L’homme sans fil, Alissa Wenz

Un récit passionnant qui se lit comme un roman

Adrian Lamo, Bradley Manning, ces noms là vous disent-ils quelque chose ? Personnellement non, mais après avoir découvert L’homme sans fil, je ne peux plus les ignorer.

En 2010, un jeune soldat échange par internet pendant de longues nuits avec Adrian Lamo. Il lui parle de ses craintes, et de son envie de révéler des documents pourtant classés secret défense. Il se sent à l’abri derrière son écran mais pourtant, par esprit civique Adrian Lamo va le dénoncer.

Un procès et de nombreuses péripétie plus tard, on est en droit de se demander ce qu’est devenu Lamo ?

C’est un jeune homme solitaire, un as du web, un hacker fou, qui connait tout les systèmes, ne vit que pour son ordinateur, et peut pénétrer l’architecture web de n’importe quelle grande entreprise. Par pour lui ou pour en retirer un quelconque bénéfice, mais pour prévenir la firme qu’il a réussi à hacker de la faiblesse de son infrastructure.

Pourtant, cette façon de faire ne plaît pas. Adrian par ailleurs déjà bien malmené depuis sa délation, va subir procès et vexations à la chaine, jusqu’à vivre dans la rue comme un vagabond, puis se terrer dans un appartement et s’isoler du monde qui l’entoure.

C’est cet homme si singulier qu’Alissa Wenz a choisit de nous présenter, en lui redonnant cette part d’humanité qui l’anime, ce sens civique, ce besoin d’aider son prochain, non pas à la façon de monsieur tout le monde, mais à la hauteur de ses moyens, de son don, la manipulation et sa dextérité à connaître et pénétrer le web et internet comme personne.

Cet homme m’a fait penser à Alan Turing. Le déchiffreur d’Enigma a lui aussi subi un traitement inhumain, du fait de son homosexualité, et a fini par se suicider. Ces hommes et ces femmes qui sortent du rang, quelle qu’en soit la raison, ont du mal à être accepté pour ce qu’il sont, et y compris pour leur différence, et a être appréciés à leur juste valeur.

J’ai aimé l’humanité, l’objectivité, dont fait preuve l’autrice pour nous parler d’Adrian Lamo. L’écriture est fluide, le récit instructif se lit comme un roman. Pourtant, il ne faut jamais perdre de vue la réalité, la solitude, la souffrance, qui se cachent derrière les mots. Une enquête qui interpelle avec finesse sur notre appréhension du monde et notre façon d’accepter les différences.

Catalogue éditeur : Denoël

S’amarrer dans des villes inconnues, ne pas savoir où il va dormir, voilà ce qu’il aime. L’exaltation du nouveau. C’est exactement ce qu’il ressent quand il entre dans des réseaux informatiques. Oui, c’est la même chose, se dit-il, c’est un acte de foi. […]Les journaux l’appellent ainsi : le hacker sans abri.

En 2010, le jeune soldat Bradley Manning est accusé d’avoir divulgué des documents classés secret-défense, révélant d’importantes bavures de l’armée américaine. Il risque alors la prison à perpétuité. Qui se souvient aujourd’hui d’Adrian Lamo, l’homme qui l’a dénoncé ? Hacker hors pair, Adrian Lamo est une légende dans son domaine. Mais le génie adulé, l’insolent vagabond, s’isole progressivement. Happé par les univers parallèles dont il se fait l’architecte, Adrian Lamo s’extrait peu à peu de la vie. Il perd dangereusement le fil du réel, entraînant dans sa chute ceux qui l’admiraient.

272 pages, 140 x 205 mm / ISBN : 9782207164129 / Parution : 05-01-2022 / 18,00 €

Double Je, par Joshua Lawrence, Au Théo théâtre

Parce qu’on a tous en nous quelque chose de Michel Berger

Oh le joli spectacle auquel j’ai assisté hier soir.
Un bel hommage à celui qui a bercé notre jeunesse ou notre adolescence, que ce soit parce que nous l’écoutions ou parce que les parents l’écoutaient en boucle. Enfin perso, c’est moi qui l’écoutait en boucle..

