Le Carré des indigents, Hugues Pagan

Dans la province des années 70, l’enquête d’un flic pas banal

Claude Schneider n’est pas un inspecteur de police banal. Il a fait l’armée et a connu l’Algérie, l’amour et cette guerre dont il ne s’est jamais remis. Aujourd’hui il revient chez lui, dans cette ville de province qu’il avait quitté depuis des années.

C’est le nouveau patron du groupe criminel. Si le quotidien est plutôt tranquille, à son arrivée il écope d’une affaire sordide, la jeune Betty, 15 ans, a disparu. Mais Schneider n’est pas un flic comme les autres, et cette famille, cette victime trop ordinaire m’émeut au plus haut point. Il n’est pas homme d’apparat au contraire, ceux qui l’émeuvent sont tous ces sans grade, ces pauvres, ces gueux de la France de Pompidou dont se désintéressent les élites, ceux qui souffrent au quotidien sans rien dire et sans oser protester pour qu’on les prennent en compte.

Hugues Pagan écrit avec minutie et talent, usant de descriptions qui rendent vivants ceux dont il parle, pas seulement par leurs actes ou par le rôle qu’il leur fait endosser, mais par les sentiments qu’il nous fait ressentir à leur égard en les rendant aussi présents sous nos yeux attentifs.

L’Algérie, la guerre et ses déchirements, ses effets délétères et ses violences post traumatiques que l’on n’a jamais soignées prennent ici toute leur place dans cette France des années 70.

La plume d’Hugues Pagan n’est jamais moralisatrice, elle est au contraire explicite, tendre ou violente, réaliste et froide parfois, son flic n’a rien du héros, fonctionnaire désenchanté qui va au bout de sa mission, humain parmi les humains, un des seuls à voir la misère autour de lui et à considérer qu’un clochard est un homme comme un autre. Un polar à l’écriture soignée et ciselée au cordeau.

La lecture par Cedric Romoli correspond parfaitement à l’idée que je me faisais de Schneider, ce taiseux qui aime les gens sans le montrer, soucieux de bien faire son métier sans obéir systématiquement aux désidératas parfois contradictoires de sa hiérarchie. Il incarne son personnage à la perfection et porte parfaitement ce texte précis, travaillé au mot près.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Rivages

Novembre 1973. L’inspecteur principal Claude Schneider revient dans la ville de sa jeunesse après un passage par l’armée et la guerre d’Algérie dont il ne s’est pas remis. Il aurait pu rester à Paris et y faire carrière, mais il a préféré revenir « chez lui ». Nommé patron du Groupe criminel, il ne tarde pas à être confronté à une douloureuse affaire : Betty, la fille d’un modeste cheminot, n’est pas rentrée alors que la nuit est tombée depuis longtemps. Son père est convaincu qu’elle est morte. Schneider aussi. Schneider est flic, et pourtant, il n’arrive toujours pas à accepter la mort. Surtout celle d’une adolescente de quinze ans au petit visage de chaton ébouriffé. Faire la lumière sur cette affaire ne l’empêchera pas de demeurer au pays des ombres…

Hugues Pagan est né à Orléansville en Algérie. Après des études de philosophie et un bref passage par l’enseignement, il entre dans la police où il restera 25 ans. Il est aujourd’hui scénariste pour la télévision. Il a reçu le prix Mystère de la critique pour Dernière station avant l’autoroute. Son précédent roman, Profil perdu, a remporté un vif succès public et a été unanimement salué par la presse. Pagan a été fait Chevalier des Arts et des Lettres et est considéré comme l’un des grands stylistes du roman noir français.

Rivages ISBN: 978-2-7436-5493-1 / Parution: janvier, 2022 / 384 pages / Prix: 20,50€

Audiolib Lu par Cyril Romoli Durée 13h22

EAN 9791035410988 Prix du format cd 27,90 € / EAN numérique 9791035411213 Prix du format numérique 24,95 € / Date de parution 15/03/2023

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