Je suis la maman du bourreau, David Lelait-Helo

Peut-on aimer ses enfants quel qu’en soit le prix ?

Rien ne peut atteindre Gabrielle de Miremont. Un mariage, trois enfants, et surtout un fils adoré qu’elle a façonné à son image, et qui est devenu le merveilleux prêtre Pierre-Marie. Gabrielle est une femme hautaine, impressionnante de volonté, au charisme affirmé, une figure emblématique du village. Ce n’est pas une femme à qui l’on s’adresse facilement, il a pourtant bien fallu le faire pour lui annoncer cette terrible nouvelle qui va bouleverser sa vie, la mort violente de son fils.

Gabrielle veut comprendre ce qui est arrivé à cet enfant, ce fils tant attendu qu’elle a aimé plus que tout, qui lui a fait oublier ses filles et son époux, qu’elle a élevé dans le respect de Dieu et de la religion, ce fils qui était toute sa vie, son âme, son amour, son dieu. Elle veut surtout comprendre et savoir si ce qui se dit dans les journaux, si ces témoignages qui l’accablent, disent la vérité.

Car le scandale vient d’éclater, un prêtre pédophile abuse depuis des années des petits garçons qui lui sont confiés, au catéchisme, en colonie, après la messe. Mais non, pas ici, pas dans ce village, pas dans la paroisse et sous les yeux de son fils chéri.

Tout d’abord, c’est la révolte, l’envie de lutter pour redonner son lustre à cette paroisse accusée du pire. Puis peu à peu, les mots sont dits, les témoins se dévoilent, trouvent le courage de dire, d’accepter de ne plus être la victime coupable mais bien la victime meurtrie et blessée à vie.

Gabrielle les écoute, les rencontre, les entend. Et son monde s’effondre avec toutes ses certitudes. Quel est ce Dieu qui accepte, qui se tait, qui laisse faire, quel est ce bourreau qui ose, qui ne se sent pas coupable, qui nie l’abjection de ses actes.

Un roman émouvant, un thème difficile dont on entend beaucoup parler depuis quelques temps. En particulier depuis la parution du rapport Sauvé. Depuis que l’église a enfin accepté d’ouvrir les yeux, d’entendre les victimes, et plus seulement de déplacer les coupables pour qu’ils aillent perpétrer leurs crimes un peu plus loin.

On se souvient que La Ciase, Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, a rendu le 5 octobre 2021 son rapport sur les violences sexuelles commises par des membres du clergé sur des enfants et des adultes vulnérables. 330 000 victimes dans l’Église, dont 216 000 personnes abusées par des prêtres, diacres, religieux et religieuses (La Croix, le 04/10/2021)

Catalogue éditeur : Héloïse d’Ormesson

Prier Dieu, se vouer au Diable

Du haut de ses quatre-vingt-dix ans, Gabrielle de Miremont semblait inatteignable. Figée dans l’austérité de la vieille aristocratie catholique dont elle est l’incarnation. Sa devise : « Ne jamais rien montrer, taire ses émotions ». Jusqu’à ce matin-là, où un gendarme vient lui annoncer la mort de son fils. Son fils cadet, son enfant préféré, le père Pierre-Marie, sa plus grande fierté. Gabrielle ne vacille pas, mais une fois la porte refermée, le monde s’écroule. Cet effondrement, pourtant, prend racine quelques semaines plus tôt, à la suite d’un article de presse révélant une affaire de prêtres pédophiles dans sa paroisse. Révoltée par cette calomnie, Gabrielle entreprend des recherches. Des recherches qui signeront sa perte. Ou sa résurrection.

Je suis la maman du bourreau raconte avec une subtilité et une justesse époustouflantes le calvaire d’une mère murée dans son chagrin. Un portrait dérangeant, qui touche au cœur, et rend un hommage vibrant à ceux qui osent dénoncer l’innommable.

Né en 1971 à Orléans, David Lelait-Helo est biographe de Dalida, Eva Perón, Maria Callas, Barbara et Romy Schneider. Il est aussi l’auteur de nombreux romans dont Poussière d’homme. Il vit à Paris.

EAN : 9782350877594 / Nombre de pages : 208 / 17.50 € / Date de parution : 13/01/2022

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