Michel Berger ce sont des textes émouvants et inoubliables, des mots juste pour dire l’amour triste, l’abandon, la rupture puis la passion amoureuse.
C’est une musique qui nous entraîne, nous attriste, nous soulage, nous émeut et nous console, nous fait danser et chanter avec lui. C’était l’amour passion avec Véronique Sansom, puis avec France Gall la muse, l’épouse, la mère de ses deux enfants, la complice sur scène comme dans la vie.
C’était l’amitié indéfectible et le chagrin de la perte avec l’inoubliable Daniel Balavoine, et cette minute de silence que l’on a fait ce soir en pensant à eux trois, Michel, France, Daniel.

Un beau spectacle qui passe à une vitesse folle, pendant lequel on se surprend à fredonner ces airs qui, on s’en rend vite compte, sont tous tellement ancrés dans nos mémoires. Fredonner, mais pas trop fort car Joshua Lawrence a une bien belle voix et une sacré présence sur scène, et après tout on est surtout venus là pour l’écouter.
J’ai apprécié qu’il nous fasse aussi découvrir des chansons moins connues du répertoire de Michel Berger, et cette sensibilité que l’on ressent lorsqu’il évoque cet artiste inoubliable.

Alors on savoure, on déguste, on voyage dans le temps et dans nos souvenirs, puis on revient enfin, parce qu’il le faut bien, de ce paradis blanc que l’on voudrait ne jamais quitter.

C’est au Théothéâtre, et ensuite, pour les chanceux, au théâtre le Verbe Fou au Festival Off d’Avignon du 7 au 30 Juillet.
Joshua Lawrence a également écrit deux romans et une pièce de théâtre (Joshua Laffont-Cohen) et produit quelques CD disponibles à la fin du spectacle.

Authentique par Clémence Baron, théâtre BO Saint Martin

Elle est authentique, parole de Clémence, et de la parole, elle en a et nous en fait profiter avec humour, malice et humanité

La rencontre avec son futur mari, les frères trisomiques tellement attachants, drôles, déroutants, mais qui apportent tant à leurs familles, la réaction des parents, des deux côtés d’ailleurs, pas facile d’accepter les mariages mixtes qu’elle que soit la famille à laquelle on appartient.

Le mariage, le confinement avec les beaux-frères. Commencer sa vie à deux à quatre, ce n’est décidément pas simple pour se retrouver, se connaître, s’aimer.
Et pourtant que d’humour, de drôlerie, d’affection profondes pour son mari, sa famille, ses frères. Malgré les bagarres, les voix qui tonnent, les exaspérations ou les silences, ici les disputes se vêtent de chaleur, de finesse, de sensibilité.

Clémence baron tient la scène pendant plus d’une heure et son public se régale à l’écouter, vibre à ses excès, ses vérités, son humour décalé et sa profonde humanité.

C’est au théâtre BO 19 bd Saint Martin Paris métro République
Les mercredis jusqu’au 29 juin à 19h30
Puis au Sham’s Théâtre – Avignon à 13h au Festival OFF d’Avignon.

Qui va là ? Thierry de Pina, Théâtre Les Déchargeurs

Alors que les spectateurs attendent l’acteur resté dans sa loge, un homme arrive dans la salle et s’approche de la scène. Un sac en plastique à la main, chaussé de baskets qui ont connu bien des sentiers, Alexandre Cabari reconnaît le fauteuil posé sur la scène. C’est celui dans lequel sa mère s’asseyait le soir, après ses longues journées de labeur. Cette mère qui l’a élevé et accompagné lorsque le père les a quittés, qui est « partie » et qu’il a portée si longtemps dans son sac plastique de Mr Édouard Leclerc. Dans cette urne dans laquelle il l’a retrouvée au détour d’une fugue parmi tant d’autres. Cette mère à qui il pense chaque jour.

Les souvenirs s’égrennent, les jours heureux, la chambre et le trou qu’il creusait chaque soir un peu plus dans le mur, contraint de rester là alors qu’il rêvait d’ailleurs, de jouer en bas au foot avec les autres, de tout sauf de cet univers restreint dans lequel ils évoluaient tous les deux.

