Demi-pensionnaires, Mona Granjon

Ah que c’est compliqué l’adolescence !


L’entrée en 3e est un moment important de l’adolescence et de la scolarité. C’est la dernière année de collège, celle où l’on est encore avec les amis que l’on connaît souvent depuis plus de quatre ans. Et la dernière année rassurante, car si on connaît le collège le lycée est source d’inquiétude, là où il faudra faire les choix, les projets qui engagent pour les études futures et un métier, une vie.l’adolescence et

Mais Mona et Zoé n’en sont pas encore là. Elles rentrent en 3e et espèrent être encore dans la même classe, c’est si confortable. Hélas, elles seront séparées, mais se retrouveront en classe d’allemand. Et quelle chance, cette année elles vont faire un voyage scolaire à Berlin.

Demi-pensionnaires, copines, intéressées par les garçons, tentées par les bières et les cigarettes proposées lors de soirées encore assez sages, les fêtes d’anniversaire, les copines, les profs pas très cool, tout est là pour leur faire passer une année mémorable.

Et nous rappeler sans doute aussi ces années charnières vécues dans ce même trouble, cette impatience, cette curiosité, cette amitié et parfois cette dose de méchanceté pas toujours comprise ni mesurée.

Le graphisme plutôt sobre, en noir en blanc, est agréable. Le trait grossier esquisse à peine les différents personnages mais l’ambiance est assez bien restituée.

Une fois de plus cette collection virages graphique nous permet de découvrir une jeune autrice au talent prometteur.

Catalogue éditeur : Virages Graphiques

Demi-pensionnaires est une autofiction qui suit deux meilleures amies durant toute leur année scolaire de 3e. L’année commence mal : Mona et Zoé ne sont pas dans la même classe, une première pour les deux amies inséparables depuis la 6e. Mona se retrouve avec «Louis-qui-s’est-branlé-dans les-vestiaires-de-sport» et Zoé avec Coralie, une fille dont le trait de caractère principal est… d’avoir des parents riches. Les deux meilleures amies se voient aux différentes pauses, dont celles du midi réservées aux demi-pensionnaires. Lire la suite…

Date de parution: 12 avril 2023 / Prix: 23€ / Nombre de pages: 136 / Format: 195×260 / EAN: 9782743659035 / ISBN: 978-2-7436-5903-5

Les jours heureux ne s’oublient pas, Gavin’s Clemente Ruiz

Comment vivre après le deuil, un roman tendre et positif

Gontran reçoit un appel affolé de Victoire, l’amie de son père. Celui-ci, veuf depuis six ans, ne va vraiment pas bien et la présence de son fils à ses côtés est indispensable. Mais son père habite en Espagne. Gontran organise ce voyage en un éclair pour partir au chevet de celui qui pourtant n’a jamais été très présent dans sa vie. Depuis la mort de sa mère la relation ne s’est pas vraiment améliorée. Il faut dire que mère et fils avaient une relation fusionnelle, laissant peu de place à celui qui s’est avéré plus un géniteur qu’un père attentif et tendre.

Mais à son arrivée, la surprise est grande. Son père est seul dans une maison encombrée de tant d’objets, cartons, souvenirs que la vie semble figée dans une solitude morne et triste. Seul, avec sa vieille camionnette et son chien Gontran, le père est figé dans le passé et son amour pour la défunte.

Ces quelques jours ensemble sont une occasion unique pour les deux hommes de se rapprocher, s’écouter, se parler. Et miracle, Gontran décide de faire venir son fils pour que pères et fils se retrouvent enfin.

Comment faire son deuil, comment parler avec son enfant lorsque l’on s’est tu toute sa vie, comment avancer quand tout autour de vous vous rappelle sans cesse le passé qui ne reviendra plus, et comment lâcher prise alors que l’on est tellement occupé à vouloir tout gérer, organiser, diriger dans sa vie et celle de ceux qui nous entourent.

Un roman tendre et positif sur la relation parents-enfants, les questions et les mots que l’on n’ose pas s’avouer, l’amour que l’on donne à ses enfants ou celui que l’on retient sans comprendre les conséquences de cette attitude, le couple et l’amour parfois à sens unique.

Et quel plaisir d’avoir découvert ce roman en Espagne autour d’un bon chocolate y churros et d’une paella Valenciana, ça ne pouvait pas être plus adapté !

