L’Empereur des Boulevards, ou l’incroyable destin de Georges Feydeau

Une compagnie à l’imagination foisonnante, vingt-six rôles admirablement joués, un décor qui place le spectateur dans chaque situation, et des costumes qui nous transportent à la belle époque de monsieur George Feydeau.

George Feydeau (1862 – 1921) tout un chacun connaît ses pièces ou a entendu parler de l’auteur de Vaudevilles dont le répertoire est toujours joué plus de cent ans après. Mais qui connaît sa vie, qui peut le placer dans l’histoire et dans son temps ? Voilà qui est chose faite grâce à l’écriture et à la mise en scène d’Olivier Schmidt.

Le rythme est soutenu, le french cancan est endiablé, les auteurs et acteurs qui incarnent les bourgeois et les célébrités de la belle époque se succèdent auprès de L’empereur des boulevards. On y découvre les succès, les bonheurs, la mariage, mais aussi le divorce et la rupture douloureuse, les nuit chez Maxim’s ou Chabanais, les rencontres multiples et tumultueuses, la maladie et la décadence d’une vie mouvementée et bien trop courte. Si Feydeau meurt jeune, à 58 ans, son œuvre continue de nous enchanter car finalement il n’y a rien de plus intemporel que les turpitudes des trios mari, femme, amant ou maîtresse.

Une réussite et l’assurance de passer une excellente soirée. Ne boudez pas votre plaisir, vous verrez, le temps passe trop vite.


Écrit et Mis en scène par Olivier Schmidt
Avec Erwan Bleteau ou Benoît Borkine, Alexandra Magin ou Clara Cordeiro, Séverine Wolff ou Roxanne Joucaviel, Paul Barrière, Léonard Courbier ou Alexis de Billy et Kevin Maille ou Max Casaban

Durée : 1h20
Du 05 juillet au 30 juillet 2023
Au studio Hebertot Paris 17

La Fabrique de l’Opéra du Capitole, Couvent des Jacobins


Dans la très belle et immense salle du réfectoire qui date de 1303, l’un des plus vaste réfectoire monastique de l’époque médiévale, on peut visiter cette belle exposition.


Il faut savoir que de 1954 à 1981, les ateliers de l’opéra national du Capitole se sont installés dans le réfectoire du couvent.

L’exposition permet d’appréhender la multiplicité de savoir-faire et d’artisans qui préparent les différents ballets et les opéras du Capitole. Costumes, décors, perruques, accessoires divers, meubles, du plus  petit au plus grand un large éventail de création est présenté aux visiteurs.

Plus de 150 pièces qui représentent un large éventail de ce savoir-faire des métiers de la création. Des dentelles, des costumes, des boutons ou des broderies, des chevaux plus vrais que nature, des mannequins, quelques sièges dans lesquels il est autorisé de s’asseoir, tout porte au rêve. Tout cela permet de réaliser le travail, la minutie, le professionnalisme de tous les artisans qui sont derrière ces scènes qui font rêver sans que l’on réalise le travail qui a été englouti pour arriver à ce résultat.

Les pièces présentées viennent d’opéras tel que Casse-Noisette, Rusalka, Ariane à Naxos ou même La Walkyrie.

J’ai eu le plaisir de découvrir cette exposition avec ma sœur et notre petite maman qui s’est magistralement installée dans quelques sièges pour se reposer pendant que nous prenions le temps de voir les détails de tout ce qui est proposé ici.

Exposition à voir au Couvent des Jacobins à Toulouse jusqu’au 24 septembre.

Retour à Paris, Francis Scott Fitzgerald

C’est toujours un bonheur de lire les nouvelles de Francis Scott Fitzgerald

Alors que les riches américains avaient l’habitude de profiter de Paris, de ses palaces et de son champagne, la crise de 1929 a ruiné la plupart d’entre eux. Et tous ou presque ont fuit la ville lumière.
C’est dans ce contexte que Charlie Wales revient à Paris.
C’est dans cette ville qu’il a connu tous les bonheurs mais surtout tous les excès, alcool, disputes avec Helen son épouse, là aussi que celle-ci est décédée.
Il y revient aujourd’hui, sobre et décidé à ne plus se laisser emporter par le tourbillon de la fête et à reprendre sa fille pour l’emmener vivre avec lui à Prague.
Mais est-ce vraiment une bonne idée…

Une nouvelle autobiographie par l’auteur du très célèbre Gatsby le magnifique et de tant d’autres nouvelles. Publiée en 1930, le début de la décennie sombre de la vie du couple Francis et Zelda. Alcool et peine à écrire pour Scott, folie pour Zelda internée dans une clinique psychiatrique, et Scotie leur fille qui est désormais chez la sœur de Zelda qui a demandé à en avoir la garde.
En fin de compte les personnages présentés ici sont aussi pathétiques qu’attachants, réalistes mais toujours animés par une façon de vivre propre à leur époque.

