Blanches, Claire Vesin

En lisant ce roman, j’ai eu l’impression que l’autrice avait choisi de mettre en scène des personnages de la vie de tous les jours, et de les regarder vivre pendant une tranche de leurs vies. Pour nous parler d’eux juste ce temps présent qu’ils auront à passer ensemble dans l’hôpital de Villedeuil, aux portes de Paris.
Pendant à peine plus de six mois, moins d’un an, ils se rencontrent, se connaissent, se plaisent, se consolent, se soutiennent, s’ignorent , s’affrontent, ils s’évitent, se perdent, s’oublient. Quelques souvenirs affleurent et viennent épaissir leur personnalité, quelques projets, peu, pour envisager leur avenir.

Aimée, tout juste sortie d’un immense chagrin, la disparition de son amour Arnaud, est la nouvelle interne du service des urgences.
Jean-Claude, un chirurgien qui a passé toute sa carrière dans cet hôpital d’une banlieue en décrépitude même si elle est si proche de paris. Il se retrouve seul, son épouse et son jeune fils sont partis au canada à la suite de la disparition de cet autre fils, Arnaud.
Fabrice, médecin au SAMU, mal marié, mal heureux, insatisfait par la vie qu’il s’est pourtant choisie auprès de son épouse enceinte, lui qui ne voulait pas d’enfant pour ne pas reproduire le schéma paternel qui se poursuit de génération en génération dans sa famille.
Lætitia, la seule à vivre dans cette banlieue modeste, en couple avec Kamel, qui n’arrive pas à trouver un emploi malgré de brillantes études, pénalisé par un nom et une adresse dont personne ne veut. Le poids de la vie en banlieue et des familles issues de l’immigration pèse si fort sur leur vies. Elle est infirmière à l’accueil des urgences, un travail primordial qui doit être en permanence réalisé dans le stresse et le manque de personnel.

Dans cette banlieue délaissée par les autorités, l’hôpital se meurt, manque de personnel, manque de moyens, stress permanent et toujours plus de patients à prendre en charge.

Chacun d’eux évolue sous nous yeux, en parallèle, puis ensemble à la suite d’une nuit de Noël pas comme les autres, celle où tout se joue, où chacun tente de tenir sa place pour le pire ou le meilleur.

Humains parmi les humains, fragiles, compétents mais dépassés, compétents mais fatigués, le drame ne peut qu’arriver à un moment ou un autre.

C’est à cette déliquescence de l’hôpital public, avec son nombre toujours plus grande patients, avec son personnel toujours plus réduit qui fait tant d’heures qu’à moment donné il devient difficile d’être totalement opérationnel, que nous assistons.

Il y a un grand réalisme dans ces vies qui se croisent, dans leurs espoirs, leurs forces ou leurs faiblesses, leurs défauts et leurs qualités. Dans leur humanité qui se heurte à ce quotidien difficile et qui entraîne des réactions pas toujours optimales. Il faut dire que l’autrice est elle même cardiologue dans un hôpital de banlieue parisienne, et qu’elle vit chaque jour ce que vivent les personnages de son roman. Solitude, passion pour un travail de plus en plus difficile à mener sereinement, stress, entraide et solidarité dès que c’est possible malgré les difficultés, tout ce qui fait la vie et nos quotidiens ordinaires mais bien réels.

Catalogue éditeur : La manufacture de Livres

Villedeuil, aux portes de Paris. Ses tours, ses habitants, et son hôpital. Jean-Claude y a passé toute sa carrière – jours comme nuits – au sein du service de chirurgie. Mélancolique et désormais solitaire, il reste passionné, par cette ville comme par son métier. Lætitia y est née et y travaille, infirmière trop tendre pour l’âpreté de son poste à l’accueil des urgences. Aimée, jeune femme brillante autant que perdue, débute l’internat et décide d’effectuer son premier stage à Villedeuil, mue par des loyautés invisibles. Fabrice, médecin au SAMU, sera bientôt père mais fuit sa vie personnelle. Lors de ces mois vécus ensemble, leurs destins vont s’entremêler. Au sein d’un hôpital qui se fissure de toute part, ils partageront joies et échecs, détresse et amour du métier. Malgré les difficultés, ils tiennent, jusqu’à ce qu’une nuit, cet équilibre soit remis en question, bouleversant leurs vies à jamais.