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Lorsqu’il débarque en Espagne, où son père est censé avoir refait sa vie, Gontran découvre un veuf esseulé, écrasé par le poids des souvenirs et du chagrin. Le fils décide d’aider le père. Mais comment le soutenir et combler le vide laissé par la femme qui rendait à l’un et à l’autre la vie si extraordinaire ?

Chroniqueur sur Europe 1, secrétaire général du Guide du Routard, Gavin’s Clemente Ruiz est aussi romancier. Après le succès de La divine comédie de nos vies, il signe un roman tendre et sensible sur la perte et la renaissance.

Date de parution 05 avril 2023 / Édition Brochée 18,90 € / 208 pages / EAN : 9782226474186

Les dernières volontés d’Heather McFerguson, Sylvie Wojcik

Les paysages grandioses d’Écosse pour rencontrer son histoire familiale

Qui est Heather McFerguson.

Pourquoi Aloïs, qui n’a jamais entendu parler d’elle ou de ce coin d’Écosse avant que le notaire ne le convoque, devient-il son unique héritier. Telles sont les nombreuses questions auxquelles ce paisible libraire parisien va devoir répondre.

Aloïs laisse sa librairie aux bons soins de son ami Johan pour aller découvrir la petite maison dont il est désormais propriétaire.

Là il espère surtout lever le voile sur cet héritage mystérieux. Peu à peu, il rencontre les habitants d’Applecross, Highland, Écosse.

Mais qui sont Eileen, Jim McLeod, Stuart le pasteur de Lochcarron, Archie, ou encore ce français blessé, recherché, ce naufragé.

Quels sont les liens entre lui, français qui n’avait jamais entendu parler de Heather, ses parents, et Heather.

Un très beau texte sur la famille, les silences et les renoncements, les secrets et les promesses, l’amour d’un père, celui d’une femme qui s’efface pour que vive le père.

Une intrigue qui nous transporte dans des paysages à couper le souffle, d’une beauté parfois aussi dangereuse que la marée ou les tempêtes. Sur la lande ou au bord de l’eau, l’Écosse est là, toujours présente.

J’ai aimé à la fois les personnages, l’intrigue, et la façon dont l’autrice a su s’emparer des paysages et de la beauté de la nature pour en faire des personnages à part entière et nous les faire apprécier.

Alors, aucune hésitation, faites comme moi, tombez sous le charme de ce court roman vous passerez un excellent moment de lecture.

Catalogue éditeur : Arléa

Un jour, Aloïs, libraire à Paris, reçoit la lettre d’un notaire d’Inverness lui annonçant qu’une inconnue, Heather McFerguson, lui lègue sa maison dans le village d’Applecross. Qui est cette femme, dont Aloïs n’a jamais entendu parler et surtout pourquoi fait-elle de lui son héritier universel ? Après avoir hésité, il accepte et se rend en Écosse pour essayer d’élucider ce mystère.

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Collection : 1er Mille / avril 2023 / 152 pages – 17 € / ISBN : 9782363083302

Le Carré des indigents, Hugues Pagan

Dans la province des années 70, l’enquête d’un flic pas banal

Claude Schneider n’est pas un inspecteur de police banal. Il a fait l’armée et a connu l’Algérie, l’amour et cette guerre dont il ne s’est jamais remis. Aujourd’hui il revient chez lui, dans cette ville de province qu’il avait quitté depuis des années.

C’est le nouveau patron du groupe criminel. Si le quotidien est plutôt tranquille, à son arrivée il écope d’une affaire sordide, la jeune Betty, 15 ans, a disparu. Mais Schneider n’est pas un flic comme les autres, et cette famille, cette victime trop ordinaire m’émeut au plus haut point. Il n’est pas homme d’apparat au contraire, ceux qui l’émeuvent sont tous ces sans grade, ces pauvres, ces gueux de la France de Pompidou dont se désintéressent les élites, ceux qui souffrent au quotidien sans rien dire et sans oser protester pour qu’on les prennent en compte.

Hugues Pagan écrit avec minutie et talent, usant de descriptions qui rendent vivants ceux dont il parle, pas seulement par leurs actes ou par le rôle qu’il leur fait endosser, mais par les sentiments qu’il nous fait ressentir à leur égard en les rendant aussi présents sous nos yeux attentifs.

