’artifice. Mais chacun restera de son côté, car une barrière invisible sépare les blancs et les noirs. Si tous célèbrent la fête nationale, l’unité raciale est impossible. Les différents protagonistes vont converger sur la plage, les familles de blancs aisés, celles des Noirs pour partie à leur service, et les vétérans, crains et rejetés par tous. Ces derniers sont habituellement cantonnés dans les baraquements du chantier, mais ce soir ils vont se mêler à la population locale. Bières et alcool coulent, chacun pressent le drame, les esprits s’échauffent, les ressentiments, les haines raciales et les tensions exacerbées vont aboutir à une bagarre générale, puis à l’agression d’une femme blanche. Chercher le coupable devrait être facile dans cet univers où les noirs sont lynchés pour moins que ça. Le shérif mène son enquête dans cette ambiance où la tension est palpable, où les esprits échauffés sont prêts à en découdre, et alors que l’un des plus puissants ouragans menace de dévaster l’ile.

On se laisse emporter par l’enquête autour de l’agression, mais aussi par la romance dans les relations entre Henry et Missy, par la force des sentiments, les douleurs et les luttes, et par les difficultés qu’ont blancs et noirs à vivre ensemble. On est submergé par la force des éléments, par cet ouragan qui détruit tout sur son passage et ne laisse qu’un spectacle de mort et de désolation. On découvre le retour difficile des vétérans, rejetés dans tout le pays, spoliés de leurs droits, ils ont vécu le pire et ont toutes les difficultés à se réadapter à une vie « normale ». On est affligés par l’indigence, l’incompétence et la nonchalance des autorités. Voilà un premier roman très prometteur. Étayé par des éléments historiques qui permettent de mieux appréhender, en même temps qu’une période de l’Histoire méconnue, quelle pouvait être la difficulté de vivre ensemble à une époque où les lois raciales iniques étaient encore approuvées par tous.


Catalogue éditeur : Belfond

Inspiré de faits réels, et notamment de l’histoire de l’ouragan le plus puissant jamais recensé en Floride, un premier roman impressionnant. Portée par une tension permanente, une histoire de passion et de survie, dans un Sud rongé par le racisme.
Depuis le départ de Henry en 1917 pour les tranchées françaises, Missy Douglas n’a jamais cessé de penser à lui. Dix-huit ans plus tard, après avoir survécu à l’enfer et erré en Europe, Henry est de retour à Heron Key. Mais si l’homme n’a plus rien du garçon désinvolte de l’époque, la ville, elle, n’a pas changé : les Noirs subissent une ségrégation d’une violence inouïe. Parqués dans un camp insalubre, Henry et ses camarades vétérans cristallisent les plus grandes craintes et les plus folles rumeurs. Lire la suite

Traduit par Laurence VIDELOUP / Parution le 19 mai 2016 / 320 pages / 21.50 €

Ils savent tout de nous. Iain Levison

J’ai beaucoup aimé  « un petit boulot » et « arrêtez moi-là » de Iain Levison, aussi j’avais hâte de lire « Ils savent tout de nous », son dernier roman. Voilà qui est fait, et je vous le conseille vivement.

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 Snowe est flic dans le Michigan. Lors d‘une arrestation musclée, il se rend compte qu’il est capable d’ « entendre » les pensées des petits malfrats qu’il arrête, et de ses collègues aussi d’ailleurs, ce qui n’est pas toujours facile car ces pensées-là ne sont pas toujours très honnêtes avouons-le… Ses nouveaux talents cachés lui permettent d’être au top, de devenir le flic à qui tout réussi. Pourtant, lui qui n’a pas une vie amoureuse au beau fixe ne va même pas pouvoir en profiter, car qui a vraiment envie de savoir ce que pense l’autre, surtout à certains moments. Enfin, il se pose des questions, est-il le seul dans ce cas ? pourquoi cela lui arrive-t-il maintenant ?

Au même moment, dans le couloir de la mort de la prison d’état dans l’Oklahoma où il attend son heure, Brooks Denny est contacté par Terry, une femme appartenant à l’agence (quelle agence ? eh bien, une Agence ! tout est suggéré et imaginable) pour qu’il l’aide lors d’un échange de haut niveau aux siège des Nations Unies à New York. Car lui aussi à ce pouvoir de télépathie et Terry le sait. Si Denny accepte de sortir de prison quelques heures pour aider, tout ne va pas se passer exactement comme prévu, et il va s’évader. Vont s’ensuivre quelques péripéties pour le retrouver, ou plutôt de le faire retrouver par Snowe, car quoi de mieux qu’un télépathe pour retrouver un télépathe.

Sur fond de course au méchant évadé de prison, Iain Levison dépeint avec justesse, et une certaine dose d’humour un peu noir, un monde de manipulation et de surveillance à grande échelle. Un monde où les hommes servent de cobaye à des scientifiques peu scrupuleux, où les opérations n’ont pas toujours les succès escomptés, où il est facile de se débarrasser des encombrants (les hommes, pas les objets !), où les toutes puissantes Agences américaines mènent le bal des dupes et des faibles, où le citoyen a bien peu d’importance. C’est un roman caustique, humoristique, bien écrit comme toujours. Sous ses airs légers et parfois excessifs, il pose également de nombreuses questions. Mais ce roman se lit presque trop vite en fait ! En deux mots : j’aime  « Ils savent tout de nous » et je vous le conseille.

Catalogue éditeur : Liana Levi

Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens? Savoir ce que se dit la serveuse en vous apportant votre café du matin. Ce que vos amis pensent vraiment de vous. Ou même ce que votre chat a dans la tête? Eh bien, c’est exactement ce qui arrive un jour à Snowe, un flic du Michigan. Au début, il se croit fou. Puis ça l’aide à arrêter pas mal de faux innocents… À des kilomètres de là, un autre homme est victime du même syndrome. Mais lui est en prison, et ce don de télépathie semble fortement intéresser le FBI…
Iain Levison nous entraîne dans un suspense d’une brûlante actualité, où la surveillance des citoyens prend des allures de chasse à l’homme. Mais sait-on vraiment tout de nous ?

Date de parution : 01-10-2015 / 14 x 21 cm /240 pages / 18 € / ISBN : 9782867467929