La porte du vent, Jean-Marc Souvira

Quand le vent de l’Histoire souffle sur le présent, un polar humain et intelligent

Dans ce nouveau roman tant attendu, Jean-Marc Souvira nous entraîne auprès de clans mafieux qui réalisent ensemble des opérations financières frauduleuses à grande échelle, alors que tout devrait les séparer, culture, origine, religion.

D’un côté le clan Nathan, ce sont des juifs qui habitent du côté de Saint Mandé et aiment faire démonstration de leur force et de leur richesse.
De l’autre côté l’empire du chinois Shen Li. Le patriarche prend soin de gérer son empire sans jamais montrer son immense fortune. Une vieille voiture, des gardes du corps habillés comme de simple travailleurs, une société du côté d’Aubervilliers, il habite avec sa famille en Seine et Marne. Il ne se mêle jamais de trafic de drogue, c’est trop risqué à tout point de vue pour toute sa famille, c’est même absolument interdit.
Pourtant, à la suite de l’exécution en pleine rue de Richard Nathan, de son chauffeur et du garde du corps, que les bruits imputent à Shen Li, puis en représailles celle de son ami Sun Hao exécuté devant chez lui, il semble évident que quelqu’un parmi les siens a franchi la limite. Les morts violentes ne s’arrêtent pas là et bientôt les mafieux et les flics sont confrontés à une véritable hécatombe.

L’enquêteur en charge de ces affaires est Paul Dalmate, il doit tout mettre en œuvre pour élucider ces meurtres. Ancien séminariste, ce flic solitaire aime la musique, surtout depuis que Mistral (ceux qui ont lu les précédents roman de l’auteur apprécieront) lui a fait découvrir autre chose que les musiques sacrées. Dalmate traîne aussi quelques traumatismes venus d’une enfance difficile et qui vont se dévoiler peu à peu.

Tout le 36 est sur le pont, il ne faudrait pas que tout Paris s’embrase. Mais le mystère s’épaissit lorsque Avi Richter et Guo Tran, deux puissants responsables d’organisations criminelles débarquent à Paris. Ces vieillards sont des chefs incontestés qui ne se déplacent jamais. L’un arrive d’Israël l’autre de Chine. Ils partent se recueillir devant une tombe chinoise du plus grand cimetière de guerre du Commonwealth en France, et emmènent avec eux un fils Nathan et un fils Shen.

La suite du roman bascule alors dans le passé et nous propulse en automne 1916, en France, au plus près des combats. On y rencontre de nouveaux personnages, d’abord en Chine dans le village de Kaifeng, puis à Boulogne-sur-mer et à l’arrière de la ligne de front. Un retour en arrière qui éclaire d’un jour nouveau les liens entre les différents protagonistes.

Dans ces années 1916/1917, on compte déjà des milliers de pertes humaines. Les femmes ont remplacé les hommes dans les usines, mais on manque encore de bras. Les gouvernements de la France et de l’Angleterre, deux pays présents en Chine, ont l’idée d’enrôler des paysans chinois pour aller faire les manutentionnaires à l’arrière du front, ou dans le port de Boulogne-sur-mer. Il est indispensable de pallier à la logistique défaillante pour apporter le soutien nécessaire aux soldats qui se battent sans relâche dans les tranchées. Payés une misère, ces quelques 140 000 chinois ont signé un contrat de plusieurs années, ils reçoivent un salaire de misère, mais peuvent ainsi envoyer de l’argent au pays.

C’est dans ce passé et sur ces zones de guerre que se trouvent les racines de la fraternité aujourd’hui en miette entre les deux clans, celui des Nathan et celui des chinois de Shen Li. Là aussi que l’on comprend le pourquoi de la venue des deux chefs de guerre Avi Richter et Guo Tran.

Un thriller qui m’a entraînée bien au-delà de ce que j’imaginais. Merci Jean-Marc Souvira d’être allé chercher ces histoires oubliées, pour les mêler à celles des violence d’aujourd’hui, et surtout d’en faire un polar aussi intelligent, instructif, que passionnant, mêlant habilement une intrigue policière actuelle à un véritable roman historique. J’ai aimé découvrir la vie de ces chinois sur le front, dans les tranchées de la première guerre mondiale. Mais aussi retrouver les coins que Paris que je connais et les voir ainsi d’une tout autre façon. Tout au long du roman, on sent la maîtrise à la fois des métiers de la police et de ceux qu’elle doit combattre. Jean-Marc Souvira est un commissaire divisionnaire qui a exercé pendant trente ans dans la police judiciaire. Ce grand flic possède une excellente connaissance de l’institution mais aussi de ceux contre lesquels elle doit lutter.