L’Algérie, la guerre et ses déchirements, ses effets délétères et ses violences post traumatiques que l’on n’a jamais soignées prennent ici toute leur place dans cette France des années 70.

La plume d’Hugues Pagan n’est jamais moralisatrice, elle est au contraire explicite, tendre ou violente, réaliste et froide parfois, son flic n’a rien du héros, fonctionnaire désenchanté qui va au bout de sa mission, humain parmi les humains, un des seuls à voir la misère autour de lui et à considérer qu’un clochard est un homme comme un autre. Un polar à l’écriture soignée et ciselée au cordeau.

La lecture par Cedric Romoli correspond parfaitement à l’idée que je me faisais de Schneider, ce taiseux qui aime les gens sans le montrer, soucieux de bien faire son métier sans obéir systématiquement aux désidératas parfois contradictoires de sa hiérarchie. Il incarne son personnage à la perfection et porte parfaitement ce texte précis, travaillé au mot près.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Rivages

Novembre 1973. L’inspecteur principal Claude Schneider revient dans la ville de sa jeunesse après un passage par l’armée et la guerre d’Algérie dont il ne s’est pas remis. Il aurait pu rester à Paris et y faire carrière, mais il a préféré revenir « chez lui ». Nommé patron du Groupe criminel, il ne tarde pas à être confronté à une douloureuse affaire : Betty, la fille d’un modeste cheminot, n’est pas rentrée alors que la nuit est tombée depuis longtemps. Son père est convaincu qu’elle est morte. Schneider aussi. Schneider est flic, et pourtant, il n’arrive toujours pas à accepter la mort. Surtout celle d’une adolescente de quinze ans au petit visage de chaton ébouriffé. Faire la lumière sur cette affaire ne l’empêchera pas de demeurer au pays des ombres…

Hugues Pagan est né à Orléansville en Algérie. Après des études de philosophie et un bref passage par l’enseignement, il entre dans la police où il restera 25 ans. Il est aujourd’hui scénariste pour la télévision. Il a reçu le prix Mystère de la critique pour Dernière station avant l’autoroute. Son précédent roman, Profil perdu, a remporté un vif succès public et a été unanimement salué par la presse. Pagan a été fait Chevalier des Arts et des Lettres et est considéré comme l’un des grands stylistes du roman noir français.

Rivages ISBN: 978-2-7436-5493-1 / Parution: janvier, 2022 / 384 pages / Prix: 20,50€

Audiolib Lu par Cyril Romoli Durée 13h22

EAN 9791035410988 Prix du format cd 27,90 € / EAN numérique 9791035411213 Prix du format numérique 24,95 € / Date de parution 15/03/2023

Il ne doit plus jamais rien m’arriver, Mathieu Persan

L’amour d’une mère, comment vivre sans ?

Tout d’abord il y a ces trois silhouettes dans une rue déserte, la nuit sans doute, un graphisme sobre et beau.
Ensuite il y a Mathieu Persan, l’auteur de ce premier roman est un illustrateur de talent qui est d’avantage habitué aux couvertures des romans qu’il crée pour d’autres, qu’au sien.
Enfin, il y a cette famille unie autour des parents,
Elle, une mère qui a oublié d’être femme et épouse à partir du jour où elle a donné la vie,
Lui le père, amoureux comme au premier jour de celle qui grâce à lui ne doit plus jamais pleurer,
Eux, les enfants, frères et sœur unis, la fratrie entourée, choyée, aimée par cette mère qu’ils adorent,
Et l’invité surprise, celui dont personne ne veut, le cancer.

Avec une grande tendresse et parfois une belle dose d’humour, l’auteur raconte la maladie, la perte de celle qui s’en va comme le disent souvent avec ellipse les personnels médicaux pour annoncer un décès. Puis la suite, toute la suite, enfin presque. L’assurance vie, le cimetière, les pompes funèbres, mais au fait, comme habille-t-on un défunt ? Le verre que l’on boit à la santé de ceux qui restent et à tous ces souvenirs qui nous reviennent lorsque l’on partage le deuil, le départ, la perte d’un être cher.

Ensuite, il faut dire, aux enfants, soutenir le père, vivre avec mais sans.

