Les fleurs d’Hiroshima. Edita Morris

« Nous sommes des enfants de la bombe et nos enfants sont aussi des enfants de la bombe. Nous sommes marqués pour des générations. »

Dans « l’après » à Hiroshima, les familles survivent, les douleurs se taisent, les vies se font courage et sacrifice pour avancer sans oublier.

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Nous sommes quinze ans après la bombe, quinze ans après l’horreur. Une partie importante de la ville d’Hiroshima a été détruite, de nouveaux quartiers sortent de terre pour abriter les nouveaux venus, ceux qui arrivent d’autres régions du Japon, n’ont pas subi l’horreur et vont repeupler la ville fantôme. Mais à Hiroshima, il y a aussi les survivants, les rescapés, pas ou peu touchés, en apparence du moins, par les radiations dont les dégâts, même des années après l’explosion et les radiations, sont irréversibles et bien souvent mortels.

Yuka a survécu avec sa jeune sœur à l’horreur de la bombe, mais sa famille a péri. Mariée à Fumio, ils ont deux enfants. Yuka tente par tous les moyens de vivre, normalement, de profiter de chaque instant de bonheur, de vie, de joie, de la beauté de la fleur blanche que l’on cueille dans son jardin, de la tasse de thé que l’on boit en contemplant la nature, des bavardages animés que l’on a au bain avec les voisines. Dans ce pays où le poids des traditions et le respect des anciens passe avant tout, la vie et surtout le bonheur individuel ont peu de chance de s’épanouir.

Sam-san est un jeune américain envoyé à Hiroshima par son entreprise, il ne veut pas loger dans les hôtels impersonnels et préfère être hébergé chez l’habitant. Côtoyer un jeune homme d’une culture aussi différente, sans rien laisser paraitre de ses propres sentiments, voilà ce que veut la tradition, ce que va faire Yuka, jusqu’au moment où il est bien évidement indispensable de dire, de montrer, de faire comprendre à cet étranger devenu ami, pour que lui aussi, à son tour, comprenne et ressente le poids de cette horreur qui a transformé leur vie, qui fait que plus rien, jamais ne pourra être comme avant, léger et beau comme les fleurs de cerisier au printemps.

Alors bien sûr, nous avons tous entendu parler d’Hiroshima, de la bombe, des morts, et vu au moins une fois la photo de cette petite fille qui court, nue, pour fuir la mort. Dans « Les fleurs d’Hiroshima », Edita Morris donne vie et corps aux survivants, à tous ceux qui, même si elle ne s’est pas arrêtée ce jour-là, ont vu leur vie irrémédiablement transformée, anéantie, leur normalité remise en question. Et qui pourtant ont assez de force et de courage pour continuer à vivre avec cette apparence de normalité essentielle à l’équilibre des hommes.
Le roman d’Edita Morris est court et terrible, puissant et émouvant, un roman comme un appel, qui bouleverse et questionne, une lecture indispensable. Sans cette réédition par J’ai Lu, je ne l’aurai certainement pas lu, et cela aurait été bien dommage. J’avais lu il y a quelques mois « 86, année blanche », de Lucile Bordes (Liana Levi) qui évoque Tchernobyl, et l’an passé le très puissant roman « L’expérience » de Christophe Bataille, qui évoque les essais nucléaires en Algérie. « Les fleurs d’Hiroshima » complète ma vision de l’après, celle des hommes qui ont vécu, souffert, et souvent ont tu ce qu’il s’était passé. 

 Une fois n’est pas coutume, j’ai eu envie de relever quelques phrases…

« Je ne peux m’empêcher de penser que nos manières japonaises sont supérieures aux autres, bien que mon ami qui m’a enseigné l’anglais ait essayé de m’expliquer qu’elles n’étaient pas supérieures, mais seulement différentes. »

« J’ai renoncé à lui cacher certaines choses mais j’ai trop d’amitié pour lui maintenant pour le mettre, sans nécessité, en face de telles horreurs. Sam-san est un homme libre, mais s’il venait à être touché par la pitié –et la véritable pitié est toujours agissante – c’en serait fait de sa liberté. Je veux qu’il reste en dehors de la tragédie d’Hiroshima. »


Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

«Nos voix ne sont que des murmures et nous chantons ces complaintes qui nous sont si chères. (…) C’est avec toute notre passion que nous lançons ce cri du cœur : « Jamais plus Hiroshima ! » – Comme nous nous sentons proches les uns des autres ! Nous sommes une espèce à part.» Yuka a trente ans. Elle et sa famille ont survécu à la bombe jetée sur Hiroshima quinze ans avant le début de cette histoire. Yuka fera tout pour que sa famille et ses proches aient une vie normale, même à l’arrivée de ce jeune Américain qui lui loue une chambre et qui a la joie de l’innocence. C’est l’histoire simple de gens incapables d’oublier mais qui font preuve du courage immense des rescapés et des sacrifiés : celui de cacher au reste du monde leurs souffrances.

Date de parution : 20/11/2000 /Éditeur : J’ai Lu / EAN : 9782290307847

La belle-sœur de Victor H., Caroline Fabre-Rousseau

La biographie romancée d’un personnage aussi inattendu qu’attachant, Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865)

La belle soeur de Victor H.