Merci d’avoir réveillé pour nous cet épisode méconnu de l’Histoire, d’avoir donné une âme et une profonde humanité à ces personnages capables aussi de bienveillance et de solidarité.

Catalogue éditeur : Fleuve éditions

Pourquoi ces deux vieillards, venus l’un de Chine et l’autre d’Israël, ont-ils décidé de se recueillir ensemble sur cette mystérieuse tombe chinoise d’un cimetière militaire picard de la Première Guerre mondiale ? Pour le commandant Dalmate, la présence de ces personnages sur le territoire national n’augure rien de bon. En effet, ils sont, chacun dans leur pays, à la tête d’organisations criminelles dont les ramifications s’étendent jusqu’en France.
Or, depuis peu, les règlements de comptes entre ces communautés s’intensifient ; une escalade de violence qui semble échapper au contrôle des forces de l’ordre. Mais le monde ne date pas d’aujourd’hui, et c’est peut-être dans le passé que se trouvent les réponses capables d’apaiser les esprits. Dans des amitiés nées il y a bien longtemps, au cœur des tranchées…

Date de parution : 05/01/2023 / EAN : 9782265156623 / Nombre de pages : 592 / 22.90 €

Moon River, Fabcaro

Découvrir enfin l’univers singulier et décalé de Fabcaro

Dans les années 50 à Hollywood, sur le tournage d’un western, l’inspecteur doit mener l’enquête. Betty Mennuway, l’actrice qui tient le rôle phare a été agressée chez elle pendant la nuit, c’est très grave.

Le voilà arrivé sur place pour découvrir l’horreur absolue, ce dessin au feutre noir qu’un inconnu lui a fait sur la joue gauche. Enfin, pas n’importe quel dessin !
Et en plus, l’agresseur a oublié son cheval sur la scène du crime.
Commence alors une enquête minutieuse pour démasquer le coupable. D’autant que l’affaire fait la une de tous les journaux.

Totalement déjanté, en particulier avec les jeux des acteurs et les dialogues couchés sur le papier, des situations plus comiques que catastrophiques, des personnages plus farfelus que réalistes. Et en alternance quelques scènes de la vie d’un personnage qui pourrait bien être l’auteur lui-même.

Se lit vite, en prenant malgré tout le temps d’apprécier les jeux de mots et les situations décalées et suggérées. Une parodie singulière du Hollywood de l’époque des grands western parfois très caricaturaux.
C’est ma première lecture de Fabcaro, il semble que ce ne soit pas la meilleure alors il me faudra tenter les autres pour apprécier pleinement toutes les facettes de cet auteur.

Catalogue éditeur : 6 pieds sous terre

Hollywood, années 50. Au cœur de l’usine à rêves du cinéma, l’immense actrice Betty Pennyway est victime d’un crime sans précédent et particulièrement abominable. L’affaire fait la une de toute la presse et l’Amérique entière est en émoi.

La police de l’État fait appel au peu orthodoxe inspecteur Hernie Baxter pour mener cette délicate enquête qui secoue tout le petit monde du 7ème Art.

C’est une investigation sombre et mystérieuse fouillant dans les recoins les plus obscurs de la ville de Los Angeles qui s’engage, un périple aux confins de la folie qui risque bien de le mener jusqu’aux portes de l’enfer…

Date de parution16 sept. 2021 / 18 €

Les orangers de Versailles, Annie Pietri

Intrigue à la cour du Roi-Soleil

Marion est la fille d’un des jardiniers du château de Versailles. Élevée par son père depuis le décès de sa mère, elle connaît tous les secrets des plantes que se trouvent dans le parc. Dans la France de Louis XIV, nombreux sont les courtisans qui vivent à Versailles. La favorite du Roi-soleil est alors Athénaïs de Montespan. Une marquise adulée par son époux qui refuse que sa femme soit favorite du roi à la cour, mais a-t-on son mot à dire face aux désirs d’un monarque.

Le Roi fait tout pour satisfaire sa dulcinée, rien n’est trop beau pour elle. Exigeante, arriviste, jalouse de la Reine, elle choisit Marion comme demoiselle de compagnie. Et découvre rapidement que cette jeune fille n’est absolument pas quelqu’un d’ordinaire. Elle sait lire et écrire, ce qui est fort rare chez les jeunes femmes de sa condition, et elle connaît parfaitement les parfums. Elle est même capable d’en composer à la demande.

