Rothko for ever….

Dernier week-end pour découvrir cette magnifique exposition à la Fondation Vuitton, dans le superbe bâtiment de Frank Gehry

Des mois que je voulais aller voir cette rétrospective, il était temps c’est le dernier week-end.
J’y ai passé l’après-midi de vendredi à écouter les jeunes médiateurs culturels qui proposent des micro visites, et à voir et découvrir les œuvres du début de cet artiste que j’avais appris à aimer lors de la rétrospective du musée d’Art Moderne de Paris en 1999.

Et comme il est possible de le faire, à revoir, une, deux, puis trois fois les différentes salles de la fondation qui font un état des lieux très complet et presque exhaustif de l’œuvre de cet artiste singulier.

Ne vous méprenez pas, ces aplats de couleurs n’ont rien d’ordinaire ni de facile. À les regarder sous tous les angles, de nouvelles couleurs, des teintes et des intonations apparaissent transformant ainsi notre vision de l’œuvre.
Si j’ai bien compris, il y a au moins une quarantaine de couches successives sur chaque toile.

Non ce n’est pas un fond uni, ni des aplats monochromes. Tout est émotion, couleur, vibration, tout vous parle, ou pas…

Je suis passée plusieurs fois dans les salles dédiées aux œuvres les plus sombres, et ma dernière visite avait totalement transformé ma façon de les appréhender. Comme si tout d’un coup la lumière émergeant du noir, du lie de vin ou du gris foncé et gris clair c’était faite plus évidente.

Déstabilisée au début par la salle « Black and Gray, Giacometti » toute en gris clair et foncé, je l’ai appréhendée avec l’homme qui marche de Giacometti et là tout était tellement évident.

Tout comme la salle Seagram Murals de la Tate Gallery, ma vision était sombre à ma première visite, et les couleurs apparaissaient avec force lors de mon dernier passage.

Rothko, un artiste qui au fond ne s’explique pas mais qui fait appel à nos émotions, notre vision de la vie, en noir, en jaune en rouge, un artiste que je ne manque jamais dans les différents musées que j’ai pu visiter, à New-York, Londres, Bilbao ou Paris.
Un artiste que j’ai encore envie de comprendre et dont les toiles m’émeuvent sans que je puise expliquer pourquoi.

Et vous ? Avez-vous vu cette expo ? Qu’en pensez vous ? Que pensez-vous de cet artiste ?

Où : Fondation Vuitton

Fondation Louis Vuitton 8 av. du Mahatma Gandhi
Ouvert pour le dernier week-end de 09h à 21h

Martinique, Aline Zalko

Partir faire un beau voyage avec Aline Zalko et ses magnifiques couleurs qui enchantent la Martinique

J’ai eu le plaisir de retrouver cette île que j’avais aimé dans ses traits de peinture, ses aplats généreusement posés sur le papier, qui éclatent, dansent, explosent sous nos yeux ébahis par tant de couleurs. Celle de la nature exubérante, des paysages, des jardins aux fleurs aux tonalités incroyables.

J’ai retrouvé les lieux magiques que j’avais arpenté avec bonheur et curiosité, souvent éblouie par la multitude de tonalités, de couleurs. Ici, fleurs, végétation, jardins, paysages prennent une autre dimension.
Les visages, les silhouettes prennent vie et nous interpellent.
Mais aussi le feu, le volcan qui détruit et qui éclaire de ses flammes ardentes la végétation luxuriante à ses pieds. Jour, nuit, explosion, tout y est.

Si vous aimez la nature, les couleurs, et cette île magique sur laquelle j’ai tant envie de retourner, vous serez sans doute aussi conquis que moi par ce superbe livre qui va me faire rêver encore et encore. Quel bonheur de sentir diversité de la nature et sa beauté exposer à chaque page. Il y a du Matisse dans cette façon de représenter les paysages, mais il y a surtout une belle personnalité et une puissance dans ces dessins, ces aquarelles, dans ce récit de voyage exubérant et vivant.

