Kimono, musée du Quai Branly jacques Chirac



Plus de 200 kimonos, anciens et plus modernes, mais aussi objets, gravures, etc. sont là pour nous raconter l’histoire de ce vêtement emblématique porté au Japon depuis le XVIIe siècle.
Un kimono est toujours en forme de T, sa diversité vient du choix des matières, broderies, accessoires associés.
On peut d’ailleurs voir dans cette expo une grande variété de tissus, soieries, cotons, et de somptueuses broderies.
Mais aussi techniques de teinture particulières, comme le Kanoko shibori, ou couleurs extravagantes à base de pigments naturels.

Vêtements aussi bien féminin que masculin, porté à tout âge, y compris par les enfants. Il existe depuis plus de 1000 ans.
Ici, on peut voir des vêtements de l’époque Edo, de 1603 à 1868 jusqu’à aujourd’hui.

S’il est un vêtement emblématique de l’histoire du Japon, il est également toujours d’actualité.

On peut voir des pièces rares comme un kimono fabriqué par Kunihiko Moriguchi, mais aussi Yves Saint Laurent, John Galliano, etc. car il est toujours une source d’inspiration pour les grands couturiers.

L’expo est magnifique. Réservation obligatoire, mais l’un des avantages de ce musée c’est que le billet dure toute la journée y compris si vous sortez. Je suis donc allée voir les blacks Indians le matin avec mon petit fils, et suis retournée seule l’après-midi voir cette somptueuse exposition.

Où : musée du Quai Branly jacques Chirac

Quand : jusqu’au 28 mai.

Black Indians de La Nouvelle-Orléans

En décembre je suis allée voir cette exposition que l’on pouvait voir jusqu’au 15 janvier 2023 au musée du quai Branly Jacques Chirac.

If you go to New Orleans you ought to go see the Mardi Gras” (Si tu vas à La Nouvelle-Orléans, tu devrais aller voir le Mardi Gras) disait déjà Professor Longhair dans son titre emblématique, Mardi Gras in New Orleans (1949). Aller là-bas pour le mardi gras, c’est un must car c’est l’événement par excellence qui incarne l’identité de La Nouvelle-Orléans. Le carnaval, ses chars et ses fanfares défilant dans le Vieux Carré de la ville. Mais ce que l’on découvrait en allant voir cette exposition, c’était ces festivités héritées de l’époque coloniale française, les spectaculaires défilés de Black Indians, avec leurs incroyables costumes colorés, ornés de perles, sequins et plumes.

« Ces parades sont un véritable marqueur social et culturel pour les Africains-Américains de Louisiane. Portées par les percussions et les chants des Big Chiefs et Queens issus d’une quarantaine de « tribus », elles célèbrent la mémoire de deux peuples opprimés, amérindiens et descendants d’esclaves. Elles témoignent de la résistance de la communauté noire aux interdits de la ségrégation raciale et aux festivités de Mardi Gras dont elle était autrefois largement exclue. Tout en rendant hommage aux communautés amérindiennes ayant recueilli les esclaves en fuite dans les bayous. »

J’ai visité cette exposition avec mon petit-fils de 7 ans qui a apprécié les fabuleux costumes contemporains mais aussi la partie plus ancienne qui retraçait l’histoire de cette région à partir des conquêtes française de Cavellier de la Salle jusqu’à nos jours. Avec bien sûr les tribus des Indiens natifs, puis l’esclavage et l’arrivée des africains sur le territoire, enfin la façon dont les descendants des afro-américains se sont emparés des traditions des amérindiens avec ces costumes colorés qui évoquent leurs tenues. La partie sur l’esclavage n’était pas forcément la plus facile à expliquer, mais elle l’a beaucoup intéressé. Choqué par cette notion d’esclavage et de privation de liberté, il en a je pense retenu l’essentiel.

L’exposition présentait ce que le musée appelle une culture singulière, construite par plus de trois siècles de résistance contre les assauts de la domination sociale et raciale, encore présente aujourd’hui. C’était en tout cas une véritable découverte, qui m’a donné envie d’aller faire un tour à la Nouvelle-Orléans si possible à cette période spécifique de l’année.

Cette exposition était organisée par le musée du quai Branly Jacques Chirac avec le soutien du Louisiana State Museum.

Que faire à paris ? Visiter le Palais de la Porte Dorée

Le palais de la Porte Dorée ou Musée national de l’immigration et l’Aquarium Tropical

Un bâtiment art Déco construit à la gloire de l’empire colonial, mais qui est aujourd’hui bien dans son époque et montre les apports positifs de l’immigration.