Ce roman, ou récit, ou un peu des deux, n’est pas triste malgré son sujet qui devrait être profondément déprimant. On y sent tout l’amour d’un fils pour sa mère, cette complicité, ces silences et tous ces mots jamais dits, ni par l’un ni par l’autre, mais que chacun sait et ressent au plus profond de lui. C’est un bel hommage empreint de sensibilité et de tendresse à tout ce qu’elle a donné à ses enfants tout au long de sa vie.

J’ai aimé le lire, et du coup me souvenir forcément du décès de mon père, mon choix de musique refusé d’abord par l’église, ce qui m’a tellement mise en colère que finalement c’est passé (comment, « on ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime, pas assez dans la ligne du parti, enfin de l’église ? ), le cimetière, le caveau pas prêt, les voisins qui prêtent le leur, un temps, comme s’il fallait un sas avant de quitter définitivement cette terre. Oui, c’est évident, dans ces moments de grande tristesse, il y a comme des signes de connivence avec le défunt qui bien sûr nous le fait comprendre, vous l’avez vécu vous aussi ? Et qu’il est difficile de réaliser que pendant que votre cœur saigne, tout autour de vous le monde continue sa course effrénée sans rien remarquer.

J’ai retrouvé tout ça et plus encore dans ce récit-roman, lu d’une traite, parce qu’il est impossible à lâcher. J’y ai trouvé une belle écriture, un flot de sentiments, d’amour, d’empathie, de tendresse et de tristesse auquel on ne peut qu’adhérer. Je n’avais pas lu la quatrième de couverture, ni le sujet du roman, comme à mon habitude, mais il est dans la sélection des romans en lice pour le Prix Orange du Livre 2023. Fort heureusement pour moi, car je ne sais pas si je serais allé de moi même le lire, cela aurait été bien regrettable.

Catalogue éditeur : L’Observatoire

Dans ce récit, Mathieu Persan raconte les combats de sa mère contre la maladie, jusqu’à ses derniers jours ainsi que les siens et ceux de sa famille, après sa disparition. Malgré tout, à mesure que sa santé se dégrade et ensuite quand le deuil s’installe, un constant appel à la vie refait surface. Ce sont les souvenirs d’enfance au sein d’une famille fantaisiste, l’empreinte des grands-parents juifs, l’amour de la cuisine, les grandes tablées ouvertes à tous. Mathieu Persan manie tendresse, pudeur et humour, et souvent le rire l’emporte sur le chagrin.

Mathieu Persan est un illustrateur connu du milieu littéraire pour son engagement et son travail au style rétro et élégant. Il a réalisé les couvertures de nombreux livres, magazines et albums de musique. Il signe avec l’Iconoclaste son premier roman.
ISBN 978-2-37880-347-6 / Date de publication 09/03/2023 / Nombre de pages 255

À qui la faute, Ragnar Jonasson

Quatre amis, une nuit, une tempête

Ils sont quatre, amis depuis leurs années d’études. Daniel, comédien qui vit à Londres, Gunnlaugur, avocat, Helena, ingénieur et Armann un spécialiste de l’accueil des touristes en Islande. Ils ne s’étaient pas vus depuis des années et ont décidé de passer un week-end entre amis à chasser la perdrix des neiges dans les étendues glacées de l’est du pays.

L’amitié quand elle n’est pas alimentée a de grandes chances de se distendre, et c’est manifestement ce qui leur arrive. Après d’étranges retrouvailles et une première soirée alcoolisée, l’ambiance est déjà tendue. D’autant que le beau temps prévu n’est pas au rendez-vous et c’est une tempête que les quatre amis doivent affronter, sans aucune possibilité d’appeler des secours ou qui que ce soit d’autre.

Au fur et à mesure du déroulé de cet étrange week-end, les tensions se font plus fortes, les anciennes querelles et les griefs reviennent à la surface, les différents entre certains membres du groupe émergent de façon drastique, obérant toute chance de sérénité.

C’est la première fois que je lisais un roman de cet auteur. J’avoue que j’ai trouvé que c’était vraiment très long. Il y a un grand nombre d’invraisemblances tout au long de cette nuit. Les quatre amis se sont réfugiés dans une cabane dans laquelle ils sont confrontés à une scène pas ordinaire, et leur réaction est hors de propos. Pourtant, ils sont sensés être dotés d’un minimum de réflexion vu le profil que leur donne l’auteur.