Catalogue éditeur : Rivages

1929, le monde bascule dans la crise, et Fitzgerald avec. Dans cette nouvelle autobiographique, l’auteur de Gatsby le magnifique troque la flamboyance des Années folles contre les lueurs d’un Paris crépusculaire. Pour son protagoniste américain, Charlie Wales, cette ville était celle du vice et de tous les excès, si bien qu’il y a perdu sa femme, morte peu après une violente dispute, et sa fille, désormais sous la tutelle de sa belle-sœur Marion. Dévoré par le remords et la culpabilité, mais surtout très inquiet d’être condamné à la solitude, Charlie tente de se racheter. Ayant refait sa vie à Prague, il espère récupérer sa fille en prouvant à Marion qu’il est un nouvel homme sobre et respectable. Mais il semblerait que retourner sur les lieux d’un crime ne soit jamais une bonne idée.

Traduction et préface par Fanny Quément
Publié dans la collection Poche Petite Bibliothèque
Traduit de l’anglais (États-Unis)

EAN: 9782743659950 / Parution: juin, 2023 / 96 pages / Prix: 8,00€

Prix des Nouvelles Voix du Polar 2023

Je suis ravie de participer au jury des lecteurs pour le Prix des Nouvelles Voix du Polar 2023 avec les éditions Pocket.


Les libraires ont fait une première sélection, à présent ce sont les lecteurs qui doivent lire et voter pour leur roman préféré dans les deux catégories

Finalistes français :
✨Du plomb dans la tête par Olivier Bocquet
✨Les beaux mensonges par Céline de Roany

Finalistes étrangers :
✨Les routes oubliées par S. A. Cosby
✨Les samaritains du Bayou par Lisa Sandlin

J’ai fini ma première lecture et je sens déjà que le choix va être compliqué !
Les votes doivent être faits avant la fin du mois de juillet. Et nous connaîtrons les lauréat début septembre.

Et vous ? Quels seraient vos favoris ?
Êtes vous également membre du jury ?
En avez-vous déjà lu certains ? Dites-nous tout !

Santa Rosa, Slimane Kader

Quelle drôle d’expérience cette lecture !

D’abord il y a le cadre, idyllique pour quelques privilégiés qui voyagent de place en place avec jet privé, yacht et smala à leur suite sans se poser de question tant l’argent coule à flot.

Ensuite il y a Santa Rosa, paradis au cœur des caraïbes pour certains, enfer pour d’autres. Ces îles des Caraïbes dont nous rêvons tous surtout lorsque tout semble gris et compliqué. Mais qui sait si la vie y est aussi paradisiaque qu’on veut bien le croire ; car les inégalités peuvent être flagrantes et difficiles à vivre dans de tels lieux. Et quand deux mondes se rencontrent, tout n’est pas forcément très clair ni très légal.
Enfin et surtout, il y a le style et l’écriture de Slimane Kader, pseudo sous lequel l’auteur a écrit ce deuxième roman singulier et décalé.

Impossible de raconter un roman pareil, tout est dans le style, la langue, dans les personnages, leur passé et leur futur, leurs relations hors des sentiers battus, leurs agissements, le plus souvent hors des clous tant qu’à faire.

Ce qui surprend ? Le langage novateur et unique, la critique sous-jacente mais évidente d’une société dont beaucoup ne veulent plus en particulier. C’est vivant, osé, ça bouscule et ça remue nos petites vies tranquilles.
Un roman pas comme les autres, assurément une lecture faite pour l’été.

Catalogue éditeur : Allary

Qui connaît Santa Rosa dans les Caraïbes ?
Personne. Mis à part les « happy few » de la planète. Pour eux, Santa Rosa c’est « the place to be », comme ils disent dans la langue de nos maîtres. Mer turquoise, sable blanc, princes du Limbo, putes à twerk, villas d’archi’ tendance Pritzker, cascades de Roederer… C’est le grand chelem du bling-bling !
À la haute saison, tous les rupins se la radinent. On retrouve la même race, avec les mêmes rites, dans tous les coins jet-set de la planète : Ibiza, Dubrovnik, Portofino…
Pourtant, si on mate dans le détail, Santa Rosa c’est pas qu’un aller simple pour le glam’. … Lire la suite

Slimane Kader est un pseudonyme. L’auteur tient à préserver son anonymat. Son premier roman, Wam(NiL, 2011), racontait sa jeunesse en banlieue parisienne. Son deuxième, Avec vue sous la mer (Allary Éditions, 2014), relatait son expérience de soutier sur un paquebot de croisière. Pour son troisième roman, Santa Rosa, il s’est inspiré de son nouveau lieu de travail.