Cette biographie présente deux intérêts principaux. D’abord, nous faire découvrir une femme peintre, il y en très peu de connues, en dehors peut-être de madame Vigié Le Brun,. Puis présenter de façon romanesque une vie et une époque, la fin d’un règne, l’époque de Napoléon et l’avènement de Louis XVIII.

Julie, artiste peintre à une époque où les femmes s’accomplissaient en tenant le foyer de leur époux, fait figure d’avant-gardiste, en plus d’être une artiste déjà reconnue de son temps. Julie Duvidal de Montferrier sera élève de Gérard et David, puis copiste de grands peintres, d’Ingres à Delacroix, comme cela se faisait beaucoup à cette époque et même bien avant. C’est également une artiste reconnue pour son succès et qui sera capable de faire vivre sa famille avec ses revenus. Du premier salon auquel elle participe, elle dont le tableau est immédiatement acheté par le roi, à ses commandes de portraits, puis à son succès non démenti tout au long de sa vie, elle aura su vivre de sa passion et de son talent.

Élevée à l’école de la légion d’honneur, où l’on avait à cœur de permettre à ces jeunes filles de pouvoir s’en sortir si un revers de fortune venait à frapper les familles, Julie sait vivre quel que soit le train de vie des siens. Décidée, volontaire, faisant preuve de beaucoup d’audace et de courage, elle saura tracer son chemin d’artiste accomplie. Elle sera le professeur de dessin d’Adèle, future femme de Victor Hugo. Puis épousera Abel, frère de Victor. Celui qui a eu du mal à reconnaitre qu’une femme pouvait être une artiste sans être une catin reconnaitra son talent sur le tard. La biographie de Julie nous dévoile également quelques pans de la vie de Victor, de sa femme et de son grand frère Abel.

Rendue vivante par la correspondance de Julie, par les exemples et les situations divers quelle a eu à affronter pendant sa vie, cette biographie se lit réellement comme un roman. Elle m’a donné envie de retourner voir la maison de Victor Hugo, place des Vosges – visitée il y a bien longtemps, elle mérite une nouvelle visite – et bien sûr refaire une visite du musée Fabre de Montpellier, superbe musée qui présente de nouveau les tableaux de Julie Duvidal de Montferrier.

Catalogue éditeur : Editions Chèvre Feuille Etoilée

Le portrait de Julie Duvidal de Montferrier, comtesse Hugo, ingénieusement campé par Caroline Fabre-Rousseau, est celui d’une femme accomplie dans sa plénitude d’artiste et sa plénitude de femme.
L’auteure ressuscite non seulement l’art d’une peintre authentique, l’histoire de sa famille originaire du Languedoc et ruinée par la Révolution, mais aussi l’ambiance artistique, politique et sociale de la riche période romantique du XIXe siècle. Les pages de ce livre nous plongent dans la profusion créatrice de ces années marquées pourtant de bouleversements, de crises, d’exils et de drames innombrables. Mais la figure de Louise Rose Julie Duvidal en sort grandie par les épreuves, joyeuse, revigorante, indéniablement inventive, elle, la seule peintre à avoir, encore aujourd’hui, un tableau accroché depuis deux siècles à l’Assemblée Nationale.
Un livre brillant et érudit, qui se lit d’une traite et irrigue, de mille façons, notre imaginaire.

Format : 14,5 x 21 cm / Pages : 340 / 9782367951096 / 19,00 €

De nos frères blessés. Joseph Andras

« Je vais mourir, murmure-t-il, mais l’Algérie sera indépendante »

Dans l’Algérie des années 50, le lecteur oscille du bonheur à la violence, de la beauté à la souffrance, « De nos frères blessés » de Joseph Andras est un hymne à la fraternité, à la liberté, à ceux qui luttent pour l’amour d’un pays et de leur terre.

Bluffée ! Par l’histoire ? Peut-être car je ne savais rien de la courte vie de Fernand Iveton, restant dans l’Histoire comme le seul européen guillotiné en 1957, pendant la guerre d’Algérie, pour avoir posé une bombe. Bombe qui n’a pas sauté, qui n’a tué personne et qui n’était avant tout pas destinée à tuer mais plutôt à faire exploser les consciences, à ouvrir les cœurs et l’intelligence de tous pour enfin entendre l’aspiration à la liberté de tout un peuple.
Bluffée par le ton ? Sans doute, car il est celui d’un écrivain aguerri et certainement pas celui que j’attendais d’un premier roman.
Par le rythme ? Oui, sans hésitation, par l’alternance de situations, de souvenirs, d’événements, ayant attrait aux différents personnages, n’ayant souvent rien à voir les uns avec les autres, et qui cependant s’enchainent de façon évidente et sans casser le rythme de la lecture.
Effarée , bien que consciente de cette réalité, par la dureté des politiques, de la justice, des hommes, tels qu’ils peuvent l’être dans un pays en guerre, en conflit, en lutte pour son unité, et qui certains d’être dans leur juste droit n’hésitent pas à condamner à mort pour l’exemple.
Attristée ? De savoir et de comprendre que la mort pour l’exemple ne sert à rien, quand les hommes se battent pour des causes qu’ils croient justes, quand les lâches dénoncent sans prendre la mesure de leur faiblesse et de leur lâcheté.