La vie n’est pas toujours facile pour les servantes de la cour du Roi, mais fort heureusement, l’amitié existe même entre demoiselles de compagnie. Il est bien doux alors d’avoir une oreille attentive à qui confier secrets et doutes. Le jour où la Montespan est malade, troublée par le diagnostic du médecin, Marion comprend vite qu’il faut ruser lorsque l’on s’adresse aux puissants. Toute vérité n’est pas toujours bonne à dire et il est parfois plus sage de s’abstenir.

Fine psychologue, perspicace et douée d’un sens aigu de l’observation, Marion comprend rapidement que la Montespan se joue d’elle et complote contre la Reine. Elle trouve vite un allier en la personne du médecin. Ensemble ils vont devoir jouer très finement pour déjouer tous les pièges qui se dressent devant eux.

Un roman très agréable et une lecture parfaite, la voix de Emmylou Homs est posée, douce, rythmée, et nous fait aimer d’emblée cette jeune fille bien courageuse et si singulière.

Si l’épisode qui est évoqué ici et les personnages sont adaptés pour une lecture par des enfants à partir de 11 ans, l’intrigue est pourtant bien basée sur des faits historiques. Une bien jolie façon d’apprendre un pan de notre histoire avec l’affaire des poisons à la cours du Roi Louis XIV. Et n’allez pas croire que ce roman est pour les filles, les garçons qui l’ont écouté avec moi étaient également très intéressés. L’enquête menée par Marion et le médecin, les tentatives de la Montespan, le coté historique et la visite du Versailles de cette époque doivent y être pour beaucoup !

Catalogue éditeur : Audiolib

Marion, la fille d’un jardinier du château de Versailles, a été choisie pour servir la favorite du Roi-Soleil, madame de Montespan. La marquise est exigeante et capricieuse ; il est bien difficile de la satisfaire. Heureusement, Marion possède un don rare : elle sait créer des parfums extraordinaires qui plaisent à sa maîtresse. Mais la Montespan a plus d’un vilain tour dans son sac. Bientôt, Marion découvre qu’un terrible complot se trame contre la reine…

Lu par Emmylou Homs

Dès 11 ans / Éditeur d’origine Bayard Jeunesse / Durée 2h37 / EAN 9782367627649 Prix du format cd 13,90 € / EAN numérique 9782367627298 Prix du format numérique 12,45 € / Date de parution 12/09/2018

La souricière, Danielle Thiéry

Retour dans les sous-sols du 36 quai des orfèvres

Si vous avez déjà suivi la commissaire Edwige Marion dans ses enquêtes, vous connaissez une partie de son équipe, en particulier la capitaine Valentine Cara, qui vient d’épouser la médecin légiste Rose. Mais aussi le commandant Luc Abadie. Son collègue et amoureux le lieutenant Jean-Charles Annoux l’a quitté quelques mois plus tôt. Il se remet à peine de cette rupture.

Ce nouvel opus commence fort avec le suicide en prison de Vador, un violeur en série, et par la disparition inexpliqué d’un homme politique. Alors que Valentine devrait filer le parfait amour avec Rose, l’apparition soudaine de sa mère sur les bancs de la mairie lors de son mariage sonne la confrontation avec un pan de sa vie qu’elle ignorait jusque là.

Un décès dans une clinique inconnue, une famille plus dense que prévu ou même supputé, une enquête qui entraîne Valentine à la prison de Caen sur les traces de Vador et d’un mystérieux confesseur, un justicier cagoulé qui hante les couloirs sombres des sous sols du 36 quai des orfèvres, rien ne manque pour tenir le lecteur en haleine.

Les couloirs du 36 ont connus de nombreuses intrigues et de multiples passages, et apparemment le 36 Bastion a beaucoup de mal à rivaliser. En particulier dans l’esprit de ceux qui ont vécu la plus grande partie de leur carrière sur l’île de la cité. Pourtant, les sous-sols recèlent des secrets qu’il faut laisser tranquilles, et la souricière semble être un endroit dans lequel il vaut mieux ne pas trop s’attarder, tant l’esprit sordide des lieux paraît intact.