Bien sûr la suite et la fin de l’histoire donnent au lecteur toutes les clés pour dérouler cet enchevêtrement d’invraisemblances. Mais il m’a manqué des pistes, des indices, que l’auteur aurait pu semer tout au long de chacun des chapitres de ce roman choral, où il fait parler alternativement l’un ou l’autre des amis pour les amener peu à peu à se dévoiler et apporter la solution à tous ces mystères.

J’ai trouvé qu’il y avait des longueurs et un manque de cohérence qui perturbent l’écoute. J’ai par contre apprécié la voix du lecteur qui endosse chaque rôle avec la dose parfaite de mystère, de découragement, d’incertitude et de tension qui sied à l’intrigue. J’avais envie qu’il me parle du grand froid, de la glace et de la tempête, dommage que l’intrigue n’ait pas été à la hauteur.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, La Martiniére

Ils pensaient se retrouver le temps de quelques jours paisibles. Une simple chasse à la perdrix dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande… Mais le voyage tourne au cauchemar. Une tempête de neige violente et inattendue s’abat sur eux et les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. À l’intérieur, une découverte macabre changera à jamais le cours de leur existence – et de leur amitié. C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux.

Lu par Slimane Yefsah
Traduit par Jean-Christophe Salaün

Durée 6h19 / EAN 9791035412524 Prix du format cd 23,90 € / EAN numérique 9791035412906 Prix du format numérique 21,45 €/ Date de parution 18/01/2023

Entre fauves, Colin Niel

La chasse et les chasseurs, sujet clivant et passionné

Martin est un amoureux de la montagne et de sa faune. Garde au parc national des Pyrénées il se passionne pour Canellito, le dernier ours descendant de la race pyrénéenne. Mais pas de trace de l’ours depuis des mois. Martin est certain qu’il a été tué par un chasseur et qu’on retrouvera son cadavre au fond de quelque crevasse le jour où on ne s’y attendra plus. Comme pour cette femelle abattue par un chasseur qui se disait attaqué, tu parles, Martin n’y croit absolument pas à cette attaque. Trop facile de dire ça quand on est armé d’un fusil et prêt à tirer.

Martin est un jusqu’au-boutiste, il traque les chasseurs où qu’ils se trouvent et les photos qu’ils osent montrer sur la toile pour parader avec la bête qu’ils ont prélevée le rendent fou. Alors le jour où il tombe sur celle d’une jeune femme à côté d’un lion, son sang ne fait qu’un tour. Il décide de lui pourrir la vie en postant à son tour la photo sur les sites qui vont la mettre au pilori. Puis cherche qui elle peut bien être, et découvre qu’elle habite tout à côté de chez lui, à Pau. Fille d’un chasseur de grands fauves en Afrique, la jeune femme a de qui tenir. Martin décide de la harceler et de lui faire payer cher la mort du lion.

En Namibie, dans le Kaokoland, les villageois se désespèrent car un vieux fauve décime les troupeaux. Si le pays a signé des accords pour ne plus exterminer les animaux du big five en particulier, il est parfois difficile de refuser les demandes pressentes de la population qui souffre des attaques répétées et meurtrières par ces animaux protégés. Il est donc décidé en haut lieu d’abattre le lion tueur.

Cette chasse unique sera le cadeau d’un père à sa fille bien aimée. C’est ainsi qu’Apolline se retrouve en Namibie, avec son arc et ses carquois, pour la chasse de sa vie, tenter de prélever le fauve. Dans ce village, le jeune Komuti de la tribu Himba a vu son troupeau de chèvres décimé par le lion, et pour éblouir sa belle, il décide qu’il sera celui qui réussira à l’exterminer.

Le récit alterne les différentes situations, dans les Pyrénées ou en Namibie, et nous fait comprendre les points de vue de chacun des protagonistes.

Dans un monde où la préservation des espèces est un objectif majeur, les motivations des uns ou des autres peuvent êtres diamétralement opposées. Chacun ayant de bonnes raisons à mettre en avant pour défendre son point de vue.

