Le ciel par-dessus le toit, Nathacha Appanah

Dans Le ciel par-dessus le toit, le nouveau roman de Nathacha Appanah, il y a un jeune Loup mal dans sa peau, une famille sans amour, et l’espoir distillé comme une rédemption.

Eliette est une jeune fille très belle adulée et poussé par ses parents. Elle chante bien et sa voix est un cristal que tous ont envie d’écouter, surtout à la soirée annuelle de l’usine où travaille son père. Les parents, fiers et heureux, poussent la fillette sur l’estrade, coiffée, maquillée, (elle m’a fait penser à ces petits filles que leur mère poussent aux concours de miss) mais rien de cela ne lui plait, elle ne le fait que pour répondre à l’amour et à l’admiration de ses parents. Jusqu’au jour de ses onze ans, jusqu’à cet homme, jusqu’au point de rupture…

A partir de ce jour, Éliette disparait, Phénix renaitra de ces douleurs intenses, aura deux enfants sans père et se tiendra loin d’eux. Pas de caresse ni d’amour échangé, pas de geste tendre, la mère fuit son enfance et ses souvenirs douloureux en prenant ses distances avec ses enfants, et fracasse à son tour l’enfance de ceux qu’elle a mis au monde. Sa fille Paloma a quitté le foyer en abandonnant Loup, son petit frère. Mais le chagrin de ces années d’attente est trop fort, Loup prend la voiture de sa mère et part à la recherche de sa sœur. Cela ne se fera pas sans dommage.

Il y a tout au long de ce roman une forme très poétique qui crée une distance, qui rend plausible, mais aussi acceptable la douleur et la souffrance de chacun des protagonistes. Avec ce regard empreint de délicatesse qui la caractérise, Nathacha Appanah dit la douleur, l’absence, le mal aimer et le mal être. En peu de phrases – le roman est particulièrement court- elle pose les bases d’un amour qui ne s’avoue pas mais qui attend, tapi dans l’ombre, pour éclairer les jours sombres et les vies dépourvues de sentiments.

Comment se construit-on quand personne ne nous aide ni ne vous distille ces gestes d’amour si importants pour avancer ? Est-on l’exact contraire de l’enfance que l’on a fui ? Dans Le ciel par-dessus le toit, il y a l’enfance gâchée, le manque ou le mauvais amour. Il y a l’enfermement et la prison de ces ados qui ne peuvent pas en sortir indemnes. Il y a une mère qui avance à tâtons pour se créer une carapace et exister malgré son passé. Il y a la crainte de souffrir, celle de répéter les erreurs du passé qui ont fait tant de mal. Il y a la rédemption, l’amour filial ou maternel plus fort que tout.

Retrouvez également les avis de Léa Touch Book, Henri-Charles de Ma collection de livres.

Du même auteur, j’avais particulièrement aimé Tropiques de la violence que je vous invite à découvrir.

Catalogue éditeur : Gallimard

«Sa mère et sa sœur savent que Loup dort en prison, même si le mot juste c’est maison d’arrêt mais qu’est-ce que ça peut faire les mots justes quand il y a des barreaux aux fenêtres, une porte en métal avec œilleton et toutes ces choses qui ne se trouvent qu’entre les murs.
Elles imaginent ce que c’est que de dormir en taule à dix-sept ans mais personne, vraiment, ne peut imaginer les soirs dans ces endroits-là.»
Comme dans le poème de Verlaine auquel le titre fait référence, ce roman griffé de tant d’éclats de noirceur nous transporte pourtant par la grâce de l’écriture de Nathacha Appanah vers une lumière tombée d’un ciel si bleu, si calme, vers cette éternelle douceur qui lie une famille au-delà des drames.

128 pages, 140 x 205 mm / Parution : 22-08-2019 / ISBN : 9782072858604 / Prix 14,00 €

4 réflexions sur “Le ciel par-dessus le toit, Nathacha Appanah

  1. Mumu dans le bocage septembre 24, 2019 / 09:36

    J’avais beaucoup aimé l’écriture de Nattacha Appanah dans Tropique de la violence et son interview à la LGL m’a donné envie de lire celui-ci et puis l’amour maternel est un sujet inépuisable 🙂

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  2. Choup septembre 26, 2019 / 08:25

    Un roman que j’ai beaucoup aimé. En effet, il y a une poésie qui contraste sacrément avec la violence et la douleur qui habitent cette histoire. Ma première lecture de l’auteure, qui ne sera pas je pense, la dernière.

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