Date de parution: 20 mai 2021 – ISBN: 9782370733771 – 332 pages

Prix littéraire de la Fondation de la Vocation 2023, c’est parti !

Cette année ils ne sont pas six ni sept, mais bien dix dans les starting-blocks en lice pour le Prix Littéraire de la Fondation de la Vocation.

Le Prix de la Vocation récompense depuis 1976 des auteurs d’expression française âgés de 18 à 30 ans, pour des romans publiés depuis juin de l’année précédente.

De nombreux écrivains ont reçu ce prix depuis sa création, Victor Jestin (2019), Salomé Berlemont-Gilles (2020), Clara Ysé (2021), Diadé Dembelé (2022) mais aussi Amélie Nothomb, Christophe Ono-Dit-Biot, Kaouther Adimi, François-Henri Désérable, Alain Blottière, Jean-Marie Laclavetine, Didier van Cauwelaert pour ne citer qu’eux.

La sélection 2023 :

  • Incendie Blanc, Antoine Catel, éditions Calmann-Levy
  • Comment sortir du monde, Marouane Bakhti, les nouvelles éditions du Réveil
  • Najat ou la survie, Rani Berrada, éditions Belfond
  • Les dames du Douar, Amal Chkili, éditions L’Harmattan
  • Acide, Victor Dumiot, éditions Bouquins
  • Adieu Tanger, Slama El Moumni, éditions Grasset
  • Sous les strates, Lou Eve, éditions Les Escales
  • Les guerres précieuses, Perrine Tripier, éditions Gallimard
  • La Colère et l’Envie, Alice Renard, éditions Héloïse d’Ormesson
  • Brûleurs, Neïla Romeyssa, éditions JC.Lattès


Le jury composé en particulier d’auteurs ayant reçu ce prix, réuni par Anne de la Baume et Sabine Van Vlaenderen est composé également de @squirelito @nicolemotspourmots @ferrandosylvie
Nous avons jusqu’au mois de septembre pour découvrir cette belle sélection et en faire émerger le lauréat 2023.

Une belle sélection que j’ai hâte de découvrir. Je vous en parlerai tout au long de l’été sur le blog









La maison des solitudes, Constance Rivière

Construire une vie sur les silences et les secrets

Le jour où Anne, sa mère qui par ailleurs lui parle si peu, lui téléphone, c’est pour lui annoncer une très mauvaise nouvelle.
Sa mère vient d’être hospitalisée et c’est sans doute désespéré.
Elizabeth n’a alors qu’une obsession, se rendre au chevet de sa grand-mère à l’hôpital. Mais c’est la période dramatique où un certain virus a contaminé tout le pays, les malades et les morts doivent être isolés, aucune visite n’est possible.
Cependant, Elizabeth sait que seule sa voix et sa main dans la sienne pourrait garder grand-mère en vie, la retenir encore un peu auprès de sa petite-fille qui a tant besoin d’elle pour comprendre.

Comprendre quoi ? Les silences, la rupture, le manque d’amour, la fuite des parents à travers le monde, laissant Anne encore enfant au bon soin des autres, le retour à la maison familiale, le mur érigé entre une mère et sa fille pourtant toutes deux si semblables.
Comprendre pourquoi un jour elle a dû choisir, entre l’amour et les bras d’une mère et les vacances chez les grands-parents, braver les interdits et découvrir la chambre sous les toits, les cahiers et les crayons, les jouets et les livres, la vie qui s’est figée à tout jamais.

Seule dans les couloirs de l’hôpital elle attend.
Elle attend de pouvoir parler, comprendre, dire, entendre, pardonner, aimer, donner.

Étrange roman qui se lit avec impatience, le cœur lourd, le chagrin en filigrane et l’incompréhension tout au long de ces enfances amputées, de ces vies tronquées et trompées.