Claire Vesin est née en 1977 à Champigny-sur-Marne. Après une adolescence aux États-Unis et des études de médecine à Paris, elle décide d’exercer en banlieue parisienne, où elle vit aujourd’hui. Blanches est son premier roman.

304 pages / parution 1 février 2024 / ISBN 978-2-3855-3054-9 / 18,90€

En vérité, Alice, Tiffany Tavernier

Alice est une jeune femme amoureuse, mais sans doute pas de la bonne personne. Car cet homme exigeant, jaloux, violent qui la tient sous son emprise profite d’elle, de ses faiblesses, de son amour, de son besoin de tendresse.
Après l’avoir séduite, puis isolée des siens, il décide de déménager avec elle à Paris et lui demande de chercher du travail, elle qui n’est capable de rien, pas même de lui faire un enfant.

Voilà déjà plus de cinq ans qu’ils vivent ensemble, et malgré tout ce que son entourage essaie de lui faire comprendre, Alice s’obstine et pense qu’elle peut le sauver de ses démons, sans voir que c’est lui qui est en train de la perdre.

C’est de façon tout à fait improbable qu’elle tombe sur une annonce surprenante et y répond. Elle est embauchée à l’église et doit travailler au promotorat des causes des saints, en fait, sur les dossiers de béatification ou de canonisation des futurs saints.
Cet emploi pour le moins original, singulier et plutôt complexe lui fait rencontrer de belles personnes qui tentent en vain de la sauver des griffes de son persécuteur. Car c’est bien connu il n’est pas de plus grand aveugle que celui, ou celle qui ne veut rien voir.

Étonnant mille feuille qui alterne entre la vie fragile et sous emprise d’Alice et celle de tous ces saints qu’elle découvre et dont elle devrait s’occuper. D’un côté la violence intrafamiliale de l’autre la douceur et le pardon, l’amour, la solidarité.

Un roman que j’ai lu avec intérêt, me demandant à quel moment Alice allait pouvoir se libérer de ses entraves. Mais dont je ne sais pas dire si je l’ai aimé ou pas. Trouvant à chaque fois si désespérant cette femme qui souffre mais aime, qui espère et se désespère sans jamais réussir à comprendre ce qui est le meilleur pour elle. Ce qui est hélas souvent le cas dans la « vraie vie ».

Et cette incursion dans le panthéon des saints de la religion catholique est pour le moins originale et variée, évoquant des époques, des régions, des personnes très différents à chaque fois.

Un roman de la sélection du Prix Orange du Livre 2024

Image des saints : Les saints de Fra Angelico © Wikimedia Commons / Sampo Torgo

Catalogue éditeur : Sabine Weispeiser

Sa mère, ses amis, la médecin qu’elle consulte, personne ne la comprend : depuis cinq ans, Alice est enfermée dans la conviction qu’elle sauvera son compagnon de lui-même grâce à leur amour immense. Tout est clair dès le début de ce roman magistral : Alice vit sous emprise.
Sommée de trouver du travail, Alice, par le plus grand des hasards, se retrouve assistante au Promotorat des causes des saints. Aidée par des collègues, elle découvre alors l’audace et la folie des vies de ces « serviteurs de Dieu », vénérables » ou « bienheureux ».
Un formidable portrait de femme et une incroyable traversée des ténèbres.