J’ai aimé la partie dans les Pyrénées que je connais particulièrement bien. Apprécié le réalisme de certaines situations, la position des bergers et des chasseurs et leur attitude face à l’introduction de l’ours dans les Pyrénées. Éternel conflit entre ceux qui souhaitent  préserver la nature et réintroduire une espèce aujourd’hui disparue, et les bergers et éleveurs qui voient leurs troupeaux décimés ici aussi par ours ou loups, faisant craindre une disparition des troupeaux sur les estives, et donc une modification importante de la gestion de la montagne.

Enfin, le jusque-boutisme des défenseur de la nature et de la sauvegarde des animaux se heurte ici à une réalité plus pragmatique et parfois plus sordide que ne le voudrait la bien-pensance écologique. Si j’ai cru relever quelques incohérences dans cette partie pyrénéenne que je connais bien, l’ensemble est plutôt bien enlevé et réaliste. La férocité des réseaux sociaux, l’attitude des protecteurs de la nature et de la biodiversité qui refusent systématiquement d’entendre les arguments qui leurs sont opposés, les chasseurs professionnels qui dans certains pays sont là pour prélever mais parfois aussi aident à réguler les populations d’animaux sauvages, chaque avis, chaque divergence, nous fait comprendre la complexité du problème, qui de fait paraît assez insoluble.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, éditions Du Rouergue

Martin est garde au parc national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers ours. Mais depuis un an et demi, on n’a plus trouvé la moindre trace de Cannellito, le seul plantigrade avec un peu de sang pyrénéen qui fréquentait encore ces forêts, pas d’empreinte de tout l’hiver, aucun poil sur les centaines d’arbres observés. Martin en est chaque jour plus convaincu : les chasseurs auront eu la peau de l’animal. L’histoire des hommes, n’est-ce pas celle du massacre de la faune sauvage ? Alors, lorsqu’il tombe sur un cliché montrant une jeune femme devant la dépouille d’un lion, arc de chasse en main, il est déterminé à la retrouver et la livrer en pâture à l’opinion publique. Même si d’elle, il ne connaît qu’un pseudonyme sur les réseaux sociaux : Leg Holas. Et rien de ce qui s’est joué, quelques semaines plus tôt, en Afrique.

Lu par Thierry Blanc, Charlotte Campana, Alexandre Nguyen, Cyril Romoli

Durée 9h04 / EAN 9791035411664 Prix du format cd 24,95 € / EAN numérique 9791035411947 Prix du format numérique 22,45 € / Date de parution 07/12/2022

Fuir l’Eden, Olivier Dorchamps

Sous les pavés et le béton, une plage

Adam, 17 ans, rêve de fuir l’Eden, cet immeuble classé monument historique emblématique du brutalisme que viennent photographier les touristes en mal d’aventure, mais qui est pour lui synonyme d’une enfance malheureuse. Il vit là avec sa petite sœur Lauren, et avec l’autre, ce père à qui il est impossible d’attribuer un nom.

Heureusement à l’Eden il y a aussi Ben et Pav, les deux fidèles copains d’enfance. Difficile de ne pas plonger dans la drogue ou au mieux les petits trafics quand on habite ce quartier. Mais Adam essaie de s’en sortir, aide sa sœur du mieux qu’il peut depuis le départ de la mère des année plus tôt. Deux enfants abandonnés à leur triste sort entre les griffes d’un père alcoolique et brutal. Il faut avouer que l’autre ne sait rien offrir de plus que des coups et des insultes.

Pour Lauren, il réinvente l’enfance, la mère, la douceur et les souvenirs. Il travaille chez l’épicier du coin pour gagner quatre sous, ceux du père servent à peine à les nourrir. Jusqu’au jour où il trouve ce travail chez Claire. Cette ancienne professeur désormais aveugle a besoin de quelqu’un pour lui faire la lecture. Elle lui ouvre les portes d’un monde insoupçonné, d’un ailleurs possible, et lui fait comprendre qui il est tout au fond de lui, une fois enlevée la carapace forgée pour évacuer les coups, la douleur, la solitude.

Sa vie s’éclaire le jour où il aperçoit Eva sur le quai du métro. Leur échange n’est pas des plus harmonieux ni évident et pourtant Adam sait que sa vie peut changer avec elle. Reste à l’apprivoiser.

Ce roman social sur la vie difficile des banlieues, quelles soient de Londres ou d’ailleurs, nous emporte bien plus loin que ne le laissent imaginer les premières pages. Sous les pavés et le béton de l’Eden, une plage et le soleil semblent pouvoir poindre, donnant une luminosité à cette histoire pour le moins sinistre d’enfance maltraitée, de violence et de rancœur.

