Cinq petits indiens, Michelle Good

Un roman choral bouleversant d’humanité, de douleur, d’espoir

Il y a Maisie, Clara, Lucy, Kenny et Howie et tous les autres, tous ceux qui ne sont plus là, disparus pour certains, silencieux pour la grande majorité d’entre eux.

Qui sont-ils ? Ce sont des indiens autochtones canadiens. Alors qu’ils n’étaient que des enfants, le gouvernement a décidé de les enlever à leurs familles pour ôter l’indien en eux, les faire vivre selon les préceptes de la religion catholique, dans des écoles qui devaient leur apprendre à devenir des blancs vivants à l’occidentale. Mais un indien reste à jamais indien, fort heureusement, et cet épisode douloureux de l’histoire récente du Canada signe l’échec de cette « invisibilisation » forcée des Premières Nations.

Michelle Good a voulu nous faire connaître leurs vies à travers le destin de cinq enfants devenus adultes. Leur prime enfance souvent heureuse, l’arrachement aux familles, les années noires du pensionnat, là où rien ne leur sera épargné, puis leur avenir à partir du jour où ils sont tout simplement mis à la porte du pensionnat à leurs 16 ans.

Chacun à son tour, les cinq petits indiens se racontent, du présent au passé, de l’enfance à l’adolescence, les peurs, les pleurs, la souffrance, les violences subies, les visites nocturnes du Père, tant aux filles qu’aux garçons, les silences de sœur Mary et sa cruauté, le soutien et l’entraide reçus de la part d’autres enfants.

Et le départ dans la vie, loin de la Mission, tellement difficile quand on a reçu ni amour, ni une éducation correcte pour pouvoir s’en sortir.

Un très beau roman, terriblement émouvant, empreint d’un réalisme qui fait mal tant les maltraitances sont flagrantes, la violence physique et morale destructrice pour ces adultes en devenir. Les dernières écoles ont fermé en 1996 à peine. De nombreux enfants sont passé par là, un grand nombre n’en est jamais revenu.

Des pratiques sordides que d’aucuns ont eues également ailleurs. En lisant ce roman on pense également aux enfants enlevés aux républicains par le gouvernement espagnol de Franco pour les élever dans la ligne du parti au pouvoir. Ici, c’est la nation indienne qui est niée en bloc. Fort heureusement, depuis des procès ont eu lieu, certains anciens pensionnaires ont pu s’exprimer au nom de tous ceux qui étaient passés par là, et une forme de reconnaissance essaye de voir le jour. Mais cela ne pourra jamais éclipser la cruauté de ce qu’ils ont subit pendant autant d’années.

J’ai aimé les écouter, les suivre, eu mal avec eux des outrages subits et de leurs difficultés à s’en sortir. J’ai suivi les traces de John Lennon et les pas des cinq petits indiens que je n’oublierai pas de sitôt.

Michelle Good, est une autrice crie qui appartient à la nation Red Pheasant. Elle a été l’avocate des survivants des pensionnats pendant de nombreuses années. Ce sont leurs voix qu’elle nous fait entendre, leurs douleurs, leurs vies. Certes romancées, mais le fonds est là, un roman choral bouleversant d’humanité, de tristesse, de douleur, mais aussi d’espoir et d’empathie.

Pour aller plus loin, lire par exemple l’article Découverte de corps d’enfants autochtones : comme si le Canada « se réveillait d’une longue amnésie »

« Ces pensionnats autochtones – on en dénombre officiellement 140 – ont été mis en place dans les années 1880. Le dernier a fermé en 1996″, »Le plus souvent gérés par l’Église catholique, leur objectif était de ‘civiliser’ les enfants des Premières Nations. »

Pendant près d’un siècle, l’État a ainsi arraché plus de 150 000 enfants amérindiens, métis ou inuits, à leur famille pour les assimiler à la culture blanche dominante », poursuit-elle. Un rapport publié en 2015 estime qu’entre 4 000 et 6 000 seraient morts dans ces institutions sous l’effet de maladies, de sous-nutrition, de maltraitances ou d’abus sexuels. 

