Jumelle de glace, Stéphanie Abadie

Marine et Romain aiment la montagne, et c’est un jour idéal pour une belle randonnée du côté de la cascade d’Arcouzan et au delà vers le glacier. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Au milieu du glacier qui commence à fondre, dans cette étendue toute de blanc et bleu, Marine aperçoit une étrange tâche rouge.

Le glacier prend, mais le glacier restitue aussi. Il s’agit du cadavre d’une jeune femme enfoui dans la glace depuis des dizaines d’années. Cette découverte est un véritable choc qui bouleverse la vie de Marine et bouscule ses certitudes. Son métier, son couple, tout est remis en question..

Un rapprochement est fait entre L’ADN de la jeune femme retrouvée sur le glacier et celui d’une femme de Saint-Girons. Cette dernière s’avère être la sœur jumelle d’une femme dont elle ignorait l’existence jusque là.

L’enquête est rapidement close, mais l’inconnue obsède Marine. Elle décide de se rendre aux obsèques pour conjurer le sort ou qui sait boucler la boucle de ses interrogations. Elle y rencontre Danielle. Troublées l’une comme l’autre, elles décident de percer le mystère, de tenter de comprendre la vie et les origines de la défunte.

L’autrice nous entraîne à leur suite de l’autre côté des Pyrénées, dans cette région qui a abrité de nombreux républicains qui fuyaient le régime franquiste. À une époque où il était de bon ton de ne pas laisser aux parents ces enfants qu’ils pourraient élever avec les mêmes tares que les parents qu’ils étaient. Mais aussi du côté de Bayonne et de ces associations qui de chaque côté de la frontière cherchent à réunir les fratries séparées, pratiques qui ont perduré y compris longtemps après la mort de Franco.

C’est subtilement fait. L’enquête est réaliste et captivante. Le coté humain des personnages nous les rend encore plus attachants. Berger bourru mais sympathique, tante folle et instable que personne n’a réussi à comprendre, voisine un peu sorcière, un peu médium, relations de voisinage tendues qui s’apaisent, ou pas, relation de couple incertaine et flageolante, relation à la maladie et à la mort, tout cela vient ponctuer leurs recherches, une immersion dans la vrai vie en somme.

J’ai aimé les superbes descriptions des paysages et des éléments, pluie, neige, glacier, prairies, flore et faune, etc. On est totalement immergé dans cette montagne à la fois belle et sauvage, rassurante et parfois si dangereuse. On sent que l’autrice connaît et aime ces paysages qu’elle nous fait découvrir, et qui sont d’ailleurs si bien mis en valeur par les éditions Gypaète.

Catalogue éditeur : Gypaète

Marine et Romain passent leur temps libre en Couserans à courir la montagne. Cette fin d’été, lorsque Marine aperçoit sous le glacier d’Arcouzan un reflet rouge, c’est son monde qui bascule. Dans son jardin, Danièle ne se doute pas que sa vie à elle aussi vient de se fissurer. Au fil de leur amitié naissante, Marine est emportée dans une quête qui n’est pas la sienne. Entre “Nature Writing”, poésie et enquête, Jumelle de Glace propose une virée brumeuse et âpre en Ariège.

€18.50 / EAN : 9782376930907 / 20/03/2023

13 à table ! 2024 – 10ème édition

Il peut nous chanter J’ai dix ans ! ce dernier recueil de 13 à table ! Dix ans déjà.
Plus que jamais les Restos du Cœur ont besoin de nous.
Comme chaque année depuis sa création, 15 auteurs ont offert une nouvelle pour qu’à notre tour nous puissions offrir des repas.

Alors bien sur, le thème de ce recueil était tout trouvé : J’ai dix ans.
Avec l’aimable autorisation d’Alain Souchon et Laurent Voulzy.
Amis lecteurs, si vous êtes comme moi, vous allez apprécier les nouvelles écrites par :
Philippe Besson
Michel Bussi
Maxime Chattam
François d’Epenoux
Lorraine Fouchet
Karine Giebel
Raphaëlle Giordano
Philippe Jaenada
Alexandra Lapierre
Cyril Lignac
Agnès Martin-Lugand
Romain Puértolas
Tatiana de Rosnay
Leïla Slimani
Franck Thilliez
Illustration de Riad Sattouf

1 livre = 5 repas = 6€ ils comptent sur nous ! Tous chez nos libraires !