Construit par l’architecte Albert Laplace pour l’exposition coloniale de 1931, le Palais est là pour donner une image à la fois pédagogique, monumentale et pérenne du « Salut par l’Empire »

La majesté de la façade en pierre sculptée par Alfred Janniot (1889-1969) montre la force économique de la France, et tout ce que le pays peut retirer de ses colonies pour alimenter son industrie. On y retrouve à la fois nue allégorie de la France, mais aussi les noms des principaux ports d’arrivée des produits, le Havre, Saint-Nazaire, Bordeaux, Marseille. Les représentations des personnages n’est pas celle du mépris que l’on pouvait trouver ailleurs à cette époque. Au contraire, ils sont représentés dans un style à la fois sévère, puissant, et quelque peu sensuel, avec une égalité de traitement homme femme. Mettant en scène avant tout une forme d’utilité coloniale.

À l’intérieur, le Forum, ou ancienne Salle des Fêtes, décoré par le peintre Pierre Ducos de la Haille (1886-1972) était là pour montrer ce que la France apportait aux colonies.

Un mélange de style antique, inspiré des styles grec et romain, et de l’art Déco contemporain de la création du Palais évoque à la fois le classique et l’affiche publicitaire moderne.

De chaque côté du grand hall on peut encore admirer deux salons . Le salon Reynaud, concentré sur l’Afrique, et le salon Lyautey, sur l’Asie.

Sans en connaître les définitions et tout ce que ces fresques voulaient représenter, nous avons apprécié les décors art Déco, les représentations stylisées emblématiques de cette époque et d’une mentalité fort heureusement aujourd’hui en partie disparue. Nous sommes loin du « Nous avons apporté la lumière dans les ténèbres » de Paul Reynaud, ministre des colonies pour son discours inaugural de l’Exposition coloniale de 1931.

Quoi que, lorsque je vois aujourd’hui les cursus proposés aux étudiants pour aller faire de l’aide l’humanitaire, en Afrique ou ailleurs, je me dis parfois que nous ne sommes peut-être pas si loin de cette pensée. La France se croit-elle indispensable à l’évolution de certains pays ? Ne vaut-il pas mieux mettre des compétence acquises dans différents métiers au service des autres pour faciliter leur développement, et arrêter de penser que ces autres auront forcément besoin de notre aide humanitaire sur le long terme ? Vaste sujet qui m’interroge et pour lequel je n’ai aucune réponse.

Apprécier la beauté et la diversité de l’aquarium tropical

Aujourd’hui, le palais de la porte dorée est à la fois un musée et un très bel aquarium tropical, avec une belle sélection et présentation de poissons et coraux, montrant la richesse de la biodiversité, attrait majeur pour les plus jeunes.

Nous avons essentiellement visité l’aquarium tropical car ce jour-là le musée était fermé (ce que l’on nous a dit au moment de payer nos billets couplés, musée aquarium, mais nous avons pu modifier !).

Nous avons apprécié la grande variété d’espèces présentées, les différents aquariums proposés aux aménagement parfaitement en symbiose avec le milieu présenté, et les crocodiles albinos, frère et sœur, que les enfants ont beaucoup aimé.

Quoi : Palais de la Porte Dorée, musée de l’immigration et aquarium Tropical

Où : 293 avenue Daumesnil 75012 Paris

Que faire en Béarn pendant les vacances scolaires ? Visiter le musée Gallo-Romain de Claracq



Quand les romains et la période Gallo-romaine sont au programme des révisions des petits enfants, c’est le moment d’en profiter pour découvrir le musée Gallo-Romain de Claracq et le site de la villa de Lalonquette.


Situés dans la vallée du Gabas, à trente minutes de voiture au nord de Pau, cette villa vieille de 2000 ans est emblématique des riches demeures patriciennes de l’époque.
Par contre, inutile d’y chercher murs ou fondations, seuls les contours sont matérialisés par des murets de pierre, donnant ainsi à voir aux visiteurs l’exacte majesté de ses dimensions.
Les panneaux d’interprétation bien visibles permettent de se faire une idée de la grandeur du lieu à n’importe quel moment de la journée et de l’année puisque c’est en accès libre.

Dans le musée, essentiellement composé des vestiges trouvés à la villa gallo-romaine de Lalonquette, nous avons pu admirer en particulier les superbes mosaïques qui pavaient le sol.
Quelques vestiges, mais surtout un parcours pédagogique qui permet à chacun de se faire une idée du travail des archéologues sur les sites de fouilles.

Un accueil chaleureux, des présentations écrites claires, un audioguide et les explications des personnes présentes en ont fait une visite réussie pour les enfants.