C’est Aline Zlako qui avait réalisé la couverture du roman Artifices de Claire Berest. Et c’est Claire Berest qui nous propose une préface pour introduire cette artiste généreuse dans ses couleurs et sa façon de retranscrire ses émotions et ses ressentis d’une île magique aussi vibrante  qu’intense.

Catalogue éditeur : La Table Ronde

En décembre 2020, Aline Zalko accepte l’invitation qui lui est faite d’animer un atelier dans une école d’art de Fort de France. L’artiste, familière des crayons de couleurs, n’emporte avec elle qu’une boîte d’aquarelles, qui ne la quittera pas.

« Qu’est-ce qu’on connaît réellement de la Martinique quand on réside dans l’Hexagone et qu’on n’a jamais pris le temps de se plonger dans son histoire ? Quelques clichés souvent, de rhum planteur, de Kassav et de carte postale. (…) Le livre des dessins d’Aline Zalko n’est pas un carnet de voyage, il est le récit d’une expérience. (…) Ses peintures semblent en elles-mêmes être des îles. Ou des gouttes d’eau qui renferment tous les reflets déformés de la réalité, dont les couleurs s’imprègnent les unes aux autres, indéfiniment. Des lieux magiques, le jardin du Diamant, Macabou, le jardin de Balata, le jardin de Suzie, dans lequel Aline Zalko a exploré chaque fleur et chaque plante comme autant de trésors, la montagne Pelée, Morne Rouge… Des espaces… et des baigneuses nudistes, des visages, des volcans et des arbres, offerts à nous comme un secret à contempler à travers le judas d’une porte. »
Claire Berest

Paru le 11/05/2023 / 144 pages – 220 x 310 mm / ISBN : 9791037112309 / prix 36€

Tronche Rosépine, Philippe Curval

Découverte d’un auteur singulier et prolifique, et de son personnage hors du temps

Rosépine est née au début des années 60, dans les Cévennes. D’une mère qui ne devait pas vraiment avoir envie de cette fille un peu encombrante, au prénom qui dévoile des sentiments complexes, une rose, oui, mais avec des épines.

Cette région qu’elle quitte rapidement pour vivre à Paris, elle a envie de la retrouver et décide de parcourir le sentier Stevenson, celui-là même de l’auteur de Voyage avec un âne dans les Cévennes.

Au cours de ce voyage à pied à travers les régions françaises, elle est sauvée d’un naufrage en plein bois par un étrange bonhomme taiseux et solitaire. S’ensuivront quelques rencontres, dont une plus rapprochée que les autres. Mais elle poursuit son parcours solitaire et singulier. Un fils pointe le bout de son nez. Mais Rosépine, jeune femme libre ne veut rien devoir à personne, pas même son enfant.

De fuite en rencontre, elle sera hébergée par une femme chez qui elle devient maçonne, capable d’œuvrer aussi vite et aussi bien que n’importe quel ouvrier. Puis revient à Paris où elle exerce son précédent métier, créer et tricoter des vêtements qu’elle vend à des boutiques de luxe.

Vient le moment de retourner dans les Cévennes. Là, point de tricot, mais une fièvre créatrice s’empare d’elle et la voilà propulsée au firmament des galeries parisiennes, puis newyorkaises par un galeriste de passage, sûr de son intuition, Rosépine Tronche, artiste peintre, est la valeur sûre de demain.

Quel parcours singulier et totalement fantasque, quel dynamisme, quelle folie dans le désir de réaliser sa vie seule sans l’aide de personne. Quelle chance aussi de vivre à cette époque complètement visionnaire, à la rencontre d’artistes de l’art contemporains.

