Adieu Tanger, Salma El Moumni

De la difficulté d’être fille aujourd’hui encore dans certains pays, ou certains communautés

Alia aime Tanger, sa ville, celle de sa famille, celle où elle a rencontré Quentin, le beau français aux boucles blondes, l’expatrié qui fréquente le même lycée qu’elle.

Dans sa vie, Alia cherche l’amour et le regard du père, mais fuit celui de tous ces hommes qui la déshabillent du regard.

Chaque jour elle cherche à comprendre pourquoi ils le font, ce qu’ils voient, ce qu’ils veulent, ce qu’ils détestent, ce qu’ils fuient, ce qui les attire. Et chaque jour, pour tenter de comprendre ces regards intrusifs posés sur elle, elle se prend en photo dans le silence et le secret de sa chambre. Photos de plus en plus intimes, déshabillées, inavouables mais rendues possibles car à elle seule destinées.

Jusqu’à la trahison ultime, jusqu’au jour où elles sont postées sur Instagram par celui en qui elle avait toute confiance. Mais au Maroc publier ce genre de photo est punissable par la loi. Un outrage à la pudeur involontaire qui la contraint à quitter le pays pour s’installer à Lyon. Là, il faut se récréer une vie, des relations, trouver un travail, et accepter le départ forcé vers l’étranger qui sans cesse la rejette et la cantonne au seul rôle de marocaine émigrée.

Désormais, chaque jour est synonyme de souffrance, chaque jour elle cherche l’amour d’un père qu’elle n’a jamais eu, aurait-il fallu être né garçon pour avoir l’heur de lui plaire… Aurait-il fallu être autre ? Ou au contraire son plus grand défaut n’est-il pas d’être si semblable à celui qui l’ignore dans ses aspirations, ses envies, ses attentes.

Un roman sur l’exil, mais surtout sur le manque cruel de reconnaissance et d’amour d’un père envers sa fille, qui hante toute une vie de jeune fille, de jeune femme, et trace des blessures indélébiles, quel que soit l’avenir qu’elle cherche à se forger.

L’écriture à la deuxième personne est parfois difficile à lire, mais montre bien la distance entre celle qui vit le temps présent, celui de l’exil en France et celle qui a vécu cette enfance et cette adolescence qu’il a fallu fuir pour se reconstruire ailleurs. Comme un autre moi auquel la narratrice s’adresse pour mieux la comprendre et la soutenir, l’aider à avancer, loin de Tanger, à jamais.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury du Prix littéraire de la Vocation 2023

Catalogue éditeur : Grasset

Dans les rues de Tanger, Alia se sait scrutée. Sa présence dérange sans qu’elle comprenne pourquoi : on la déshabille du regard, on l’insulte, on la suit. Alors dans le secret de sa chambre, elle commence à se prendre en photo. Elle pose pour voir ce que les hommes voient, et ces séances deviennent peu à peu son rituel.Alia fréquente Quentin, un français de son lycée. À ses côtés, elle découvre un monde de privilèges, de désinvolture, mais une liberté finalement bien fragile. Lorsque ses photos se retrouvent e, ligne, coupable d’outrage à la pudeur malgré elle, Alia doit fuir son pays. Sans savoir si elle reverra un jour Tanger, elle s’installe à Lyon où elle se croit enfin à l’abri. Jusqu’à ce que son passé finisse par la rattraper. Le premier roman de Salma El Moumni raconte le pouvoir destructeur de certains regards. De sa plume acérée, la jeune romancière décrit l’impossible retour chez soi et la douleur du déracinement. Une entrée fracassante en littérature.

EAN 9782246831983 Prix 18,00 € / EAN numérique 9782246831990 Prix 12,99 € / Date de parution 30/08/2023

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