L’abandon du père et ce nom qu’il porte comme une croix, celui d’un inconnu. Le travail et la fatigue de la mère, le décès, la solitude. Les trains de nuit qu’il prend sans billet mais en observant les dormeurs sereins qui passent un paisible trajet sans penser qu’on les observe. Et les souvenirs qui s’emmêlent et qu’il a du mal à remettre en place. Qu’importe puisque ce soir le lien est créé, les souvenirs lui viennent, il nous raconte et se retrouve dans les mots.

Un acteur incroyable que l’on se prend à croire et qui nous fait hésiter à lui répondre lorsqu’au détour d’un souvenir, d’une phrase, il nous questionne et nous sort de notre petit confort. Que l’on se sent privilégié, un peu bête, trop gâté, face à tant de solitude, d’inconfort, de silence, de tristesse. Même ses blagues tombent à plat, idiots que nous sommes, spectateurs de son désarroi, de sa tristesse, de son deuil, de son abandon.

Merci pour ce seul en scène émouvant, poignant et bouleversant qui passe les mardi et mercredi à 21h jusqu’au 25/05 à Paris avant de partir pour Avignon… En train de nuit peut être ?

Superbe texte d’Emmanuel Darley

La chair de sa chair, Claire Favan

Rencontrer l’autrice et découvrir ce roman, noir et addictif

Moira fait de son mieux, mais Moira est épuisée par ses quatre boulots et ses trois enfants, difficile de tenir la tête hors de l’eau quand la petite dernière est gravement malade, que l’assurance ne paye pas les soins, que le père s’est suicidé et que l’ex mari est en tôle. Pourtant avec courage et ténacité elle essaie de contrer le zèle délétère des agents des services sociaux pour garder ses enfants auprès d’elle.

Fort heureusement il y a Peter, l’aîné du premier lit, qui s’occupe au delà du raisonnable de la fratrie pendant l’absence, la fatigue et les manques de sa mère. Jusqu’à ce moment de non retour où le drame arrive, le décès de Wendy, la petite sœur atteinte de mucoviscidose. Non pas tuée par sa maladie, mais par Nigel, son frère.

Nigel que Moria rejette sans espoir de compassion ou d’écoute, Nigel enfermé en hôpital psychiatrique afin d’évaluer son taux de responsabilité, Nigel prostré, atteint par l’horreur de son acte et la compréhension de sa pleine responsabilité. Un médecin, le docteur Bruce Thomas, va s’intéresser à son cas et tenter de tisser un lien pour faire sortir Nigel de son silence. Mais y parvenir s’avère plus complexe que prévu.

L’autrice nous entraîne vers les méandres tordus de la passion familiale, la possession, l’exclusivité que peut ressentir un enfant pour sa mère. Elle tisse peu à peu une toile dans laquelle Moira s’englue sans aucun espoir de se sauver, paralysée et aveugle. Et la lectrice que je suis ne peut que souffrir avec chacun des membres de cette famille face à tant de silence, d’incompréhension, de manipulation et de soumission. Tout en ayant envie de faire éclater la vérité. D’ouvrir les yeux, de donner un peu d’espoir, de bonheur à cette femme prisonnière de l’amour exclusif qu’elle partage avec ses enfants.

L’autrice a situé son intrigue aux États-Unis, nous permettant de découvrir avec stupeur le système carcéral américain et son implication à l’encontre des enfants criminels. Amis lecteurs, si vous n’êtes pas dans une période favorable, prière de s’abstenir de lire, car la lumière n’est pas au bout du chemin et votre moral peut s’en ressentir. Et pourtant, ce roman noir est totalement addictif.

