Lucie ou la vocation. Maëlle Guillaud

Lucie ou la vocation, le premier roman de Maëlle  Guillaud décrypte sans équivoque la complexité des relations entre les sentiments religieux et les dictats de la Religion. Que l’on ait la foi ou pas, ce roman vous marquera forcément !

Lucie aime et Lucie aime sans retour, sans compter, sans peur de se tromper… mais Lucie aime celui pour lequel il faut donner sa vie sans compter, sans retour, et qui sait peut-être sans peur de se tromper… Contre l’avis de tous, alors qu’elle est une brillante étudiante en Khâgnes, Lucie découvre sa vocation, son amour inconditionnel pour ce Dieu à qui elle décide de dédier sa vie. Au grand désespoir de sa mère dont elle est la fille unique et qui rêvait déjà de petits enfants à dorloter, au grand désespoir aussi de Juliette, son amie de toujours, sa presque sœur, qu’elle abandonne sans regrets en rentrant dans les ordres.

Car Lucie va rentrer dans les ordres, et pas n’importe où puisqu’elle choisi une congrégation de sœurs qui font vœu de silence et s’enferment au couvent. Amour absolu et incompréhensible pour la plupart de ceux qui l’entourent, mais avouons-le aussi pour la plupart d’entre nous lecteurs qui nous pensons libres et éclairés. Pour moi en tout cas, qui n’imagine pas qu’une telle vie puisse être rêvée par des jeunes filles d’aujourd’hui. Voilà donc un livre étonnant qui nous plonge dans une communauté et un univers que j’ai ressenti comme quasiment carcéral, avec ses tentions, ses rancœurs, ses jalousies, entre femmes qui ont fait vœu de pauvreté, abstinence et … obéissance. Jeux de pouvoir au sein de ce couvent, entre la mère supérieure et toutes celles qui espèrent un jour accéder au titre, dominer les autres. Car l’univers d’un couvent est conforme à la société, avec ses tensions et ses jalousies, son amour absolu pour un Dieu omniprésent et pourtant absent, avec ses doutes quant à la justesse du chemin choisi. Et au dehors, mais si proche, les doutes d’une adolescente qui pressent sa vocation puis l’assurance d’une presque adulte qui affirme sa vocation, l’amitié plus forte que tout, l’amour inconditionnel d’une mère, de celles ou ceux qui ne comprennent pas mais qui doivent accepter pour ne pas perdre….

Je n’ai pas pu m’empêcher de faire la comparaison avec ceux qui s’embarquent pour faire le Jihad… sûrs de leur choix, terrible et incompréhensible pour leurs proches, ou ceux qui se convertissent quand ils pensent qu’ils ont trouvé la lumière, la voie. Ah, l’absolu pouvoir d’une religion et de ses extrêmes. L’incompréhension face à celui qui s’engage sans possibilité de retour. Voilà un livre assez dérangeant. Je pensais ne pas aimer, et en fait je me suis laissée happer par Lucie, sa foi qui l’emporte là où tant auraient abandonné, sur des chemins difficiles et si compliqués, si tendus, loin finalement de son idéal religieux d’amour absolu et joyeux, mais dans un univers dont on ne ressort pas si facilement.

Cette vie ou une autre, laquelle vaut le coup d’être vécue ? Et si elle avait raison ? Lesquels sont dans le vrai finalement, ceux qui doutent ou Lucie qui va au bout de son amour ? Je n’ai toujours pas de réponse. Même si « Lucie ou la vocation » est réellement un livre qui interroge le lecteur, j’avoue que je l’aurai bien parfois secouée un peu pour qu’elle réagisse !

« Christophe Colomb partait à la recherche des Indes, et qu’a-t-il découvert ? L’Amérique ! Partir à la recherche de Dieu aboutit à une découverte tout aussi imprévisible ! « 

#RL2016


Catalogue éditeur : Editions Héloïse d’Ormesson

Avec une sensibilité et une justesse infinies, Maëlle Guillaud nous entraîne dans un monde aux règles impénétrables.
En posant la question de la foi et en révélant sa puissance à tout exiger, Lucie ou la vocation entre en résonance avec l’actualité.

ISBN : 2350873749 / Parution : 18/08/16

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