Martinique, Aline Zalko

Partir faire un beau voyage avec Aline Zalko et ses magnifiques couleurs qui enchantent la Martinique

J’ai eu le plaisir de retrouver cette île que j’avais aimé dans ses traits de peinture, ses aplats généreusement posés sur le papier, qui éclatent, dansent, explosent sous nos yeux ébahis par tant de couleurs. Celle de la nature exubérante, des paysages, des jardins aux fleurs aux tonalités incroyables.

J’ai retrouvé les lieux magiques que j’avais arpenté avec bonheur et curiosité, souvent éblouie par la multitude de tonalités, de couleurs. Ici, fleurs, végétation, jardins, paysages prennent une autre dimension.
Les visages, les silhouettes prennent vie et nous interpellent.
Mais aussi le feu, le volcan qui détruit et qui éclaire de ses flammes ardentes la végétation luxuriante à ses pieds. Jour, nuit, explosion, tout y est.

Si vous aimez la nature, les couleurs, et cette île magique sur laquelle j’ai tant envie de retourner, vous serez sans doute aussi conquis que moi par ce superbe livre qui va me faire rêver encore et encore. Quel bonheur de sentir diversité de la nature et sa beauté exposer à chaque page. Il y a du Matisse dans cette façon de représenter les paysages, mais il y a surtout une belle personnalité et une puissance dans ces dessins, ces aquarelles, dans ce récit de voyage exubérant et vivant.

C’est Aline Zlako qui avait réalisé la couverture du roman Artifices de Claire Berest. Et c’est Claire Berest qui nous propose une préface pour introduire cette artiste généreuse dans ses couleurs et sa façon de retranscrire ses émotions et ses ressentis d’une île magique aussi vibrante  qu’intense.

Catalogue éditeur : La Table Ronde

En décembre 2020, Aline Zalko accepte l’invitation qui lui est faite d’animer un atelier dans une école d’art de Fort de France. L’artiste, familière des crayons de couleurs, n’emporte avec elle qu’une boîte d’aquarelles, qui ne la quittera pas.

« Qu’est-ce qu’on connaît réellement de la Martinique quand on réside dans l’Hexagone et qu’on n’a jamais pris le temps de se plonger dans son histoire ? Quelques clichés souvent, de rhum planteur, de Kassav et de carte postale. (…) Le livre des dessins d’Aline Zalko n’est pas un carnet de voyage, il est le récit d’une expérience. (…) Ses peintures semblent en elles-mêmes être des îles. Ou des gouttes d’eau qui renferment tous les reflets déformés de la réalité, dont les couleurs s’imprègnent les unes aux autres, indéfiniment. Des lieux magiques, le jardin du Diamant, Macabou, le jardin de Balata, le jardin de Suzie, dans lequel Aline Zalko a exploré chaque fleur et chaque plante comme autant de trésors, la montagne Pelée, Morne Rouge… Des espaces… et des baigneuses nudistes, des visages, des volcans et des arbres, offerts à nous comme un secret à contempler à travers le judas d’une porte. »
Claire Berest

Paru le 11/05/2023 / 144 pages – 220 x 310 mm / ISBN : 9791037112309 / prix 36€

De sel et de sang, Fred Paronuzzi Vincent Djinda

Découvrir un épisode peu glorieux de notre Histoire

En cet été 1893, dans les marais salants d’Aigues-Mortes, l’entente est tout sauf cordiale entre les différents groupes de travailleurs.

D’une part les trimeurs, des français qui sont souvent des vagabonds et des repris de justice, et les Piémontais, ces ouvriers italiens venus offrir leur force de travail pour réaliser les tâches que les autochtones ne veulent pas faire. Car la tâche est dure. Sous un soleil de plomb et une lumière éblouissante qui fait mal aux yeux, sans eau, et à la chaîne, la récolte du sel assèche les gorges, dessèche et mord la peau. La fatigue extrême rend tout plus difficile. Il en faut peu alors pour échauffer les esprits retords.

Une rixe éclate, qui pourrait n’être qu’une simple bagarre entre ouvriers, mais quelques hommes s’échappent vers Aigues-Mortes pour y apporter la mauvaise parole. Là, de rixe, cette échauffourée entre hommes devient bagarre sanglante avec morts ou blessés. D’heure en heure, la colère enflé. Il n’y a plus aucun moyen de rendre raison pour arrêter la foule vengeresse.