Catalogue éditeur : Pocket

Moira O’Donnell, derrière le feu des boucles rousses et l’énergie inépuisable, est une femme qui lutte pour garder la tête hors de l’eau. Ce sont trois gamins livrés à eux-mêmes et autant de boulots cumulés pour les nourrir. Ce sont des pères absents : le premier est incarcéré pour longtemps, croit-elle, et le second s’est suicidé. C’est la solitude d’une mère de famille dure au mal qui se bat, tombe et renaît. Pour ses enfants. Et avec eux. Chaque semaine, elle achète un ticket de loterie en rêvant à une vie meilleure. Mais les services sociaux ont d’autres projets pour elle…

Née à Paris en 1976, Claire Favan travaille dans la finance et écrit sur son temps libre. Son premier thriller, Le Tueur intime, a reçu le Prix VSD du Polar 2010, le Prix Sang pour Sang Polar en 2011 et la Plume d’or 2014 catégorie nouvelle plume sur le site Plume Libre. Son second volet, Le Tueur de l’ombre, clôt ce diptyque désormais culte centré sur le tueur en série Will Edwards. Après les succès remarqués d’Apnée noire et de Miettes de sang, Claire Favan a durablement marqué les esprits avec Serre-moi fort, Prix Griffe noire du meilleur polar français 2016, Dompteur d’anges, Inexorable, et Les Cicatrices. La Chair de sa chair est son 9e roman et a reçu Le Prix Polar « Les Petits Mots des Libraires ».

Prix 7.95 € / EAN : 9782266322423 / Nombre de pages : 408 / Date de parution : 14/04/2022

Jour bleu, Aurélia Ringard

Un roman de départ et d’attente, un roman d’amour et d’espoir

Assise au restaurant Le Tain Bleu gare de Lyon, elle attend. Elle attend un homme qu’elle n’a vu qu’une fois, et n’a pas revu depuis trois mois. Sera-t-il là ? Lui est artiste peintre, rencontré lors d’un vernissage. Elle est médecin mais veut changer de vie.

Elle est toute entière portée par cette attente. Elle est venue quelques heures en avance, sereine mais impatiente. Ici, tout lui rappelle l’enfance et l’adolescence, les souvenirs de départ et d’arrivée, d’un père et d’une mère divorcés que frère et sœur allaient retrouver le temps d’un week-end ou pour les vacances. Elle est jeune et pourtant c’est sa vie qui défile au contact de cette multitude qui se croise, s’évite, se quitte, se retrouve, s’embrasse ou pleure, se bagarre ou s’enlace, ces vies multiples que l’on rencontre sans les voir dans toutes les gares du monde.

Bien sûr, il y a aussi le serveur séduit, le numéro de téléphone griffonné sur l’addition, les regards, mais aussi les voyageurs assis près d’elle, leurs instants de vie qu’elle partage sans y être invitée. Bien sûr les déchirures, les exaspérations, les élans, les départs, définitifs, la solitude, les quais de gare, les regards, les pleurs, les rires, les chagrins.

Elle attend et elle sait déjà que sa vie est à une charnière, qu’il n’y aura pas de retour en arrière et que demain sera autre, différent, inconnu mais comme elle le souhaite, à deux sans doute, heureux peut-être. Ce retour vers l’enfance, vers les rêves qui ne se sont pas réalisés et tous ceux qui pourraient être, vers la vie passée, est aussi un nouveau départ vers l’inconnu, vers celui qui doit arriver, celui qui sera là et qu’elle espère.

Le roman alterne les chapitres, tantôt à la première personne lorsqu’il revient au temps de l’attente, au temps présent, tantôt à la troisième personne, comme pour donner une distance à la rencontre, au passé, aux souvenirs, même si à chaque fois c’est de cette jeune femme qu’il nous parle. Une lecture agréable, et un personnage attachant. Et avouons-le, qui n’a pas essayé un jour dans une gare d’inventer les vies de ces hommes et de ces femmes qui passent, se croisent, se quittent, s’aiment.

Un roman de la sélection 2022 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Frison-Roche Belles Lettres

Une femme a rendez-vous avec un homme en gare de Lyon. Du moins, c’est ce qu’elle croit. Cela fait trois mois qu’ils se sont rencontrés. Trois mois au cours desquels ils ne se sont pas vus. Elle a décidé de venir très en avance, de prendre ce temps de l’attente, assise au café. Le hall de la gare revêt l’allure d’une salle de spectacle, d’une pièce de théâtre où chaque personnage qu’elle croise la renvoie à ses propres souvenirs, aux moments clefs de la trajectoire qui l’a menée jusqu’ici et qui a façonné le décor de sa vie. Dans ce premier roman, Aurélia Ringard décrit avec minutie une poignée d’heures de la vie d’une femme, dans un huis clos magistral, époustouflant de maîtrise et de mélancolie.