Un personnage farfelu, à la fois touche à tout et libre, une femme indépendante, qui ne rentre dans aucune case, mais qui pourtant fait du bien à découvrir. Ah, si la vie était aussi folle et évidente…

Apparemment, l’auteur a décidé d’écrire sur Rosépine à la suite d’un séjour à l’hôpital, cette fièvre créatrice qui s’empare de son personnage serait elle la même que celle qui s’empare de lui à ce moment-là ? Un roman déroutant, mais qui a un charme fou, à lire sans prise de tête, sans se demander s’il est réaliste ou pas, juste pour le plaisir de partir à la rencontre d’un femme libre des années 60.

Catalogue éditeur : La Volte

Surgie d’un épisode fiévreux de Philippe Curval lors d’un séjour à l’hôpital, la saga de la famille Tronche met en scène une héroïne avant-gardiste et libre, incarnation des années 60’ : Rosépine.

Fuyant sa famille vers Paris dès son plus jeune âge, certaine de porter en elle un destin singulier, Rosépine devient tour à tour maçonne, styliste en tricot pour les plus grandes maisons de mode. Avant de s’installer dans un village insolite de ses Cévennes natales afin de réaliser une oeuvre picturale, révolutionnaire pour son temps, qui l’amènera à la conquête de New York. Paysages magnifiques, rencontres amoureuses et sensuelles, plongée visionnaire au coeur de l’art contemporain, l’auteur s’inspire de faits et personnages issus de ses fantasmes familiaux, pour raconter une époque, dans un tourbillon des sens. Plus qu’une autofiction, une extrafiction.

Écrivain, journaliste, photographe, Philippe Curval est l’un des principaux fondateurs de la science-fiction française, au milieu du siècle précédent. Il obtient le prix Jules Verne pour Le Ressac de l’espace (Hachette/Gallimard, « Le Rayon fantastique », 1962), le Grand Prix de la Science-fiction française pour L’Homme à rebours (Robert Laffont, « Ailleurs & Demain », 1974), le prix Apollo pour Cette chère humanité (Robert Laffont, « Ailleurs & Demain », 1976), qui s’intègre au cycle L’Europe après la pluie. Il alterne littérature générale (La Forteresse de coton, Gallimard, 1967, Attention les yeux, Éric Losfeld, 1972, Akiloë, Flammarion, 1988, et L’Éternité n’est pas la vie, Julliard, 1995) et science-fiction (Voyage à l’envers, J’ai lu, « Millénaires », 2000, Voyance aveugle, Denoël, « Présence du Fantastique », 1998, Congo Pantin, Gallimard, « Folio SF », 2000, Lothar Blues, Robert Laffont, « Ailleurs & Demain », 2008). Son amour pour la nouvelle l’a conduit à en écrire plus de cent. Ses derniers recueils, Rasta Solitude (Flammarion, « Imagine ») en 2003, et L’Homme qui s’arrêta (La Volte) en 2009. Son travail critique sur la SF, commencé dans Galaxie, se poursuivra au Monde, et actuellement au Magazine littéraire. Traduit dans quatorze pays, il a publié à cette date plus de quarante volumes.

256 pages / 18 € / ISBN : 9782370492104 / Parution le 04 mai 2023

Hors cadre, Johann Naldi et Rodolphe Trouilleux

Rien ne prédisposait Johann Naldi à devenir un expert du monde de l’art…


A priori, rien ne prédisposait Johann Naldi à devenir un expert du monde de l’art.
A priori seulement…

S’il a commencé sa carrière en travaillant dans un EHPAD, c’est la rencontre avec le peintre Pierre Saint-Sorny qui a tout déclenché.
L’artiste lui fait découvrir l’art, et lui apprend tout ce qu’il sait des arts picturaux.
Commence alors quelques achats d’œuvres sur eBay, achat, revente, et la spirale s’enclenche puisque le voilà bientôt assez confortable financièrement pour arrêter son ancien métier et se consacrer uniquement à l’art.

Suivront ensuite d’incroyable découvertes, un regard sûr et une passion qui permettent toutes les assurances lors de découvertes auxquelles personne à priori là non plus ne croyait.
Quelle aventure cette baigneuse de Delacroix présentée en salle de vente avec le bon intitulé et qui a laissé les autres experts de marbre et totalement septiques.