Date de parution : 02/11/2023 / EAN : 9782266338592 / Nombre de pages : 264

Lulu, Léna Paul-Le-Garrec

Chez Lulu, il y a du Lucien Ginsburg. Pourtant, cet homme-là vient de créer un poisson extra-ordinaire, le Piscis detritivore. Vous n’en aviez jamais entendu parler ? C’est normal car en fait, soit Lulu n’existe pas, soit vous ne le connaissez pas encore.

Lulu est un gamin solitaire qui vit avec sa mère, qui ne sait pas trop comment être mère mais qui aime son fils à la folie. À l’école, ce n’est pas mieux, car Lulu avec sa veste sur le dos ne ressemble à personne. Il cultive cette singularité en se satisfaisant d’être à l’écart des autres gamins.

Lulu, ce qu’il aime c’est être seul sur la plage. Là, sa mère lui laisse une certaine latitude sans être sans arrêt à le surveiller, alors il peut bouger, rêver, chercher des trésors enfouis dans le sable ou déposés par les vagues. Là il devient lui-même, ce petit collectionneur d’objets divers, coquillages, plumes, morceaux de verre polis par les flots, déchets plastiques, ou bouteilles à la mer.

Lulu s’émerveille de l’ordinaire, de la beauté simple de la nature, de la vie marine, coquillages ou simples déchets comme déposés là pour lui. Chaque jour il emporte son butin, rempli sa chambre, et vibre de joie, de bonheur, étudie ce qu’il rapporte et cherche à connaître les noms de chaque coquillage, de chaque petit animal marin, allant même jusqu’à les expliquer aux autres élèves. Et y trouvant une forme de légitimité qui lui donne un bel équilibre.

L’immensité de la mer comme équilibre, évasion, horizon.
L’immensité de la mer comme lien avec le monde, à travers ces bouteilles à la mer qu’il récolte, décrypte, et auxquelles il répond sans relâche.
L’immensité de la mer comme un pont avec ces autres, cet autre aussi fou que lui et qui devient son ami.

Et puis la vie, sans famille ou sans père, avec ou sans mère, avec des amis, un ami, plus personne. Mais toujours la mer, son immensité, son infini qui rassure, cette liberté qu’on éprouve à la regarder.

Quel joli roman, poétique, tout en finesse et en sentiments, douceur et poésie. Il n’y a point de méchanceté autour de Lulu tant celui-ci donne envie qu’on l’aime. Ce petit garçon couvé par une mère qui ne sait pas vraiment lui démontrer son amour, qui nous dépeint la vie avec tant de teintes colorés qu’on a l’impression d’y entrer tout entier au fil des pages. Une lecture qui fait du bien !

Un roman de la sélection 2023 des 68 premières fois

Pour aller plus loin, ne manquez pas de lire aussi les avis d’Eva Tu vas t’abîmer les yeux, de Joëlle Joellebooks

Catalogue éditeur : Buchet-Chastel

Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, Lulu trouve refuge sur le littoral. Tour à tour naturaliste, collectionneur, chercheur de bouteilles, ramasseur de déchets, il fera l’expérience de la nature jusqu’à faire corps avec elle.

Conte initiatique et poétique, Lulu, premier roman de Léna Paul-Le Garrec, interroge notre rapport à la liberté et à la nature.

Date de parution : 18/08/2022 / Prix : 16,5 € / ISBN : 978-2-283-03605-1 / 176p.

Ce qu’il faut de haine, Jacques Saussey

Comme chaque semaine, Alice court avec son chien, sans imaginer ce qui l’attend au bord de la rivière. Sur les berges de La Cure, elle découvre un cadavre horriblement torturé, image glaçante qui la laisse pantelante.

Après avoir contacté son père, qui la rejoint et prévient et attend les autorités, elle peut enfin rentrer chez elle. Mais elle reste hantée par la scène macabre à laquelle elle a été confrontée un temps assez long finalement. La gendarmerie mène l’enquête, secondée par la capitaine Marianne Ferrand, de la Police Judiciaire parisienne une fois qu’il est avéré que la victime vivait en région parisienne.