Voilà un très beau roman, qui même s’il relate un épisode peu glorieux de notre histoire commune, se lit malgré tout comme un roman de fiction (enfin, de fiction …. Bref, comme un roman). Un roman qui dépeint des personnages auxquels on s’attache ou qu’on déteste mais qui ne laissent pas indifférent. Qui nous fait vivre des scènes de torture réalistes et violentes, qui posent question elles aussi. Comme se le demandera Fernand lui-même dans sa geôle de la prison de Barberousse. Jusqu’à quand ont-ils tenu, eux, les autres ? Qui est le lâche, le traitre, le faible, le courageux, le bourreau ? Jusqu’où l’homme est-il capable d’aller dans l’acceptation de la douleur avant de perdre toute humanité ? Et quelle succession d’évènements, de rencontres, de certitudes, d’amitiés, vont faire de chacun de nous ce que nous sommes ?

J’ai vraiment aimé cette écriture, ce rythme, ces alternances d’époques, ces fulgurances de bonheur et de droiture dans une vie si courte, ces flashback dans la vie de Fernand qui nous font toucher l’intimité de cet homme qu’on a du coup tant de mal à juger (si tant est qu’on en ait seulement le droit ou l’envie !) et qu’on ne souhaite que comprendre et approuver au plus profond de soi.
Bref, à lire sans faute; un roman qui bien que situé dans le passé, raisonne d’une brulante et permanente actualité.

Liberté, liberté chérie … « Sur les marches de la mort J’écris ton nom »

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Catalogue éditeur : Acte Sud

Alger, 1956. Fernand Iveton a trente ans quand il pose une bombe dans son usine. Ouvrier indépendantiste, il a choisi un local à l’écart des ateliers pour cet acte symbolique : il s’agit de marquer les esprits, pas les corps. Il est arrêté avant que l’engin n’explose, n’a tué ni blessé personne, n’est coupable que d’une intention de sabotage, le voilà pourtant condamné à la peine capitale.
Si le roman relate l’interrogatoire, la détention, le procès d’Iveton, il évoque également l’enfance de Fernand dans son pays, l’Algérie, et s’attarde sur sa rencontre avec celle qu’il épousa. Car avant d’être le héros ou le terroriste que l’opinion publique verra en lui, Fernand fut simplement un homme, un idéaliste qui aima sa terre, sa femme, ses amis, la vie – et la liberté, qu’il espéra pour tous les frères humains.
Quand la Justice s’est montrée indigne, la littérature peut demander réparation. Lyrique et habité, Joseph Andras questionne les angles morts du récit national et signe un fulgurant exercice d’admiration.

Domaine français / Mai, 2016 / 144 pages / ISBN 978-2-330-06322-1 / prix indicatif : 17€

Dans la chaleur de l’été. Vanessa Lafaye

« Tu es mort maintenant mon frère, mais qui, pendant la saison des ouragans en Floride t’a laissé sur les Keys où un millier d’hommes étaient déjà morts avant … » Ernest Hemingway

https://i0.wp.com/ecx.images-amazon.com/images/I/41Byh3qOK2L._SX210_.jpgAvec « Dans la chaleur de l’été », Vanessa Lafaye nous entraine en Floride pendant les années trente. Elle utilise en trame de son roman deux composantes essentielles de la vie à l’époque, la ségrégation raciale et les lois iniques qui cantonnent les Noirs dans leur condition d’avant la sécession, et les ouragans terribles qui sévissent régulièrement dans cette zone des USA.

Les hommes, célébrés par tous lorsqu’il sont partis en 1917 faire la guerre en France, sont rejetés par les populations et le pouvoir en place, pas de travail, pas d’indemnisation, pas de pension, ils survivent en marge de la société et parcourent le pays à la recherche d’un travail. Mais ce sont les années de la grande dépression, il y a tellement peu  de travail. Les vétérans ont enfin trouvé un emploi sur le chantier d’un pont, sur les Keys, au sud de Miami, en Floride. Un de leurs chefs n’est autre que Henri Roberts, un jeune noir du pays, parti fier et conquérant, la fleur au fusil comme tant d’autres, et qui depuis son retour en ville n’a jamais revu sa famille.

C’est le 4 juillet, et à Heron Key comme partout dans le pays, les habitants vont célébrer la fête nationale lors d’un grand barbecue sur la plage, journée clôturée comme chaque année par un feu d’artifice. Mais chacun restera de son côté, car une barrière invisible sépare les blancs et les noirs. Si tous célèbrent la fête nationale, l’unité raciale est impossible. Les différents protagonistes vont converger sur la plage, les familles de blancs aisés, celles des Noirs pour partie à leur service, et les vétérans, crains et rejetés par tous. Ces derniers sont habituellement cantonnés dans les baraquements du chantier, mais ce soir ils vont se mêler à la population locale. Bières et alcool coulent, chacun pressent le drame, les esprits s’échauffent, les ressentiments, les haines raciales et les tensions exacerbées vont aboutir à une bagarre générale, puis à l’agression d’une femme blanche. Chercher le coupable devrait être facile dans cet univers où les noirs sont lynchés pour moins que ça. Le shérif mène son enquête dans cette ambiance où la tension est palpable, où les esprits échauffés sont prêts à en découdre, et alors que l’un des plus puissants ouragans menace de dévaster l’ile.

