Le voyage dans le passé. Stefan Sweig.

Stefan Sweig, le maitre incontesté de la nouvelle, un art dans lequel il excelle

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Depuis que j’ai découvert les nouvelles de Stefan Sweig, je ne peux pas résister et j’achète dès que j’en trouve une, y compris pour celle-ci trouvée dans un vide grenier, rencontre propice à un échange sympathique avec une charmante vendeuse. Bon là c’est sûr le livre est un peu épais comparé au texte qui s’y trouve, à peine 90 pages dans un joli format.

Nous assistons aux amours contrariées par la vie, l’éloignement et la guerre, entre une femme mariée et un jeune homme -ce dernier doit choisir entre vivre un amour secret près de celle qu’il aime ou partir pour réaliser ses ambitions et réussir  sa carrière- puis neuf ans plus tard, à leurs retrouvailles. Mais que deviennent des sentiments exacerbés par l’absence et l’éloignement, quand chacun a poursuivi son chemin, quand le silence et la distance sont synonymes d’oubli et de souvenirs.

Quelle réussite, comme toujours l’auteur sait dépeindre à merveille les sentiments humains, amour, amitié, ambition, envie de réussir sa vie, tout est abordé en peu de lignes et peu de mots, dans un style concis et précis.

Stefan Sweig a l’art de faire passer tous ces sentiments confus et complexes, toutes ces impressions, ces mots que l’on dit et que l’on regrette aussitôt, les regrets et les désirs, les envies et les hésitations, tout y est. On suit les personnages et on vit avec eux la complexité des sentiments, faire revivre le passé ou ne pas y revenir, garder le souvenir ou tout recommencer, rien n’est simple et tout est suggéré dans ces quelques lignes.

Catalogue éditeur  Éditions Grasset

C’est l’histoire d’un amour contrarié par les circonstances de la vie : un jeune homme pauvre tombe amoureux de la femme de son riche employeur, qui est également son bienfaiteur. Elle l’aime aussi. Il est envoyé pour plusieurs années en Amérique Latine pour une mission de confiance ; elle lui promet de se donner à lui quand il reviendra. Mais ce retour ne cessera d’être différé : la guerre de 1914-18 éclate, empêchant toute traversée de l’Atlantique pour les ressortissants des pays ennemis de l’Angleterre ; le jeune homme finit par se marier et fonder une famille. Les retrouvailles n’ont finalement lieu que neuf ans plus tard et elles ont un goût amer. Le lecteur est pris par cette histoire d’amour impossible, émouvante, qui rappelle par bien des aspects la fin de L’éducation sentimentale. Une belle réflexion sur l’usure des sentiments et l’impossibilité de faire revivre le passé.