Née en Bretagne, à Guingamp, Aurélia Ringard a d’abord vécu à Washington, aux États-Unis, et à Paris avant de s’installer à Nantes. Diplômée en pharmacie, elle se consacre aujourd’hui à sa passion pour les mots et la littérature. Elle anime des ateliers d’écriture et participe à l’organisation d’événements pour la promotion de la lecture. Suite à sa participation à un concours organisé par l’école d’écriture Les Mots, ce texte reçoit le coup de cœur du jury. Aurélia signe ici son premier roman.

Collection : Ex Nihilo / parution : 01/06/2021 / pages : 164 / EAN : 9782492536106 / Prix : 17.00 €

Des matins heureux, Sophie Tal Men

Voilà un roman qui donne le moral !

A Montparnasse, du côté de la gare parisienne bien connue des bretons, Marie vient de débarquer pour quelques mois. La jeune femme vient de réussir ses études de médecine à Brest, mais souhaite passer quelques mois dans un service de gynécologie parisien pour se perfectionner et apprendre auprès d’une spécialiste reconnue. Elle logera provisoirement dans le studio que lui prête une amie, au dessus de la pâtisserie d’un de ses amis.

Dans cette même gare, Elsa erre au milieu de la foule, et passe ses soirée dans un bus de nuit pour éviter les agressions inévitable lorsque l’on n’a plus rien et que l’on est à la rue. Cette jeune femme de dix-neuf ans arrive de sa province. Elle a fui les avances et l’agression d’un patron tout puissant. Restée seule lorsque sa seule amie s’est mise en couple, n’ayant personne vers qui se retourner, c’est la rue qui est aujourd’hui son seul refuge.

Guillaume est un taiseux. Ce barman solitaire doit digérer le départ de son amie. Virginie l’a quitté à la suite d’une grave accident et il semble bien que Guillaume y soit pour quelque chose. Mais pour se débarrasser de ses casseroles il décide de bazarder tout ce que Virginie avait installé dans leur appartement sur leboncoin.

C’est à cette occasion qu’il croise la route de Marie. Marie la buveuse de whisky, la rigolote, la solitaire qui l’impressionne et l’intrigue tout autant. Marie qui croise la route d’Elsa et cherche à comprendre pourquoi et comment elle en est arrivé là.

Ces trois là ne devaient pas se rencontrer et pourtant ils avaient tout à vivre ensemble. Dans le triangle formé par les rues qui bordent leur quartier Il s’en passe des choses à la fois ordinaires et si peu ordinaires. Les silences, les douleurs, l’absence et la solitude, le manque et le chagrin, l’amitié et la confiance, ils devront tout apprendre, tout donner, accepter aussi de tout recevoir.

Un roman qui se lit d’une traite, une respiration, un vrai moment de bonheur simple. Et pourtant une intrigue qui présente des personnages aux caractères bien trempés, des personnalités fortes superbement présentées par l’autrice qui sait décrypter les sentiments, les silences, les peurs, l’abandon, comme sait le faire un médecin pas seulement des corps mais aussi des âmes. Je me suis régalée avec cette lecture optimiste et positive.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Dans le quartier du Montparnasse à Paris, Elsa, Marie et Guillaume se croisent sans le savoir. Si le jour, leur quotidien les éloigne, le soir, tous trois affrontent une même peur de la nuit. 

Elsa se réfugie dans le bus pour éviter la violence de la rue, Marie, qui vient de quitter Brest, multiplie les gardes à l’hôpital pour combler son vide sentimental, et Guillaume retarde la fermeture de son bar afin de fuir la solitude. 

C’est au détour d’un Lavomatic, d’un irish pub ou par le biais d’une annonce sur Leboncoin qu’ils finiront par se trouver. Mais parviendront-ils, ensemble, à aller jusqu’au bout de leur nuit ? À se reconstruire ?