Comme c’est très bien expliqué dans les pages qui concluent cette BD, cet événement a bien eu lieu, le village s’est déchaîné contre quelques migrants venus chercher du travail en France. Triste et tragique événement qui s’est terminé par des morts et de nombreux blessés, et le départ des italiens vers leur pays. Quelques mois plus tard, un procès inique n’a jamais rendu justice aux victimes. Une affaire qui n’a été dénoncée que dans les années 70.

Le graphisme tout en fondu dans le trait et les couleurs, fait essentiellement de teintes ocres, restitue habilement cette chaleur, le travail des salines, l’ambiance à la révolte et le soulèvement des villageois. Les visages à peine esquissés créent une forme d’unité dans cette foule qui ne répond plus de rien, et agit comme un seul homme. Mensonges, vengeance, violence, folie, révolte, tout est là et tout éclate sans qu’aucune forme d’autorité ne réussisse à calmer le jeu ni même à tout arrêter.

Une BD réussie, qui explique un moment fort de l’histoire de cette région et de la vie des travailleurs de la compagnie des salins.

On ne peut que penser au roman de Jean Teulé, Mangez le si vous voulez, en le lisant. Cette folie que rien ne peut arrêter et qui s’empare d’une foule sans qu’aucun sens critique ou aucun appel à l’ordre ne puisse obtenir le moindre effet. C’est absolument terrifiant.

Ce titre était en lice pour le Prix Orange de la BD.

Catalogue éditeur : Les arènes

Ce mois d’août 1893 aurait pu disparaître des mémoires. La ville gronde d’une colère folle. L’étranger devient un animal à abattre, sans état d’âme.
Saura-t-on jamais ce qui a déclenché une telle folie ?

Les auteurs de De sel et de sang s’emparent librement de ces faits réels (qui ont une troublante résonance avec le monde d’aujourd’hui) et racontent ces moments de démence, qu’un journaliste du Journal du Midi a décrit comme « indignes d’un peuple civilisé » (édition du 18 août 1893). On y découvre comment les discours nationalistes et cocardiers, les fantasmes xénophobes et la vieille rengaine « fiers d’être français », ont incité des laissés-pour-compte à se déchaîner contre leurs frères de misère avec une effrayante sauvagerie.

Vincent Djinda Frédéric Paronuzzi / 19 mai 2022 / 22.00€ / ISBN 9791037506320

Le Gardien de l’inoubliable, Marie-Laure de Cazotte

Se chercher, et se trouver enfin dans l’amour de l’art et de la beauté du monde

Tristan est un incompris. Cet enfant à l’imagination débordante est sans cesse grondé, houspillé, brimé par des parents qui sont soit indifférents, soit le traitent de menteur, lui qui pourtant ne fait que vivre dans son imaginaire.

Alors bien sûr il y a les voisins, cette famille Kurosawa avec qui il s’entend si bien. Mais un jour ils doivent quitter la ville et Tristan se retrouve à nouveau seul.
Heureusement, il y a ce cailloux trouvé au bord de la mer.
Heureusement il y a cet ami, apparu lorsque les voisins sont partis, ce monsieur Kurosawa qui est son confident, son guide, son ami intérieur.
Heureusement, il y a le pouvoir de l’imagination, la puissance de résilience dont Tristan est capable pour continuer à vivre a vie normalement, loin de ces parents mal-aimants qui infligent des souffrances dont ils ne semblent même pas être conscients.

Alors c’est décidé, il quitte la ville pour étudier l’art ; et tant qu’à faire, part à Paris car il a été accepté pour travailler dans la galerie qu s’occupe d’un artiste mystérieux dont il l’œuvre l’a totalement subjugué. Chance inouïe, tenter de comprendre la vie et l’œuvre d’un artiste. Il y passe ses journées avec un bonheur qu’il ne cache pas.

Là, à la rencontre d’une grand-mère qui l’héberge, la seule qui enfin va le comprendre, il se lance sur la piste de l’artiste…. mais n’est-ce pas plutôt sur une fausse piste que le galeriste souhaite l’envoyer ?

Et de fil en aiguille, ou plutôt d’enquête en suspicion, c’est sur la piste d’un faussaire que le jeune Tristan s’embarque !