Impossible à lâcher, c’est un vrai coup au cœur que nous donne là Olivier Dorchamps. Nous faisant passer du rire aux larmes, du découragement à l’espoir le plus pur avec beaucoup de douceur, d’émotion, de réalisme. Il évoque la jeunesse et la pauvreté, la famille et la fratrie, l’amitié et l’amour avec une luminosité, une tendresse parfois, et malgré les noirceurs, une belle dose d’optimisme.

Un roman de la sélection 2023 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Pocket, Finitude

L’Eden n’a rien d’un paradis. Il n’y a qu’à voir cette tour de béton insalubre, « chef-d’oeuvre d’architecture brutaliste » inscrit aux monuments historiques, pour le comprendre. C’est là que vit la misère sourde – là que claquent les coups et meurt l’espoir…
Adam, 17 ans, y est né. Et tout l’y retient.
Seulement, ce jour-là, sur le quai de Clapham Junction, le regard d’une fille aux yeux clairs chasse d’un coup son angoisse. Eva a son âge mais vit du bon côté des rails. L’instant d’après, la voilà partie, évaporée. Comment la retrouver ? Comment traverser la voie ? Pour sortir de sa condition, Adam irait jusqu’en enfer…

Cet ouvrage a reçu le Prix Louis-Guilloux et le Prix des Lecteurs
de la Maison du Livre

Date de parution : 02/03/2023 / 7.70 € / EAN : 9782266328708 / pages : 240

Ceux qui restent, Jean Michelin

Il y a la guerre, et les coulisses, ceux qui restent à l’arrière, les familles…

Là, des soldats en OPEX. On en entend parler régulièrement dans nos journaux ou dans les médias, surtout lorsque l’un d’eux meurt sur un théâtre d’opération. Mais derrières ces soldats, il y a des hommes, et ceux qui les attendent, femme, enfants, parents. Ceux qui restent au pause, ceux qui les espèrent vivants.

Là, il y a aussi tous ces hommes d’une compagnie qui sont revenus vivants quand leur camarade est mort au bout du monde pour des missions parfois obscures, souvent risquées. Et cette fraternité d’arme que nul autre que ceux qui ont combattu ensemble ne peut comprendre. Liés à jamais par l’expérience et le partage de l’indicible.

Dans le premier roman de Jean Michelin il y a tous ceux là, tout cela, et plus encore.

Stéphane a quitté l’armée pour rentrer chez lui définitivement, au grand soulagement de Mathilde. Mais quitte t-on vraiment ce corps qui vous a fait vivre avec les camarades, dans les combats, la peur, la fraternité, et dans lequel vous sentez que vous êtes à votre place. La nuit, Stéphane ne dort pas, il court, seul, dehors, pour oublier cet autre qu’il ne veut plus être.

Lulu faisait partie de sa compagnie. Mais lulu a disparu et son épouse ne sait pas où il est parti. Alors ses anciens camarades et son nouveau chef partent à sa recherche. Pour rassurer Aurélie, pour lui éviter de se faire renvoyer de l’armée, par fraternité et par solidarité dans doute, parce qu’on ne lâche pas un frère d’arme.

L’auteur nous plonge dans ces jours intenses où tous les quatre partent à la recherche de lulu, mais sans doute aussi à la recherche deux même et de leurs véritables aspirations, de leurs souvenirs commun, de leur histoire à construire, des départs et des retours, des interrogations silencieuses de ceux qui attendent et des silences de ceux qui reviennent.

Ici ou là,
Ici ou ailleurs, le lecteur les suit dans leurs pérégrinations quelles soient réelles ou dans leur tête, car ces quelques jours de recherches les plongent tous dans les événements du passé, ou dans ce qui pourrait advenir au futur.

Un très bon premier roman sur la vie militaire, les questionnements et les atermoiements, les doutes et les regrets, la vie en somme. Des personnages complexes et attachants et une trame crédible en font un bon moment de lecture.

