Un beau jour, Agnès Laurent

C’est un jour d’été comme un autre pour la famille Cotraz.
Enfin, presque, car aujourd’hui les parents partent seuls pour renouer avec les grandes balades en Haute montagne et laissent leurs quatre enfants au chalet. Ils sauront bien se débrouiller, les deux grands s’occuperont des plus petits, feront les tâches journalières dont ils ont l’habitude de s’occuper et la journée passera au mieux.

Enfin, ça c’est dans l’absolu. Car dans la réalité, les heures s’égrènent, la journée se passe, en chamailleries et disputes, jeux et réconciliations, jusqu’à l’arrivée de l’orage tant redouté par tous. Jusqu’au moment où il est évident que personne ne viendra les retrouver.

Luc, Marie-Pierre, Paule et Jean se retrouvent seuls.

Un oncle et une tante qui vivent à côté vont s’occuper des enfants, mais quatre bouches à nourrir c’est énorme pour le couple qui n’a jamais eu d’enfants.
Les heures d’attente se sont transformées en jours, semaines, années. La montagne donne et la montagne prend sans restituer, impossible de savoir ce qui est arrivé.

Les enfants grandissent et le lecteur les suit pendant cinquante ans.

Blessés, meurtris par l’absence des parents, fratrie séparée qui se disloque, avec toujours une obsession, tenter de les retrouver.

Cette obsession qui détruit peu à peu les vies de ceux qui jamais ne pourront accepter l’inacceptable, le deuil à faire sans morts, l’évidence et le poids de la disparition, du vide, de l’absence.
Chacun trouvera son salut dans sa façon de vivre après le drame, loin, près, dans l’oubli que procure l’alcool, dans l’obsession de la montagne à arpenter jour après jour, dans le silence et l’éloignement.

Un roman à l’écriture ciselée, travaillée et pourtant qui coule tout le long comme une évidence de simplicité. Où les sentiments de chacun se dévoilent et prennent toute leur place sans pour autant peser ou effacer l’autre. Le ton est posé, mesuré, les sentiments sont forts, dévastateurs parfois, mais d’une grande justesse. Le poids de l’enfance et de ces douleurs qui impactent toute une vie sont particulièrement bien décrits. Un très beau roman de cette autrice que je découvre avec ce titre.

Catalogue éditeur : éditions Récamier

Tout commence un beau jour d’été. Claude et Marie Cotraz décident de partir faire une excursion en haute montagne, laissant leurs quatre enfants au chalet, seuls. Le temps change, le chien aboie, un violent orage se profile. L’inquiétude gagne la fratrie. Ils connaissent les dangers de la montagne. Elle a englouti tant d’hommes et de femmes sans un mot, et il arrive qu’elle prenne ceux qu’on aime.
Marie-Pierre, Luc, Paule et Jean se souviendront à jamais de l’attente, de l’angoisse, des éclairs, du sommeil qui vient quand même, et au réveil, de l’espoir d’entendre les parents dans la cuisine. Reviendront-ils ? La montagne livrera-t-elle son secret ?
Cinquante ans de la vie d’une fratrie, racontant le poids du silence, les destins contraires de chaque frère et soeur, aussi unis que déchirés par ce beau jour où tout a basculé. 

Agnès Laurent est grand reporter à L’Express. Passionnée par les histoires familiales et les liens qui se tissent entre les êtres, elle a publié en 2021 son premier roman, Rendors-toi, tout va bien (Pocket), sélectionné pour le prix Maison de la Presse 2021.

20.90 € / EAN : 9782385770952 / pages : 336 / Date de parution : 01/02/2024

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