Un brin de fantastique, pas mal de poésie, une piste artistique savoureuse, et quelques notion de japonisme, voilà un roman qui fourmille de références à l’art sous toutes ses formes.

Si l’intrigue attendue se fait parfois attendre, si les notions artistiques foisonnent mais sont un peu noyées sous les références mythologiques, c’est malgré tout une lecture tout à fait intéressante, en particulier sur la notion de maltraitance des enfants par leurs parents. Et pour cette approche de l’art et des faussaires tout à fait bien présentée ici.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Doté d’une imagination débordante, menteur invétéré, enfant révolté et fugueur, Tristan vit avec monsieur Kurosawa, son ami intérieur, et porte à son cou « le gardien de l’inoubliable », un galet prodigieux découvert sur une plage. Devenu étudiant, chargé de faire des recherches dans les archives d’un artiste disparu depuis un siècle, il se lance imprudemment sur les traces d’un étrange faussaire.

Après, notamment, Un temps égaré, prix du premier roman de Chambéry, et A l’ombre des vainqueurs, quatre fois primé, ce nouveau roman de Marie-Laure de Cazotte nous embarque dans une enquête palpitante empreinte de poésie et interroge les liens entre vérité et imaginaire.

Date de parution 03 mai 2023 / Édition Brochée 20,90 € / 288 pages / EAN : 9782226477033

Les naufragées, Manon Hentry-Pacaud

Quatre moments déterminants de la vie d’une femme

Louise, mère et fille, se prépare à accueillir sa mère et sa fille pour un déjeuner dominical qu’elle souhaite être le premier d’une longue série Pendant cette mâtinée hors du temps, en feuilletant de vieux albums photos elle pense à cette grossesse non aboutie dont elle n’a jamais parlé. Faut-il en parler à sa fille, faut-il accepter enfin ce qui n’a pas été ?

Paula, mère et grand mère, se prépare à rejoindre sa fille et sa petite fille. Apprêtée, soignée, maquillée, elle se pose de nombreuses questions sur l’utilité de toujours correspondre aux critères établis auxquels elle s’est toujours confrontée et qu’elle a respecté à la lettre. Mais a t elle seulement su être elle-même une fois dans sa vie ? N’est-il pas temps de s’écouter et de se libérer ?

Inès, femme libre et amie, doit prendre seule La décision de sa vie, garder ou pas l’enfant qui n’est pas attendu. N’est-ce pas au contraire le moment de se confier, de parler, de dire, au lieu de s’enfoncer dans le silence et la solitude. Retrouver Louise, l’amie, la confidente, l’autre soi, pour enfin se sentir femme et libre de ses choix.

Louise, fille et petite-fille, amie de toujours, se prépare à rejoindre sa mère et sa grand-mère pour ce déjeuner dont elle sent déjà de façon implicite toute l’importance qu’il faudrait lui concéder. Mais d’abord, retrouver l’amie, celle qui avait disparu un temps, silencieuse et secrète, et qui sait renouer l’amitié si forte que rien ne doit briser.

Quatre femmes, quatre chapitres, quatre moments importants dans la vie d’une femme.

Un roman choral qui parle de recherche de soi, d’assertivité et de doute, d’entraide et de soutien, de secrets et de partage, de cette façon si intime de vivre sa féminité, d’affirmer sa personnalité, de se trouver ou de s’oublier en chemin. Étonnant premier roman.

Si je m’y suis souvent ennuyée, je comprends la démarche de l’autrice qui souhaitait mettre en avant la complexité de la vie des femmes à tous les âges de leur existence.

Sororité ? Féminisme ? Féminité ? Introspection ? Il y a de tout cela dans une approche très personnelle et pas inintéressante. L’écriture est précise, parfois un peu trop professionnelle dans son approche de la féminité, ce qui m’a empêché d’y adhérer totalement, mais elle a le mérite d’être et de poser certaines questions.