Il faut y croire pour les voir sans doute, ces chefs d’œuvres qui dorment dans les greniers.
Avoir la foi et la passion.
La curiosité et l’œil averti jamais blasé.


J’ai rencontré Johann Naldi lors de l’exposition les arts incohérents refont l’Olympia l’an dernier. Et avec cette exposition j’avais donc découvert la folle aventure de ces 17 œuvres iconiques perdues depuis 140 ans qu’il avait retrouvées et qui depuis ont été classées trésor national par le ministère de la culture.

J’ai aimé le découvrir plus avant en lisant ce très beau livre accessible à tous et tout à fait passionnant.

Un livre superbe dans lequel les reproductions prennent toute leur place grâce à un papier de grande qualité qui lui donne toute sa beauté.

Moi qui aimait tant courir les vide greniers depuis tant d’années, je regrette bien qu’ils ne soient plus que des vide placard ou vide coffre à jouets… Il est malgré tout toujours permis de rêver.

Catalogue éditeur : éditions Herscher

Mais comment découvre-t-on des tableaux de grands maîtres ? Où faut-il chercher ? Comment s’assurer de leur authenticité ? Combien peuvent-ils valoir ?
Un beau-livre unique en France, qui s’adresse à tous et entraîne le lecteur dans une fabuleuse chasse au trésor.2

Date de parution : 05/04/2023 / Pages : 304 / EAN : 9782733504581 Prix : 29.00 €

Goya témoin de son temps, musée des Beaux-Arts de Pau

« Goya n’est pas celui qui répond, mais celui qui interroge » André Malraux

Créé en 1864, le musée est situé depuis 1931 dans un bel édifice Art Déco. Depuis 2019, il bénéficie de nouveaux espaces avec la réhabilitation de la Bibliothèque Paul Lafond, un nouvel agencement joliment mis en valeur. Quelques belles œuvres constituent les collections permanentes.

Depuis le mois d’octobre, le visiteur peut admirer l’exposition Goya, témoin de son temps. On connaît sans doute d’avantage le peinte mais Goya est aussi un graveur au style reconnaissable entre tous, artiste emblématique du XIXe et XXe siècle espagnol.

Dans une société qui est souvent soumise au pouvoir monarchique et aux diktats de l’église, il n’hésite pas à critiquer ou mettre en exergue les dévoiements du système. Les gravures exposées au musée des Beaux-Arts de Pau sont représentatives de la seconde moitié de sa vie.

Les Caprichos, réalisés à partir de 1799, recueil à l’eau-forte et l’aquatinte. Il veut y dénoncer les dérives et les excès de la société de son époque. Quand la raison s’efface, naissent les montres qui prennent le pouvoir, superstitions, sorcières, surnaturel, abîmes enfouis en chacun.

Les désastres de la guerre, 1810-1820. les troupes de Napoléon Ier envahissent l’Espagne sur leur route vers le Portugal, et l’empereur installe son frère Joseph sur le trône d’Espagne. Suivront six années de guerre, plus de 650 000 morts. Il fait alors figure de véritable reporter de guerre, et par ses gravure tente de montrer l’horreur et les atrocités perpétrées de chaque côté.

La tauromachie, 1815-1816. une série d’eaux-fortes sur le thème qui l’a tant passionné dans sa jeunesse. On y retrouve toutes les étapes d’un corrida, postures, expressions du taureau ou du matador, attaques, violence, souffrance, tension du combat entre l’homme et la bête.

Les proverbes, 1815-1823. Goya a déjà soixante ans lorsqu’il réalise cette série à atmosphère sombre qui relève du cauchemar, de la vision, de l’hallucination.

Une exposition pour laquelle il faut prendre son temps, tant il y a de détails à observer et découvrir dans les multiples gravures exposées ici. Quelques toiles, un peu trop rares à mon goût, complètent cette exposition.