On se laisse emporter par l’enquête autour de l’agression, mais aussi par la romance dans les relations entre Henry et Missy, par la force des sentiments, les douleurs et les luttes, et par les difficultés qu’ont blancs et noirs à vivre ensemble. On est submergé par la force des éléments, par cet ouragan qui détruit tout sur son passage et ne laisse qu’un spectacle de mort et de désolation. On découvre le retour difficile des vétérans, rejetés dans tout le pays, spoliés de leurs droits, ils ont vécu le pire et ont toutes les difficultés à se réadapter à une vie « normale ». On est affligés par l’indigence, l’incompétence et la nonchalance des autorités. Voilà un premier roman très prometteur. Étayé par des éléments historiques qui permettent de mieux appréhender, en même temps qu’une période de l’Histoire méconnue, quelle pouvait être la difficulté de vivre ensemble à une époque où les lois raciales iniques étaient encore approuvées par tous.


Catalogue éditeur : Belfond

Inspiré de faits réels, et notamment de l’histoire de l’ouragan le plus puissant jamais recensé en Floride, un premier roman impressionnant. Portée par une tension permanente, une histoire de passion et de survie, dans un Sud rongé par le racisme.
Depuis le départ de Henry en 1917 pour les tranchées françaises, Missy Douglas n’a jamais cessé de penser à lui. Dix-huit ans plus tard, après avoir survécu à l’enfer et erré en Europe, Henry est de retour à Heron Key. Mais si l’homme n’a plus rien du garçon désinvolte de l’époque, la ville, elle, n’a pas changé : les Noirs subissent une ségrégation d’une violence inouïe. Parqués dans un camp insalubre, Henry et ses camarades vétérans cristallisent les plus grandes craintes et les plus folles rumeurs. Lire la suite

Traduit par Laurence VIDELOUP / Parution le 19 mai 2016 / 320 pages / 21.50 €

Chefs-d’œuvre de Budapest. Dürer, Greco, Tiepolo, Manet, Rippl-Rónai…

Le Musée du Luxembourg accueille les chefs-d’œuvre des musées de Budapest.

DomiClire_budapest_1Pendant ses travaux de rénovation, le célèbre Szépmuvészeti Múzeum se joint à la Galerie Nationale Hongroise pour présenter à Paris les fleurons de leurs collections, depuis la sculpture médiévale jusqu’au symbolisme et à l’expressionnisme.
Quatre-vingt peintures, dessins et sculptures de Dürer, Cranach, Greco, Goya, Manet, Gauguin, Kokoschka entre autres, ainsi qu’une dizaine d’œuvres de l’art hongrois sont présentés, offrant ainsi une belle perspective de l’art européen.

La fin du moyen age, la renaissance germanique, l’age d’or hollandais, mais aussi les impressionnistes avec Manet, Monet ou Cézanne, aucun style n’est oublié. J’avais particulièrement aimé le tableau de Claude Monet « les barques » lorsque j’avais visité le musée à Budapest et je l’ai retrouvé avec plaisir.

Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, le musée des Beaux-Arts de Budapest et la Galerie nationale hongroise. Du 9 mars 2016 au 10 juillet 2016.

Un, deux, trois, sommeil ! Gilles Vincent

Quand le polar se met au sud !

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Dans la bonne ville de Pau, c’est le début de l’été, il fait chaud, très chaud… enfin quand il ne pleut pas ! Le commissaire Jens Holtan n’aime pas la chaleur, il attend la pluie et s’ennuie un peu dans son traintrain de banalité. Nieves, une nouvelle recrue, vient d’intégrer l’équipe, c’est le moment de lui montrer comment travaillent les véritables professionnels. Mais quand de bon matin le lieutenant Nieves pose une enveloppe sur le bureau du commissaire, son monde si calme bascule et les affaires reprennent, et s’enchainent ! Car en peu de temps, trois des principaux notables de Pau sont découverts morts chez eux. Suicide ? Meurtre ? Tout est imaginable et l’enquête démarre à fond de train, pour un retour sur une sombre affaire à puiser dans le passé des protagonistes. Les enquêteurs ont fort à faire et s’en sortent plutôt bien.

J’aurais aimé que l’enquête soit un peu plus étoffée… mais on peut aussi se dire que l’intérêt du roman tient à son format (à peine plus de cent cinquante pages) et à son rythme. On ne s’ennuie pas, on a juste envie de tourner les pages, l’enquête avance en posant les briques de l’intrigue, en développant chaque élément, personnage et situation, dans une région en apparence si tranquille mais dans laquelle il faut résoudre de bien sombres mystères. Les personnages sont bien campés, leur passé émerge des conversations, les relations se tissent, et on espère les retrouver pour mieux les découvrir. Ce premier opus est comme un avant-goût de ce que pourrait être une série installée dans le sud-ouest avec cette nouvelle équipe d’enquêteurs. Voilà donc un polar à mettre dans son sac de voyage, car il sera l’assurance d’un bon moment de détente cet été. Que demander de plus !

Pour une paloise d’adoption, lire un livre situé dans cette ville et qui n’évoque pas le bon roi Henri est un véritable plaisir. Expérience réussie. J’en profite pour vous emmener faire un tour à Pau !