Danielle Thiéry a l’art et la manière pour faire avancer son intrigue tout en nous faisant vivre aux cotés de ses protagonistes. Ici, Marion n’est pas le personnage principal mis en avant, et c’est la vie et le passé de Valentine qui se dévoilent peu à peu. Un fois de plus, je me suis laissée embarquer par les protagonistes, par leur enquête qui aborde de multiple sujets, viol, violence sur les enfants, pédocriminalité, darknet, prostitution, justice et croyances, et les sentiments les plus divers, amour, haine, résilience, pardon, oubli, jalousie, vengeance, pour ne citer que ceux-là. Si vous n’aviez pas encore découvert les thrillers de Danielle Thiéry, il vous faudra peut-être être un peu plus attentifs pour intégrer la vie de ses personnages, mais cela ne devrait absolument pas gâcher votre plaisir.

Catalogue éditeur : Flammarion / Versilio

Vador, violeur en série, se suicide en prison après la visite d’un mystérieux prêtre. Cette mort bouleverse d’étrange façon la vie de la capitaine Valentine Cara, qui se retrouve au cœur d’un drame familial. Alors que toute la police parisienne se mobilise pour retrouver un homme politique subitement disparu, les entrailles de l’ancien Palais de justice et les cellules désaffectées de la bien nommée Souricière sont le théâtre de scènes terrifiantes. Un homme qui se fait appeler Hadès condamne et, en véritable dieu des Enfers, juge ceux qu’il estime nuisibles à la société. Jusqu’au jour où le fantôme d’une femme de son passé revient le tourmenter.
Scénarios criminels et darknet, hallucinations et crimes sectaires… La commissaire Edwige Marion voit se refermer sur elle et son équipe un piège qu’il semble impossible de déjouer.

Paru le 01/06/2022 /416 pages / ISBN : 9782080263940 / 21,00

Sel, Jussi Adler Olsen

Quand le présent et le passé se rejoignent au sein du département V

Comme à leur habitude, les équipiers du département V tentent d’élucider une affaire non résolue. Mais la police est sous l’eau, ils doivent aider leurs collègues sur une enquête actuelle.
Comment et pourquoi dans les années 80 tous les employés d’un garage ont disparu dans une dramatique explosion ?
Qui en veut aujourd’hui à cette jeune femme décédée dans la rue, et pourquoi ?

Ils sont loin d’imaginer alors que ces deux enquêtes ont un point commun, un insignifiant petit tas de sel que l’on retrouve près des victimes. En remontant loin dans le temps et en ratissant large dans le pays, ils finissent par découvrir que ce petit tas de sel se retrouve dans un certain nombre d’affaires pourtant éloignées, suicides, accidents, meurtres.

Commence alors une enquête minutieuse largement perturbée par la situation sanitaire du pays, et du monde d’ailleurs puisque nous sommes en pleine crise du covid. Aller enquêter tout en étant confiné n’est pas du tout évident on s’en doute. Chercher un dangereux criminel capable de maquiller ses meurtres en suicide ou accident, et assez intelligent pour les espacer de plusieurs années n’est pas non plus de tout repos. Surtout lorsqu’une enquête parallèle vient mettre à mal Carl Mørck qui se retrouve pointé du doigt dans une sombre affaire de trafic.

J’ai trouvé que cette dernière enquête était parfois tirée par les cheveux, mais elle apporte une réelle interrogation sur les notions de bien et de mal, de justice, de vengeance au nom d’un Dieu tout puissant et rédempteur. À quel moment un meurtre est « acceptable » s’il est perpétré sur celui ou celle qui répand le mal ? Qui va-t-on plaindre, le bourreau ou la victime ?

La période du covid et ses aléas, le confinement en particulier, est tellement omniprésente que la vie en dehors de l’enquête des différents protagonistes est légèrement moins prégnante que dans les autres opus que j’avais pu lire, et c’est parfois dommage. Même si Assad a toujours l’art de lancer quelques expressions arrangées à sa propose sauce, à moins que ce ne soit un parti pris, en faire des jeux de mots à sa façon.

J’ai aimé écouter ce roman dans cette version proposée par Audiolib. Le rythme, les voix, les expressions sont rendus vivants par Julien Chatelet. Et une fois de plus, ce qui n’est pas anodin, je n’ai pas eu à me poser de question sur la façon de prononcer certains noms.