Catalogue éditeur : Seuil, Voix autochtones

Traduit par : Isabelle Maillet

Canada, fin des années 1960. Des milliers de jeunes autochtones, libérés des pensionnats, essaient de survivre dans le quartier d’East Vancouver, entre prostitution, drogue et petits boulots.
Il y a Maisie, qui semble si forte ; la discrète Lucy, épanouie dans la maternité ; Clara, la rebelle, engagée dans l’American Indian Movement ; Kenny, qui ne sait plus comment s’arrêter de fuir, et, enfin, Howie, condamné pour avoir rossé son ancien tortionnaire.

D’une plume saisissante, Michelle Good raconte les destins entremêlés de ces survivants. Un roman choral bouleversant.

Michelle Good est une autrice crie appartenant à la nation Red Pheasant. Elle a travaillé comme avocate auprès des survivants des pensionnats autochtones pendant plus de 20 ans et elle a également publié de la poésie, des essais et des nouvelles dans de nombreux magazines et anthologies. Cinq Petits Indiens a reçu, entre autres, le prix du Gouverneur général 2020 et le prix du public Canada Reads de Radio-Canada.

Date de parution 10/03/2023 / 22.00 € TTC / 352 pages / EAN 9782021502626

L’eau du lac n’est jamais douce, Guilia Caminito

Comment survivre à une enfance dans un milieu défavorisé au bord du lac de Bracciano

Ce roman traduit de l’italien nous ouvre les portes d’une très modeste famille romaine des années 2000. Gaïa, le personnage principal, nous compte sa vie et ses aventures de l’enfance à l’âge adulte, toujours à la première personne sans que cela ne soit jamais lassant.

Gaïa a une mère singulière, qui ose aller jusqu’à des scènes dont sa fille a honte pour tenter d’obtenir un logement décent. Un père handicapé depuis qu’il a fait une très mauvaise chute sur ce chantier sur lequel il n’a jamais travaillé. Deux frères jumeaux bien plus jeunes et trop dociles, et un aîné rebelle né d’un père différent. Elle abhorre sa vie dans la pauvreté et cette condition sociale qui la place perpétuellement en marge de la vie des autres. Ils vont vivre une grande partie de leur vie à Anguillara Sabazia, une commune située près du lac de Bracciano au nord de Rome.

Elle grandit aux côtés d’Antonia, une mère au caractère bien trempé qui en est presque caricaturale. Tout repose sur elle, et elle doit se battre contre les injustices, au-delà des conventions, seule depuis que le père est relégué au rang des accessoires. L’enfance lui fait découvrir l’injustice, l’adolescence lui colle ses complexes et l’entrée dans l’âge adulte exacerbe ses difficultés. De part son milieu social Gaïa est souvent rejetée par ses camarades, surtout lorsque Antonia souhaite l’inscrire dans des écoles pour riches. Ce rejet accentue ses complexes mais fait émerger en elle des ressources insoupçonnées.

Il faut dire que sa mère lui a inculqué l’idée que seule la beauté permet aux pauvres d’accéder au milieu des riches. Alors elle se désespère, trop maigre, trop rousse, trop plate, trop mal habillée, trop différente. Mais elle découvre peu à peu qu’elle a hérité de sa mère une farouche détermination et une intelligence qui pourraient lui permettre de bousculer son destin.

Ce récit dans lequel les lieux et les événements ont leur place reste vrai, le style est léger, rythmé, féminin, poétique parfois. L’écriture de Giulia Caminito est directe, sobre, vivante, et terriblement réaliste. Les phrases sont simples, les mots précis, les répétitions de bon goût, les énumérations jamais fastidieuses et les allégories et les métaphores bien choisies. L’adolescence, point central du roman, y est bien décrite avec ses amitiés, ses expériences heureuses ou malheureuses, ses trahisons, ses succès et ses déceptions.

Difficile parfois de comprendre la psychologie du personnage principal. On la voudrait victime, elle est rebelle et toujours en colère. L’auditeur s’attache à Gaïa malgré son caractère ni sympathique ni agréable, et imagine la suite de sa vie à la lumière de ce qu’il croit comprendre. La fin un peu trop brutale à mon goût peut décevoir tellement l’empathie pour ce personnage ambigu est forte.