Catalogue éditeur : Éditions Cairn

Un étrange cliché. Le corps chez lui  d’un homme sans vie. L’été s’annonce suffocant dans la cité Paloise. Et le commissaire Holtan ignore encore que le jeu ne fait que commencer…1, 2, 3 sommeil!
Dans son bureau du commissariat central de la rue O’Quin à Pau, le commissaire Jens Holtan peine à sortir de sa longue hibernation. Les affaires se suivent et se ressemblent, maussades et ennuyeuses comme les après-midi de pluie sur le Béarn.
Ce qu’il ne peut deviner, c’est que dans moins d’une minute, le lieutenant Inès Nieves va surgir dans son bureau.
Dans l’enveloppe qu’elle déposera, l’attend la photographie d’un corps inerte. Un notable du coin. Sans vie.
Un corps allongé dans une posture étrange, à même le cuir fauve de son canapé de standing.
Et s’il n’était que le premier de la liste…
Sur la ville prête à sombrer dans la torpeur de l’été, un vent de panique s’apprête à tout balayer.

Type de brochure: 12 x 18 / Nombre de pages 158 / Code ISBN/EAN : 9782350684116 / Date de parution 22 mars 2016

La ville haute. Eliane Serdan

Dans « La ville haute » deux solitudes se rencontrent, deux exilés se comprennent, et Éliane Serdan nous offre un court roman empreint de poésie et de nostalgie.

Hiver 1956, dans le sud de la France, Anna a quitté Beyrouth avec ses parents. Elle vit dans la tristesse et la solitude ses premiers mois d’exil. Sans comprendre pourquoi elle a quitté son Liban chaleureux et solaire, ni accepter l’isolement que cela implique.

Un soir de pluie, sur le chemin du retour de cette école où elle se sent si étrangère et terriblement isolée, elle s’égare dans le village et rencontre un homme lui aussi étranger. Rencontre improbable car aucun des deux ne va se parler, Anna va fuir, aucun ne sait qui est l’autre. Mais cette rencontre est un catalyseur pour Pierre qui va se réveiller d’une vie d’insatisfaction. Il va enfin comprendre que cette petite fille fragile lui en rappelle une autre qu’il a cherché toute sa vie, Anouche, la fille de sa nourrice, avec qui il a été élevé, et qu’il a perdue, là-bas, sur les bords de la mer Noire.

Alternant les points de vue de Pierre puis de Anna, « La ville haute » est un roman très poétique, avare de mots superflus. Éliane Serdan dit le principal en peu de phrases et peu de pages, et son roman se lit dans un souffle, malgré la puissance des sujets abordés. Car dans cette ville haute, on souffre d’exil, de solitude et de chagrin. Le roman évoque également le sort dramatique des arméniens au bord de la mer noire, par phrases sobres mais tellement imagées que l’on ressent toute l’horreur du génocide. Il y a aussi le désespoir des immigrés, même si ceux-ci, arrivant du Liban, sont déjà français. Ils ne sont pourtant pas d’ici et devront apprendre à vivre et à s’intégrer. Il y a enfin toutes les difficultés de l’enfance évoquées à demi-mots, tristesse et abandon, espoir et renouveau. Il y a surtout la beauté d’un paysage, des champs d’oliviers, de la neige qui recouvre le paysage de son blanc manteau, dans sa beauté éphémère et scintillante, et qui rivalise avec les paysages éclatants de soleil du Liban ou de Turquie.

Quand je regarde les couvertures safranées de cette maison d’édition (qui me semblent très  « scolaires ») je n’imagine pas la qualité de ses romans et de ses auteurs. En tout cas, c’était mon impression jusque-là ! Et là je dois avouer que j’ai beaucoup aimé « La ville haute » !


Catalogue éditeur : Serge Safran

Hiver 1956. Dans une petite ville du sud de la France, Anna, une fillette arrivée du Liban, vit ses premiers mois d’exil.
Un soir de pluie, elle se réfugie sous le porche d’une maison. Un homme est là. Pierre. Lui aussi étranger. Seul, fragilisé par la perte de son métier de relieur à la suite d’une mutilation de la main. Resurgissent pour lui les fantômes d’un passé qu’il a cherché à oublier toute sa vie. À l’âge de neuf ans, en Turquie, il a assisté à l’enlèvement d’Anouche, la fille de sa nourrice arménienne, qui a sans nul doute subi les pires outrages. Elle avait l’âge et le visage d’Anna. Cette coïncidence inattendue lui donne l’impulsion d’enquêter sur la disparition d’Anouche pour enfin apprendre la vérité.
La rencontre de ces deux êtres en exil permet à l’enfant d’échapper à la solitude et offre à l’homme la possibilité de se libérer du passé.
Un superbe roman sur l’exil et la beauté du sud en hiver, avec la neige sur les oliviers et en toile de fond, le souvenir nostalgique de la mer Noire.

En librairie le 7 avril 2016 / ISBN : 979-10-90175-47-1 / Format : 12,5 x 19 cm / Pagination : 172 pages / Prix : 15, 90 €

Rencontre avec Olivier Norek

Retour sur une superbe rencontre avec Olivier Norek, le 13 mai, avec Lecteurs.com autour de son roman Surtensions

Olivier Norek et Emmanuel Grand sont venus parler polar avec lecteurs.com. j’ai pris un grand plaisir à cette rencontre absolument passionnante. Avec quelques notes,  j’essaie de restituer l’atmosphère des échanges, qui permet de mieux comprendre toute la complexité du travail d’un écrivain.
Olivier Norek a travaillé sur Engrenage pour Canal+. Bientôt sur une série à la télé pour adapter Victor Coste, avec Yves Régnier. Il a également travaillé au scénario de « Flic tout simplement » adapté du livre de Martine Monteil, et réalisé avec Régnier, qui est aussi le commissaire Moulin (et donc quelque part flic depuis plus longtemps qu’Olivier !) Et je dois avouer que cette adaptation est juste géniale, avec un superbe jeu d’actrice de Mathilde Ségnier qui se révèle plus vraie que la vraie Martine Monteil dans ce téléfilm, réaliste et criant de vérité alors que le livre est à mon avis plutôt décevant dans son écriture.