Parution : Janvier 2024 / 22 € / 288 p. / ISBN : 978-2-84805-506-0

L’ami du prince, Marianne Jaeglé

Un roman intelligent et passionnant, bel hommage à Sénèque et à la philosophie

12 avril 65, dans la campagne romaine une cohorte se présente à la porte de la maison de Sénèque. Sur ordre de l’empereur, avant la nuit il devra se donner la mort.
Pourquoi Sénèque le philosophe, le précepteur de Nero, l’ami du prince, en est arrivé là ? C’est ce que l’autrice nous raconte et nous sommes suspendu à ses mots pour vivre ce pan d’histoire romaine comme s’il se passait aujourd’hui.
Avant de mourir, Sénèque décide d’occuper le temps qu’il lui reste à écrire une longue lettre à son ami Lucilius, pour lui raconter sa vie, ses interrogations, comment il en est arrivé là.

Il y a eu l’exil loin de son épouse Pauline et de son fils. Sénèque avait été exilé en Corse par l’empereur Claude. Mais lorsque Claude épouse en troisième noces Agrippine, celle-ci le fait convoquer à la cour pour devenir le précepteur de son fils Domitus. Pendant quinze ans, il va lui apprendre l’éloquence, la philosophie, à être un homme, courageux et cultivé, prêt à prendre éventuellement le pouvoir. Pourtant ce n’est pas lui qui doit prendre la suite de Claude, mais le fils de ce dernier, Britannicus.

De manigances en usurpations, de morts sanglantes en exils forcés, Agrippine, puis après elle son fils Domitius devenu Nero après son accession au pouvoir, sauront conquérir la place au plus haut.

Au seuil de sa mort, Sénèque s’interroge, aurait-il pu en être autrement ? À quel moment a-t-il failli à ses devoirs de précepteur pour que son élève soit devenu le tyran qu’il est aujourd’hui. Était-il trop indulgent, trop flatté à son tour par ce titre d’ami du prince pour voir réellement l’homme qu’était devenu Nero. Et au fond, aurait-il réellement pu faire quoi que ce soit pour changer le cours de l’histoire.

Ce sont là toutes les questions que se pose le philosophe au moment de quitter cette vie bien remplie, heureuse et riche de rencontres, de récompenses, de savoir.

Marianne Jaeglé nous fait plonger habilement et avec un énorme plaisir dans les réminiscences d’anciens cours d’histoire, ou de latin pour ceux qui en auraient le souvenir. Dans les encyclopédies ou sur le net pour tous les néophytes qui veulent en savoir plus et qui ont gardé de vagues notions de tout cela. Merci à Racine en particulier de nous avoir mis à jamais l’histoire de Britannicus en tête.

Un roman intelligent et passionnant, qui nous en apprend beaucoup et qui pose de vraies questions. L’écriture est précise, détaillée sans être lourde. Les personnages prennent vie, les questionnements de Sénèque deviennent les nôtres.

Est-on coupable de ne pas avoir réussi à enseigner le bien et la justice à ceux qui n’appliqueront jamais les préceptes qui leur ont été inculqués, aux dictateurs et aux tyrans ?
Est-on coupable également d’avoir fermé les yeux par facilité, par intérêt, quant il aurait fallu réagir ? Ou est-on simplement un humain avec ses qualités et ses défauts ?

Un bel hommage à Sénèque et à la philosophie,  une leçon d’histoire brillante, une biographie qui se lit comme un thriller. Un retour au premier siècle réaliste et vivant.

Catalogue éditeur : Gallimard, l’Arpenteur

12 avril 65 après Jésus-Christ, dans les environs de Rome.
Des soldats en armes envahissent la villa de Sénèque, porteurs d’un ordre de l’empereur : le philosophe doit se donner la mort.
Sénèque écrit alors une ultime lettre à son ami Lucilius, dressant pour lui le bilan de sa vie. Durant quinze années, il a été le précepteur, puis le conseiller, puis l’ami de celui qui exige désormais sa mort : l’empereur Néron.
Parce qu’il vit ses dernières heures, Sénèque peut enfin tenir un discours de vérité sur son élève. Dans cet ultime moment d’introspection, le philosophe interroge la réalité du pouvoir, mais affronte aussi ses propres erreurs et sa compromission.
L’Ami du Prince raconte comment Sénèque s’est retrouvé prisonnier d’un idéal de l’Empire, de ses illusions et d’un jeune homme imprévisible dont la vraie nature s’est révélée peu à peu.