La victime avait une réputation terrible, habituée à travailler dans des entreprises pour lesquelles elle devait licencier à tour de bras, la DRH n’avait aucun état d’âme et aucune compassion pour quiconque. Pas étonnant dès lors qu’aucune des personnes interrogées à son sujet ne la regrette. Mais est-ce suffisant pour tuer d’aussi sordide façon, et en faisant preuve d’autant de haine. Telle est la question à laquelle la capitaine et le commandant de gendarmerie vont devoir répondre.

Alice est profondément troublée par cette confrontation avec la mort. Cela l’obsède tellement qu’elle veut résoudre elle aussi cette enquête qui s’avère déjà bien complexe pour les enquêteurs. Il faut dire que le nombre de personnes qui pourraient en vouloir à la victime est impressionnant.

Difficile de lâcher ce roman, tant l’auteur sait nous piéger et nous donner envie d’aller plus loin pour comprendre et savoir. Semant quelques indices, il intercale au temps présent des chapitres qui sont le récit d’un narrateur que l’on imagine être le coupable, qui raconte peu à peu mais ne se dévoile jamais réellement.

Au fil de l’enquête, nous plongeons dans les stratégies des grandes entreprises, où le chiffre et les actionnaires sont plus importants que le bien-être des salariées, où une vie ne vaut pas bien cher pour quelques cost-killers sûrs de leur droit.
Difficile également de faire parler un village quand chacun sait, mais personne ne dit rien. Un secret bien gardé étant souvent synonyme de tranquillité.

Voilà donc un thriller qui se dévore d’une traite, dont le rythme ne faiblit pas. Dans lequel nous pouvons ressentir de l’empathie pour certains personnages et les suivre avec plaisir. En détester d’autres mais avoir envie de savoir pourquoi ils sont ainsi. Une intrigue bien ficelée, un sujet qui parait évident mais qui a de multiples ramifications, bref, un bon polar  qui nous tient en haleine pendant près de 400 pages.

Catalogue éditeur : Fleuve

La mort ne frappe pas toujours au hasard…
Ce matin-là, comme tous les dimanches, Alice Pernelle s’éclipse de la maison de ses parents pour aller courir avec son chien. Mais en arrivant au bord de la Cure, cette rivière qui traverse son village natal, un tableau macabre lui coupe les jambes et lui soulève l’estomac. Un corps écartelé et grouillant de vers gît sur la rive.
Alors que les enquêteurs en charge de l’affaire font de glaçantes découvertes et se confrontent à des témoignages décrivant la victime comme une femme impitoyable, les habitants de Pierre-Perthuis, petit hameau du Morvan, sont ébranlés. Les visages se ferment. Les confidences se tarissent. Hantée par les images de ce cadavre, Alice a pourtant besoin de réponses pour renouer avec l’insouciance de sa vie d’étudiante. Au risque d’attirer l’attention de l’assassin sur elle…

Collection : Fleuve noir / parution : 12/10/2023 / 21.90 € / EAN : 9782265156852 / pages : 400

Le manoir des glaces, Camilla Sten

Eleanor a une relation étrange avec Viviane sa grand-mère, un peu à la je t’aime moi non plus. Mais lorsqu’elle vient la retrouver ce vendredi pour le dîner, elle tombe sur une personne qui s’échappe sans un mot de son domicile, capuche sur la tête, et immédiatement après, elle découvre sa grand mère qui gît dans une mare de sang.
Qui pouvait bien vouloir du mal à cette honorable dame de 80 ans. Les enquêteurs penchent pour un cambriolage qui aurait mal tourné. Peut-elle aider à résoudre ce meurtre ? Sans doute pas, car elle est incapable de décrire la personne qu’elle a vu chez sa grand-mère ce jour-là. Il faut dire que Eleanor souffre de prosopagnosie. Elle est d’ailleurs aidée par une psychiatre, ancienne amie de sa grand-mère, pour apprendre à mieux vivre avec cette maladie.
Elle ne reconnaît pas les visages et les gens qui l’entourent, à moins de graver dans sa mémoire des éléments caractéristiques qui l’aident à les reconnaître. Alors comment pourrait-elle reconnaître l’assassin de Viviane. Eleanor doit désormais faire son deuil.