Quand : jusqu’au 30 janvier.
 : musée des Beaux-Arts, rue Mathieu Lalanne, Pau
Entrée gratuite

Tamara par Tatiana, Tatiana de Rosnay

Tamara de Lempika, une artiste qui fascine

Tatiana de Rosnay a rencontré Tamara de Lempika alors qu’elle avait quinze ans. Rencontrée, vraiment ? Non, mais c’est tout comme, et depuis l’image de Tamara triomphante au volant d’un Bugatti verte l’accompagne. Ce sont sans doute ces longues années qui ont crée cette forme de complicité exprimée ici par le tutoiement.

Car ce livre est un long monologue où Tatiana s’adresse à Tamara, pour dire la Talentueuse, Ambitieuse, Magnétique, Arrogante, Rebelle, Artiste qu’elle a été.

Née en 1899, ou 1902, ou 1895, 1898 ? A Varsovie, à Saint-Pétersbourg ?… Comme on le remarque, cela commence par être un peu flou et cela le restera toute sa vie. Car elle brode, raconte, arrange pour que sa vie corresponde à ses desiderata. Qu’importe, celle qu’on aime c’est l’artiste, la femme qui aimait la fête, les hommes, la peinture et exercer son art comme un homme l’aurait fait, en toute indépendance.

Tout au long de ces pages, j’ai découvert avec intérêt et plaisir la famille, les maris, la fille, mais surtout l’artiste peintre, le succès puis l’oubli, les toiles, les expositions, les folies, de Tamara de Lempika.

L’ouvrage original paru chez Michel-Lafon permet de découvrir les photos de Charlotte Jolly de Rosnay. Mais dans la version parue chez Pocket, il y a ces mots de Tatiana à Tamara pour raconter la jeune fille, la femme, l’artiste, l’épouse, celle qui aime la fête, le succès, la vie et l’art. Celle qui peint sans relâche, portraits emblématiques d’un style, d’une époque. Mais par dessus tout il y a l’artiste que l’on aime souvent passionnément aujourd’hui encore, et que personne n’a oublié.

Si vous ne la connaissez pas encore, si vous aimez ses toiles et son art tout à fait en symbiose avec son époque, vous allez dévorer ce roman. Cette étonnante biographie fait également le lien avec les souvenirs de l’autrice, sa relation avec l’artiste, son pays, sa famille.

Catalogue éditeur : Pocket

Depuis qu’elle a posé les yeux, à 15 ans, sur une toile de Tamara de Lempicka, Tatiana de Rosnay n’a cessé d’être fascinée par son œuvre et sa vie : au volant de sa Bugatti verte, la reine des Années folles y construit déjà sa propre légende, faite de scandales et de secrets, d’élégance totale et d’exils constants.
Une vie plus grande que la vie, que la romancière restitue pour nous avec la passion intacte de son premier choc esthétique.

EAN : 9782266321549 / Nombre de pages : 304 / 6.95 €

Ilya Répine (1844-1930), Peindre l’âme russe

Jusqu’au 23 janvier 2022, le Petit Palais présente la première rétrospective française
consacrée à Ilya Répine, l’une des plus grandes gloires de l’art russe. Répine est né en 1844 à Tchougouïev, une petite ville de l’Empire russe qui est aujourd’hui située en Ukraine, non loin de Kharkov. A l’époque l’Ukraine est une des régions qui composent l’Empire russe.

Ilya Répine, Les Haleurs de la Volga, 1870-1873, Huile sur toile © Musée d’État russe, Saint-Pétersbourg

Ilya Répine et le portrait

Ilya Répine est l’un des portraitistes les plus courus de son temps, il a réalisé près de 300 portraits. Les visiteurs peuvent admirer la multiplicité des sujets abordés : hommes politiques, le Tsar et sa famille, auteurs, scientifiques, écrivains, femmes du monde et personnalités influentes des milieux artistiques, mais aussi proches de l’artiste.