Parution : 21-03-2024 / 21,00 € / 272 pages, 130 x 215 mm / ISBN : 9782073061041

Tante Alice enquête, le bonheur est dans le crime, Ali Rebeiki

Dans la tranquille ville de Valmont-sur-Loing, veuve inconsolable, Alice Bonneville profite de sa maison, de ses amis, de sa retraite bien méritée.

Même si elle n’apprécie pas outre mesure son voisin Paul Faye, elle accepte de le rencontrer lorsqu’il demande à la voir pour lui faire part d’un de ses projets. Il faut dire que ce spécialiste de philosophie connaît le succès grâce à son livre « cinq vérités celtiques », un traité de développement personnel qui semble bien loin de ses préoccupations universitaires.

Pourtant, lorsqu’elle apprend que ce dernier a été assassiné, elle n’hésite pas à mener sa propre enquête, secondée dans sa tâche par ses amis. Dans ce coin plutôt aisé de la région de

Fontainebleau, les relations se nouent mais restent cantonnées au milieu social auquel on appartient. S’il est de bon ton de penser que l’on a noué une amitié avec sa femme de ménage, ce n’est toujours qu’une femme de ménage.

C’est donc dans cet univers d’intellectuels bien pensants, où l’on aime à parler de charité, cuisine, amitié, culture, que va se jouer le drame. Une enquête rondement menée par cette ancienne professeur de criminologie, qui permet d’aborder de nombreux thèmes, sont souvent effleurés ou juste évoqués, deuil, famille, amitié, sexualité, vie en communauté, famille, héritage.

Un roman plaisant qui se lit facilement. Un titre en lice pour le Prix des Lecteurs du livre de poche catégorie polar, sélection du mois d’avril.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Prix des Lecteurs du livre de poche 2024

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche, JC Lattès

Alice Bonneville, professeure de droit pénal à la retraite, coule des jours tranquilles à Valmont-sur-Loing dans sa magnifique demeure en pierre, où elle vit avec son neveu Arthur, psychologue clinicien. Entre le club de lecture, les activités bénévoles, les marches en forêt, les grandes conversations avec sa femme de ménage Inès et les visites à son ami Haroun, il lui reste tout juste le temps de se consacrer à sa passion : la pâtisserie. Sa paisible existence est troublée lorsque son voisin, Paul Faye, auteur à succès des Cinq Vérités celtiques, est assassiné. Qui donc a pu s’en prendre à ce pape du développement personnel ? Entre deux sablés à l’orange, Tante Alice décide de mettre son nez dans l’enquête. Si son défunt mari pouvait l’aider, il aurait sans doute bien des choses à lui dire ! À commencer par cette deuxième vérité celtique : « Il est impératif de dialoguer avec ton instinct. »

Prix 7,90€ / 216 pages / Date de parution: 27/03/2024 / EAN : 9782253249542

Les cœurs silencieux, Sophie Tal Men

« On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime, qu’on les aime »

Pedro a quitté le Portugal il y a tellement d’années qu’aujourd’hui sa vie est en Bretagne. Ce sémillant retraité est un bel homme, sportif, actif, qui se partage entre ses amis et quelques activités qui remplissent sa vie avec bonheur.
Mais aujourd’hui Pedro est à l’hôpital, incapable de s’exprimer à la suite d’un AVC.

Fort heureusement pour lui, son ex belle-fille est infirmière dans ce même hôpital. Débordant d’amour et de compassion pour celui qui l’a en partie élevée, elle compte bien l’aider et l’accompagner. Et surtout retrouver sa famille, ses fils qu’il a abandonné depuis tant d’années, et à qui il souhaite parler. Lui qui justement vient de perdre la parole.

Car la vie de Pedro semble être un modèle d’égoïsme et de solitude. S’il a été marié à deux reprises, s’il a eu deux fils et élevé Sarah, sa belle-fille, il n’a jamais su expliquer ses sentiments, ses craintes, ses peurs, et à fuit ceux qu’il aurait dû élever, accompagner, aimer, soutenir.