La saison, et l’heure de notre visite ne s’y prêtaient pas, mais un sentier pédagogique permet de rejoindre à pied le site de la villa située à moins de deux kilomètres.

MUSEE GALLO-ROMAIN Route du Château 64 330 CLARACQ

Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori, Fondation Cartier

« Voici ma terre, ma mer, celle que je suis »

La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première exposition personnelle de l’artiste aborigène Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori hors de l’Australie

Sally Gabori est venue à la peinture très tard. Pour ses « sans doute » 80 ans, puisque les dates de naissance sont assez approximatives, elle découvre la couleur et l’expression artistique dans le centre d’art de Mornington, près de son epad. Elle va peindre pendant un peu moins de quinze ans près de 2000 toiles, jusqu’à son décès en 2015.

Rapidement elle passe au grand format, plus propice à exprimer ce qu’elle désire. Car elle ne fait pas de l’art abstrait, mais bien du figuratif. Elle représente sur les immenses toiles les endroits de l’île Bentonck, ou l’île Morninton voisine, dans le golfe de Varpentarie au nord de l’Australie. Mais aussi les membres de sa famille. Il faut savoir que dans le peuple kaiadilt auquel elle appartient les personnes sont nommées en fonction de leur lieu de naissance. C’est donc bien de ses proches qu’elle parle lorsqu’elle peint les lieux de leur naissance.

Alors que son peuple ne possédait aucune tradition iconographique, Sally Gabori invente une nouvelle forme d’expression et invite sa famille ou ses amies à la rejoindre pour réaliser certaines œuvres.

J’ai adoré les couleurs, les tonalités, les ensembles composés de plusieurs tableaux qui se répondent. La technique qui peut paraître simple est cependant très élaborée puisque Sally Gabori travaille selon la technique alla prima, c’est-à-dire avant que la couche inférieure soit sèche, pour faire muer les couleurs qui se marient pour rendre ces tonalités si particulières et ces jeux de transparence. Elle qui n’utilise que des couleurs pures excelle autant dans des couleurs pastel et douces que dans le blanc ou les couleurs vives.

Les salles de la fondation Cartier sont tout à fait adaptées à l’exposition de ces formats gigantesques, la visite est très agréable et la lumière diffuse une belle chaleur sur ces immenses aplats de couleur.
Sally Gabori née vers 1924 est décédée en 2015.

Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 bd raspail Paris 14
Exposition jusqu’au 6 novembre.

L’exposition Charles Camoin, un fauve en liberté, Musée de Montmartre

« En tant que coloriste, j’ai toujours été et suis encore un fauve en liberté »

« Souvent qualifié de fauve méditerranéen, Charles Camoin (1879-1965) s’est inscrit, par ses liens avec Paris et la bohème montmartroise, dans le cercle de l’avant-garde internationale. Affilié au fauvisme, lié à Matisse, Marquet et Manguin, il n’a pour autant jamais renoncé à son indépendance artistique. L’exposition permet de redécouvrir l’œuvre du peintre en intégrant une centaine de tableaux et dessins, dont certains inédits. Elle approfondit différents épisodes historiques et thématiques de la vie de l’artiste et analyse l’évolution de son langage pictural, fondé sur la sensation colorée. »

L’espace organisé par chronologie et par thématiques, paysages, portraits, nu féminin, Saint Tropez ou Maroc, etc, permet de se faire une idée de l’étendue de la créativité de cet artiste. Couleurs éclatantes, scènes d’extérieur digne des meilleurs tableaux impressionnistes, jeux de lumière en particulier celles du sud, ou même l’ombre est une lumière qu’il faut savoir capturer, sont parfaitement maîtrisés. En digne enfant de Marseille, Camoin connaît cette lumière si particulière et excelle à la retranscrire sur ses toiles.

Dans une salle, on peut voir des toiles qui font partie de celles qu’il avait détruites dans son atelier et qui avaient été récupérées, restaurées et vendues sans son autorisation. Le procès qui a suivi, et les retentissement de cette affaire étant en partie à l’origine d’un épisode majeur du droit français, à savoir la la législation sur la propriété intellectuelle.

Dans ce joli musée niché au cœur de Montmartre, qui a été également l’un des ateliers de Charles Camoin, le visiteur découvre aussi les salles consacrés à Suzanne Valadon et Utrillo, en particulier l’atelier et la chambre d’Utrillo.

Après l’exposition, le visiteur poursuit sa découverte par la deuxième partie du musée consacrée à l’histoire de Montmartre, en passant par le jardin Renoir et ses jolis rosiers.