J’ai aimé la voix de Florine Orphelin, à la fois posée et juste dans ses atermoiements, ses hésitations, ses révoltes et ses envies de vie meilleure. Dans sa rage aussi contre une mère qui par son obsession de réussite scolaire espère lui permettre de vivre mieux qu’elle. Il y a tout dans ce personnage, l’espoir, le doute, la violence, la rébellion, l’amour et la déception, l’amitié et le deuil, et tout cela est bien transmis à l’écoute du roman.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Gallmeister

« Notre mère ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde. Mariano et moi sommes dans le couloir qui conduit aux chambres, culottes courtes et mollets raides, et sans ciller nous fixons notre peur : ne pas être comme Antonia, ne jamais être à la hauteur, ne remporter aucune bataille. »

Antonia, une femme fière et têtue, s’occupe d’un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, elle ne fait pas de compromis et croit au bien commun. Pourtant, elle inculque à sa fille le seul principe qui vaille : ne compter que sur ses propres capacités. Et sa fille apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir.

Nous sommes en l’an 2000, les grandes batailles politiques et civiles n’existent plus, seul compte le combat pour affirmer sa place dans le monde.

Lu par Florine Orphelin

Traduit par Laura Brignon

EAN 9791035411510 Prix du format cd 25,90 € / EAN numérique 9791035411381 prix du format numérique 23,45 € / Date de parution 10/08/2022 / Durée : 8h54

Ce n’est pas un fleuve, Selva Almada

Un court texte poétique et onirique qui nous plonge entre deux eaux

Quelle étrange sensation cette lecture. Trois hommes, un bateau pour aller à la pêche, une île, des sœurs jumelles et leur mère qui est sans cesse attirée par les feux qu’elle allume, sont quelques uns des personnages que l’on rencontre au bord de ce fleuve qui n’en est peut-être pas un.

Trois hommes mènent un combat sans merci, une véritable bagarre pour sortir de l’eau une raie gigantesque qui ne leur avait rien fait et dont ils ne vont rien faire. Puis vient la nuit, et l’un d’entre eux disparaît…
Deux jeunes femmes rêvent de s’amuser comme les autres jeunes gens, aller au bal, de l’autre côté du fleuve, boire, danser, et revenir au petit matin, ou pas…
Sur l’île, les hommes décident de venger la mort de cette raie, cette bête magnifique que tous connaissaient mais qu’aucun n’aurait jamais sortie de l’eau. Une mort inutile et sauvage.

Avec des phrases et des chapitres courts, presque des paragraphes, l’auteur mène ses lecteurs au bord d’un rêve éveillé, au fil de l’eau, des rencontres. Au fil du temps qui passe dans tous les sens car les histoires se télescopent et se rejoignent quand on ne les attend pas. Et nous donne à entrevoir une partie du mystère qui règne là, au bord du fleuve. L’atmosphère du lieu est particulièrement bien rendue, à la fois moite, secrète, mystérieuse, sauvage. Elle nous laisse entrevoir une nature qui ne pardonne pas les erreurs des humains qui viennent la troubler sans la respecter. Mais la dureté et la violence des hommes n’est pas oubliée non plus, les temporalités se bousculent pour laisser deviner les liens entre les différents personnages, fils père, frère, amants, amis, parents ou ennemis.

Il y a tout dans ce court roman, vie, mort, violence, amitié virile ou douceur féminine, jeunesse et solitude, deuil et abandon, mystère et réalité s’opposent pour composer un texte à la fois onirique et poétique.

Catalogue éditeur : Métailié

Le soleil, l’effort tapent sur les corps fatigués de trois hommes sur un bateau. Ils tournent le moulinet, tirent sur le fil, se battent pendant des heures contre un animal plus fort, plus grand qu’eux, une raie géante qui vit dans le fleuve. Étourdis par le vin, par la chaleur, par la puissance de la nature tropicale, un, deux, trois coups de feu partent.
Dans l’île où ils campent, les habitants viennent les observer avec méfiance, des jeunes femmes curieuses s’approchent. Ils sont entourés par la broussaille, par les odeurs de fleurs et d’herbes, les craquements de bois qui soulèvent des nuées de moustiques près du fleuve où le père d’un des trois hommes s’est noyé. Ils se savent étrangers mais ils restent.

Titre original : No es un río Langue originale : Espagnol (Argentine) Traduit par : Laura Alcoba
Publication : 14/01/2022 / Pages : 128 / ISBN : 979-10-226-1171-8 / 16 €

La sélection des titres en lice pour le Prix Audiolib 2023

Cette année encore, pour mon plus grand bonheur, je vais participer au jury du Prix du meilleur livre audio avec les éditions Audiolib.