Alors dans une course contre le temps, Sarah va tenter de l’aider à revoir ceux qu’il aime depuis toujours sans jamais le leur avoir avoué.
Mais quand les rancunes sont tenaces, les mots et les sentiments peuvent être difficiles à exprimer, et la rencontre compliquée à mettre en œuvre.

Un roman qui se lit d’une traite, qui déborde de ces sentiments que l’on ressent parfois dans les familles, amour, haine, rancune, crainte, passion, et de tous ces silences qui pèsent tant, sans oser dire les mots d’amour que l’on garde au fond de soi.

Amour maternel, filial, paternel, amour déchirure, les relations entre les protagonistes sont multiples et complexes.
Les personnages sont attachants, souvent émouvants, parlent vrai. Il faut dire que l’autrice est elle-même habituée à côtoyer des malades dans les hôpitaux, ces zones dans lesquelles les vies se déroulent, et parfois s’arrêtent sans que l’on ait réussi à dire tout ce que l’on aurait souhaité. Tant il est vrai aussi que l’on hésite souvent à dévoiler ses sentiments et à dire à ses proches à quel point on les aime.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Ce n’est pas un hasard si Sarah a choisi le métier d’infirmière : elle passe son temps à s’occuper des autres, jusqu’à s’oublier soi-même. Quand son beau-père, Pedro, perd brutalement la parole à la suite d’un AVC, elle décide d’être sa voix et de partir à la recherche de ses proches, avec lesquels il s’est brouillé depuis de nombreuses années. Tomas, un de ses fils, ne voit pas d’un bon œil cette intrusion dans sa vie et ne lui réserve pas l’accueil escompté…

Date de parution 01 mars 2024 / Édition Brochée 20,90 € / 320 pages / EAN : 9782226490162 / Édition Livre numérique 9,49 €

Une demande folle, Léa Chauvel-Lévy

couverture du roman une demande folle de Léa Chauvel-Lévy

« Mère c’est sûr, père peut être » voilà ce que j’ai entendu parfois lors de dîners de famille, sans que pour autant il y ait le moindre doute sur les filiation dans la famille. Et c’est avec cette vérité que s’ouvre le roman.

Lorsqu’elle a eu 28 ans, le père de l’autrice lui a demandé de faire avec lui un test de paternité, lui avouant qu’il n’était pas sur d’être son père biologique. Les voilà tous deux partis en train en Suisse, afin de réaliser là-bas ce qui était et est toujours interdit en France.

Difficile chemin vers un néant possible, vers cette interrogation qui prend alors toute la place. Et cette question lancinante, de qui suis-je la fille, mon père est-il vraiment mon père, et qu’est-ce qui crée réellement cette relation père enfant, un résultat d’analyse biologique ou une vie à élever son enfant, à le faire grandir, à l’aider, le protéger, lui permettre de voler de ses propres ailes.

Dix ans après ce test de paternité, et au moment où elle est devenue mère à son tour l’autrice se rend compte de l’ampleur du mal que lui a fait cette demande, séjours en hôpital psychiatrique, trouble post traumatique, sentiment d’insécurité, doute, manque de confiance, et envie de savoir. De savoir ce qui fait de vous un enfant, un père, et que représentent des années à vivre ensemble, à éduquer, choyer, élever son enfant.

Dans la deuxième partie du roman, l’autrice parle de ses doutes et de sa soif de comprendre. Elle veut avancer et va jusqu’à rencontrer sociologue, avocat, prêtre, juges, spécialistes des affaires familiales et tente de comprendre la portée de cette violence invisible qu’a été la démarche du père.

Un livre dans lequel transpire à chaque page à la fois le besoin et la réalité de l’amour d’une fille pour son père, et réciproquement. Une autofiction qui se lit comme un roman, mais qui apporte un éclairage intéressant sur le doute, la relation père fille, éclaire sur la violence des mots et leur conséquence sur une vie d’adulte, sur l’emprise et la soumission des enfants, quel que soit leur âge, y compris au risque d’en payer longtemps les conséquences.

