Pour rien au monde, Ken Follett

Un engrenage diabolique et effrayant !

Comme le dit Ken Follett, les dirigeants qui ont participé à la Première guerre mondiale ont avoué s’être laissé entraîner dans un engrenage qui ne pouvait déboucher que sur une guerre, ce qu’aucun d’entre eux n’avait souhaité ou anticipé. Fort de ce constat, dans son dernier roman Pour rien au monde il entraîne ses lecteurs alternativement sur trois terrains sur lesquels il situe les décisions stratégiques et géopolitiques contemporaines :

Le Sahel pour illustrer un conflit qui oppose les belligérants par procuration des grandes puissances, et révèle un certain « effet papillon ».
Washington et la Maison blanche avec une présidente Américaine Républicaine très loin d’une caricature Trumpiste.
Pékin et le pouvoir Chinois confrontés en interne à des tensions idéologiques et en externe à un allié Nord Coréen imprévisible.

Les situations géostratégiques décrites sont assez réalistes pour permettre au lecteur de rentrer dans le roman sans se poser trop de questions. Les personnages fictifs sont attachants et donnent envie de les suivre au quotidien.

Au Sahel, Kiah la jeune veuve tchadienne et Abdul, l’espion de la CIA, puis Tamara la conseillère de la CIA et Tabdar son homologue de la DGSE ; En Amérique, Pauline Green est à la fois présidente des États Unis, épouse et mère ; En Chine, Kai est un époux comblé, un fils de, un membre du gouvernement à la position convoitée. Si l’auteur ajoute une intrigue amoureuse sur chacun de ces terrains, ce que j’ai trouvé inutile et redondant à priori, je l’ai rapidement senti non plus comme un artifice mais bien indispensable pour rendre les protagonistes humains et presque ordinaires.

La description des exactions des Djihadistes au Sahel rendent presque jouissives les réactions violentes des occidentaux. Comme dans ces films caricaturaux tournés à la gloire de l’armée Américaine dans lesquels le héro se sort de toutes les situations. Par contre les réactions aux différentes situations de Washington et Pékin sont décrites de manière intelligente, positives et même réalistes. L’auteur bascule d’un camp à l’autre sans parti pris idéologique et cela donne d’autant plus de force à son propos.

Les incursions dans les coulisses du pouvoir Américain et Chinois sont tout à fait crédibles. Pourtant, les capacités des belligérants à observer en temps réel n’importe quel coin de la planète avec une précision millimétrique me semblent en décalage avec le réel, mais elles donnent au roman le punch nécessaire à l’action.

Le futur de l’humanité reste incertain et l’auteur réussit à construire un scénario qui permet de le démontrer. L’apocalypse est dans la main de gouvernants animés par ailleurs des meilleures intentions. Pour ce faire l’auteur nous fait entrer dans l’intimité d’une Présidente Américaine dont la vie familiale et émotionnelle ressemble tellement à Madame tout le monde. Ce roman parfois un peu long lorsqu’il nous entraîne dans les arcanes des pouvoirs ou au plus près des relations amoureuses des différents protagonistes, est une réussite quant au message délivré.

J’ai apprécié la lecture de Thierry Blanc qui sait nous transporter sur chaque continent avec une égale maîtrise de chacun des personnages. Un roman qui souffre parfois de quelques longueurs, mais une écoute passionnante qui donne envie d’avancer et d’en savoir plus. Avec ce sentiment de frustration et de « déjà fini » lorsque l’on referme la dernière page, quelle soit papier ou en audio !

Catalogue éditeur : Audiolib, Robert-Laffont

De nos jours, dans le désert du Sahara, deux agents secrets français et américain pistent des terroristes trafiquants de drogue, risquant leur vie à chaque instant. Une jeune veuve tente de rejoindre l’Europe et se bat contre des passeurs. Elle est aidée par un homme mystérieux qui cache sa véritable identité.
En Chine, un membre du gouvernement lutte contre de vieux faucons communistes qui poussent le pays vers un point de non-retour.
Aux États-Unis, la première femme élue Présidente doit manœuvrer entre des attaques au Sahel, le commerce illégal d’armes et les bassesses d’un rival politique.
 
Alors que des actions violentes se succèdent un peu partout dans le monde, les grandes puissances se débattent dans des alliances complexes. Une fois les pièces du sinistre puzzle en place, pourront-elles empêcher l’inévitable ?
 
Il ne faudrait Pour rien au monde que ce qu’a imaginé Ken Follett n’arrive…

Ken Follett connaît son plus grand succès avec Les Piliers de la Terre, paru en 1989. C’est le début de la saga Kingsbridge, poursuivie avec Un monde sans fin, Une colonne de feu et Le Crépuscule et l’Aube (Robert Laffont, 2008, 2017 et 2020), et vendue à plus de quarante-trois millions d’exemplaires dans le monde.

Lu par Thierry Blanc Traduit par Jean-Daniel Breque, Odile Demange, Nathalie Gouyé Guilbert, Dominique Haas, Christel Gaillard-Paris

Parution : 08/12/2021Durée : 24h52 / EAN 9791035406912 Prix du format physique 31,50  € / EAN numérique 9791035406820 Prix du format numérique 28,45  €

3 réflexions sur “Pour rien au monde, Ken Follett

  1. Jean-Paul DEGACHE janvier 13, 2022 / 21:18

    Ah ! Ken Follett ! Faudra bien que je le relise !!!

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    • Domi janvier 14, 2022 / 09:20

      il y avait longtemps que je ne l’avais pas lu, depuis « Le Siècle », et on le retrouve bien dans celui-ci, un excellent cru malgré quelques longueurs

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    • Domi janvier 17, 2022 / 23:50

      j’ai lu et aimé un grand nombre de ses romans je dois avouer. Là j’ai eu l’impression de revenir à ses premiers (car c’est différent de la série Le Siècle ou les piliers de la terre) et en même temps il est toujours tellement d’actualité.

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