Un roman de la sélection 2023 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Frison-Roche Belles lettres

Un roman choral d’une justesse infinie, qui aborde sans tabou les nombreuses interrogations qu’implique le fait d’être une femme. Louise n’a jamais pu faire le deuil de sa ­première grossesse. Paula, sa mère, court éternellement après une jeunesse qui, les années passant, lui échappe. Anne, perdue entre l’adolescente qu’elle était et l’adulte qu’elle devient, s’efforce d’appréhender la multiplicité du féminin. Son amie Inès est, quant à elle, ensevelie sous le poids d’un avortement qu’elle a cru devoir dissimuler. En ce dimanche matin, à l’occasion d’un déjeuner familial, les parcours de ces quatre femmes se croisent, dans un apogée sororal aussi puissant que nécessaire.

Manon Hentry-Pacaud est originaire du Loir-et-Cher et étudie en master de Lettres modernes mention Études de genre et littérature francophone. Depuis toujours, la lecture et l’écriture font partie intégrante de sa vie. Les Naufragées est son premier roman.

Date de parution : 17/05/2022 / pages : 139 / EAN : 978-2492536250 / Prix : 19€

Les confins, Eliott de Gastines

Un premier roman au suspense glaçant et décalé

Les Confins, 1964

Pierre est totalement subjugué par le village des Confins auquel il rêve de donner l’avenir qu’il mérite, une station de ski à taille humaine. Il faut dire que dans les vallées voisines, le plan Neige décrété en hauts lieux a démarré à fond pour transformer les vallées en stations de ski bientôt à la mode. Mais Pierre est visionnaire, sa passion pour son métier et pour la vallée lui fait rapidement prendre tous les risques pour étudier, promouvoir, réaliser les premiers travaux qui vont transformer le village en station de ski de rêve. Aux confins il veut privilégier la qualité plutôt que de miser sur un tourisme de masse. Cela n’est pas forcément du goût de certains investisseurs de la vallée.

Les Confins, 1984

Bruno Roussin, le fils de Pierre, attend avec Corinne le dernier bus pour rejoindre ce village du bout du monde. Il faut dire que chaque hiver les confins sont coupés du reste de la vallée pendant plusieurs mois. Mais Bruno est un écrivain qui cherche l’inspiration. Quoi de mieux que de revenir au calme dans la solitude du chalet de son enfance.

Trois mois d’hiver pour écrire, réaliser, imaginer, à moins que ce ne soit pour écouter, observer, comprendre, se venger du passé.

Dans ce huis-clos à ciel ouvert, au milieu de la neige et de la tempête, les esprits s’exaltent, les souvenirs enfouis refont surface, les collusions entre certains villageois se délitent, les langues pourraient même se délier. Et peu à peu, la révélation se fait, les briques s’emboîtent et les clés ouvrent les portes du passé.

Sous des airs de roman qui tourne au thriller, l’auteur annonce de chapitre en chapitre qu’il va se passer ou qu’il s’est passé quelque chose. Le lecteur devine rapidement ce qu’il doit trouver mais l’envie de poursuivre sa lecture est bien présente. Malgré quelques personnages au comportement caricatural, j’ai aimé suivre l’intrigue jusqu’à sa conclusion.

Un premier roman très différent de celui de Laurence Cossé Nuit sur la neige, qui évoquait lui aussi avec justesse la naissance des stations de ski françaises, et qui est tout aussi intéressant dans la partie relative à la genèse de la création de ces stations dans années 60  . Naissance d’un sport de masse souvent proposé en dépit de l’intégrité de la nature et de la sauvegarde des vallées, et sur lequel il y a aujourd’hui tant à dire.

Un roman de la sélection 2023 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Flammarion

Dans les années soixante, le village des Confins promettait d’être une station de ski florissante. Vingt ans plus tard, il n’en reste qu’une station fantôme. Les installations – remonte-pentes qui ne mènent nulle part, gares de téléphérique inachevées – sont peuplées de spectres et traversées par les vents glacials de haute montagne.
Cet hiver de l’année 1984 voit la venue de Bruno Roussin, le fils du promoteur qui jadis vit en ces lieux un Eldorado blanc. Au village, il n’y a plus qu’une trentaine d’habitants habitués à passer l’hiver reclus. La route, jugée trop dangereuse, est fermée à partir du mois de novembre. La tempête se lève. Dès les premiers jours, les lignes téléphoniques sont hors d’usage. À la sauvagerie des lieux s’ajoute vite celle des hommes ici réunis.
Situé dans une vallée imaginaire à l’époque des utopies touristiques, bien réelles, du plan Neige, Les Confins est le chant des anciens villages isolés, des familles déchirées et de l’âme humaine qui se heurte aux étoiles glacées.