Mais alors, quels sont les livres dans la course pour remporter le Prix Audiolib 2023 ? Et surtout, le prix Audiolib, qu’est-ce que c’est ?

Il a été créé en 2013 et récompense chaque année le meilleur livre audio des éditions Audiolib.
Le jury des blogueurs dont je vais faire partie va devoir sélectionner les 5 finalistes après l’écoute attentive des 10 titres en lice. Ensuite, les lecteurs – vous par exemple ?- éliront leur ouvrage préféré lors d’un vote en ligne qui déterminera le lauréat du Prix Audiolib 2023.

En 2022, c’est Laura Imai Messina qui a été récompensée pour Ce que nous confions au vent, traduit par Marianne Faurobert et lu par Clara Brajtman.

La sélection 2023 :

Comme vous pouvez vous en douter, j’ai vraiment hâte de recevoir ces nouveaux titres et de les découvrir !

Et si vous voulez lire les avis des jurées qui vont partager l’aventure avec moi, voici le liens vers leurs blog ou leurs chaînes Youtube :

Mères indignes, Luce Caron

Voir les mères et la maternité avec un regard neuf et sincère

Huit nouvelles sur la difficulté d’être soi en devenant mère. Sur cet amour et cet altruisme que l’on attend des femmes comme une normalité culpabilisante lorsqu’elles ont enfanté. Sur cette capacité à entendre, donner, partager, prendre sur soi, et s’oublier qui paraît évidente aux autres mais qui est si difficile, exigeante, péremptoire, celle de ne plus exister dans le regard des autres que comme une mère.

J’ai aimé ces nouvelles si dérangeantes mais au fond si vraies, qui posent de bonnes questions sur le regard et le jugement d’une société qui exige sans contrepartie. Une société qui considère normal qu’une femme ait des enfants, que devenir mère c’est être enfin une femme accomplie. Un vrai regard neuf, direct, sans pathos ni faux-semblants.

Céline, restée seule à partir du moment où son ventre s’est arrondi, a de plus en plus de mal à supporter les pleurs de son bébé, comment réagir sans commettre le pire.

Aurélie est mère de trois garçons, mais elle n’en peut plus des pourquoi, des questions, de cet incessant besoin qu’ils ont tous d’elle et de sa présence active, souriante, disponible, et si la fuite était la solution pou être enfin tranquille.

Agnès est mère célibataire d’un ado en crise, enfin, en crise il l’est depuis longtemps, puisqu’il n’a envie de rien, ne travaille pas, et ne lui répond plus, et s’isole de plus en plus dans son monde virtuel. Mais existe-t-il une solution pour le ramener à la vraie vie.

Elsa retrouve son frère pour aller aux obsèques d’un proche, enfin un proche de sa mère en tout cas, drôle de famille, drôle d’enfance.

Olivia part aux obsèques de sa mère avec sa grand-mère. Sa mère, cette femme admirable ou cette mère perverse si peu aimante, qui était-elle au fond.

Caroline attend le départ de son fils chez le père pour s’adonner à son addiction favorite et dévastatrice, jusqu’au jour où elle dépasse certaines limites.

Sabine veux faire des efforts, note tout, se crée de alertes, mais Sabine est tellement étourdie qu’elle ne sait même plus pourquoi elle les a créées. Comment vivre sereinement avec fille et mari dans ce cas, comment ne pas lasser ceux qui l’entourent.

Retrouvez l’autrice sur le blog mères indignes

Catalogue éditeur : Chloé des Lys

ISBN : 978-2-39018-238-2 / parution : Décembre 2022 / 22,00 €

Assemblage, Natasha Brown

Un roman singulier sur l’intégration et la différence

Elle est trentenaire, travaille à la City de Londres, est propriétaire d’un bel appartement et son petit ami vient de l’inviter à l’anniversaire de mariage de ses parents. Tout lui sourit en somme.

Sauf qu’elle est d’ici mais que tous la voudraient d’ailleurs, elle et sa peau noire qui dénote dans les hautes sphères de la finance. Elle à qui ses collègues osent faire ces réflexions qu’il faudrait garder pour soi s’ils avaient un tant soit peu d’attention pour l’autre. L’avantage d’être une femme, le soucis d’équilibre qui favorise les représentant des minorités, tous ce qui fait qu’on se permet de lui dénier ses aptitudes, sa capacité, ses compétences pour être qui elle est et où elle est.