Catalogue éditeur : Audiolib, Albin-Michel

En replongeant dans une affaire non résolue datant des années 1980, Carl Mørk et l’équipe du Département V découvrent avec stupeur que depuis trente ans, un tueur particulièrement rusé choisit avec une régularité effrayante une victime et l’élimine en déguisant ce meurtre en accident ou en suicide.
À chaque fois, sur le lieu du crime, un petit tas de sel.
Sur fond de restrictions sanitaires dues au Covid-19, Mørk et ses acolytes se lancent dans une enquête dont ils n’imaginent pas l’ampleur.

Lu par Julien Chatelet
Traduit par Caroline Berg
Durée 14h09 / EAN 9791035409524 Prix du format cd 25,90 € / EAN numérique 9791035408893 Prix du format numérique 23,45 € / Date de parution 06/07/2022

Le Loup des Cordeliers, Henri Loevenbruck

Une incursion réussie au temps de la Révolution française

Paris, 1789. le souffle de la révolte gronde. Les parisiens et les français ont faim, le pain coûte de plus en plus cher, et le peuple a de plus en plus de mal à seulement survire. La révolte est aux portes de Versailles, les États Généraux sont convoqués, l’Assemblée nationale est crée contre la volonté du Roi Louis XVI, et la Bastille sera bientôt conquise par les révolutionnaires.

Le soir venu, un individu prend la défense des femmes agressées et détroussées dans les rues de Paris. Accompagné d’un Loup féroce tenu en laisse et formé au combat, ce mystérieux justicier masqué et vêtu de noir est insaisissable. Il signe ses actes d’un bien étrange signe au front des cadavres qu’il sème sur sa route.

C’est dans ce contexte que Gabriel Joly arrive à la capitale. Le jeune homme a déjà roulé sa bosse et rêve aujourd’hui de devenir journaliste. Pourtant seule la rédaction de la page des spectacles lui est proposée lorsqu’il commence à travailler dans le journal de son oncle. Mais Gabriel rêve d’enquête policière et avec l’aide du commissaire Guyot il décide de se pencher sur le mystère du Loup des Cordeliers, ce quartier et ce couvent dont il fréquente assidûment la bibliothèque, attiré par la charmante bibliothécaire muette mais si jolie.

A ses côtés, le lecteur part à la rencontre de Danton, de Desmoulins, Mirabeau ou encore Robespierre, mais aussi des femmes comme Olympe de Gouges ou encore Anne-Josèphe Terwagne qui tient ici un rôle déterminant de féministe engagée. L’importance et le rôle parfois ambigu des loges maçonniques est également fort bien décrit et documenté. Enfin, la manque de liberté et la main mise du pouvoir sur les médias est bien explicitée, ainsi que leur désir d’émancipation.

Henri Loevenbruck réussi le pari de nous faire aimer l’Histoire en posant un regard neuf sur la période complexe des prémices puis de la Révolution française. La narration n’est jamais fastidieuse, l’auteur nous fait participer au quotidien et aux interrogation de ces personnages historiques en nous les rendant plus accessibles.

Sachant que Le Loup des Cordeliers est un premier tome, j’ai attendu de pouvoir lire les suivants pour le commencer et j’en suis ravie, car le final donne terriblement envie d’ouvrir vite la première page du deuxième opus, Le Mystère de la Main Rouge.

Catalogue éditeur : Pocket, XO éditions

Mai 1789, un vent de révolte souffle sur Paris.

Gabriel Joly, jeune provincial ambitieux, monte à la capitale où il rêve de devenir le plus grand journaliste de son temps. un enquêteur déterminé à faire la lumière sur les mystères de cette période tourmentée.
Son premier défi : démasquer le Loup des Cordeliers, cet étrange justicier qui tient un loup en laisse et, la nuit, commet de sanglants assassinats pour protéger des femmes dans les rues de Paris…
Les investigations de Gabriel Joly le conduisent alors sur la route des grands acteurs de la Révolution qui commence : Danton, Desmoulins, Mirabeau, Robespierre, personnages dont on découvre l’ambition, le caractère, les plans secrets.
Alors que, le 14 juillet, un homme s’échappe discrètement de la Bastille, Gabriel Joly va-t-il découvrir l’identité véritable du Loup des Cordeliers, et mettre au jour l’un des plus grands complots de la Révolution française ?

