La Louisiane, Julia Malye

En 1720, elles sont toutes pensionnaires de la Salpêtrière ou de la Grande Force. C’est dire que ce sont des femmes ou des filles qui ne peuvent plus rien attendre de la vie à Paris. Soit orpheline, abandonnée à la naissance, comme Charlotte, soit internée là par la famille, trop indépendante, trop singulière, pas dans le moule voulu par la famille comme Pétronille, soit ayant osé devenir ces faiseuses d’anges qui aident les femmes mais sont condamnées par la société, comme Geneviève.

Geneviève, Charlotte, Étiennette, Pétronille, sont sélectionnées pour aller peupler la Louisiane, cette terre française où sont déjà installés les hommes à qui il faut trouver des épouses qui leur feront de nombreux enfants pour vite peupler le pays. Soit disant volontaires, mais en fait quelle belle opportunité de se débarrasser de ces femmes encombrantes. Indispensable aussi qu’elles soient en âge de procréer, ce qui a cette époque signifie à partir de 13 ans.

Elles vont donc, après un long périple de Paris jusqu’au Havre, embarquer à bord de la Baleine, l’un des vaisseaux qui dans ces année là ont emmené de nombreuses femmes, ou hommes, dans ces contrées lointaines, sauvages et inhospitalières de la Louisiane.

Et nous allons les suivre tout au long de leur voyage. Geneviève, Charlotte et Pétronille plus précisément. La sélection des femmes à l’arrivée, quand il faut vite leur trouver un mari, ou plutôt les attribuer à chaque homme cherchant à fonder une famille, ou cherchant une femme pour gérer le quotidien. Elles restent plus ou moins soudées, bien que ne se connaissant pas au départ, les jours et les jours de voyage ont créé un lien. Certaines restent à Mobile et sur l’embouchure du fleuve, d’autres partent au loin vers les territoires indiens.

Chacune à sa façon va vivre tout ce que les femmes vivent alors, violence intra-familiale, coups, pauvreté, enfants à la chaîne, soumission à l’homme seul maître à bord du foyer.

Leur amitié, bien que précaire et souvent superficielle va résister au temps, mariages, naissances, deuils, solitude, famille, violences, mais aussi au climat, aux ouragans, à tout ce qu’il faut affronter pour tenter de s’installer durablement.

Un roman qui me faisant très envie, mais j’avoue que par moment je me suis un peu ennuyée, beaucoup de longueurs, et des personnages pas vraiment attachants, ou alors un peu trop de personnages qui passent et nous perdent un peu. Pourtant, j’étais très intéressé par la période, le sujet, l’idée de parler de ces femmes restées dans l’ombre, la façon dont les familles se débarrassaient d’elles, puis comment l’institution de la Salpêtrière les a envoyées dans des conditions déplorables sur des terres inhospitalières et souvent hostiles, pour plaire au pouvoir et remplir des cases.

J’ai aimé y retrouver la réalité de la conditions féminine de l’époque, quand les femmes ne sont jamais indépendantes, restent soumises au père, au frère au mari, et même à l’autorité administrative si en plus elles possèdent des terres.

Enfin, intéressant passages sur les indiens Natchez, en particulier sur la difficile cohabitation, le désir d’aider et de faire connaître les remèdes ou les recettes des tribus indiennes, avec Utu’wv Ecoko’ nesel la petite Natchez.

En fait j’ai à moment donné arrêté l’écoute, que j’ai reprise plus tard, et là ça allait un peu mieux. Mais je lui ai trouvé malgré tout beaucoup de longueurs. Et je ne me suis pas sentie assez immergée dans le territoire, cette Louisiane hostile qu’il faut dompter pour s’y installer durablement.

J’ai aimé la voix de la lectrice. Valérie Nuzzi a le ton qu’il faut, la douceur ou la force dans la voix pour incarner ces femmes. Et donner à chacune sa singularité, ses craintes, ses doutes, ses aspirations, ses espoirs, sa façon d’appréhender la vie. Sa voix est douce, posée, parfois complice, parfois secrète, tourmentée ou sereine, elle réussi à faire passer les sentiments, inquiétudes et espoirs, ou même le fatalisme que chacune porte en elle. Ah, et bravo pour avoir prononcé un nombre incalculable de fois le prénom de la jeune Natchez !

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2024

Catalogue éditeur : Stock, Audiolib

Paris, 1720. La Supérieure de la Salpêtrière, est mandatée pour sélectionner une centaine de femmes « volontaires » qui seront envoyées en Louisiane afin d’y épouser les colons français.
Parmi elles, trois amies improbables : Charlotte, une orpheline de douze ans à la langue bien pendue ; Pétronille, une jeune aristocrate désargentée et Geneviève, une faiseuse d’anges. Comme leurs compagnes à bord de La Baleine, elles ignorent tout de ce qui les attend au-delà des mers.
Ces étrangères réunies par le destin devront braver l’adversité et traverser une vie faite de chagrins d’amour, de naissances et de deuils, de cruauté et de plaisirs inattendus. Et d’une amitié forgée dans le feu.

Parution : 13/03/2024 / Durée : 12h45 / EAN 9791035415419 Prix du format CD 27,90 € / EAN numérique 9791035416058 Prix du format Numérique 24,95 €

4 réflexions sur “La Louisiane, Julia Malye

  1. Jean-Paul Degache juin 18, 2024 / 09:06

    Voilà un livre que je veux lire… pas écouter… car j’ai eu la chance de rencontrer Julia Malye au Printemps du Livre de Grenoble et elle a su vraiment me motiver pour lire La Louisiane. Ton avis me refroidit un peu mais j’y arriverai sûrement. Enfin, j’espère…

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    • Domi juin 18, 2024 / 09:13

      je pense qu’en lecture papier j’aurai lu plus rapidement et sans doute mieux apprécié, n’hésites pas !

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  2. ingannmic juin 18, 2024 / 11:52

    Tu n’es pas la première à exprimer des bémols, notamment à propos de longueurs.. aussi, malgré tout l’intérêt que présente son sujet, je passe..

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    • Domi juin 18, 2024 / 20:42

      peut-être que j’en attendais trop sur la Louisiane de cette époque justement. mais pour ce qui est de la condition des femmes alors, le sujet est bien traité

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