Aujourd’hui elle sort de chez le docteur et ce cancer du sein l’interroge. Et si c’était la solution de fuir ce monde qui ne veut pas d’elle, qui aimerait la renvoyer vers cette Afrique qu’elle n’a jamais connue.

Alors elle assemble les éléments d’une vie, les mots, les situations, les relations, les frustrations, les silences, se taire et accepter, baisser les yeux et se faire discrète, tout ce qui fait son quotidien et que les autres ne voient pas, ne subissent pas, ne comprennent pas. Le tout est porté par une écriture singulière qui dénote dans cette rentrée littéraire.

Cet Assemblage de mots et de sentiments, de situations et de frustrations, de pensées et de souhaits est là pour crier la différence, la peau noire, le rejet par les autres, la difficulté à être admis, même si l’on a parfaitement accompli son intégration dans une société dans laquelle on aspire à se fondre.

Un roman sans doute un peu trop court pour réussir à m’attacher à son personnage et pour susciter l’empathie. Mais qui éveille notre conscience à la perception au plus profond de soi de la diversité. Car être blanc ou noir change vraiment la donne lorsque l’on évolue dans une société traditionnelle blanche.

Catalogue éditeur : Grasset

Découvrir l’âge adulte en pleine crise économique. Rester serviable dans un monde brutal et hostile. Sortir, étudier à « Oxbridge », débuter une carrière. Faire tout ce qu’il faut, comme il faut. Acheter un appartement. Acheter des œuvres d’art. Acheter du bonheur. Et surtout, baisser les yeux. Rester discrète. Continuer comme si de rien n’était.

La narratrice d’Assemblage est une femme britannique noire. Elle se prépare à assister à une somptueuse garden-party dans la propriété familiale de son petit ami, située au cœur de la campagne anglaise. C’est l’occasion pour elle d’examiner toutes les facettes de sa personnalité qu’elle a soigneusement assemblées pour passer inaperçue. Mais alors que les minutes défilent et que son avenir semble se dessiner malgré elle, une question la saisit : est-il encore temps de tout recommencer  ?

Pages : 160 / EAN : 9782246828235 prix 17€ / EAN numérique: 9782246828242 prix 11,90€ / parution : 11 Janvier 2023 /

Garçon au coq noir, Stefanie vor Schulte

Un conte singulier, une dystopie sur le bien et le mal

Dans un monde et une époque qui ne seront jamais cités, Martin est un enfant différent, brillant, intelligent, et doté d’une humanité hors du commun. Il a survécu miraculeusement au massacre de sa famille, et erre dans le village en guenilles, souvent affamé. Il est tellement plus intelligent que tous les villageois qui l’entourent qu’il le craignent tous.

Il vit avec un coq noir toujours fiché sur son épaule, et nul ne sait lequel protège l’autre de l’enfant ou de la volaille. En tout cas chacun soutient l’autre face à la cruauté du monde qui les entoure.

Un jour, un peintre arrive au village. Il est venu répondre à une commande, peindre un retable dans l’église. L’homme et l’enfant se prennent d’amitié. Aussi Martin n’hésite pas une seconde pour emboîter le pas du peintre lorsqu’il quitte le village pour poursuivre son itinérance. Il peint la beauté du monde dans des lieux où elle est pourtant bien cachée.

L’homme et l’enfant déjouent tous les pièges qui s’offrent à eux, méchanceté humaine, bêtes sauvages, froid, épuisement ou famine, rien ne leur sera épargné.

Pourtant, l’enfant qui a été témoin de l’enlèvement d’une petite fille par de sombres cavaliers ne rêve que de venger celle-ci, de la retrouver pour la ramener à sa mère. Ses errances le mènent enfin là où tout commence, là où tout pourrait se terminer. Car Martin est devenu un jeune homme droit, juste, au destin unique et extraordinaire.

Une dystopie qui évoque la méchanceté des hommes, la bonté et la force de certains face à l’adversité. Mais aussi la folie des hommes, la guerre, la famine, les destructions, la force des puissants et leur manque d’humanité. Tout au long de ce roman à l’atmosphère pour le moins originale, les hommes s’affrontent, le mal est partout, mais ce jeune garçon au cœur pur et à la force hors du commun, secondé par son coq saura parvenir à ses fins, envers et contre tous.