XO éditions Parution : 24 octobre 2019 / 560 pages / Format : 241 x 155 mm / Prix : 21.90 euros
ISBN : 9782845638754
Pocket Parution : 08/10/2020 / EAN : 9782266313575 / pages : 640 / 8.75 €

Les sœurs de Montmorts, Jérôme Loubry

Dans le village de Montmorts, des événements étranges réveillent les terreurs du passé

Journaliste débutante, Camille est emmenée par Élise au village de Montmorts pour y percer le mystère qui entoure cette petite communauté hors du monde. Il faut dire que la promesse d’un scoop, ça ne se refuse pas. Pendant le trajet en voiture, elle doit lire un manuscrit qui va lui raconter par le détail la chronologie et l’ensemble des faits qui se sont déroulés.

Le récit commence avec l’arrivée de Julien, le nouveau chef de la police locale, et sa découverte de ce village déconcertant dans lequel les dernières technologies sont présentes, vidéoprotection, informatique, etc. Le tout financé par le riche propriétaire de Montmorts. Ce dernier est aussi le maire du village et il souhaite faire toute la lumière sur les circonstances du décès de sa fille, précipitée du haut d’une falaise à l’endroit même où des siècles auparavant on exécutait les sorcières. Mais dans cet étrange village, truffé de caméras et de technologies les habitants sont persécutés et entendent des voix qui leur imposent des actes qu’ils n’ont aucune envie de perpétrer.

Dans ce contexte aussi sanglant que mystérieux, l’ambiance est à la sidération, et ce pauvre policier a bien du mal à comprendre le déroulé des événements et les attitudes de ses collègues et des différents administrés. Et le lecteur d’oublier à son tour le livre dans le livre, et de se laisser embarquer par ce récit pour le moins tragique et noir.

Comme j’avais déjà pu le constater et l’apprécier dans Les refuges, Jérôme Loubry sait nous mener où il veut sans même que l’on s’en rende compte. En mêlant le fantastique à une intrigue machiavélique, il happe littéralement ses lecteurs. Même si des informations sont habilement posées de ci de là pour aiguiller le lecteur et lui donner quelques pistes, c’est une fois de plus une énorme surprise qui vient conclure ce roman.

Surtout, ne commencez pas par la fin, et allez au bout de l’intrigue. Peut-être que, comme ça a été le cas pour moi, vous trouvez cette théorie aussi terrifiante que dérangeante. Enfin, le twist de fin est totalement savoureux et dérangeant. De quoi se poser longtemps quelques questions.

J’ai apprécié cette lecture audio et la voix à la fois posée et assez sombre de Slimane Yefsah. Il m’a donné envie d’écouter sans m’arrêter, ce qui était tout à fait impossible, mais avec une terrible impatience à vite y revenir. J’avais l’impression d’être dans la tête de Camille, de voir par ses yeux et de découvrir ce texte aussi sombre que fantastique, une réussite.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2022

Catalogue éditeur : Audiolib Calmann-Lévy

Novembre 2021. Julien Perrault vient d’être nommé chef de la police de Montmorts, village isolé desservi par une unique route. Alors qu’il s’imaginait atterrir au bout du monde, il découvre un endroit cossu, aux rues d’une propreté immaculée, et équipé d’un système de surveillance dernier cri.
Mais quelque chose détonne dans cette atmosphère trop calme. Est-ce la silhouette menaçante de la montagne des Morts qui surplombe le village ? Les voix et les superstitions qui hantent les habitants ? Les décès violents qui jalonnent l’histoire des lieux ?

Lu par Slimane Yefsah

Durée 9h43 / EAN 9791035408237 Prix du format cd 23,90 € / EAN numérique 9791035408596 Prix du format numérique 21,45 € / Date de parution 16/03/2022

Ainsi sera-t-il, Sandrine Destombes

Quand la commissaire mène l’enquête à un rythme d’enfer

La commissaire Max Letellier est sonnée depuis que son collègue et amoureux Fabio est dans le coma. Tous ses collègues et son supérieur sont attentifs à son bien-être et souhaitent qu’elle puisse retrouver une forme de sérénité avant de revenir au bureau.

Après quelques jours au vert pour récupérer elle décide pourtant de reprendre du service. C’est la seule solution pour ne pas devenir folle, se lancer à corps perdu dans le travail. Elle veut d’abord trouver qui a tiré sur Fabio, le laissant entre la vie et la mort avec une balle dans la tête, puis consciencieusement mener l’enquête qu’on lui a confiée pour comprendre d’où vient et ce qu’il est arrivé à ce jogger qui a eu une crise cardiaque pendant son exercice du mardi.

Les deux enquêtes menées en parallèle avec ses équipes nous entraînent à un rythme fou dans les bas fonds des mafias russes, mais aussi dans le milieu très fermé des traditionalistes catholiques à travers la vie d’une prêtre qui semble-t-il a oublié depuis longtemps ses vœux de chasteté.

