Un homme ça ne pleure pas. Faïza Guène

Dans « Un homme ça ne pleure pas » le roman Faïza Guène, tradition et modernité cohabitent dans cette famille qui nous transporte sur les bords de la méditerranée, pour notre plus grand bonheur de lecteur.

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A Nice, où il vit avec ses parents, Mourad Chennoun apprend la vie et découvre le monde dans une famille algérienne aux parents qui confinent à la caricature, mais tellement attachants qu’on a envie de les connaître. Son père est cordonnier. Bien qu’il ne sache ni lire ni écrire il s’intéresse à la vie, aux nouvelles du pays, demandant à son fils de lui faire la lecture avec « l’accent d’un journaliste », lui qui porte au revers de sa poche de chemise des stylos Bic avec capuchon, pour faire sérieux, comme il l’a vu faire par son médecin. Et  surtout il est celui qui dit à son fils qu’« un homme ça ne pleure pas » ! Sa mère déborde d’amour pour ses enfants. Elle est envahissante, aucune fille ne sera assez bien pour son fils, il n’y a aucun avenir pour ses filles en dehors d’un bon mariage, aucun petit plat n’est mieux fait que par ses soins, elle qui est capable de remplir la valise de son fils de nourriture, même lorsqu’il partira pour Paris. Ses sœurs, Dounia, rebelle, elle a soif de liberté, de s’instruire, et de pouvoir décider de sa vie sans rentrer dans le cadre que lui a dessiné sa mère, mari, enfants, cuisine. Ses conflits avec les parents lui feront quitter définitivement le domicile. Sans espoir de retour. Enfin il y a Mina, la plus jeune sœur, celle qui reste près des parents, femme au foyer, mère raisonnable, proche de sa mère tyrannique et aimante.

Mourad a soif de vivre, même si l’idée de se retrouver loin est terriblement stressante. Ses études lui permettent de partir sans que la rupture soit définitive, bien au contraire puisqu’il est l’homme de la famille, celui qui porte tous les espoirs. Il va alors découvrir la liberté en même temps que la tyrannie de sa mère, qui menace de mourir s’il ne lui téléphone pas chaque jour. Ah, ces parents envahissants qui ne comprennent pas que leur enfants sont étouffés par ces débordements d’amour, que d’ailleurs ils ne seront ni capables ni enclins à rendre, alors que bien souvent les parents attendent tellement en retour.

C’est pour Mourad la découverte de la vie à Paris, des écoles en zone difficile, des relations parents profs ou entre collègues, des retrouvailles inattendues avec un cousin éloigné qui s’en sort plutôt bien. C’est un nouveau monde qui s’ouvre, et Mourad n’a plus vraiment envie de revenir. Mais quand le padre tombe malade, tous les murs infranchissables qui avaient été élevés pour renier Doumia vont tomber. Mourad sera là pour la famille, celle qui envahi, celle qui aime, celle qui protège, celle qui pardonne. Les personnages sont presque tous caricaturaux, mais pourtant tous terriblement attachants !

J’ai vraiment aimé ce roman, rempli d’humour, de tendresse bourrue, de clichés aussi sans doute, mais tellement  fin, agréable à lire, débordant d’optimiste même lorsqu’il aborde la maladie. C’est un régal de lecture à savourer intensément.

Catalogue éditeur : Fayard

Né à Nice de parents algériens, Mourad voudrait se forger un destin.
Son pire cauchemar : devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri par sa mère à base d’huile de friture. Pour éviter d’en arriver là, il lui faudra se défaire d’un héritage familial pesant.
Mais est-ce vraiment dans la rupture qu’on devient pleinement soi-même ?
Dès son premier roman (Kiffe kiffe demain, Hachette littératures, 2004), Faïza Guène s’est imposée comme une des voix les plus originales de la littérature française contemporaine.

EAN : 9782213655147 / Littérature française / Parution : 03/01/2014 / 320 pages / Format : 135 x 215 mm

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