Olivier, quand vous écrivez des romans policiers, est-ce basé sur des histoires vécues ? Il y a un peu de mon quotidien de flic dans le 93. En fait les enquêtes les plus folles, les plus sordides les plus cocasses, je les ai mixées dans mes trois romans. Les enquêtes n’existent pas mais les faits sont réels. J’écris avec 95% de réalité, 5% d’histoire d’amour !

Comment travaillez-vous pour écrire un roman ?
Comme j’enquête. Entouré d’experts, de professionnels, en fonction du sujet à traiter je vais voir, je dois connaître. Territoires : collusions entre mairies et délinquants, certains maire, travaillent avec = achat de la paix sociale. Adjoints au maire, maires, devenus les indics du roman.
Dans Surtension, il y a une évasion, donc besoin de l’aide de surveillants, de directeurs de prisons, qui expliquent comment ça se passe dans la vraie vie. Car envie de monter la pauvreté de la justice, du TGI de Bobigny en tout cas. Dans le roman il va y avoir un braquage de la salle de scellés du tribunal de Bobigny, l’auteur avait donc besoin « d’indic » à l’intérieur du TGI pour monter un braquage plausible.
Il y a tout d’abord une grosse période de prise d’information, puis un mur à la maison, d’enquêteur ? De serial killeur ? Avec des fils, des points d’interrogation, des photos, j’explose mon cerveau contre mon mur : il y a tout ce que je veux dans mon livre, à moi de faire les liens, d’en faire ce que je veux pour que tout se passe comme je veux. j’écris sans arrêt des idées, des scènes, dans des calepins.
Un livre est construit comme Colombo, le lecteur a beaucoup d’infos au début. L’important est de savoir comment le flic va y arriver. Dans Surtension, 5 enquêtes se percutent. Sans dévoiler le spoiler, c’est des personnages qui vont être amenés à leur point de surtension et donc à leur point de rupture.

Si vous êtes en danger de mort, ou si vos proches sont en danger de mort, une sorte de voile blanc va apparaitre. Quelle est votre personnalité, comment allez-vous réagir ? Une partie de cette personnalité est cachée en nous. Javais envie de voir comment le personnage va réagir s’il est porté à son point de rupture. Quelle est cette animalité qui sort de vous ?

Pas besoin de meurtre dans un polar : dans Territoire l’auteur évoque le « braquage de l’état », dans Surtension, une évasion de prison. C’est d’abord l’histoire d’une jeune femme, alexandra, à la tête d’une équipe de braqueur de bijouteries. Elle a accepté que son petit frère Nano participe à un braquage, mais il se fait arrêter. Il est incarcéré à Marveil, la prison la plus dangereuse de France (entièrement sortie de l’imagination de l’auteur). C’est un jeune homme tout fin et fragile comme une bulle de savon, il devient fou, il est en danger de mort. Alex veut mettre en place son évasion. Pour ça elle devra également faire en sorte que quatre autres criminels soient libérés. Le flic va devoir enquêter sur ces cinq enquêtes, en pensant qu’elles sont séparées mais elles vont se rejoindre à la fin !

Violence du monde pénitentiaire. La violence rappelle les films d’Audiard. Dans Surtensions, Il va falloir qu’Alexandra fasse libérer son frère, elle y est obligée, et en plus c’est un avocat qui lui demande de le faire. Olivier Norek, vous n‘êtes pas en amour avec les avocats ??
Pas toujours ! Je m’explique, avec certains, c’est facile bien sûr. Mais quand on est flic, on est une équipe qui essaie de se rapprocher le plus possible de la vérité pour qu’un jury puisse prendre sa décision. Le flic va trouver les preuves pour amener le mis en cause devant la justice, ensuite les jurés et les juges vont devoir s’approcher le plus possible de la vérité pour prendre la bonne décision, et à côté, dans la même salle de tribunal, il y a l’avocat, et s’il a une information qui mettrait en cause son client, qui prouverait qu’il est coupable, il n’est pas obligé de la donner à la justice ! Tout le monde doit le faire, sauf l’avocat. Alors on peut se demander pourquoi c’est le seul de l’équipe qui peut ne pas dire la vérité !

Les personnages : ils sont récurrents pour pouvoir les suivre enquête après enquête et les voir évoluer. Pour leur donner une épaisseur, Olivier Norek écrit des nouvelles sur les personnages (qui ne font pas partie du livre et destinées à lui seul) :
Avant même de commencer le livre je sais comment ils évoluent, parlent, sont habillés, ils ont déjà une énorme personnalité. Au bout de trois romans, je les ai suivis, je leur parle, d’ailleurs je dis tout haut leurs dialogues pour voir s’ils sont réalistes, s’ils prennent vie ! Je pousse même le truc encore plus loin, ils vont prendre vie avec des acteurs puisqu’ils vont être adaptés en série à la télé ! ».