Un premier roman à l’écriture à la fois limpide et romanesque, sombre et lumineuse, qui invente des mondes et des époques mais qui pourtant pourraient être notre présent. Le personnages sont atypiques, attachants ou repoussants, et semblent vraiment emblématiques des populations rencontrées par Martin et le peintre.

Catalogue éditeur : Héloïse d’Ormesson

Traduit par Nicolas Véron

Martin, onze ans, n’a qu’une chemise sur le dos et un coq noir sur l’épaule lorsqu’il emboîte le pas d’un peintre itinérant pour fuir le village où, depuis toujours, on se méfie de lui. Aux côtés de cet homme qui ne dessine que le beau, il déjoue les complots, traverse les rivières, se confronte aux loups, à la faim, à l’épuisement. Fort de sa ruse et de la complicité de son ami à plumes, le garçon secourt ceux qui, plus vulnérables encore, se laissent submerger par les ténèbres. Au terme de cette quête, parviendra-t-il à percer le mystère qui se dissimule derrière la légende du cavalier noir, ravisseur d’enfants ?
Grâce à une écriture simple et captivante, Stefanie vor Schulte entoure chacun de ses mots d’une atmosphère saisissante. Brutale et merveilleuse, cette fable gothique ancrée dans un folklore lointain montre à chacun de nous que l’espoir perce partout, même au cœur de la nuit.

Née à Hanovre, en Allemagne, en 1974, Stefanie vor Schulte a étudié le théâtre et la conception de costumes. Garçon au coq noir est son premier roman. Elle a déjà remporté le prix Mara Cassens du meilleur premier roman de l’année en Allemagne, ainsi que le prix du Festival du premier roman de Chambéry.

EAN : 9782350878188 / Nombre de pages : 208 / 19.00 € / Date de parution : 25/08/2022

L’inventeur, Miguel Bonnefoy

Le soleil est l’avenir…

Qui était Augustin Mouchot, un génie de l’ombre ou un fou illuminé ? Ce fils de serrurier né le 7 avril 1825, cet enfant toujours malade qui a pourtant résisté à tous les assauts dont son corps a souffert, ce professeur de mathématiques banal et solitaire, ou ce savant génial découvreur de la force de l’énergie solaire à une époque où la science ne lui fait pas la part belle ?

Il était tout cela à la fois et avec la verve qu’on lui connaît Miguel Bonnefoy fait de cet homme oublié de tous un héros du quotidien et de la science.

Reconnu par l’académie qui l’aide pour le financement de sa drôle de machine à vapeur, la première est baptisée Octave ;
Remarqué par Napoléon III et par les militaires qui voient déjà des débouchés dans ses créations bizarres ;
Porté aux nues par la presse de l’époque après son extravagante expérience lors de l’exposition universelle de 1878 ;
Isolé dans le désert d’Algérie où il perd à la fois la vue et cette énergie créatrice qui fait sa singularité ;
Ruiné, ayant vendu ses brevets et ses machines à l’ingénieur Abel Pifre, cet homme qu’il avait embauché pour l’aider à compenser ses failles en communication, il trouve refuge chez une pauvre femme aussi solitaire que repoussante, qui pourtant prendra un minimum soin de lui.

Mais il a vécu non pas à l’ère du solaire et des énergies renouvelables, mais à celle du charbon que l’ont part chercher dans les mines, c’est plus sûr et moins onéreux.

Malgré le mot glissé dans sa poche, comme il le faisait dans son enfance, ce Bien que j’en aie l’air, je ne suis pas mort, ce héros de la science meurt comme il a vieillit, dans le dénuement total quasiment oublié de tous.

J’ai aimé retrouver dans ces phrases et dans ces lignes, dans les différents personnages qui évoluent autour de Mouchot, la fougue et le dynamisme, l’intonation et la fore de persuasion de l’auteur, l’imaginant être là près de nous pour évoquer Mouchot, cet homme qu’il ramène à la vie sous nos yeux intrigués. Et de fait, il arrive à rendre un brin magique la vie si peu réussie, la mort bien triste, l’échec cuisant de cet inventeur oublié qui était comme c’est souvent le cas très certainement en avance sur ce que la société était prête à entendre. Et tout cela en réussissant à faire un clin d’œil à son héros Lonsonnier que le lecteur avait pu rencontrer dans son précédent roman, Héritage.