Le jour de ma visite un film se tournait dans les jardins, il était impossible de profiter du café et de se poser là, mais la pluie était aussi de la partie, alors j’ai eu moins de regrets.

Musée de Montmartre – Jardins de Renoir
Adresse : 12 rue Cortot 75018 Paris

Site Internet : https://museedemontmartre.fr/

À la rencontre du petit prince, Musée des Arts Décoratif

Dessiner, le dernier lien avec l’enfance « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! »

C’est au Musée des Arts Décoratifs que l’on peut voir la première exposition muséale consacrée au Petit Prince, chef-d’œuvre intemporel de la littérature.

Il faut prendre son temps pour profiter des quelques 600 pièces qui célèbrent les multiples talents d’Antoine de Saint-Exupéry : écrivain, poète, aviateur, explorateur, journaliste, inventeur, philosophe. Il a toute sa vie été animé par un idéal humaniste que l’on retrouve dans toute son œuvre.

L’exposition aborde sa vie -son épouse Consuelo, ses amours, sa famille, ses amis – et sa carrière. Né à Lyon le 29 juin 1900, il entre dans l’aviation en 1921 puis rejoint l’Aéropostale, Il disparaît le 31 juillet 1944 au retour d’une dernière mission.

Et présente surtout le manuscrit du Le Petit Prince, dernier ouvrage édité du vivant de Saint-Exupéry. Il l’avait écrit et publié aux États-Unis en 1943. Il paraît en France pour la première fois en 1946. J’ai aimé prendre le temps de découvrir chaque dessin, les phrases écrites par Saint EX, les motifs, enfant, étoiles, terre, répétés à l’infini.

Le manuscrit original est conservé à la Morgan Library & Museum à New York. Il n’avait jamais été présenté au public français. Il est placé auprès de nombreuses aquarelles, esquisses et dessins de la main d’Antoine de Saint-Exupéry. Le spectateur découvre aussi de nombreuses photographies, coupures de journaux, ainsi que des poèmes, extraits de correspondances avec ses amis, sa mère, son épouse par exemple. Un vrai bonheur de découvrir également tous ces courriers à ses proches souvent illustrés de nombreux dessins.

Le petit prince, c’est une bibliothèque universelle de 120 éditions étrangères en plus de 500 langues et dialectes.

Où : Musée des Arts Décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris
Quand : jusqu’au 26 juin 2022

La collection Morozov, Fondation Louis Vuitton

L’exposition est prolongée jusqu’au 3 avril 2022, somptueux, moderne, coloré, on adore !

L’exposition événement réunit plus de 200 chefs-d’œuvre d’art moderne français et russe des frères moscovites Mikhaïl Abramovitch Morozov (1870-1903) et Ivan Abramovitch Morozov (1871-1921). C’est la première fois depuis sa création, au début du XX ème siècle, que la Collection Morozov voyage hors de Russie.

Après l’exposition de la Collection Chtchoukine en 2016, la fondation Vuitton nous permet d’apprécier et de découvrir ces œuvres emblématiques.

L’expo est un hommage aux deux frères férus d’art moderne qui ont toute leur vie accordé un soutien inconditionnel à l’art contemporain européen et russe. Nés en 1870 et 1871, ils ont acquis au fil des ans une collection de 240 œuvres françaises et 430 russes.
Après la nationalisation en 1918, puis la mise au rancart ou même les différentes interdictions, la totalité des œuvres est aujourd’hui exposée dans différents musées en Russie. L’exposition est d’ailleurs réalisée en partenariat avec le Musée d’État de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), le Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine (Moscou) et la Galerie nationale Trétiakov (Moscou).

La ronde des prisonniers, de Vincent Van Gogh. Ce tableau est une merveille, en plus seul en scène dans cette salle, j’y suis restée très longtemps il m’a fascinée. Si toute l’exposition est absolument superbe, cette toile en particulier est à voir absolument. Vincent s’est fait interner à l’asile de Saint-Rémy de Provence, mais il manque de modèles et pourtant continue de travailler. Il va alors s’inspirer des documents que lui adresse son frère Théo. Cette toile majeure est la réinterprétation d’une gravure de Gustave Doré. Il ira jusqu’à donner sa couleur de cheveux au prisonnier au centre, avec ses bras ballants comme un autoportrait à la fois physique et mental.

Un parcours superbe pour un voyage chez les artistes iconiques de l’art moderne. À savourer sans modération.

