Une vie comme les autres, Hanya Yanagihara

Une fresque romanesque intense et dramatique sur l’amitié masculine, l’enfance, la résilience, dans le New-York d’aujourd’hui

Ils sont quatre, ils se sont rencontrés alors qu’ils étaient étudiants, et depuis lors sont devenus des amis, inséparables ou presque. Il y a Willem, JB, Malcolm, et Jude.

Ils vivent à New-York, mais dans une ville hors du temps, presque hors de leur époque, car on se concentre tout au long de ces 1122 pages et sur quelques dizaines d’année sur leurs vies, leurs familles, l’évolution de leurs carrières, de leurs amitiés qui parfois se transforment en amour ou en haine, presque sans mention du monde qui les entoure.

Dans ce quatuor magistralement dépeint par Hanya Yanagihara, un homme en particulier se distingue. Alors qu’il réussit sa vie, que tout est là pour son bonheur, il cache au fond de lui une souffrance, un passé, si dramatiquement douloureux que sa vie entière en est gâchée.

Jude est orphelin, nourrisson trouvé posé sur une poubelle par les pères d’un monastère. Là, il sera élevé dans la douleur, on va lui apprendre qu’il n’est rien, il va connaitre la souffrance extrême et les punitions à répétition, ancrant dangereusement en lui cette idée qu’il n’est rien. Il va vivre une enfance puis une adolescence difficile, que l’auteur distille peu à peu au fil des flashback. Puis, enfin libéré de ses bourreaux, il va laisser éclater son intelligence et ses capacités intellectuelles pendant ses années de fac, puis dans son travail. Mais sa vie est brisée, et malgré l’amour de ceux qui l’entourent, il ne se remettra jamais complétement des supplices de l’enfance. Pourtant, chacun de ces quatre amis va évoluer dans le monde, réussir, JB est un artiste reconnu, Malcolm, issu d’une famille aisée est un architecte de talent et Willem, un acteur adulé par son public. Enfin Jude, l’étudiant en droit talentueux, est quant à lui devenu un grand avocat, dans un cabinet de premier plan. Ils ont tous gagné le bonheur et le confort auxquels ils aspiraient plus jeunes. Et à l’âge adulte, sont rendus plus forts par cette amitié qui dure par-delà le temps et les épreuves. Mais cela peut-il suffire à rendre heureux, à rendre une confiance en soi perdue à jamais ?

Quel roman ! Qui parle d’amour et de fraternité, de confiance et de solidarité, d’amitié masculine et d’homosexualité, qui évoque surtout des sujets graves comme la pédophilie et la prostitution enfantine, et qui montre la difficulté de la résilience, lorsque le mal absolu vous a touché et que rien ne peut vous délirer de ce mal ancré en vous.

Il y a peu de moments lumineux dans ce livre, et pourtant, plus on lit, plus on s’attache à ces personnages, avec l’envie folle de les suivre jusqu’au bout.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2020

Catalogue éditeur : Le livre de Poche

Ils sont quatre amis de fac, et ils ont décidé de conquérir New-York : Willem, l’acteur à la beauté ravageuse ; JB, l’artiste peintre, aussi ambitieux et talentueux qu’il peut être cruel ; Malcolm, qui attend son heure dans un prestigieux cabinet d’architectes ; Jude, le plus mystérieux d’entre eux, celui qui, au fil des années, s’affirme comme le soleil noir de leur quatuor, celui autour duquel les relations s’approfondissent et se compliquent cependant que leurs vies professionnelles et sociales prennent de l’ampleur.
Épopée romanesque d’une incroyable intensité, chronique poignante de l’amitié masculine contemporaine, Une vie comme les autres interroge aussi nos dispositions à l’empathie et notre façon d’endurer la souffrance, la nôtre comme celle d’autrui.

1 128 pages / Date de parution : 30/10/2019 / EAN : 9782253100560
Éditeur d’origine : Buchet – Chastel

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