Elles venaient d’Orenbourg, Caroline Fabre-Rousseau

Fin du 19e siècle, le destin incroyable de deux femmes qui bravent les interdits

En 1894, deux jeunes femmes partent d’Orenbourg en Russie pour la Suisse puis la France. Parvenues jusqu’à Montpellier elles vont s’inscrire à la faculté de médecine. Elles vivent en Russie à une époque où la vie est déjà très difficile pour de femmes, mais aussi pour les juifs. Pogroms, assignation à résidence, privation de liberté, les empêchent de vivre normalement.

Ces deux femmes sont Raïssa Lesk qui épousera Samuel Kessel, deviendra la mère de Joseph Kessel et la grand-mère de Maurice Druon, et Glafira Ziegelmann qui sera la première femme admissible à l’agrégation de médecine. Il faut dire qu’en Russie, comme d’ailleurs dans de très nombreux pays à l’époque, les femmes ne pouvaient pas s’inscrire en faculté de médecine ni exercer certains métiers que les hommes réservaient aux hommes.

Toutes deux rêvent de faire médecine, c’est cette ambition commune qui les pousse à partir pour la Suisse. Elles s’y plaisent, y rencontrent des compatriotes, mais doivent finalement s’inscrire à Montpellier pour finir leurs études et espérer pouvoir exercer un jour dans leur pays. Là, elles bravent tous les interdits, étudiantes au même titre que les hommes, elles pratiquent même la dissection de cadavres, rien ne les rebute pour apprendre ce métier qui les passionne.

Pourtant, leurs destins prennent des chemins différents lorsque Raissa rencontre Samuel Kessel. Elle se marie rapidement, et abandonne ses études pour le suivre jusqu’en Argentine.

Glafira Ziegelmann rencontre Amans Gaussel, devient médecin puis se spécialise en obstétrique. Son mari, médecin également, et ses professeurs, la poussent à poursuivre ses études et à passer l’agrégation. Mais une femme étudiante, médecin, puis spécialiste, passe encore, mais ces messieurs de l’institut ne peuvent admettre qu’une femme, aussi brillante soit-elle, devienne leur égale ; elle ne pourra pas se présenter à l’oral malgré son éclatant succès à l’écrit. Le difficile chemin des femmes vers une forme d’égalité est particulièrement bien montré ici. Oui, une forme d’égalité, car en plus d’étudier et de travailler, Glafira doit aussi tenir son foyer, élever les enfants, être une femme et une épouse accomplie. 

Voilà deux héroïnes absolument passionnantes qui revivent dans ce roman qui tient de la biographie. Je découvre leurs parcours et j’admire leur volonté, elles qui ont eu le courage de quitter leurs familles, mais aussi un pays où la vie était déjà très difficile pour les juifs, pour poursuivre leur passion.

J’avais déjà apprécié l’écriture de Caroline Fabre-Rousseau en découvrant le roman La belle-sœur de Victor H. dont je vous avais parlé ici.

Catalogue éditeur : éditions Chèvre-feuille étoilée

Montpellier, 1894 : deux jeunes filles russes s’inscrivent à la faculté de médecine. Exactes contemporaines de Marie Curie, elles connaîtront elles aussi un destin exceptionnel. Raïssa Kessel et Glafira Ziegelmann.

Caroline Fabre-Rousseau, romancière a un penchant certain pour les oubliés de l’histoire. Mêlant recherches et fiction, elle exhume des époques et des personnages, réels ou imaginaires, pour mieux les arracher à l’oubli. Sa précédente biographie faisait revivre Julie Duvidal, artiste peintre reconnue en son temps, écrasée par l’ombre de son beau-frère Victor Hugo.
Biographie croisée, « Elles venaient d’Orenbourg » raconte avec sensibilité et érudition deux parcours contrastés et révélateurs de la condition féminine au tournant du 19e siècle.

17,00€ En librairie le 15 février 2020 / ISBN : 9782367951416

2 réflexions sur “Elles venaient d’Orenbourg, Caroline Fabre-Rousseau

  1. Choup avril 16, 2020 / 20:10

    Voilà qui a l’air absolument passionnant! merci!

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    • Domi avril 17, 2020 / 10:08

      Oui, tout à fait, c’est bien écrit et l’histoire de ces deux femmes est effectivement passionnante

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