Le corps d’après, Virginie Noar

Le corps d’après, de Virginie Noar, c’est ce corps qui vient après l’adolescence, après l’amour, après l’enfant, celui qui pousse dans le corps des filles et le transforme en corps de mère…

La narratrice est une jeune femme à l’enfance compliquée. L’amour, le désir, la violence et les errances ont peuplé son adolescence. Aujourd’hui, l’idée de ce qui deviendra un enfant émerge avec le premier test de grossesse, premières émotions partagées avec le futur père… Mais ce qui importe n’est-il pas de savoir comment être mère, le devient-on, est-ce automatique, cet instinct maternel dont tout le monde nous bassine les oreilles, existe-t-il ?  Et comment se déroule cette période hors du temps, d’un corps qui se transforme pour en abriter un autre, étranger et tellement proche.

Viennent alors les incertitudes, les angoisses, les questionnements, et si je ne savais pas, et comment va se transformer ce corps qui ne m’appartient presque plus. En parallèle, et en italique dans le roman, les souvenirs d’enfance, une enfance pas si facile ni si gaie que cela, à rechercher l’amour d’une mère.

Etonnant, violent, contestataire, Le corps d’après est un livre combat. Ce combat pour se réapproprier son corps, celui en mutation, qui en invente un autre, qui se dédouble, mais qui pendant des mois va appartenir aux obstétriciens qui l’auscultent, l’observent, le fouillent, le violentent contre ou malgré la volonté des femmes. Qui devra être conforme aux attentes d’une société moralisatrice et contraignante, parsemée d’interdits et d’obligations, et du côté du corps médical, de dictats et d’examens forcés, non expliqués, non acceptés mais fait comme si le consentement médical n’avait pas à être demandé.

Car comment lutter si l’on ne sait pas, si l’on n’ose pas, par méconnaissance souvent, par peur, par crainte de mal faire. La femme tente de protéger coûte que coûte cette intégrité qu’on lui refuse parfois, par habitude, lassitude, parce qu’on est le sachant. Face à ces violences gynécologiques qui semblent d’un autre temps, mais qui sont bien contemporaines, la narratrice ose dire non.  Puis vient le temps de l’accouchement, ce plus beau jour de sa vie, qui se fait dans la douleur, l’incertitude, le silence et le mépris de ces sachant qui une fois encore n’expliquent pas, ne rassurent pas…

Donner la vie, une violence inconnue, inavouable, un bonheur aussi, celui de créer cet autre qui sort de soi… que l’on découvre peu à peu, auquel on doit s’attacher, mais aussi se détacher pour le laisser être lui.

Roman lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois

Catalogue éditeur : éditions François Bourin

C’est le début. L’absence de sensations. Les inquiétudes irrationnelles. La peur que, soudain, tout s’arrête. Alors, stupéfier les joies dans le sillon des lendemains incertains. Ne pas s’amouracher d’un tubercule en formation, c’est bien trop ridicule et puis, sait-on jamais, il pourrait. Mourir. Je me sens coupable. D’un bonheur qui ne vient pas. Je me sens coupable. Des larmes insensées alors que je devrais sourire. Et puis, ce matin-là, j’entends. Entre les quatre murs silencieux qui ne voient pas le désordre alentour, j’entends. Le balbutiement de son cœur.

Le Corps d’après est le récit d’un enfantement, et d’une lutte. Contre les injonctions, le bonheur factice, le conformisme. Au bout du chemin, pourtant, jaillit la vie. Celle qu’on s’inventera, pied à pied, coûte que coûte. Pour que, peu à peu, après la naissance de l’enfant, advienne aussi une mère, femme enfin révélée à elle-même.

Virginie Noar, pigiste et travailleuse sociale, a trente-cinq ans. Elle exerce dans un espace de rencontre parents-enfants. Le Corps d’après est son premier roman. Elle réside en Ardèche, à Joyeuse.

Date de parution : 22 août 2019 / Format : 13 x 20 cm / Pages : 256 / ISBN : 979-10-252-0456-6 / Prix public : 19 €

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