J’ai aimé l’écriture, travaillée, jamais bâclée, précise et juste. Qui ne montre ni atermoiement, ni misérabilisme, mais fait preuve d’une grande honnêteté. J’ai également appris quelques mots que je n’avais encore jamais vus.

Catalogue éditeur : JC Lattès

Une jeune femme de 28 ans effectue à la demande de son père un test de paternité. Est-il bien son géniteur ? Est-elle bien sa fille ? Après le doute, après la réponse clinique, que veulent dire ces mots, ce lien, cette « demande folle » ? Des années plus tard, devenue mère, l’héroïne s’interroge et enquête.

Nombre de pages 200 / EAN 9782709672122 Prix du format papier 20,90 € / EAN numérique 9782709672429 Prix du format numérique 14,99 € / Date de parution 07/02/2024

Mon petit, Nadège Erika

Un livre que je n’avais pas envie d’ouvrir. Cette couverture colorée ne me disait rien, mais il était dans la sélection des 68 premières fois. J’allais donc devoir le lire, forcément.
Une fois la première page lue, impossible de m’arrêter.

Prise à la gorge, au cœur, à l’émotion, en lisant ces lignes, en tournant les pages.

Nana a grandi entre Belleville et la porte de Montreuil. Entre la vie de bohème et sans le sous chez Jeanne, sa mère, et celle plus rigoureuse et joyeuse malgré tout chez sa grand mère. Avec sa fratrie, quatre enfants, une mère, mais aucun père connu, même si chacun a eu un géniteur différent.

Nana grandit et devient cette belle jeune femme attirée par Gustave, le beau blond, le beau gars que toutes aimeraient bien séduire. C’est elle qui remporte le gros lot, mais la fête n’aura qu’un temps.

Et à dix-neuf ans, l’école est finie et la voilà enceinte puis maman. Des jumeaux prématurés, un père totalement absent.
Un drame et toute une vie chamboulée, un avenir éteint, l’espoir et la joie qui s’effacent.

Un premier roman magnifique qui dit l’enfance, les joies et les peines, la façon quasi irréelle qu’ont les enfants de s’adapter à tout ou presque à vivre parfois sans amour, sans soutien, ou si peu.
À grandir et évoluer malgré tout, malgré les douleurs les épreuves le deuil impossible et l’absence du tout petit.

Je n’ai pas réussi à lâcher ce roman, émotion et surprise, tendresse et révolte, tant de sentiments diffus et intenses m’ont touchée au fur et à mesure de ma lecture.

Catalogue éditeur : Livres Agités

Belleville dans les années 90 : chez Grand-Maman dans la cité HLM de la rue Piat, Naëlle porte des robes à col claudine, apprend qu’il faut dire les « intempéries » et non « un temps de merde », va manger chez Madame Ah qui expose des canards sans tête dans son restaurant chinois.
Porte de Montreuil : chez Jeanne, sa mère, infirmière, libre et bohème, abonnée aux huissiers, c’est dîners Banania-biscottes, tourne-disque et les Jackson Five à fond.
Entre les deux, avec ses frères et sœurs, Naëlle fait la navette, grandit, pose des questions qui restent sans réponse, rencontre des hommes jamais comme il faut, tombe amoureuse de Gustave, de ses yeux verts et de ses nouvelles Nike.
Les éclats de rire, l’amour des femmes et leur silence sont toujours là. Le drame fait comme s’il attendait son heure…

20,50€ TTC / 280 pages / Date de parution : 24/08/2023 / EAN : 9782493699046

Du même bois, Marion Fayolle

Évocation imagée et parfois dure d’un monde qui disparaît, celui de nos campagnes

Ils sont fait du même bois, celui qui fait les grand-pères, les pères, les fils, celui qui fait la grand-mère la mère et sa fille.
Le bois de la ferme et de la grange, des forêts qui entourent la maison, celle où l’on vit et où l’on meurt depuis tant de générations. Dans ces familles on reste là où on est né, et on y meurt, ensemble, soudés, pleuré mais jamais oublié.