Paru le 09/02/2022 / 284 pages – 139 x 211 mm / EAN : 9782080234711 / 19,00

Là où murmure le vent, Cathy Galliègue

Ils se nomment Gabin, Solange, Clovis ou Riton, Adèle ou Lison, une fois que vous les aurez rencontrés vous ne les oublierez plus jamais

Pourtant, Gabin oublie lui. Au seuil de sa vieillesse, le majordome éternel célibataire est revenu dans son Jura natal. Il voulait se rapprocher de La Petite, celle qui a hanté ses nuits et ses jours, mais aujourd’hui, alors qu’elle est si proche, il oublie. La vie, les souvenirs, les moments heureux et les autres plus compliqués.

Solange est restée seule dans la maison d’enfance, celle de la mère douce et soumise à la violence du père. Celle du père, mauvais, violent, amer et sanguin. Celle du frère, Clovis, éternel célibataire comme elle et qui l’a abandonnée pour le voyage sans retour depuis un mois déjà.

Cette nuit, Solange a chuté et se retrouve au sol, dans le froid, simplement réchauffée par son fidèle chat. Une nuit de souvenirs et de rendez-vous manqués, une nuit d’amour et de rupture, de regrets et de sanglots, d’amertume et de chagrin de ce qui a été, ce qui aurait pu être.
Au petit matin, Gabin et sa mémoire qui flanche font la nique à cet alzeihmer qui le perturbe tant. Il décide de monter vers le lac, vers la combe, vers le Cul-de-sac, la ferme où se trouve La Petite, sa Solange. Parce que l’amour, quel que soit votre âge, est plus fort que tout.

Les souvenirs s’entrechoquent dans sa mémoire défaillante, mais l’amour fait émerger des fulgurances, réminiscences d’un passé heureux.

Et les voilà, chacun de son côté, au seuil de leur vie.
Une nuit sur le sol de sa maison pour elle…
Des heures au froid sur un cailloux au bord du lac pour lui…
Deux amoureux que le temps et la distance, les exigences d’un père, l’amour exclusif d’une mère, n’ont jamais véritablement éloignés.

Un roman que j’ai eu du mal à poser à 2h cette nuit. Mais dès ce matin j’ai eu envie de les suivre, triste de ces vies manquées, de cette mémoire qui s’enfuit, ce temps perdu, mais dans l’attente de quelque chose tant ces mots, ces pages, ces personnages sont attachants, émouvants, sensibles, fiers.

Catalogue éditeur : Presses de la Cité

Un jour d’hiver, le vieux Gabin, qui n’a plus toute sa tête, sait pourtant qu’il doit aller, loin du village, dans la combe qui a vu naître et a protégé le grand amour de sa vie. Il pense ardemment à elle, Solange, sa petite. Mais il n’imagine pas qu’après une mauvaise chute elle gît sur le sol froid de la ferme isolée qu’elle a toujours partagée avec son frère, récemment décédé, et dont les murs tremblent encore des cris du père et des drames familiaux ; son chat qui lui fait une maigre compagnie la réchauffe un peu ; elle attend, elle espère. De ces deux-là, le couple a été brisé, il y a si longtemps, mais ils n’ont jamais cessé de penser l’un à l’autre, de vivre l’un pour l’autre.
La danse de leurs souvenirs, au fond de leurs détresses jumelles, saura-t-elle les réunir, enfin ?
Un roman bouleversant sur l’intemporalité de l’amour et la nécessité de le vivre, au cœur des forêts du Haut-Jura.

20.00 € / EAN : 9782258202405 / pages : 240 / Date de parution : 13/04/2023

Que faire au Pays Basque espagnol ? Visiter San Juan de Gaztelugatxe

En pleine côte basque, San Juan de Gaztelugatxe est un Biotope protégé. Cet incroyable lieu se trouve entre Bilbao et Bermeo. Il est uni à la côte par un pont de pierre et un perron de 241 marches.

Beaucoup considéreront San Juan de Gaztelugatxe comme la forteresse de l’île de « Dragonstone » de la saison 7 de Game of Thrones, mais son vrai nom peut se traduire par « château-rocher » en basque (gaztelu = château et aitz = rocher).