Mon père m’a forcé à lire, je l’en remercie ! Moi j’étais plutôt attiré par les séries. Et d’ailleurs, dans les séries, j’aime bien le concept du héros récurrent qui revient et évolue au fil des saisons : première saison, pas la peine de faire tomber amoureux son héros, on n’a pas encore assez d’empathie pour lui ! Du coup il faut créer une enquête ultra forte. Elle peut être un peu moins forte dans le deuxième, et encore moins dans le troisième, parce que là on a juste envie de retrouver les personnages et même de les voir tomber amoureux, et ce même si l’enquête est un peu moins prégnante. Bon, elles ont toujours beaucoup d’importance dans les trois romans par contre. Dans toutes les séries, c’est comme ça. On aime retrouver ses personnages, bien les connaitre, pour pouvoir les égratigner aux saisons suivantes. Ici, dans Surtension, troisième opus de la trilogie, je peux égratigner mon héros, et d’ailleurs à la première page on sait qu’il va être malmené. On sait que quelqu’un va mourir. Coste est chez la psy police… « C’est un membre de mon équipe, j’en suis responsable, c’est comme si je l’avais fait ».

Il y a dont comme un besoin de castagner son personnage ! Victor est très vulnérable, dans Surtensions, il se pose beaucoup de questions. Est-ce ainsi dans la vraie vie, peut-on craindre une sorte de porosité qui fait que sa carapace de protection ne marche plus ? Dans la vraie vie, c’est comme je le fais dire à mes personnages, je le mets dans la bouche de mon flic : « c’est pas tes proches, c’est pas ta peine » ; Il ne faut pas être une éponge et ne pas ramener de fantôme à la maison, faire en sorte que ça ne nous touche pas. On peut toujours se dire « Je suis un cow-boy, je suis balaise », mais évidemment certaines fois des victimes vous font penser à quelqu’un…certaines enquêtes … comme cette fois, dans l’appartement d’une jeune fille victime, j’ai vu des livres dans sa bibliothèque, des livres que j’avais lus ! Et je me suis posé des questions, elle les a aimé ces livres ? C’était top pour moi : vite, faire trois pas en arrière ! Dès le départ, trop de contact, de rapprochement. Ce genre de chose arrive avec des victimes qui vous touchent, des enfants, des jeunes personnes… je me souviendrai toute ma vie de cette enfant morte, les parents disent elle est morte il y a deux heures, je dois les consoler, je me rapproche d’eux dans leur malheur et là le médecin dit, non, pas possible au moins dix heures ! Et je me rends compte que je réconforte des gens qui me mentent : les victimes peuvent avoir un brin d’auteur, les auteurs un brin de victime. S’impliquer le moins possible, un flic est un outil, il peut diriger les victimes vers l’appareil dédié qui peut leur répondre. Il ne fait pas interférer pour ne pas parasiter l’enquête. Heureusement, l’enquête de trop je ne l’ai pas eue ! J’ai eu et vu des choses terribles, mais après un parcours de missions humanitaires, pour trouver ma place. Je trouve ma place dans le regard des autres, après Guyane, Balkans, l’ex-Yougoslavie, et le 93 !

Une femme criminelle : la police sait-elle gérer, ou au contraire est-elle mal à l’aise ?
Étonnant, surprenant cette question ! Il me semble que c’est pareil que ce soit un homme ou une femme. Le plus compliqué c’est quand une femme est victime, car il n’est pas simple pour elle de raconter une agression à un homme, elle peut préférer s’adresser à des femmes et c’est normal. Un criminel homme ou femme, c’est égal. Dans le livre, c’est la femme qui est chef de bande. Dans Territoire, c’est aussi une femme, la mère, qui est responsable. J’avais envie d’enlever un peu de testostérone à mes personnages. Même si elle va passer à l’acte, il y a un peu plus de délicatesse. Et l’envie de surprendre le lecteur qui ne s’attend pas à la voir réagir comme un homme au moment d’aller au conflit. La criminelle femme m’intéressait car on la voit peu.

Transformer un roman en série : s’impliquer dans le scénario, faire partie du projet ! 1800 polars par an, il faut arriver à sortir du lot !
Pour ça, il faut aussi sortir du cliché du policier qui carbure au whisky, pourquoi pas à la cocaïne et une petit copine prostituée. Mon personnage c’est le 93, fournisseur officiel de clichés depuis près de 30 ans ! Les seules choses qu’on en sait : multiculturel, délinquance, criminalité, il ne faut pas y vivre ! Sauf que moi j’y vis, et j’ai découvert un département ultra jeune, avec un avenir certain avec le grand Paris, je suis amoureux de ce département laboratoire que je préfère à un département musée comme paris. C’est un département que je considère comme une enfant turbulent, sortir et les flics et le 93 de cette série de clichés, donc pas envie que les jeunes soient tous des jeunes à capuche et les flics aigris, vieillis, cabossés torturés. J’espère mener le combat du cliché et des années 80 !!

