Fuir l’Eden, Olivier Dorchamps

Sous les pavés et le béton, une plage

Adam, 17 ans, rêve de fuir l’Eden, cet immeuble classé monument historique emblématique du brutalisme que viennent photographier les touristes en mal d’aventure, mais qui est pour lui synonyme d’une enfance malheureuse. Il vit là avec sa petite sœur Lauren, et avec l’autre, ce père à qui il est impossible d’attribuer un nom.

Heureusement à l’Eden il y a aussi Ben et Pav, les deux fidèles copains d’enfance. Difficile de ne pas plonger dans la drogue ou au mieux les petits trafics quand on habite ce quartier. Mais Adam essaie de s’en sortir, aide sa sœur du mieux qu’il peut depuis le départ de la mère des année plus tôt. Deux enfants abandonnés à leur triste sort entre les griffes d’un père alcoolique et brutal. Il faut avouer que l’autre ne sait rien offrir de plus que des coups et des insultes.

Pour Lauren, il réinvente l’enfance, la mère, la douceur et les souvenirs. Il travaille chez l’épicier du coin pour gagner quatre sous, ceux du père servent à peine à les nourrir. Jusqu’au jour où il trouve ce travail chez Claire. Cette ancienne professeur désormais aveugle a besoin de quelqu’un pour lui faire la lecture. Elle lui ouvre les portes d’un monde insoupçonné, d’un ailleurs possible, et lui fait comprendre qui il est tout au fond de lui, une fois enlevée la carapace forgée pour évacuer les coups, la douleur, la solitude.

Sa vie s’éclaire le jour où il aperçoit Eva sur le quai du métro. Leur échange n’est pas des plus harmonieux ni évident et pourtant Adam sait que sa vie peut changer avec elle. Reste à l’apprivoiser.

Ce roman social sur la vie difficile des banlieues, quelles soient de Londres ou d’ailleurs, nous emporte bien plus loin que ne le laissent imaginer les premières pages. Sous les pavés et le béton de l’Eden, une plage et le soleil semblent pouvoir poindre, donnant une luminosité à cette histoire pour le moins sinistre d’enfance maltraitée, de violence et de rancœur.

Impossible à lâcher, c’est un vrai coup au cœur que nous donne là Olivier Dorchamps. Nous faisant passer du rire aux larmes, du découragement à l’espoir le plus pur avec beaucoup de douceur, d’émotion, de réalisme. Il évoque la jeunesse et la pauvreté, la famille et la fratrie, l’amitié et l’amour avec une luminosité, une tendresse parfois, et malgré les noirceurs, une belle dose d’optimisme.

Un roman de la sélection 2023 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Pocket, Finitude

L’Eden n’a rien d’un paradis. Il n’y a qu’à voir cette tour de béton insalubre, « chef-d’oeuvre d’architecture brutaliste » inscrit aux monuments historiques, pour le comprendre. C’est là que vit la misère sourde – là que claquent les coups et meurt l’espoir…
Adam, 17 ans, y est né. Et tout l’y retient.
Seulement, ce jour-là, sur le quai de Clapham Junction, le regard d’une fille aux yeux clairs chasse d’un coup son angoisse. Eva a son âge mais vit du bon côté des rails. L’instant d’après, la voilà partie, évaporée. Comment la retrouver ? Comment traverser la voie ? Pour sortir de sa condition, Adam irait jusqu’en enfer…

Cet ouvrage a reçu le Prix Louis-Guilloux et le Prix des Lecteurs
de la Maison du Livre

Date de parution : 02/03/2023 / 7.70 € / EAN : 9782266328708 / pages : 240

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