Un roman de la sélection 2023 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Héloïse d’Ormesson

Comme chaque matin, l’aube grise se lève sur l’immuable routine de la garnison. Mais cette fois, Lulu manque à l’appel. Lulu, le caporal-chef toujours fiable, toujours solide, Lulu et son sourire en coin que rien ne semblait jamais pouvoir effacer, a disparu. Aurélie, sa femme, a l’habitude des absences, du lit vide, du quotidien d’épouse de militaire. Elle fait face, mais sait que ce départ ne lui ressemble pas. Quatre hommes, quatre soldats, se lancent alors à sa recherche. Ils sont du même monde et trimballent les mêmes fantômes au bord des nuits sans sommeil. Si eux ne le retrouvent pas, personne ne le pourra.
EAN : 9782350877891/ pages : 240 / 19.00 € / Date de parution : 18/08/2022

Pour leur bien, Amandine Prié

Quand la fiction s’inspire de la réalité, émotion garantie

Dans ce petit village d’Afrique vivent quelques familles dont celle de Marietou. Cette femme a déjà quatre filles, mais elle a cependant recueilli Inaya, la fille de sa sœur. Cette dernière a perdu la vie sous les coups des rebelles, tout comme son mari. Inaya a huit ans, de l’aplomb et de l’énergie à revendre. C’est une enfant éveillée, intelligente et qui a la cœur sur la main, elle ne laisse jamais tomber ceux dont elle s’occupe et possède un sens de l’a-propos et un culot à toute épreuve. Marietou a pris également sous son aile Sekou et son petit frère Issa, depuis le décès de leur grand-mère.

Si l’argent manque, si la nourriture se fait rare, l’amour des femmes pour ces enfants qu’elles élèvent comme si c’était les leurs est sans égal. La famille a un sens plus large qu’en France en Afrique et chacun se sent responsable de l’éducation et de la vie de ceux qu’il protège.

Mais les rebelles ont investi les bords de la rivière et la vie au village, sans eau et sans cette liberté qui permettait aux enfants d’aller jusqu’à la rivière est de plus en plus compliquée, difficile, fragile. Aussi le jour où des membres d’une association humanitaire française « Une école, un avenir » s’installent à proximité du village et proposent de recueillir quelques orphelins pour leur fournir nourriture, médicaments et éducation, les familles s’interrogent. Sur le conseils du doyen, des fratries entières vont pouvoir partir et recevoir une éducation. Normalement, seuls les garçons doivent partir, car bien sur les filles sont trop utiles dans une maison, un village, une communauté. Et après tout elles n’ont pas besoin d’étudier.

Vu à travers le regard d’Inaya, une enfant avide de savoir, qui rêve de devenir médecin quand son amie voudrait être enseignante pour éduquer les enfants du village, ce roman est intéressant et émouvant car il nous place dans le cœur et les pensées des intéressés. L’autrice évoque l’affaire de l’Arche de Zoé. Les français de cette association humanitaire avaient été arrêtés en Afrique en 2017 alors qu’ils tentaient d’exfiltrer des enfants, qui n’étaient pas orphelins, pour les faire adopter en France. Sans l’autorisation des familles, et sans les avoir informées de leur décision au préalable. Cette arrogance des colonisateurs qui s’imaginent souvent avec une intime conviction, que pour sauver le monde il faut être français ou ramener les enfants en France, sans se poser la question de l’arrachement au pays, aux familles, aux coutumes. Pays des droits de l’homme et des libertés, mais ici capable du pire au nom de l’arrogance et du mépris de certains humanitaires.

Comment ne pas penser au roman l’enfant du volcan et aux enfants de la creuse, ces enfants de l’île de la Réunion enlevés à leurs familles soit disant pour leur bien, pour éviter la famine sur l’île, et pour repeupler les départements à la natalité trop faible.

Un roman de la sélection 2023 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : éditions Les Pérégrines

Inaya, une intrépide fillette de huit ans, vit avec sa tante et ses cousines dans un village d’Afrique, au coeur d’une région instable depuis des années. 

Un jour, une association humanitaire s’installe à proximité du village. Les bénévoles se mettent en quête d’orphelins de père et de mère, afin de les sortir de la misère et de leur donner accès à l’école.

Sur le camp où ils sont accueillis, Inaya et une centaine d’autres enfants sont ainsi nourris, logés, instruits et soignés. Mais quelles sont les véritables intentions de cette association ?

Date de parution: 25 août 2022 / Pages: 368 pages / ISBN: 979-10-252-0563-1 / Prix : 19 €