C’est rythmé, ça pulse et c’est aussi assez réaliste pour embarquer le lecteur à toute allure sans lui laisser le temps ni de souffler ni de poser son bouquin ! Première lecture de cette autrice que j’ai bien envie de retrouver très vite. 

Catalogue éditeur : Hugo Publishing

Alors que le commandant Fabio Cavalli se trouve entre la vie et la mort, Maxime Tellier et son équipe sont bien décidés à mettre la main sur celui qui a tiré sur leur ami et confrère.
En parallèle, malgré les pressions du diocèse, ils tentent de mener à bien une enquête sur le meurtre d’un prêtre qui avait plus d’une pratique à cacher.
Maxime Tellier trouvera tout de même le temps de répondre à l’appel de détresse de ses amis, les Gouvier, installés en Normandie. Le temps d’un week-end, elle cherchera à résoudre une affaire non classée, vieille de quinze ans.
Plongée au cœur de ces trois enquêtes, Maxime Tellier n’aura qu’un seul et même but : découvrir la vérité.

Parution 07/10/2021/ ISBN papier : 9782755691818 / prix : 7,50€

Opération Napoléon, Arnaldur Indridason

Embarquer pour le plus grand glacier d’Europe à la recherche d’un bombardier de la seconde guerre mondiale

Voilà un polar Islandais qui hésite entre roman noir, roman contemporain ou historique. Et surtout, une fois n’est pas coutume, Arnaldur Indridason ne nous fait pas vivre les états d’âme de son flic fétiche. En effet, ici point d’Erlendur mais au contraire de nouveaux personnages dont on sent qu’ils ne seront là que le temps de cette intrigue.

L’action se concentre sur cette petite île du nord de l’Europe dans laquelle l’auteur n’a pas hésité à imaginer une histoire retentissante capable de secouer le monde. Ce n’est pas l’Islande de glace et de feux qui attire les touristes en été qui nous est décrite mais ce pays plongé dans le froid et la nuit polaire dans lequel les habitants sont capables d’affronter les pires situations.

En 1945, alors qu’un avion allemand survole l’Islande, il est pris dans une tempête et s’écrase sur le Vatnajökull, le plus grand glacier d’Europe. Il y a des survivants, des officiers allemands et américains. L’un d’eux décide de chercher de l’aide et disparaît dans l’immensité glacée. Deux frères sont témoins du crash. Pendant les dizaines d’années qui suivent, les Américains vont lancer des expéditions pour tenter de retrouver la carcasse de l’avion et guetter sans relâche les photos satellites de la zone. En 1999, alors que le glacier fond, ils repèrent une carcasse et envoient les forces spéciales américaines sur place, tout en souhaitant garder le plus grand secret sur leurs manœuvres. Il faut dire que pendant de longues années, les américains possédaient une base militaire en Islande, point stratégique du nord de l’Europe, et que leur présence ne semble pas toujours bien acceptée.

Vouloir agir dans la discrétion, c’est sans compter sur l’apparition de deux jeunes hommes, Elias et un de ses amis, qui font partie d’une équipe de sauveteurs qui s’entrainent sur le glacier... mais leur curiosité déplaît aux militaires qui vont tout faire pour ne pas ébruiter l’objet de leur soit-disant exercice. Elias a cependant eu le temps de prévenir sa sœur Kristin de ce qui se trame.

À partir de là, les actions plus ou moins violentes et les mauvaises rencontres vont s’enchaîner sur fond d’hiver islandais, de glace et de tempête, mais aussi de mort et de violence.

L’intrigue est bien ficelée, le style incisif évite de s’ennuyer. Les personnages ne font pas dans la dentelle, Kristin, l’héroïne Islandaise semble tout droit sortie d’une série TV à épisodes, les méchants sont vraiment méchants et la situation géostratégique est décrite avec un semblant de réalisme. Enfin le rythme, avec une action qui se situe sur quatre jours à peine, donne du piquant et de l’attrait à cette histoire.
Ce roman pêche cependant sur deux points : un furieux sentiment anti-américain que l’auteur veut plaquer à l’ensemble du peuple Islandais, en particulier par la voix de Kristin, et que l’on ressent tout au long du roman. Et pour les puristes et les spécialistes, une construction historique qui rend la fin de cette histoire quelque peu farfelue. Il m’aura permis néanmoins de me poser des questions sur les alliances géostratégiques des alliés à la fin de la seconde guerre mondiale, mais aussi sur le rôle et la place de américains en Islande pendant de nombreuses années après la fin de la guerre.