Dès les années 1860, il prend pour modèles les membres de sa famille, sa première épouse Véra, et ses enfants, la petite Véra, Nadia et Youri, comme le font d’ailleurs de nombreux artistes, c’est en particulier pour la facilité à les faire poser à loisir. C’est aussi dans le cercle familial qu’il peut donner libre cours à son imagination, à ses expérimentation, abordant la lumière et les couleurs à la façon des impressionnistes par exemple, on le remarque dans Libellule ou le portrait de Léon Tolstoï allongé dans l’herbe.

Plusieurs œuvres de l’exposition font référence à la fierté de Répine d’être originaire de sa région d’Ukraine, comme le montre par exemple ce portrait d’une Ukrainienne en costume traditionnel.

Lorsque Répine et Léon Tolstoï se rencontrent pour la première fois en 1880, dans l’atelier du peintre, l’auteur de Guerre et paix et d’Anna Karénine est déjà un auteur mondialement célèbre. Cet homme né dans une ancienne famille de la noblesse russe refuse son statut de nantis et veut donner un nouveau but à sa vie, en vivant plus proche de la nature et des paysans. Répine a réalisé de très nombreux portraits de l’auteur, quelques uns sont présentés dans l’exposition.

Répine et l’Histoire de la Russie

Grand peintre d’histoire, Ilya Répine excelle dans la représentation des personnages historiques. Pour être le plus juste, il voyage, se documente, fait des recherches sur les costumes, décors, etc. qu’il met ensuite en scène avec rigueur et exactitude.

Les Cosaques zaporogues, 1880-1891

On peut admirer des formats immenses (et se demander comment ils sont arrivés jusque là) où tout le talent de l’artiste est démontré dans la précision, le détail, la finesse.

Une magnifique exposition proposée par le Petit Palais jusqu’au 23 janvier. Jusqu’au 22 février 2022, on peut admirer également quelques tableaux d’Ilya Répine de La Collection Morozov, icônes de l’art moderne à la Fondation Vuitton .

Le peintre hors-la-loi, Frantz Duchazeau

à la rencontre d’un artiste méconnu à la folie dévastatrice

Et si c’était tout simplement ça, la Terreur. Celle des hordes qui parcourent le pays pour tuer sans discernement nobles et ouvriers, gens de cour et subordonnés. Lorsqu’en 1793 le roi Louis XVI meurt sur l’échafaud, nombreux sont également ceux qui perdent la vie ces années là. C’est dans ce contexte que Lazare Bruandet, peintre naturaliste porté autant sur la bouteille que sur la bagarre doit fuir la ville.

Mais suite à un coup de sang et une jalousie mal placée, au retour de chez sa maîtresse il défenestre sa compagne. Il ne trouve de salut que dans la fuite à l’abri de cette campagne qui l’a vu grandir. Déjà difficile du temps de son enfance, la vie y est devenue périlleuse. Sa maison est en ruine, il se réfugie alors chez les moines à qui il finira par apprendre à se défendre contre les milices. Mais aussi à l’auberge où la servante accorte se prend d’amitié pour lui, admirative du travail du peintre.

Partout c’est le chaos. On échappe aux milices pour tomber au mains ou sous les coups de l’armée ou des pillards. Il faut se défendre, mais il faut aussi survivre. C’est ce que fera le peintre dans les forêts qu’il affectionne, lui l’artiste spécialiste de la nature, amoureux de ces paysages qu’il peint à l’envi. Rien ne lui fait peur, cet artiste alcoolique au mauvais caractère a cependant une certaine dextérité à manier l’épée et les armes autant que ses pinceaux.

L’ensemble est porté par un graphisme brut, sombre, fait de peu de traits affinés ou précis, mais plutôt d’une sombre représentation à l’image de cette époque si dangereuse pour ceux qui l’ont connue. Une forme de folie émerge de ces dessins, de ces pages parfois denses et sombres, d’autre fois plus lumineuses, à l’image de l’artiste tout en excès et en fulgurance.