Quelques mois plus tard, un avocat lui demande d’accéder au domaine de sa grand mère, le domaine du Haut Soleil. Elle décide de s’y rendre avec son amoureux et sa tante. Il est temps de réaliser un inventaire des biens et immeubles dont elles ont hérité.
Une fois arrivés sur place, la tempête de neige et le froid les bloquent dans un manoir qui semble vouloir leur cacher bien des secrets inavouables.

Des ombres semblent la suivent, un étrange carnet dévoile un passé très mystérieux, des événements incompréhensibles s’enchaînent et perturbent le fragile équilibre de ce groupe hétérogène qui se trouve coincé là contre sa volonté. Et surtout, de lourds secrets semblent avoir été enterrés là par les membres de la famille aujourd’hui disparus.

Un thriller haletant, une intrigue familiale sombre et désespérée que l’on a envie de comprendre à mesure que les chapitres s’enchaînent sans avoir un seul moment envie de poser ce livre. Je ne connaissais pas encore l’autrice mais elle a su m’entraîner au bord du lac et dans les souvenirs qui hantent le manoir des glaces.

Catalogue éditeur : Seuil, Cadre noir

Traduit du suédois par Anna Postel

Eleanor n’aurait jamais imaginé assister au meurtre de sa cruelle mais bien-aimée grand-mère Vivianne. Sur le seuil de l’appartement, elle croise le tueur. Mais atteinte d’une maladie rare, la prosopagnosie, elle ne peut reconnaître les visages.
En état de choc, elle apprend de surcroît que Vivianne lui a légué un manoir isolé dans la forêt suédoise dont elle n’avait jamais entendu parler.
Accompagnée de sa tante Veronika, de son compagnon Sebastian et d’un avocat un peu étrange, Eleanor se rend, angoissée, dans ce lieu inconnu. Le manoir dévoile peu à peu ses secrets et semble avoir été le témoin d’un passé terrible. Que cachait Vivianne ? Pourquoi n’avoir jamais mentionné l’existence de cette bâtisse ?
Beaucoup d’interrogations et si peu de temps, car le blizzard se lève et l’ombre des bois pénètre dans le domaine de Haut Soleil. Commence alors un huis clos pour le moins glaçant…

Date de parution 13/10/2023 / 21.90 € TTC / 416 pages / EAN 9782021515367

Shiki, 4 saisons au Japon, Rosalie Stroesser

Un superbe roman graphique construits en 4 saisons, dans lesquelles quelques pages de l’histoire et des légendes du Japon viennent s’intercaler. Rosalie, passionnée depuis toujours par les mangas et le Japon décide de partir pendant un an dans ce pays qui la fascine.

Automne, elle arrive à Oichi dans une maison d’hôtes qui accueille les jeunes femmes en échange de quelques travaux. Elle y fait des rencontres passionnantes. Mais une expérience déroutante et troublante avec un maître des lieux beaucoup trop entreprenant la force à quitter la place pour sa sécurité. Au Japon comme ailleurs, les hommes peuvent avoir une étrange façon de considérer les femmes.

Elle vivra ensuite plusieurs expériences dans différentes villes.

Hiver, elle est à Tokyo où elle travaille dans un bar la nuit, et partage une collocation avec Nao, une jeune japonaise. Là aussi, la relation avec les hommes s’avère directe et sans délicatesse. Et l’alccol coule souvent à flots, changeant ses habitudes.

Printemps, elle est à Kyoto. Une ville d’un autre temps, comme un décors de cinéma qui rappellerait l’ancien temps mais qui est constamment envahie de touristes. Là elle apprécié la beauté des lieux, la sérénité qui en émane, malgré quelques nuits à la belle étoile dans les jardins publics, mais comment ne pas aimer la magie d’un réveil sous une pluie de pétales des cerisiers en fleurs.