Une belle écriture, les mots et les silences sont posés, donnent le rythme de ces jours d’attente jusqu’au dernier, celui du pardon, des mots dits, des espoirs qui enfin se transforment en révélations. Transmission et secret de famille, déni et deuil, si les questions sont posées, certaines réponses seront enfin données.

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

Une jeune femme veut rejoindre sa grand-mère, qui vit ses dernières heures à l’hôpital. Assise dans un couloir sans fin, elle remonte le fil de sa vie. Les souvenirs peuplent sa solitude : la maison familiale, les contes de l’enfance, le marronnier aux branches basses comme des caresses… Et les étreintes de sa grand-mère, qui rayonne comme un soleil. Pourtant une ombre recouvre le tableau. Sa mère a décidé de ne plus jamais franchir le seuil de la Maison, se réfugiant peu à peu dans le mutisme.
Aujourd’hui, les heures sont comptées, et la jeune femme ressent l’urgence de comprendre. Que s’est-il passé dans la Maison ? Un roman qui se lit d’une traite, portant la question de la transmission et de la réconciliation avec une fascinante maturité.

216 pages / Date de parution: 01/03/2023 / EAN : 9782253936725 Éditeur d’origine: Stock

La bibliothèque des rêves secrets, Michiko Aoyama

Une rencontre comme on les aime, se laisser séduire par l’esprit du Japon

Quel est le lien entre Tomoka, jeune femme de 21 ans vendeuse de prêt-à-porter, Ryô 35 ans comptable chez un fabricant de meubles, Natsumi 40 ans ex-membre du service éditorial d’un magazine, Hiroya 30 ans et toujours sans emploi, Masao 65 ans retraité de la célèbre fabrique des merveilleux Honey Dome de Kuremiyadô ?

Et si ce lien était tout simplement la bibliothèque du centre social d’Hatori.
Et surtout Komachi, imposante et mystérieuse bibliothécaire qui chaque jour fabrique des petits  objets en feutrage à l’aiguille et tape sur son clavier à la vitesse de la lumière.

Quel étrange personnage, imposante, déstabilisant, à la voix douce et empathique, elle a toujours les mots qu’il faut pour faire ouvrir les cœurs et enfin dire tout ce qui pèse et tourmente ceux à qui elle s’adresse lorsqu’ils viennent la consulter pour un conseil de lecture.

Elle leur propose une gamme complète de lecture et ajoute à chaque fois un livre dont le titre et le sujet semblent totalement saugrenus.
Et pourtant ! C’est justement là le déclenchement d’une introspection, d’une remise en question ou au contraire d’une façon de s’affirmer et se rassurer enfin. D’accepter d’être soi-même.

Il y a comme toujours dans les romans japonais une sérénité, une façon de voir la vie, les autres, soi-même qui aide et interpelle, qui rassure et interroge, qui permet à chacun d’avancer.
Avec bien sûr des vies qui se croisent et se répondent, car chacun des personnages pris à part a sa vie propre, mais chacun a aussi un lien ténu ou avéré avec les quatre autres.

Une jolie lecture pour cet été !

Catalogue éditeur : J’ai Lu

Imposante et énigmatique, coincée entre le paravent et le bureau d’angle d’une petite bibliothèque au cœur de Tokyo, Sayuri Komachi attend patiemment ceux qui décident de venir la voir. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, salariés ou retraités…, ils sont tous au carrefour de leur vie. À chacun, la mystérieuse bibliothécaire propose un ouvrage totalement inattendu, bien loin de celui qu’il était venu chercher. Et derrière cette lecture imprévue se dessinent toujours les premiers jalons d’un nouveau départ.
Un roman choral poétique qui célèbre le pouvoir des livres et l’importance qu’une personne attentive et attentionnée peut avoir sur le destin d’autrui.

Traduction (Japonais) : Alice Hureau

Paru le 24/05/2023 / 8,50€ / 352 pages – 110 x 177 mm / EAN : 9782290384275

Sarah Bernhardt, Et la femme créa la star au Musée du Petit Palais

Plus de 400 œuvres sont exposées au Petit Palais pour retracer la vie et la carrière de Sarah Bernhardt (1844-1923).

Si elle fut l’interprète mythique de grands dramaturges tels que Racine, Shakespeare ou Edmond Rostand, Jean Cocteau disait surtout qu’elle était un « monstre sacré ».

L’exposition revient sur ses plus grands rôles en présentant ses costumes de scène, des photographies, des tableaux, des affiches, dont les fabuleuses affiches créés par Mucha.