Bien sûr la diffusion de cette emblématique série lui a redonné ses lettres de noblesse et pousse grand nombre de visiteurs à s’y rendre. Il existe d’ailleurs deux autres lieu de tournage pas loin de ce site. Le tout est très bien indiqué.
L’église d’aujourd’hui n’est pas la construction originale. Tout au long des siècles, il y a eu des incendies et des batailles et l’Église a été reconstruite plusieurs fois. Le premier ermitage a certainement été érigé au IX siècle. Au XIIe siècle, c’est devenu un couvent. Au XIVe les frères ont quitté le lieu et emporté les objets de valeur.

Gaztelugatxe a été le théâtre de pirates, sabbat et légendes. Ce n’est pas un hasard s’il accumule des titres de « merveille plus votée » ou enclave la plus appréciée par des voyageurs du monde entier.

Impossible de toucher trois fois la cloche de l’ermitage pour attirer la bonne chance et faire fuir les mauvais esprits. Elle était fixée à la porte déjà fermée.
Au bout de l’escalier, je n’ai pas vu non plus l’empreinte laissée par Saint-Jean Baptiste et qui porte chance, donc impossible d’y poser le pied.

Tout en haut, la chapelle surplombe l’île. Le promontoire permet de profiter de vues spectaculaires sur la Mer Cantabrique bordée de falaises, tunnels et arcs creusés dans la pierre par la force des vagues.

Relire le roi de fer de Maurice Druon m’a donné envie d’aller y faire un tour !
L’avez vous déjà visité ?
Cette jolie balade se mérite car une fois arrivé à la chapelle il n’y a plus qu’à faire le chemin en sens inverse !

C’est déjà fini !

Depuis quelques semaines, j’écoute avec un grand plaisir et une grande attention les 10 romans de la sélection 2023 en lice pour le prix Audiolib. Une sélection très variée, des polars, des romans, de l’intime et de l’universel, les équipes d’Audiolib nous ont gâté.

Mais tout à une fin, et il faut donner une liste, aie, le plus compliqué j’avoue car de nombreux titres auraient pu être dans mes 5 finalistes.

En attendant de connaître la sélection qui sera issue des propositions des jurées du prix 2023, et pour laquelle vous serez amenés à voter, voici la mienne :

Ma sélection 2023 :

  1. L’eau du lac n’est jamais douce de Giulia Caminito https://www.instagram.com/p/Cp7ESmdKBPE/
  2. Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi https://www.instagram.com/p/Cs5ReP6qBAy/
  3. Blizzard de Marie Vingtras https://www.instagram.com/p/CqH0bejqEkm/
  4. Sa préférée de Sarah Jollien-Fardel https://www.instagram.com/p/CqUq9nbq306/
  5. Le Carré des indigents de Hugues Pagan https://www.instagram.com/p/CrSZS1rKj-w/ et 5 ex æquo On était des loups de Sandrine Collette https://www.instagram.com/p/Cpk5saXKR2v/
  6. Notre part de nuit de Mariana Enriquez
  7. Entre fauves de Colin Niel https://www.instagram.com/p/Cp10KVEKI8w/
  8. Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer de Maurice Druon https://www.instagram.com/p/CtOCrPdq_QI/
  9. À qui la faute de Ragnar Jónasson https://www.instagram.com/p/CrFkoczK34k/

Les Rois maudits, le Roi de fer, Maurice Druon

Connaissez-vous ce grand classique ?

Je l’avais lu il y a très longtemps, comme me le rappelle l’édition qui est toujours dans ma bibliothèque.

Ici, point de mystère, l’intrigue et l’histoire sont connues depuis longtemps. mais c’est un plaisir de s’y replonger. Lorsque le roman débute, Robert d’Artois rend visite en Angleterre à la fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, épouse d’Édouard II d’Angleterre. Il connaît un secret qui pourrait nuire à Mahaut d’Artois et à ses deux filles. Marguerite de Bourgogne et Blanche, les épouses des fils de Philippe Le Bel ont une liaison adultérine avec les frères Gauthier et Philippe d’Aunay.
Robert et Isabelle fomentent un plan machiavélique pour faire éclater la vérité.