Été, 10 mois après le retour en France, Rosalie retourne au Japon. Ce sera Tokyo à nouveau. Hébergée par son ami Yusuké, suite à l’annulation en dernière minute de l’auberge qui devait l’héberger, là aussi en échange de quelques travaux. Elle y découvre la vie dans les Danchi, des immeubles aujourd’hui vétustes, construits en masse après guerre. Elle retrouve son amie Nao, mariée un peu plus par obligation que par choix. Car à son age, les jeunes femmes se doivent d’être mariées, sinon c’est compliqué. Mais au Japon, il est de bon ton de rester entre hommes après le travail et de boire de l’alcool, beaucoup d’alcool. Bien mieux que de s’occuper de son foyer et de son épouse. La vie de couple est très décevante pour cette jeune femme. Qu’il est difficile de comprendre ces habitudes et ces façons de faire, ce sexisme que l’on retrouve partout, dans ce pays où les hommes se donnent parfois tous les droits sur les femmes.

Enfin, son périple prend fin après cinq semaines de voyage en stop. Un habitude peu répandue dans le pays, mais qui pourtant se déroule de façon satisfaisante pour Rosalie. C’est une chance de découvrir d’autres régions, d’autres japonais, d’autres façons de voir.

Alors le Japon, amour ou déception, difficile de le dire, ce qui est sûr c’est que c’est un mélange entre les deux. Si le pays fascine, il peut parfois rebuter ceux qui l’appréhendent au début.

J’ai particulièrement aimé ce roman graphique tout en subtilité et très révélateur des contradictions que peut inspirer ce pays pour une jeune femme d’aujourd’hui. Les dessins, les chapitres en saisons, les récits qui s’intercalent entre chaque saison sont là pour raconter l’histoire et l’âme du Japon. L’autrice réussi à faire passer une ambiance, qu’elle soit chaleureuse ou pas, en quelques traits, et tout en noir et blanc, nous sommes plongés dans les scènes décrites. J’ai apprécié aussi la sobriété mise à décrire les scènes les moins faciles à retranscrire, comme par exemple avec ce visage qui n’est jamais défini pour parler de Yoji-San, le premier personnage rencontré, tout est fait avec pudeur et sincérité.

Encore une belle réalisation des éditions Virages Graphiques.

Catalogue éditeur : Virages Graphiques

« Comment raconter en quelques phrases cette année si dense ? Comment expliquer cette relation particulière, toute en contradictions, que j’ai développée avec le Japon ? Ce mélange incohérent d’attirance et de rejet ? »
Octobre 2015. Rosalie, une jeune dessinatrice française passionnée par les mangas des années 70, s’envole pour le Japon. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle va y chercher, peut-être avant tout la beauté. Au fil des saisons, son regard sur un Japon idéalisé évolue. Blessée par les violences qu’elle subit en tant que femme dans une société japonaise très patriarcale, elle reste pourtant toujours aimantée par ce pays.

Rosalie Stroesser a grandi dans les Alpes. Après une formation initiale en design graphique, elle a étudié l’illustration et la bande dessinée à Paris. Son goût pour les mangas des années 1970 l’a conduite au Japon, où elle a vécu d’octobre 2015 à octobre 2016. Elle s’est envolée pour la Nouvelle Zélande deux ans plus tard, pour un voyage d’un an à nouveau. Lorsqu’elle ne vadrouille pas, elle travaille en tant qu’illustratrice pour la presse  (New York Times, Perdiz Magazine, Le 1 hebdo…).

Rosalie s’est installée à Angoulême en 2020 pour s’atteler à sa première bande dessinée : Shiki – 4 saisons au Japon.

Date de parution: 6 septembre 2023 / Prix: 24€ / Nombre de pages: 320 / Format: 195×260 / ISBN: 978-2-7436-6098-7

Lisa Neumann, Michèle Kahn

En ce 1er juillet 1997 à Hong Kong, la fête bat son plein. Mais l’homme d’affaires Walter Neumann a disparu depuis déjà plus de vingt-quatre heures. Sa fille Lisa est inquiète, tout comme le reste de la famille. Ce n’est pas dans les habitudes de son père, et surtout, on ne disparaît pas un jour comme celui-ci, alors qu’il faut être présent pour vivre cet événement historique qu’est la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine.

L’enquête n’avance pas, la police ne comprend pas ce qu’il a bien pu se passer sur cette crique de Macao où se baignait Walter, et où il a disparu. Seul indice Martin, son secrétaire, a avoué avoir servi d’indic pour renseigner sur la présence de Walter, mais à qui et pourquoi, cela reste un mystère.