Date de parution 01 avril 2022 / 19,90 € / 304 pages / EAN : 9782226470218

Mise à feu, Clara Ysé

Entrer dans l’univers magique de Nine et de Gaspard

Nine nous raconte sa vie d’enfant et d’adolescente marquée par un tournant dramatique, l’incendie de sa maison. Elle est recueillie avec son frère Gaspard par un oncle effrayant, Le Lord. Elle parvient à survivre loin d’une mère singulière et attachante que tous surnomment L’Amazone grâce à la protection de Gaspard, la présence de Nouchka sa pie apprivoisée et les courriers de sa mère qu’ils reçoivent tous les mois.

Ce roman de Clara Ysé hésite entre drame poétique et ode à la jeunesse et à l’amitié. Les affres de l’adolescence de Nine y sont particulièrement bien traités et la chute bien qu’attendue n’en est pas moins très émouvante. Les larmes de l’auditeur seront à la mesure de l’attachement au personnage de Nine.
Le malaise de l’auditeur, s’il doit y en avoir un, vient quant à lui de la difficulté à faire la part entre poésie, réalisme et surréalisme, ce qui donne le sentiment d’une œuvre « diffractée » pour reprendre un mot que l’autrice semble apprécier. Il peut donc être malaisé d’y trouver son bonheur

Pour l’avoir déjà lu à sa sortie, j’ai trouvé la lecture par l’autrice très agréable. Mais elle n’apportait rien de plus à ce roman qui reste très attachant.

Retrouvez ma précédente chronique ici.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2022

Catalogue éditeur : Audiolib, Grasset

Nine et Gaspard vivent dans la maison de leur mère, l’Amazone. Nouchka, leur pie, veille sur le trio. La nuit du réveillon, un incendie ravage le paradis de l’enfance. Le lendemain, le frère et la sœur se réveillent seuls chez leur oncle, l’inquiétant Lord.
Ils reçoivent tous les mois une lettre de l’Amazone qui leur dit préparer dans le Sud la nouvelle demeure qui les réunira bientôt.
Quel pacte d’amour et de rêve vont-ils nouer pour conjurer l’absence ?

Parution : 16/02/2022Durée : 3h33 / EAN 9791035407605 / Prix du format cd 19,90 € / EAN numérique 9791035407766 Prix du format numérique 17,95 €

La bibliothécaire, Gudule

Pourquoi les enfants ont aimé ce roman de Gudule lu par Thomas Solivéres

Chaque jour à l’école Guillaume s’endort sur son pupitre. Pourtant c’est un bon élève, aussi l’instituteur se demande ce qui lui arrive.
Il faut dire que chaque soir, Guillaume observe sa voisine par la fenêtre. C’est une vieille dame qui passe des heures à écrire, inlassablement penchée à sa table.
Puis lorsqu’elle a fini et éteint enfin la lumière, il a le bonheur de voir une jeune fille sortir de son immeuble.

Mais une question le taraude, qui est elle, ou plutôt qui sont-elles ?
Pour le savoir, une nuit il décide de suivre la jeune fille, et va avec elle jusqu’à la bibliothèque de son quartier.

La rencontre est un grand moment de bonheur. Guillaume est totalement séduit par la jeune Ida au parfum et aux habits surannés qui lui ouvre la porte vers la magie des livres. Ida qui lui avoue qu’elle rêve de trouver le grimoire qui lui permettra d’écrire le roman de sa vie. Mais la vieille dame, tout comme Ida, disparaissent du jour au lendemain.
Avec ses amis, il décide de partir à leur rencontre. Cette recherche les entraîne à nouveau dans la bibliothèque où ils plongent littéralement dans les histoires les plus extraordinaires à la rencontre des différents personnages. Il suffit de le vouloir, et ils entrent dans les livres, dès lors que ce soit Alice au Pays des Merveilles, le Petit Prince, Poil de Carotte, ou même Gavroche, plus aucun personnage n’a de mystère pour celui qui est totalement entré dans l’histoire.

Un joli conte et une lecture agréable. Quel bonheur de se dire qu’il suffit de tourner les pages à l’envers pour ressusciter nos personnages préférés qui finalement ne meurent jamais et nous feront éternellement rêver.