Catalogue éditeur : Rivages

Voici l’extraordinaire destin d’Augustin Mouchot, fils de serrurier, professeur de mathématiques, qui, au milieu du XIXe siècle, découvre l’énergie solaire.
La machine qu’il construit, surnommée Octave, finit par séduire Napoléon III. Présentée plus tard à l’Exposition universelle de Paris en 1878, elle parviendra pour la première fois, entre autres prodiges, à fabriquer un bloc de glace par la seule force du soleil.
Mais l’avènement de l’ère du charbon ruine le projet de Mouchot que l’on juge trop coûteux. Dans un ultime élan, il tentera de faire revivre le feu de son invention en faisant « fleurir le désert » sous le soleil d’Algérie.

ISBN: 978-2-7436-5703-1 / Parution : août, 2022 / 208 pages / Prix :19,50€

Aquitania La vengeance d’Aliénor d’Aquitaine, Eva García Saenz de Urturi

Aliénor d’Aquitaine, ou la jeunesse d’une souveraine courageuse et volontaire

Aliénor d’Aquitaine, sans savoir qui elle était, chacun d’entre nous connaît pourtant au moins son nom. Ce roman au souffle picaresque retrace une partie de la jeunesse de l’héritière de la couronne de cette région tant convoitée qu’était l’Aquitaine au XIIe siècle.

Petite fille de Guillaume IX le Troubadour, Aliénor a treize ans lorsque son père Guillaume X décède mystérieusement à Compostelle le jour du Vendredi Saint en 1137. Sur son corps s’affichent les marques d’une horrible torture nommée l’aigle de sang. Aliénor n’accepte pas ce qui lui est rapporté comme étant les cause de cette mort étrange et décide de venger son père.

Pour arriver à ses fins, elle n’hésite pas à faire bouger les lignes en influençant le conseil elle obtient le droit d’épouser le futur Louis VII, fils de Louis Le Gros, le rival de son père. Ce digne descendant de la lignée des capétiens est aussi l’héritier du royaume de France.

Quand le jour de la noce Louis VI dit Le Gros décède à son tour, le mystère s’épaissit. Le couple commence à mieux se connaître, et les sentiments d’Aliénor pour son époux changent au fil des ans. C’est donc avec son époux qu’elle va tenter de faire la lumière sur ces deux morts suspectes. Pendant toutes ces années, rien ne lui sera épargné. La jeune femme n’arrive pas à donner un héritier aux capétiens, ni à se faire une place au Conseil, et ses manœuvres ne sont pas toujours de francs succès.

Tour à tour, Aliénor, Louis, et l’enfant vont exposer leur vision des faits tout au long de ces années. De 1137 à 1149, de Bordeaux à Poitiers, de Normandie à Paris, et jusqu’en terre sainte lors de la croisade menée par Louis VII, Aliénor sait tenir sa place et son rang. Issue de la région la plus prospère du territoire, sa richesse lui donne un pouvoir et un attrait irrésistibles. Le royaume de France cherche à faire les alliances et à gagner les guerres qui lui permettront de gouverner les Comté et Seigneuries dont il a besoin pour étendre son pouvoir. Douze années pendant lesquelles aquitains et capétiens luttent pour le pouvoir. Aux côtés d’Aliénor et de Louis, apparaissent tour à tour son oncle Raymond de Poitiers qui deviendra prince d’Antioche, puis l’abbé Suger en sa basilique Saint Denis, enfin Bernard de Clairvaux, ainsi que quelques chats aquitains qui rôdent dans les couloirs des sombres châteaux parisiens.

Je n’ai pas eu envie d’aller vérifier tous les détails historiques du roman, même si je suppose que l’autrice a su parfois laisser libre court à son imagination. J’ai eu envie de me laisser porter par l’énergie qui s’en dégage, par cette Aliénor que nous découvrons dans sa jeunesse auprès d’un époux sans doute mieux assorti que ce qu’elle avait pu imaginer de prime abord. Un roman comme on les aime, intelligent, vivant, rythmé, qui nous entraîne dans un souffle picaresque à travers batailles, jalousies, incestes, deuils, trahisons, amour, haine, regrets, sans que l’on ait envie de le refermer avant la fin.