Si le personnage a réellement existé, et si sa folie et son amour de la peinture naturaliste sont bien réels, l’auteur lui a créé une enfance à la hauteur du personnage. Car il semble qu’il a réellement tué sa compagne et fuit dans la forêt de Fontainebleau, poussé par une forme de folie autodestructrice qui transparaît à chaque page. Le peintre parisien joue par ailleurs un rôle décisif dans le développement de l’art du paysage. Il est en totale rupture avec le cadre institutionnel de son époque avec sa pratique de la peinture en plein air dans les forêts environnant Paris.

Quelques œuvres de Lazare Bruandet (1755-1804) peintre français du XVIIIe siècle et paysagiste méconnu.

Catalogue éditeur : Casterman

1793. Louis XVI est condamné à mort tandis que la France est frappée par la Terreur, une véritable guerre civile qui met le pays à feu et à sang. Fuyant la capitale pour trouver refuge à la campagne, un écorché vif au regard inquiétant louvoie dans la forêt. C’est un étrange peintre que voici, dont le nom résonne comme un couperet : Lazare Bruandet a des gestes un peu fous, le verbe haut et le coup d’épée tranchant.
Tiraillé par des souvenirs d’enfance douloureux, hébergé par des moines qui lui demandent de l’aide, Lazare tombe sous le charme d’une jeune aubergiste. L’homme a bien du mal à se retirer de ce monde dont la violence et la bêtise l’agressent, et pour tenter de s’y soustraire, il peint la nature qui le fascine, sans souci d’académisme et de postérité vis-à-vis de son œuvre…

Scénario : Duchazeau, Frantz / Dessin : Duchazeau, Frantz / Couleurs : Drac Parution le 03/03/2021 / ISBN : 978-2-203-20277-1 / Pages : 88 / 20€

Ma double vie avec Chagall, Caroline Grimm

Rencontre exceptionnelle avec Chagall et Bella, sa muse

Chagall en Russie, à Paris, à Berlin,
Chagall l’artiste singulier qui ne suit aucun courant classique ou même novateur de son temps mais trouve sa véritable personnalité et son style,
Chagall apprécié des collectionneurs, des marchands, mais qui mettra pourtant tant de temps à vivre de son art.
Chagall et sa muse Bella, l’amoureuse de toujours, celle qui le connaît depuis l’enfance russe, l’attend, le rejoint, l’épouse, lui donne une fille et reste toute sa vie dans l’ombre de celui qu’elle inspire, accompagne, soutient.
Bella sans qui le génie du maître ne se serait peut être jamais révélé avec la même ampleur.
Chagall et les couleurs, éclatantes, vives, aux compositions uniques, avec ses personnages tout droit sortis d’un rêve et qui parfois, souvent même, s’envolent.

L’artiste et sa façon si singulière de représenter aussi bien les classiques de la religion juive que les Fables ou la Bible. Intemporel, unique en son genre,aussi lumineux que coloré.

Un très beau roman qui se lit avec bonheur, curiosité et intérêt. Si au départ j’ai été surprise par le tutoiement, je m’y suis vite habituée, allant jusqu’à imaginer être à la place du maître, écoutant Bella me raconter notre vie commune.

Caroline Grimm m’a donné envie d’aller voir les tableaux dont elle parle si bien tout au long du roman. Même si j’ai déjà vu à plusieurs reprises des œuvres de Chagall dans divers musées ou expositions, j’ai très envie d’y retourner avec désormais un regard neuf.

