Les vivants sont des rois, Floriane Joseph

Joris, Katia, Mathieu, Line, Calypso et Hector, en égrenant leurs noms j’entends la voix de Marie Laforêt, il manque le.. Et moi.
Six amis, et moi, qui les regarde et les espère.

Qui les attend tout au long de cette nuit dont ils sont les rois. Ils ne se sont pas revus depuis… depuis quand en fait ? Depuis ce jour là ? Ce soir-là ?
Ce soir ils sont tous réunis.

Joris qui vient de décrocher haut la main son diplôme, et que Mathieu regarde avec toujours autant d’amour dans les yeux.
Mathieu qui sait depuis toujours qu’il aime les garçons, et depuis longtemps qu’il est amoureux inconditionnel de Joris, amoureux sans espoir.
Hector, qui rentre de Vienne. Il était parti avant leur dernière rencontre, une chance inouïe cet Erasmus imprévu mais salutaire. Et plus encore puisque c’est en Autriche qu’il a rencontré celle qu’il aime et qui viendra bientôt le rejoindre à Paris.
Calypso et ses sushis végétariens, qui fait science-po et a un tatouage d’Aristochat dans le cou. Calypso la bobo silencieuse et décalée, qui entend dans sa tête la chanson de France Gall, que tous pourraient fredonner avec elle ce soir, Évidement.
Katia et ses études de philosophie, suivie de HEC. C’est compatible avec sa vision de la vie, hum, pas sûr mais qui sait. En tout cas elle s’en débrouille et jure de modifier le monde depuis l’intérieur, depuis là où ça fait mal.
Line, aimée de ses parents pourtant si peu proches d’elle, Line qui est actrice mais se rêve autrice, tragédienne.

Ils sont venus, ils sont tous là et dans l’air de la nuit flotte comme un sentiment de gêne, de non dit, pourtant ils sont bien là ces mots qu’on ne dit pas, ces noms qu’on ne prononce pas, ces souvenirs que tous ont en tête mais ne veulent pas verbaliser. Ils nous mènent à tour de rôle au bout de la nuit, des regrets, des questionnements, des pleurs et des chagrins.

Et peu à peu le drame se dévoile, les langues se délient, les pleurs, encore, mais salvateurs, réparateurs, qui ouvrent la voie aux lendemains qui chanteront, peut-être.

Car eux sont les vivants, et eux, ce soir, sont rois.

J’ai aimé une fois de plus l’écriture de Floriane Joseph que j’avais découverte lors de la parution de son premier roman. Ici point de princesse et de monde irréel comme dans La belle est la bête, mais elle nous dit avec justesse toutes ces questions que l’on se pose sur la vie, le drame, l’amitié, l’amour, la perte et l’oubli. Dans cet espace clos, dans ces quelques heures, tous les doutes, toutes les attentes, tous les espoirs sont évoqués et entendus.

C’est joliment écrit, les personnages sont campés en peu de lignes et pourtant ils ont une présence folle, chacun tient sa place. J’ai eu l’impression de les connaître tous, je les ai accompagnés jusqu’à l’aurore, je les ai tenus dans mes bras à travers cette longue nuit réparatrice et salvatrice.

Impossible d’en dévoiler davantage, mais que cette phrase semble juste, indispensable, apaisante : Les vivants ne sont pas coupables de n’avoir pas sauvé leurs morts. Ils sont là seule raison pour laquelle leurs morts sont restés vivants si longtemps. Les vivants ne font que ça, durant des années parfois, une vie entière même, chaque jour sauver leurs morts…. Chaque jour faire tenir une aube de plus.

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Cinq amis d’enfance se retrouvent, le temps d’une soirée.
Calypso, Thomas, Joris, Katia et Mathieu ne se sont pas revus depuis la Tragédie.
Mais cette nuit, à l’aube de tous les possibles, ils décident de tout oublier – passé, remords, regrets, absence – et de laisser l’ivresse les emporter, leurs liens se révéler, se nouer, ou se défaire comme un adieu à l’enfance qui, déjà, s’enfuit. Car ceux qui sont bel et bien là, ont le devoir de régner sur la vie en rois…

Prix public TTC 17.95 € / Date de publication 11/01/2024 / pages 162 / EAN 9782749952383

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