Catalogue éditeur : Audiolib

Pas étonnant que Guillaume s’endorme pendant les cours : toutes les nuits, il observe les drôles de choses qui se passent dans l’immeuble d’en face. Une mystérieuse vieille dame qui n’arrête pas d’écrire, une jeune fille qui s’enfuit dans les rues sombres, toujours à la même heure… Un jour, il se lance à sa poursuite, et découvre que toutes les réponses à ses questions se trouvent… à la bibliothèque ! Avec l’aide de ses amis, il se lance dans un fantastique voyage au pays des livres, qui le mènera à la rencontre d’Alice au pays des merveilles, de Poil de Carotte, du Petit Prince…

Collection : Jeunesse Éditeur d’origine : Hachette Jeunesse / EAN 9782367623047 Prix du format cd 14,00 € / parution : 22/03/2017 Durée : 3h19

Pas la guerre, Sandrine Roudeix

Vivre à deux, ou se faire la guerre

Assia et Franck s’aiment. Ils vivent ensemble, mais l’amour n’est pas tout et au fil des jours, la cohabitation s’avère parfois difficile. Assia, est fille d’immigrés marocains, elle a toujours eu besoin d’affirmer sa place, son rôle, et certaines remarques la laissent à fleur de peau. Franck vient d’une famille dans laquelle on ne se parle pas. Difficile alors d’imaginer un dialogue fluide entre ces deux-là. Et ce soir, après une phrase malheureuse d’Assia, la dispute est bien au-delà d’un échange tendu, ils sont arrivés au bord de la rupture.

Dans une unité de temps et de lieu, cette soirée devient un mouvement de bataille, une montée en puissance du conflit avant la guerre aussi dévastatrice que définitive. Le repli d’abord, l’approche ensuite, puis l’assaut avant l’attaque.

L’autrice fait de cette soirée un moment de bascule avant l’explosion. Mais sauront-ils s’arrêter à temps ? Car la relation de couple, comme la relation amoureuse en général, n’est jamais un long fleuve tranquille. Fatigue, frustration, paroles malheureuses, cadre de référence dans lequel chacun a évolué, colère, désir, peur, envie, doute, sont autant d’éléments qui peuvent faire basculer un moment délicat en guerre ouverte.

J’ai trouvé la thématique intéressante, en particulier l’exploration et la finesse dans l’appréhension des sentiments et des tourments au plus intime. J’ai aimé l’écriture singulière, tout comme l’idée du roman. Pourtant je n’ai pas vraiment réussi à ressentir des émotions au contact d’Assia et Franck. Comme si l’intensité de leur combat les avait tenu trop loin de moi, à l’écart du monde dans leur bulle de rancœur et de violence, de certitude et d’individualisme. Mais peut-être est-ce commun à une certaine jeunesse d’aujourd’hui, individualiste et qui rêve de liberté avant de penser à vivre en couple. Pourtant ce n’est pas seulement parce qu’on s’aime que la vie à deux est facile, c’est un long chemin et un véritable travail sur soi qu’il faut faire chaque jour.

Catalogue éditeur : Le Passage

C’est l’histoire d’une fille qui se croit émancipée. C’est l’histoire d’un garçon qui se croit libre. Assia a 24 ans et est née en France de parents marocains. Franck a 25 ans et a grandi à Paris auprès d’un père militaire. Entre les deux, la possibilité d’un amour. Un emménagement. Le mélange des corps et des territoires. Mais un soir, l’entente se rompt. Comme du barbelé, des paroles les séparent. Comment aimer l’autre quand on traîne sa culture et sa famille avec soi comme autant d’ombres cachées sous le matelas ?

Sandrine Roudeix est romancière, scénariste et photographe. Elle est notamment, l’auteure des romans Attendre (Flammarion, J’ai lu) et Les Petites Mères (Flammarion), salués par la critique. Elle a également publié Diane dans le miroir, un texte consacré à la photographe américaine Diane Airbus (Mercure de France). Avec Pas la guerre, son cinquième roman, elle poursuit sa quête de l’intime et creuse de son écriture sensible et à fleur de peau les questions d’identité, d’émancipation féminine et de transmission familiale.

ISBN : 978-2-84742-477-5 / Date de publication : 6/01/2022 / pages : 160 / Prix : 18 €