Lisa décide de fouiller dans les carnets de son père, ceux-là même qu’elle n’aurait le droit de lire que s’il était décédé, pour tenter d’y trouver réponse à ses interrogations, où est-il et pourquoi a-t-il disparu. Pour tenter de comprendre, elle doit se rendre en Suisse, à Zurich, et rechercher des traces d’un nazi qui aurait pu être en relation avec son père ou avec ses éventuels ravisseurs.

À partir de là, les événements vont s’enchaîner. Lisa va également retrouver Stefan Meier, un de ses anciens amoureux bien décidé à l’aider dans sa quête de vérité. Mais elle ne semble pas déterminée à vivre une histoire d’amour en Suisse en surtout loin de sa famille, de son confort, et de Hong Kong.

J’ai apprécié ce roman qui nous entraîne dans le secret des banques suisses au plus noir de leur histoire récente, celle de l’argent des nazis ou celui dérobé en toute illégalité et dans le plus grand silence aux juifs déportés pendant la seconde guerre mondiale.

Le sujet de la spoliation des biens juifs est prégnant et primordial dans ce roman. Le système bancaire suisse, son soit disant indispensable et inaliénable secret bancaire qui arrange bien tous ceux qui ont profité de cette période d’instabilité économique pour s’enrichir. Mais surtout l’absence de transparence pour laquelle pendant des années les banquiers persistent et signent, y sont bien expliqués. Le sujet des biens juifs en déshérence est ici bien abordé et permet d’en comprendre toute la complexité.

Comme j’aurais aimé qu’il existe ce magnifique collier que porte Lisa, copie de celui qui a été volé pendant la guerre à ses aïeux. Somptueux collier inspiré par un tableau de Klimt. Mais il est ici avant tout emblématique des si nombreuses œuvres d’art spoliées aux familles juives et perdues à jamais. Ce qui n’est sans doute pas le cas pour tous encore aujourd’hui, comme le décrit bien l’autrice, certains biens n’ont pas été perdus pour tout le monde hélas.

J’ai aimé ce voyage de Hong Kong à la Suisse aux cotés de Lisa, même s’il m’a embarquée aux heures les plus sombres de l’Histoire, dans cette Suisse pas si neutre que ça lorsque ça l’arrange semble-t-il, mais qui laisse un espoir à ses lecteurs.

Catalogue éditeur : Le Passage

Hong Kong. Le 1er juillet 1997, jour de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, la fête bat son plein. Mais pour Lisa Neumann, impossible de participer aux réjouissances. Depuis vingt-quatre heures, son père, Walter Neumann, patron d’un empire de presse au passé tumultueux, a disparu.

Alors que l’enquête du commissaire Chu piétine, Lisa s’obstine à croire Walter vivant. Armée des carnets intimes de son père, elle décide de partir à sa recherche. Et elle se jure de ne plus quitter l’imposant collier qu’il lui a offert, inspiré d’un célèbre tableau de Klimt, tant qu’elle ne l’aura pas retrouvé. Lire la suite…

ISBN: 978-2-84742-479-9 / Date de publication: 10/03/2022 / Prix public: 10.50 €

Sous l’écorce, secrets d’écriture, Agnès Ledig

Un livre pour dire l’écriture, le besoin d’écrire, la façon de le faire.
Le pourquoi, le pour qui et comment. Explication de texte toute en douceur et humanité, pour aider, donner envie, transmettre, faire comprendre.

Des racines aux feuilles, du tronc aux branches, c’est tout le parcours de l’écriture que nous propose de disséquer l’autrice. Et l’on s’y penche sans pouvoir en sortir tant c’est clair, posé, émouvant, instructif, courageux, sincère et honnête.

L’autrice retrace son propre parcours, avec ses drames et ses joies, ses bonheurs et ses attentes, ses craintes et ses espoirs.
Les mots sont posés pour dire l’envie, les idées, les mots, les personnages, le sujet. Pour dire l’enfance, l’enfant, l’hypersensibilité, les mathématiques et la ferme avec ses chèvres.
Pour dire le besoin et l’envie d’écrire. La timidité face aux auteurs connus dans les salons, l’arrivée du succès sans l’avoir cherché, pour dire à quel point il est important de garder sa passion et son humilité intacts.
Mais aussi tout le processus qui entoure le livre, avant, pendant, après. Qui fait quoi. Comment et pourquoi. Un tour de la question exhaustif mais jamais lassant.