Catalogue éditeur : Héloïse d’Ormesson

Retour sur le destin hors du commun de Moishe Zakharovich Shagalov, pauvre gamin d’un shtetl russe, à qui André Malraux propose la rénovation du plafond du palais Garnier en 1964. Le peintre accepte, refusant d’être rémunéré pour ce qu’il considère comme la consécration ultime par son pays d’adoption. Les douze panneaux sont l’illustration éclatante de son énergie créatrice. Il a alors soixante-dix sept ans.
Dès son arrivée à Paris en 1911 à l’âge de vingt-trois ans, Chagall n’aura de cesse de croire en ses rêves face aux échecs et aux drames qui viendront bouleverser le XXème siècle. À ses côtés, pendant trente-cinq ans et par-delà sa mort en 1944, son amour légendaire, Bella, qui fut sa muse, son modèle et sa première femme. Ils firent ensemble le choix absolu de la beauté, de la couleur et de l’art comme remparts face à l’adversité.

Prêtant sa voix à Bella, l’éternelle fiancée qui survole ses compositions oniriques, Caroline Grimm revisite les toiles, comme autant d’expression des états d’âme du peintre. Invitation au voyage dans l’univers incomparable d’un artiste de génie, Ma double vie avec Chagall célèbre la gloire du cœur, credo du peinte et du couple. De Vitebsk à Paris en passant par Berlin et New York, l’histoire d’une passion flamboyante, à l’image des toiles du maître.

Scénariste, actrice, productrice et réalisatrice, Caroline Grimm publie son premier ouvrage, Moi, Olympe de Gouges, en 2009. Elle l’adapte au théâtre où la pièce rencontre un joli succès. En 2012, son roman Churchill m’a menti, Flammarion, 2014, a été largement salué par la critique. Aux EHO publie deux autres romans, Vue sur mère (2019) et Ma double vie avec Chagall (2021).

EAN : 9782350877686 / Nombre de pages : 240 / 18.00 € / Date de parution : 06/05/2021

L’heure bleue, Peder Severin Krøyer musée Marmottan Monet

Profiter des plus de soixante chefs-d’œuvre de cette première exposition monographique consacrée à l’un des plus grands maîtres de la peinture danoise Peder Severin Krøyer (1851-1909). Ce successeur de Købke et prédécesseur d’Hammershøi tient une place majeure dans l’art de son temps. Ce peintre prolifique et excellent dessinateur est aussi un photographe au regard humaniste et bienveillant.

S’il est un contemporain de Vilhelm Hammershøi (1864-1916) dont je vous avais parlé ici Hammershøi, le maître de la peinture danoise, musée Jacquemart André, Peder Severin Krøyer est au plein air ce que Hammershøi fut à la scène d’intérieur. C’est aussi un extraordinaire interprète de l’heure bleue, ce phénomène météorologique qui précède le crépuscule et se déploie surtout aux lointains bords de mer septentrionaux. Formé à l’Académie des Beaux-arts de Copenhague et à l’atelier de Léon Bonnat, à Paris, on peut le qualifier plus certainement de peintre naturaliste qu’impressionniste.

De nombreuses œuvres dont j’ai apprécié la beauté, les couleurs, les paysages, mais aussi les thèmes, avec ces scènes de pêcheurs, réunions de famille, portraits ou rencontres avec les amis, donnent une image chaleureuse et réaliste de son époque.

Le double portrait de son épouse Marie et de leur amie, l’artiste Anna Ancher, seules, cheminant, entre mer et plage, sur une étroite bande de sable qui traverse la toile pour s’élever très haut dans l’horizon clôt le parcours. Intitulé Soirée calme sur la plage de Skagen, Sønderstrand (Anna Ancher et Marie Krøyer marchant) (1893, Skagen, Skagens Kunsmuseer) ce chef-d’œuvre est incontestablement la toile la plus illustre de Peder Severin Krøyer et sans doute la plus poétique.

Une très belle exposition à savourer grâce à la jauge réduite dans le respect des mesures sanitaires. Exposition placée sous le haut patronage de la Reine Margrethe II du Danemark.

 : musée Marmottan Monet 2, Rue Louis Boilly Paris
Quand : jusqu’au 26 septembre 2021