Catalogue éditeur : Fleuve

Compostelle, 1137. Le duc d’Aquitaine – territoire convoité par la France pour ses richesses – est retrouvé mort, le corps bleu et portant la marque de l’« aigle de sang », une effroyable torture normande. La jeune Aliénor, portée par sa soif de vengeance, décide d’épouser le fils du roi Louis VI le Gros qu’elle croit être le meurtrier de son père. Son objectif : décimer la lignée des Capétiens et imposer le sang aquitain. Mais, le jour des noces, Louis VI est assassiné à son tour.
Les époux, Aliénor et Louis VII devront alors apprendre à se connaître afin d’infiltrer le royaume de France et démasquer l’instigateur de cette machination. Quel qu’en soit le prix à payer…

Traduit par Judith Vernant

21.90 € / EAN : 9782265155527 / Nombre de pages : 384 / Date de parution : 20/10/2022

T, Haruki Murakami

Quand T-Shirt rime avec passion et collection

Haruki Murakami ou l’art du dérisoire. Un t-shirt, rien de plus banal, peut-être aussi rien de plus amusant, personnel, offert, différent, singulier.

C’est en faisant une sorte de liste à la Prévert de ses T-shirts préférés que l’auteur a décidé de nous parler de lui.

Lui et son amour de tel ou tel modèle, les circonstances de l’achat, du cadeau, les mots échangés, les sourires ou les silences. Pourquoi, quand, avec qui, il y a tout cela et plus encore. Comme par exemple un t-shirt qui fait la publicité pour de hamburger, ou au contraire pour Murakami lors de la parution d’un de ses livres. Ceux des magasins de disques, ceux qui parlent d’animaux, ceux avec quelques mots, le moins possible, écrits dessus, ceux achetés lors de concerts mythiques ou du moins que l’on a vraiment aimé, bref, il y en a pour toutes les occasions, et c’est ce que l’auteur nous rappelle ici.

En fin du livre, on trouve deux intéressantes interview de l’auteur à propos de sa collection de t-shirts.

D’ailleurs, et vous, si vous deviez chercher lequel de vos t-shirts vous aimez le plus ? Ou celui dont vous n’arrivez pas à vous séparer ? Pour ma part, je pense que ce sont les deux qui sont sur la photo, ils ont près de vingt ans, mes enfants les avaient offerts à leur père pour une fête -des pères sans doute- ils ont bien vieillis, mais je les aime toujours autant ! Difficile de m’en séparer. Et en lisant ce livre, j’ai eu envie de faire un peu le tour de mes étagères, si je ne collectionne pas les t-shirt, je me souviens d’où ils viennent. Merci à l’auteur de m’avoir plongée dans quelques souvenirs avec parfois un brin de nostalgie ! Comme quoi, la lecture mène à tout.

C’est toujours une bonne surprise de lire les textes de Haruki Murakami, et cette édition avec sa couverture cartonnée est du plus bel effet. Alors n’hésitez-pas, qui sait, avec l’éternel T-shirt que vous offrez à vos amis à Noël, il pourrait bien y avoir aussi ce livre !

Catalogue éditeur : Belfond

Traduit par Hélène Morita

Seul le maître Haruki Murakami pouvait choisir de raconter sa vie à travers sa collection de T-shirts. Inédite en France, joliment illustrée de surprenantes photos, une autobiographie unique, à la fois nostalgique, piquante et cocasse, qui ouvre une brèche sur la personnalité un brin excentrique d’un auteur notoirement secret.

Lequel de mes T-shirts a le plus de prix pour moi ? Je crois que c’est le jaune, celui qui porte l’inscription « Tony Takitani ». Je l’ai déniché sur l’île Maui, dans une boutique de vêtements d’occasion et je l’ai payé un dollar ; après quoi, j’ai laissé vagabonder mon imagination : quel genre d’homme pouvait bien être ce Tony Takitani ? Puis j’ai écrit une nouvelle dont il était le protagoniste, nouvelle qui ensuite a même été adaptée en film.

EAN : 9782714497192 / Nombre de pages : 200 / 24.00 € / Date de parution: 10/11/2022