Au même moment en royaume de France, les templiers Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sont condamnés à la prison à vie, le 18 mars 1314. Mais Jacques de Molay refuse de reconnaître les aveux qu’il a fait sous la torture et se rétracte avec véhémence. Philippe le Bel ulcéré par ce revirement condamne Molay et de Charnay a être brûlés vifs.
Lors de l’exécution, alors qu’il est là proie des flammes, Jacques de Molay hurle : « Roi Philippe, chevalier Guillaume, pape Clément, avant un an je vous appelle à comparaître devant le tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Vous serez tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! ».

Un jeune italien part en Angleterre remettre un message à Isabelle. Le stratagème a fonctionné, elle peut dénoncer les agissements de ses belles-sœurs. C’est l’affaire de la tour de Nesle. Les amants sont jugés et exécutés. Marguerite, Blanche et Jeanne enfermées à vie.

En avril 1314 le pape Clément V décède subitement.
Mahaut d’Artois veut se venger mais se trompe de cible. Et Nougaret meurt dans d’atroces souffrances.
En novembre 1314, Philippe le Bel meurt à son tour.

Et si c’était la preuve que la « malédiction des Templiers » s’est réalisée ?

J’ai aimé cette version audio qui m’a plongée dans l’histoire de France mais avec les mots et la belle écriture de Maurice Druon. Rien n’est épargné au lecteurs des turpitudes de la royauté ou des supplices dont ils étaient capables, mais le tout porté par une voix qui fait tout passer avec rigueur et sagesse. Posée, forte et grave. Je me suis laissée transporter auprès de Jacques de Molay, attendant de voir chapitre après chapitre comment allait se concrétiser la malédiction.
Une écoute qui donne envie de replonger dans cette série inoubliable.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib

Préface de G.R.R. Martin, lue par Lemmy Constantine.
Les Rois maudits, célèbre fresque historique en sept volumes, font revivre le XIVe
siècle, entre le procès des Templiers et les débuts de la guerre de Cent Ans. Traduits dans le monde entier, Les Rois maudits ont remporté un succès exceptionnel et sont considérés comme un des modèles contemporains du roman historique.
Le Roi de fer, premier volume du cycle, a pour figure centrale Philippe IV le Bel, roi d’une beauté légendaire qui règne sur la France en maître absolu. Tout doit s’incliner, plier ou rompre devant l’autorité royale. Mais l’idée nationale loge dans la tête de ce prince calme et cruel pour qui la raison d’État domine toutes les autres. Sous son règne, la France est grande et les Français malheureux.

Lu par Jérémie Covillault

Durée 8h24 EAN 9791035410896 Prix du format cd 21,90 € / EAN numérique 9791035411114 Prix du format numérique 19,45 € / Date de parution 19/10/2022

Le gardien de Téhéran, Stéphanie Perez

Dédier sa vie à la sauvegarde de l’art et d’une culture universelle

1979, c’est la révolution dans les rues de Téhéran, celle que l’on appellera plus tard la révolution islamique, mais celle que les jeunes et les iraniens de la rue de cette époque pensaient être la révolution tout court. Celle qui allait les débarrasser du Cha des Chas, de l’empereur Mohammad Reza Pahlavi, descendant d’une lignée millénaire de souverains de l’empire Perse.

Cyrus a 23 ans. Lassé des petits boulots qui permettent à peine de les faire vivre, lui et sa mère, il se dirige vers le tout nouveau bâtiment qui va abriter le musée d’art moderne voulu par la Chabanou. L’impératrice Farah Pahlavi a souhaité que l’Iran se dote d’un musée digne des plus grands, et a fait acheter les plus belles toiles d’artistes contemporains et modernes disponibles sur le marché à cette époque. Picasso, Andy Warhol, Lischtenstein, Jackson Pollock, Paul Gauguin, Francis Bacon, mais aussi Mark Rothko, Claude Monet ou Vincent van Gogh, Salvador Dali, Max Ernest Chagall et Degas. Tous les grands noms des maîtres de l’art sont réunis ici en quelques années.

Cyrus va devenir le chauffeur discret et efficace qui récupère ses toiles inestimables à leur arrivée sur le territoire pour les convoyer jusque dans les sous-sols du musée. Peu à peu, ce monde qu’il ignorait totalement va le séduire et lui apporter bonheur et sérénité. Côtoyer les œuvres des grands maîtres est comme trouver son paradis, entrer dans un Havre de paix inaccessible et intime. Chaque jour dans son carnet à couverture de cuir noir, il prend des notes, écoute, observe, tente de comprendre ce qui le bouleverse autant dans l’art. Mais chaque jour aussi à l’extérieur la révolution gronde.