C’est l’histoire de ces générations d’éleveurs, leurs vaches, leurs enfants, leurs vies, que l’autrice nous raconte là. Avec ses mots imagés et tendres. Rudes et violents parfois, comme ce chien qui agresse et tue, comme ces hommes qui meurent un jour, ces vaches foudroyées, ces corps qui pourrissent à l’abri du mur.

C’est une vie de labeur, isolés du reste du monde, en quasi autarcie, mais que les jeunes ne peuvent plus s’engager à suivre, eux qui partent plus loin, qui ne veulent plus être esclaves des bêtes à nourrir à soigner à élever.

Un roman étonnant, très court mais pourtant très dense, qui évoque un monde qui disparaît alors qu’il était à notre porte, un monde que la plupart d’entre nous ignore. Le monde de mes grands parents et de la ferme que nous avons quittée il y a déjà plusieurs décennies. Celui d’un monde paysan à la dérive face à mondialisation, à la modernisation, au désir des plus jeunes de vivre ailleurs et autrement, loin de ce monde rude et exigeant.

Un titre de la sélection 2024 du Prix Orange du Livre

Catalogue éditeur : Gallimard

Dans une ferme, l’histoire se reproduit de génération en génération : on s’occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l’étable et celles qui ruminent dans les têtes. Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer.

128 pages / ISBN : 9782073025814 / 16,50 € / Parution : 04-01-2024

L’amour de ma vie, Rosie Walsh

Léo et Emma connaissent tout l’un de l’autre. Entre eux depuis le début c’est l’amour fou, la complicité, le soutien jusque dans la maladie pour affronter et vaincre le cancer qui a frappé Emma.
Mais aujourd’hui tout va bien, et ils peuvent profiter à la fois de cette rémission et de leur vie de parents heureux avec leur petite Ruby.

Emma est océanographe, à la fois reconnue par la profession, et par les grand public grâce à une émission qu’elle a dirigé quelques temps.
Leo est journaliste. Sa spécialité ? Écrire des nécrologies. Car comme chacun le sait, les principaux média ne veulent surtout pas être pris au dépourvu le jour où une célébrité va décéder, tout doit être prêt à l’avance, enfin, le plus possible.

Aussi c’est naturellement vers lui que son journal s’est tourné lorsque tous ont appris la maladie d’Emma. S’il refuse en apparence de se plier à l’exercice, qu’il vit comme une trop grande trahison vis-à-vis de son épouse, il fait malgré tout quelques recherches sur sa vie, sur sa jeunesse. Et découvre bien malgré lui quelques incohérences.

Comment doit-on réagir lorsque le doute s’installe et que celle que l’on croyait connaître mieux que quiconque semble avoir gardé quelques parts d’ombre ? Faut-il creuser et s’enfoncer avec les découvertes possible, garder sa confiance, tromper l’autre pour mieux savoir, la croire ou s’en méfier. Cruel dilemme qui s’offre à Leo, aussi tenté par la découverte de la vérité que par le confort de cette vie à deux, enfin, à trois, qui lui convient parfaitement.

Voilà un roman qui s’annonçait plutôt banal, et qui finalement m’a surprise par son rythme, ses personnages bien plus profonds que ce que j’imaginais à la lecture des premières pages. Leurs profils sont travaillés, réalistes, attachants. Leur histoire n’est pas banale, mais elle pourrait pourtant être celle de tant d’autres, ce qui fait qu’ils nous intéressent immédiatement, nous poussant à nous demander comment nous aurions réagit à la place d’un tel ou d’une telle.

En alternant les points de vue entre Leo et Emma, l’autrice nous fait entrer dans leur vie intime et nous donne plus de billes à leur sujet qu’ils n’en ont eux même, nous rendant tour à tour complices ou confident de l’un ou de l’autre.