Où : Fondation Louis Vuitton 8 av. du Mahatma Gandhi

Quand : jusqu’au 3 avril 2022

Goya témoin de son temps, musée des Beaux-Arts de Pau

« Goya n’est pas celui qui répond, mais celui qui interroge » André Malraux

Créé en 1864, le musée est situé depuis 1931 dans un bel édifice Art Déco. Depuis 2019, il bénéficie de nouveaux espaces avec la réhabilitation de la Bibliothèque Paul Lafond, un nouvel agencement joliment mis en valeur. Quelques belles œuvres constituent les collections permanentes.

Depuis le mois d’octobre, le visiteur peut admirer l’exposition Goya, témoin de son temps. On connaît sans doute d’avantage le peinte mais Goya est aussi un graveur au style reconnaissable entre tous, artiste emblématique du XIXe et XXe siècle espagnol.

Dans une société qui est souvent soumise au pouvoir monarchique et aux diktats de l’église, il n’hésite pas à critiquer ou mettre en exergue les dévoiements du système. Les gravures exposées au musée des Beaux-Arts de Pau sont représentatives de la seconde moitié de sa vie.

Les Caprichos, réalisés à partir de 1799, recueil à l’eau-forte et l’aquatinte. Il veut y dénoncer les dérives et les excès de la société de son époque. Quand la raison s’efface, naissent les montres qui prennent le pouvoir, superstitions, sorcières, surnaturel, abîmes enfouis en chacun.

Les désastres de la guerre, 1810-1820. les troupes de Napoléon Ier envahissent l’Espagne sur leur route vers le Portugal, et l’empereur installe son frère Joseph sur le trône d’Espagne. Suivront six années de guerre, plus de 650 000 morts. Il fait alors figure de véritable reporter de guerre, et par ses gravure tente de montrer l’horreur et les atrocités perpétrées de chaque côté.

La tauromachie, 1815-1816. une série d’eaux-fortes sur le thème qui l’a tant passionné dans sa jeunesse. On y retrouve toutes les étapes d’un corrida, postures, expressions du taureau ou du matador, attaques, violence, souffrance, tension du combat entre l’homme et la bête.

Les proverbes, 1815-1823. Goya a déjà soixante ans lorsqu’il réalise cette série à atmosphère sombre qui relève du cauchemar, de la vision, de l’hallucination.

Une exposition pour laquelle il faut prendre son temps, tant il y a de détails à observer et découvrir dans les multiples gravures exposées ici. Quelques toiles, un peu trop rares à mon goût, complètent cette exposition.

Quand : jusqu’au 30 janvier.
 : musée des Beaux-Arts, rue Mathieu Lalanne, Pau
Entrée gratuite

Alsace, rêver la province perdue 1871-1914, Musée national Jean-Jacques Henner

A la suite de la guerre de 1870 et du traité de Francfort la France doit céder l’Alsace et une partie de la Lorraine à l’Allemagne. Cela va durer 47 ans. Ces territoires qui sont alors nommés les « Provinces perdues » vont dès lors faire l’objet d’un véritable culte dans le reste du pays.

Jean-Jacques Henner en fera un tableau emblématique « L’Alsace, elle attend » ainsi que de nombreux autres visibles dans le musée.
De l’Alsace pittoresque à l’image des provinces perdues, des alsaciens exilés à Paris au culte populaire et à la revanche, l’exposition fait un tour des productions diverses et variées que les provinces ont inspiré.

On y retrouve Jean-Jacques Henner bien sûr, lui même alsacien, mais aussi Auguste Bartoli et son lion de Belfort ou sa statue « frontière », ainsi que d’autres artistes de l’époque.
Des femmes aux coiffes typiques au nœud bleu ou brodé qui devient noir en signe de deuil, image iconique et mélancolique qui a grandement aidé à diffuser le mythe de la province perdue à reconquérir.

Le panorama offert par le musée nous entraîne dans plusieurs décennies de regrets et de souhait de revanche, mais aussi de création artistique sur ce thème. Sont présentés dans l’exposition peintures, sculptures, objets d’art et du quotidien (j’ai apprécié découvrir les différentes coiffes des alsaciennes), dessins, affiches, estampes…

J’aime beaucoup ce musée situé dans cet hôtel particulier emblématique des maisons d’artistes de la plaine Monceau, qui était la demeure et l’atelier du peintre Guillaume Dubufe (1853-1909). Le musée Jean-Jacques Henner est un peu trop confidentiel à mon goût, il mérite vraiment la visite. Cette exposition est proposée en partenariat avec le musée Alsacien de Strasbourg.

Où : Musée national Jean-Jacques Henner, 43 av de Villiers Paris 17 billets : Plein tarif : 6 €
Quand : jusqu’au 7 février 2022