Mais il ne faut pas oublier que sa voix (que l’on peut écouter ici) sa diction si caractéristique, sa gestuelle et sa silhouette et sa coiffure ont fasciné aussi bien le public que le milieu artistique et littéraire qui lui voua de son temps un véritable culte.

Le Petit Palais consacre cette exposition à l’artiste complète qu’elle était, comédienne mais aussi peintre et sculptrice de talent, elle était une star avant même que le mot existe.

J’ai régulièrement admiré le grand portrait peint par son ami Georges Clairin dans les collections permanentes du musée. On peut le voir ici avec de nombreux autres portraits réalisés par les artistes de son temps et par son amie.

Mais aussi et surtout j’ai apprécié de découvrir les peintures et plusieurs sculptures qu’elle a réalisées.

Quel talent ! Que de talents ! Une partie de l’exposition explique bien cet aspect moins connu de l’artiste, son activité de peintre, d’écrivaine et de sculptrice.

Enfin, j’ai aimé découvrir de nombreux objets qui étaient dans son intérieur, tout comme des pièces de sa garde-robe, permettant d’approcher Sarah Bernhardt au plus près de sa vie intime et de ses goûts.

Une très belle exposition que je vous conseille vivement si vous allez à Paris cet été.

Paris-Briançon, Philippe Besson

Lire un roman de Philippe Besson, c’est un plaisir à chaque fois renouvelé

Quel hasard fallait-il pour que j’attrape ce livre là et pas un des 5 autres mis dans mon sac de voyage, alors que j’embarquais la semaine dernière à bord de l’inter-cité 3740, le train de nuit qui part de Lourdes et va jusqu’à Paris.

Comme à mon habitude je n’avais pas lu la 4e de couverture, bien sûr je pensais embarquer pour un trajet qui allait me faire traverser la France. Et surtout, un nouveau roman de Philippe Besson, je ne pouvais qu’avoir envie de lire. Cet auteur que j’avais découvert avec La maison atlantique me fait passer un excellent moment à chaque nouveau roman.

Voilà donc que j’embarque à bord d’un autre inter-cité avec ses voyageurs, bloqués pendant une dizaine d’heures entre Paris et le sud-est.

Mais à chaque chapitre, le lecteur averti sait qu’il va se passer quelque chose d’inhabituel, et que certains ne finirons pas le voyage.

Ils ont tous des vies très différentes. Un voyageur de commerce qui se croit toujours aussi séduisant mais qui est déjà sur la pente descendante, une femme seule, séduisante mais peu avenante et qui semble porter un lourd secret ou fuir quelque chose, elle voyage avec ses enfants, un médecin solitaire, un jeune homme bien sous tous rapports qui part rejoindre sa fiancée, un couple à l’âge de la retraite, le mari gravement malade est en fin de vie, la femme rêve de souffler un peu à ses côtés pendant quelques jours, loin des traitements et du stress, chacun souhaite accompagner et soulager l’autre.

Sur la route il y a aussi Giovanni, le jeune homme rentre chez lui après sa tournée, à bord de son camion, l’Italie est toute proche, il va bientôt retrouver sa femme et son enfant. Il a hâte d’être chez lui.

À bord de l’inter-cité 5789, les langues se délient, les regards s’échangent, les mots et les gestes rapprochent ceux qui n’ont que la nuit pour paysage. Peu à peu, les secrets avouables ou inavoués, les désirs ou les dégoûts, les rêves ou les chagrins sont révélés, même le silence aide parfois à rencontrer l’autre, et sans doute aussi un peu soi. Tant il est parfois plus aisé de parler à des inconnus de ce qui ne va pas, car comment pourraient ils vous juger puisqu’ils ne savent et n’attendent rien de vous.

J’ai aimé me laisser bercer par ce roman étonnant, entrer un instant dans les compartiments et entendre ces fragments de vies, ses mots enfin dits, ses rêves enfin verbalisés. L’écriture de Philippe Besson est toujours très agréable, à la fois intime et universelle.

Si certaines situations ne correspondent pas à ma vie, je m’y suis pourtant projetée immédiatement. Les personnages sont attachants, vivants, réalistes.

Catalogue éditeur : Pocket Juliard

Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit n° 5789. À la faveur d’un huis clos imposé, tandis qu’ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l’intimité et la confiance naître, les mots s’échanger, et les secrets aussi. Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l’époque, des voyageurs tentant d’échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l’ignorent encore, mais à l’aube, certains auront trouvé la mort…

8.00 € / EAN : 9782266330312 / Nombre de pages : 208 / Date de parution : 05/01/2023