Bientôt renversé par les mollah, le Chah prend la fuite et l’ayatollah Khomeony quitte son exil français à Neauphle-le-Château pour arriver vainqueur et conquérant en Iran. Pourtant, si la révolution des Iman n’est pas celle voulue par le peuple, il faudra bien courber l’échine, voiler les femmes, respecter les règles strictes.

Et qui dit révolution dit destruction en masse et sans aucun esprit critique de ce qui était. Ici, ce ne sont pas forcément les têtes qui tombent, quoi que le sang coule à flot dans les rues de Téhéran, mais ce sont les symboles qui sont anéantis. En particulier tout ce qui représente l’occident et les États-Unis. Plus de cinéma, de musique, de couple marchant dans les rues en se tentant les mains, plus question de boire un verre ensemble. Plus d’alcool, d’éducation pour les filles, de travail pour les femmes, tout est réduit, contrôlé, interdit.

Cyrus sait bien que la prochaine étape sera la destruction des œuvres inestimables qui peuplent le sous-sol du musée. Toutes ces toiles, ces sculptures, mises à l’abri des regards dès les débuts de la révolution et que plus personne à part lui n’a plus jamais revu. Gardien fidèle et silencieux, droit et incorruptible, il protège le trésor mieux qu’il ne l’aurait fait de la propre vie.

J’ai aimé découvrir les détails de cette incroyable histoire, la vie de Cyrus, sa fidélité sans faille au respect et à la sauvegarde d’un patrimoine universel. Qu’il est bon de savoir que les œuvres ont été sauvées et qu’aujourd’hui encore elles se trouvent pour la plupart dans la cave du musée. Même si elles sont considérées comme impropres à être contemplées par un peuple qui se conforme aux règles strictes d’une religion d’état plus terroriste qu’aimante.

Le roman n’est ni trop fastidieux ni trop léger, les explications sont données mais l’intrigue romanesque est malgré tout présente. Grâce à cela c’est l’assurance d’une lecture agréable et intelligente. Qu’il est rassurant de savoir que plus de quarante ans après le trésor est toujours là. Qu’il est profondément regrettable malgré tout de savoir qu’une grande partie du monde est toujours privée du plaisir de le contempler.

Un roman de la première sélection du Prix Orange du Livre 2023.

Catalogue éditeur : Plon

Printemps 1979, Téhéran. Alors que la Révolution islamique met les rues de la capitale iranienne à feu et à sang, les Mollahs brûlent tout ce qui représente le modèle occidental vanté par Mohammad Reza Pahlavi, le Chah déchu, désormais en exil.
Seul dans les sous-sols du musée d’Art moderne de Téhéran, son gardien Cyrus Farzadi tremble pour ses toiles. Au milieu du chaos, il raconte la splendeur et la décadence de son pays à travers le destin incroyable de son musée, le préféré de Farah Diba, l’Impératrice des arts. Près de 300 tableaux de maîtres avaient permis aux Iraniens de découvrir les chefs d’œuvre impressionnistes de Monet, Gauguin, Toulouse-Lautrec, le pop art d’Andy Warhol et de Roy Lichtenstein, le cubisme de Picasso ou encore l’art abstrait de Jackson Pollock.
Mais que deviendront ces joyaux que les religieux jugent anti islamiques ? Face à l’obscurantisme, Cyrus endosse, à 25 ans à peine, les habits un peu grands de gardien d’un trésor à protéger contre l’ignorance et la morale islamique. 

Stéphanie Perez est née en 1973. Grand reporter pour France Télévisions depuis plus de vingt-cinq ans, chargée de l’international, elle s’est rendue plusieurs fois en Iran et a couvert plusieurs conflits, comme la guerre en Irak et en Syrie, ou récemment en Ukraine. Elle a remporté le Prix Bayeux des lycéens en 2018 et le Laurier du grand reporter en 2020 (Prix Patrick Bourrat). Le gardien de Téhéran est son premier roman.

EAN : 9782259315470 / Nombre de pages : 240 / Format : 140 x 225 mm / 20.00 € / Date de parution : 02/03/2023