Un fort joli livre, qui va apprendre certaines choses à qui aurait l’envie d’écrire. Mais qui se lit aussi tout simplement comme si on avait échangé sur le sujet avec l’autrice le temps de quelques mots, quelques lignes, d’un bon café ou autour d’un verre. Le temps d’un échange intime et chaleureux.

Catalogue éditeur : Le Robert

« J’aime follement les arbres et leur symbolique puissante. Tel un végétal, l’écriture a ses saisons et chaque roman est un nouveau printemps. J’ignore à quelle essence j’appartiens, mais je sais que je ne suis qu’un petit trait d’union, entre la terre et la lumière. »
 
Dans un récit à fleur de peau, Agnès Ledig raconte les circonstances douloureuses de la naissance de l’écriture, la dimension thérapeutique des mots, le rêve d’une autre société, construite sur des valeurs humaines essentielles : liberté, égalité, fraternité, respect… Une société qui prend vie dans chacun de ses romans et dans ce texte magnifique.

Date de parution : 12/10/2023 / 15,40 € / ISBN: 9782321017257

Majnoun et Leïli chants d’outre-tombe, Yann Damezin

Il était temps que je lise enfin cette BD particulièrement originale, qui plus est lauréat 2023 du Prix Orange  de la BD. L’auteur a choisit d’adapter un conte oriental et de le présenter comme un recueil de miniatures persanes, avec un texte entièrement sous forme alexandrins.

Majnoun, le fou d’amour et Leïli se connaissent depuis l’enfance. Au fil des ans leur amour c’est fait plus fort, plus grand. Mais la folie douce qui s’est emparée d’un Majnoun amoureux ne peut pas plaire au père de Leïli. Celui-ci décide de séparer les amoureux et Majnoun s’enfuit loin de celle pour qui il brûle d’amour, dans les forêts profondes et les déserts brûlants, et s’y laisse mourir. Aidé par les animaux, Il va survivre à cette épreuve.

L’union de Leïli avec un autre homme aura raison à la fois de sa raison et de sa vie. De ce jour, depuis les profondeurs des entrailles de la terre, la voix de Majnoun tente de faire comprendre à Leïli qu’elle doit le rejoindre et mourir pour et avec lui.

Comment un homme amoureux peut-il exiger autant de celle qu’il aime. Et qu’elle est grande la différence de jugement de ceux qui voient un homme ou une femme amoureux.
Si l’attitude de l’homme est valeureuse celle de la femme est folie.
Si l’homme est applaudit la femme est conspuée.
Si la femme amoureuse accepte que l’homme vive, l’homme quant à lui exige qu’elle le suive dans la mort.

L’auteur a su mette en avant ces différences de jugement et le rôle qui est attribué à chacun, le manque de liberté de la femme, sa soumission et tout ce que certaines cultures exigent d’elles.

Le graphisme est superbe, très inhabituel. Coloré, parfois sombre ou très lumineux, l’ensemble est mis en valeur par le format et le papier utilisé pour éditer ce conte des mille et une nuits à la sauce moderniste. C’est tout à fait déroutant, surprenant et somptueux à la fois.

Catalogue éditeur : La Boite à Bulles

Sous forme d’un somptueux poème graphique en alexandrins, le drame amoureux du poète Majnoun et de son amante Leïli, inspiré de la tradition orientale.
Qaïs et Leïli sont deux amants éperdument amoureux. Si amoureux que le jeune homme, incapable de contenir sa passion, la chante à tous les vents avec tant de ferveur qu’il reçoit le surnom de « Majnoun  » (le fou). Très vite, sa réputation le précède, si bien que le père de Leïli refuse de donner la main de sa fille à ce personnage si extravagant…

Auteurs : Yann Damezin (Scénario, dessin et couleurs) / Date :09 nov. 2022 / Format : 176 pages – Couleur 22.0 x 30.0 cm / ISBN : 9782849534038 / Prix :28,00 €