Au milieu de tant de violence et dans ce froid polaire, Thierry Janssen nous fait bien ressentir le doute et la détermination, les questionnements et l’inquiétude des différents personnages. En leur donnant corps il apporte un peu de chaleur à une intrigue qui nous entraîne au cœur des étendues glacées.

Catalogue éditeur : Audiolib et Métailie

1945. Un bombardier allemand s’écrase sur le Vatnajökull, le plus grand glacier d’Europe, qui l’engloutit. Parmi les survivants, étrangement, des officiers allemands et américains. Vont-ils mourir gelés, emportant un des plus lourds secrets du XXe siècle ?
1999. Le glacier fond et les forces spéciales de l’armée américaine envahissent immédiatement le Vatnajökull et tentent en secret de dégager l’avion. Deux jeunes randonneurs surprennent ces manœuvres et sont rapidement réduits au silence. Kristin, la sœur de l’un d’eux, se lance sur les traces de son frère dans une course poursuite au cœur d’une nature glaçante. Les hypothèses historiques déconcertantes, parfois dérangeantes, et la séduction inoubliable qu’exerce cette héroïne à la fois tenace et perspicace, font de ce texte un formidable roman à suspense.

Lu par Thierry Janssen / Traduit par David Fauquemberg

Durée 10h08 / EAN 9782367623085 Prix du format cd 23,40 € / EAN numérique 9782367623597 Prix du format numérique 20,95 € Date de parution 22/03/2017

On n’y échappe pas, Boris Vian et l’OULIPO

Lorsque six membres de l’OULIPO rédigent la fin d’un roman policier inachevé, le dernier inédit de Boris Vian

L’intrigue se déroule en décembre 1950, lorsque le colonel Franck Bolton rentre de la guerre de Corée, une main en moins et de sérieux traumatismes en plus. Alors qu’il vient tout juste d’arriver, il découvre le meurtre atroce d’une de ses anciennes petite amie. Et rapidement, qu’une autre de ses conquête a subi le même sort. Il décide d’appeler Narcissus, un ami détective, et tous deux tentent de démasquer le meurtrier.

Boris Vian avait imaginé et rédigé à la fois le synopsis et les quatre premiers chapitres de ce roman dans la veine de ses titres écrits sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Il en disait :

J’ai un sujet de roman policier que j’écris pour Duhamel (série noire). C’est un sujet tellement bon que j’en suis moi-même étonné et légèrement admiratif.
Si je le loupe, je me suicide au rateloucoume et à la banane frite. Boris Vian.

L’auteur est décédé d’une crise cardiaque en 1959, à l’âge de 39 ans. Quels qu’aient pu être ses projets, il n’a jamais terminé ce roman-là.

J’ai aimé ce roman aux accents de polar noir américain des années 50, la fausse traduction et les notes en bas de page m’ont ramenée de années en arrière lors de ma lecture de J’irais cracher sur vos tombes. Là, on s’en souvient, où il avait écrit roman de Vernon Sullivan, traduit de l’américain par Boris Vian

Les membres de l’OULIPO (l’OUvroir de LIttérature POtentielle ) ont tenu le pari avec brio, du texte à la couverture du roman, Boris Vian lui-même y aurait retrouvé ses petits et peut-être même douté ne pas l’avoir écrit en entier. Merci à La Cohérie – Boris Vian et à Nicole Bertolt de leur avoir donné cette mission, et merci à eux d’y avoir répondu.

Mes photos d’une belle rencontre sur la terrasse de Boris Vian, cité Véron pour le lancement de l’édition du Livre de poche.

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche, Fayard

Décembre 1950. Frank Bolton, un jeune colonel de l’armée américaine, rentre de la guerre de Corée avec une main en moins. Peu de temps après son retour, il s’aperçoit que toutes les filles qu’il a aimées tombent, l’une après l’autre, sous les coups d’un assassin. Avec Narcissus Rose, son ami détective, il se lance sur sa piste dans une noirceur croissante.

Boris Vian imagina le déroulé de ce roman, en écrivit quatre chapitres et s’arrêta là. Pour les cent ans qu’il aurait eus, ses héritiers ont confié à l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) la mission d’écrire la suite…

192 pages / Date de parution: 22/09/2021 / EAN : 9782253240518