Il faut faire attention quand on écrit un scénario : par exemple si je prévois de faire une interpellation dans le Thalys gare du nord, ok, mais alors on a dépensé tout le budget de la saison ! On ne peut plus rien faire. Un auteur peut tout faire, faire exploser un hélicoptère, réquisitionner une gare, il a juste besoin d’un stylo. Et puis il y a les diffuseurs, et leurs filtres, maitres à bord et qui modifient certaines scènes. Par exemple, pour Code 93, il faut enlever des meurtres et orienter davantage vers la partie politique, c’est un autre projet, une autre histoire, des personnages s’en vont, d’autres arrivent, on coupe des scènes. Même si c’est votre préférée, il faut le faire. C’est une torture agréable mais ça n’est plus jamais le livre qu’on a écrit ! Et si vous dites « mais j’ai préféré le livre » : bien évidemment, ce n’est pas du tout la même chose !!

Un grand merci à Oliver Norek pour son dynamisme et sa disponibilité !

Retrouvez mes chroniques de :

 

 

Tuez qui vous voulez. Olivier Barde-Cabuçon

« Tuez qui vous voulez » cette nouvelle enquête du commissaire aux morts étrange d’Olivier Barde-Cabuçon nous entraine dans le Paris de Louis XV

Tuez qui vous voulez (Babel noir)Le chevalier de Volnay, commissaire aux morts étranges, sévit dans un Paris que nous ne rêverions vraiment pas de connaître, tant ses rues sont mal famées, peuplées de gredins détrousseurs de bonnes gens et beaux messieurs, de prostituées en mal de clients, ou de gamins mendiants pour subsister.
Dans ce nouvel épisode, le commissaire doit élucider trois meurtres mystérieux, le dernier survenu pendant la fête du grand feu d’artifice donné par le roi à son bon peuple. En quelques jours, trois hommes sont retrouvés morts, gorge tranchée, langue coupée. L’enquête mène Volnay sur de nombreuses pistes. De la fête des Fous interdite par le roi, aux appelants et convulsionnaires, influencés par les idées jansénistes et calvinistes, subissant de leur plein grès coups et crucifixions pour endurer les souffrances du christ qu’ils vénèrent à leur façon, et qui, bien que ce soit interdit, continuent leurs pratiques dans des endroits tenus secrets ; puis du chevalier d’Éon, secrétaire d’ambassade à la cour de Russie et de retour à Paris pour quelques jours, au « Secret du roi » ; enfin, des instructions de Sartine, à celles de Choiseul, les pistes et les directives sont peut-être un peu trop nombreuses et finissent par noyer quelque peu l’intérêt et l’intrigue policière. Même si on s’y laisse prendre malgré tout, surtout lorsqu’on aime découvrir cette période de l’histoire.

Et surtout c’est un régal de découvrir la ville, ses habitants, ses usages, sous la plume excellente et érudite de cet auteur, bourgeois, mendiants, cafés mal famés ou café Procope, rues désertes la nuit, mais peuplées de gredins qui veillent, « mouche » espions, tous prennent vie. Comme dans tous les romans d’olivier Barde-Cabuçon, chaque piste, chaque élément est prétexte à nous instiller, par la voix et les mots toujours très érudits du moine défroqué, père du commissaire aux morts étranges, un grand nombre d’éléments historiques toujours intéressants. Dans celui-ci, les personnages s’étoffent, prennent vie, le commissaire aurait-il enfin quelques sentiments, son moine de père est-il quelque peu mélancolique, lui si solide ? Des hommes à suivre, assurément, dans ce Paris de 1759 qui foisonne d’intrigue et de mystère.


Catalogue éditeur : Actes Sud Babel Noir

Trois hommes sont retrouvés égorgés et la langue arrachée avant la Noël à Paris. Au même moment, des inconnus veulent ressusciter la fête des Fous, des convulsionnaires se roulent sur le sol des églises et une jeune fille pousse des cris d’oiseau. Mais que vient faire là-dedans le mystérieux chevalier d’Éon, peut-être membre du Secret du roi ? En quelques jours, l’ordre social paraît s’inverser et même le moine semble gagné par la folie ambiante. Le commissaire aux morts étranges, lui, garde la tête froide et mène l’enquête.

Babel / Babel Noir / Janvier, 2016 / 11,0 x 17,6 / 400 pages
ISBN 978-2-330-05870-8 / prix indicatif : 8, 90€ / Babel noir n° 150

Mutations urbaines, la ville est à nous ! Cité des Sciences et de l’Industrie

 « Chaque seconde, la population mondiale augmente de deux personnes. »

 

Inauguration de l’exposition « Mutations urbaines » à la Cité des Sciences et de l’Industrie à la Villette, que l’on peut voir à partir du 14 juin 2016…

La ville se transforme, la ville est le reflet de notre civilisation, de nos habitudes, de notre mode de vie. La moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans les villes et les zones urbaines. Comment aborde-t-on ce changement dans les différents pays, est-ce déjà en marche ? Exemples, idées, réflexions sont présentés dans cette exposition organisée en trois axes, de la réalité actuelle aux réflexions et aux propositions pour demain.

Dans cette exposition, beaucoup à voir, et entre autre, on visualise sur des schémas en relief, sur des écrans la densité de la population des villes, la mobilité de chacun au fil du temps, nos déplacements par les flux de nos terminaux mobiles, mais aussi les efforts faits aujourd’hui pour remettre la végétation et l’oxygène au premier plan des cités modernes. Un mini atelier dessin pour les enfants… Une réflexion à la fois digitale et écologique.

Pour tout savoir sur Mutations urbaines