Un roman de la sélection 2024 du Grand Prix des Lecteurs Pocket

Catalogue éditeur : Pocket, Les Escales

Pour un journaliste spécialiste des nécrologies, rien n’est plus simple que de rédiger celle de sa femme. D’autant qu’Emma n’est pas morte. Le cancer dont elle vient de réchapper, il en connaît chaque détail. La biologie marine, qui lui vaut sa célébrité de scientifique médiatique, idem… Mais alors que Leo creuse plus avant dans le passé d’Emma, certaines incohérences se font jour, des petits mensonges et des gros trous noirs… Qui est donc cette femme qui partage sa vie ? Que fait-elle quand elle s’absente dans le nord du pays ? Et jusqu’où peut-on mentir à l’amour de sa vie ?

Rosie Walsh vit à Bristol, en Angleterre. Après Les Jours de ton absence (Les Escales, 2018 ; Pocket, 2019), L’Amour de ma vie, best-seller du New York Times, est son second roman publié aux Escales.

Les Escales parution : 06/10/2022
Pocket parution : 12/10/2023 / EAN : 9782266333016 / pages : 512 / 9.20 €

Astérix aux jeux olympiques et Le combat des Chefs, René Goscinny et Albert Uderzo

Étrange d’écouter une BD d’Asterix ! D’entendre les textes, les noms, et les jeux de mots sans les dessins. Est-il besoin de rappeler les deux thèmes ?

Dans le premier, Astérix s’est porté volontaire pour participer aux jeux olympiques.
Mais les grecs ont interdit l’usage de toute potion avant de participer aux jeux.
Comment faire dès lors pour avoir assez de forces et ne pas simplement participer mais bien gagner ?

Pour l’autre, le combat des chefs est annoncé, mais les romains ont décidé de capturer Panoramix pour que ce dernier ne puisse pas procurer de potion magique au chef gaulois Abraracourcix. S’ils n’ont pas réussi leur coup, un sacré lancé de menhir fait le job en ayant fait perdre la mémoire à Panoramix. Tout est prêt pour que les romains puissent s’emparer de cet irréductible village gaulois.

Nous les avons écoutés en voiture avec les petits enfants lors de notre départ en vacances.

Les nombreux comédiens qui interprètent tous les personnages leur donnent vie et s’adaptent bien à chaque personnalité. La musique, les nombreux bruitages, les différentes voix incarnent les personnages les plus connus des français. On sent qu’il y a un énorme travail derrière tout cela, et cela se sent par la qualité de ce qui nous est proposé.

Bon, c’est sûr, il manque les dessins et le plaisir de lire ou relire ces aventures qui ont bercé notre jeunesse avant celle de nos petits enfants. Mais l‘écoute permet de passer un bon moment, et de tenter de déjouer chacun des jeux de mots des noms propres en particulier avec les petits fils. Et en fait, je me demande si ce n’était pas nous, les grands-parents, qui avons le plus apprécié de nous retrouver au cœur des aventures de nos irréductibles gaulois !

Leurs avis ?
« C’était drôle d’entendre les rires de Panoramix, on comprend bien quel personnage parle, et on entend bien les baffes données aux romains … « 
« C’est drôle, mais il manque les images. Heureusement il y a les bruits pour comprendre de qui on parle ».

Catalogue éditeur : Audiolib

Astérix aux Jeux Olympiques
Astérix s’entraine sans relâche pour relever tous les défis des Jeux Olympiques et triompher face aux Romains. Rien ne lui résiste quand il s’agit de défendre son village, surtout pas une interdiction de potion magique !
Le Combat des chefs
Drame dans le village gaulois : Panoramix a perdu la mémoire et a complètement oublié la recette de la potion magique ! Astérix et Obélix vont l’aider à se rétablir pour répondre au défi lancé par Aplusbégalix et empêcher les Romains de s’emparer du village !

Auteur Albert Uderzo, René Goscinny Lu par Dominique Pinon, Jean-Claude Donda, Guillaume Briat, Bernard Alane, Emmanuel Curtil, Julien Chatelet, Stéphane Ronchewski, Caroline Klaus

Durée 1h40 EAN 9791035415310 Prix du format CD 23,90 € Date de parution 14/02/2024