Dis-moi que tu mens. Sabine Durrant

Paul Morris, le narrateur, se souvient du moment qui a tout déclenché, du moment où il est entré dans une librairie, … du moment donc. Mais que s’est-il passé ?

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A Londres, Paul Morris, écrivain célèbre après avoir publié un premier roman est tombé dans l’oubli, il est incapable d’écrire à nouveau. Sans emploi, sans inspiration, il vit dans des appartements qu’on lui prête pendant l’absence des véritables propriétaires, ou alors rentre chez sa mère, à bientôt 40 ans ! Il raconte qu’il est sur le point de terminer son prochain roman, mais il se piège tout seul dans l’absurdité de son quotidien inventé. C’est finalement quelqu’un de tout à fait détestable qui pourtant nous tient en haleine pendant tout le roman.

Aussi, lorsqu’il croise la route d’Andrew, un ancien copain de fac, et de Tina, une jolie jeune femme qu’il va lui présenter, il n’arrivera pas à sortir de son ornière, et va s’y enfoncer encore plus profondément. De hasard en rencontres plus amicales, puis plus intimes, il s’installe chez Tina, au grand dam de ses enfants qui ne lui font pas un super accueil. Il saute aussi sur l’occasion lorsqu’incidemment elle lui propose de partager leurs vacances en Grèce. Là, avec la famille d’Andrew, elle loue pour le dernier été une maison dans le village où, des années auparavant, sa sœur d’Andrew et ancienne amie de Paul, avait disparu.

Après des péripéties inavouables pour parvenir à les rejoindre sur leur lieu de villégiature, Paul va tout faire pour s’intégrer au groupe sans trop dépenser et sans montrer à quel point il est fauché. Les vacances idylliques sont là, à portée de main, de serviette de plage et de peau bronzée, sous la  belle lumière des iles grecques.

Mais ce qu’il pensait être des vacances de tout repos va vite se transformer en une aventure pas du tout banale, où l’amie disparue va occuper toute sa place, où celui qui pensait manipulé n’est pas forcément celui qu’on croit, et où le mensonge ne mène pas forcément au meilleur des mondes possibles. Car sous le soleil de Grèce les menteurs s’enlisent, les amis se dévoilent, les comptes sont enfin soldés.

Malgré parfois quelques longueurs, mais sans doute fallait-il bien installer l’intrigue, voilà un roman tout à fait étonnant. Construit avec un suspense qui monte crescendo, une intrigue intelligente et fine, il entraine le lecteur vers des sommets tout à fait inattendus. J’ai vraiment aimé me laisser surprendre et séduire par la faconde et le bagou de Paul (malgré le fait qu’il dégage une certaine antipathie !) l’écouter manipuler son monde, tenter de faire le malin puis de se sortir de ses propres imbroglios. Car à machiavélique, machiavélique et demi ! Le tel est pris qui croyait prendre trouve ici toute sa signification.

Une écriture adroite, qui vous pousse à la fin de chaque chapitre à lire juste un paragraphe du suivant, puis encore le suivant, qui par petites touches subtiles, distille doucement l’impression qu’il va réellement se passer quelque chose, puisque le narrateur en parle et se demande comment il aurait pu éviter ça. Ça ? Oui, ça bien sûr, alors à vous de lire « Dis-moi que tu mens » pour en savoir un peu plus et vous laisser séduire par Paul, Tina, et peut-être Andrew… En tout cas par quelque menteur magnifique qui va vous emberlificoter jusqu’au bout !

Voilà un roman à la couverture tellement lumineuse et si gaie qu’on a envie de le dévorer, surtout pendant les vacances ! Quelle bonne idée cette collection des éditions Préludes, ni vraiment en poche, ni tout à fait en format classique, mais qui en plus propose des nouveautés à des prix abordables.

💙💙💙💙

Catalogue éditeur : Préludes

Tout commence par un mensonge. De ceux qu’on fait tous pour impressionner une vieille connaissance. L’histoire de votre vie, légèrement embellie, face à cet avocat brillant, époux et père comblé, que vous avez croisé par hasard.
Puis, sans savoir comment, vous vous retrouvez à dîner chez lui, à accepter une invitation en vacances, propulsé dans une vie de rêves – celle à laquelle vous avez toujours aspiré. Jusqu’à ce que cette vie ne semble plus si idyllique…
Mais vous êtes déjà pris au piège, transpirant sous l’impitoyable soleil de Grèce, brûlant d’échapper à la tension ambiante. Alors vous comprenez que, si douloureuse la vérité soit-elle, ce sont vos mensonges qui ont causé le plus de tort… Et, à ce moment-là, il est déjà trop tard.

Parution : 03/05/2017 / Format : 130 x 200 mm / Nombre de pages : 416 / EAN : 9782253107897 / Prix 16 ; 90€

Chut, Charly Delwart

Quand les écrits remplacent la parole, des mots pour dire les cris et la révolte, c’est Chut, l’étonnant roman de Charly Delwart

Athènes, de nos jours. Dimitra Aegiolis grandit. Tout la perturbe, son corps, sa vie, sa famille, cette ville, ce pays dans lesquels elle vit et qu’elle ne reconnait pas. Et pourtant, Dimitra n’a que quatorze ans, la vie devant elle et tout à découvrir. Un jour devant sa glace, devant cet inconnu qu’est ce corps qui se transforme, elle prend une décision importante, celle de ne plus parler pendant un temps encore indéterminé. La décision prise, il faut l’annoncer, à cette famille qui se délite, ses parents qui se séparent, sa sœur qui ne la comprend pas, son frère qui s’éloigne (pour fuir ou pour se protéger ?) à l’école et à ses professeurs dubitatifs et perplexes, à cette grand-mère à qui elle n’a rien à reprocher, mais qui finalement aime son silence.

Alors la parole est remplacée par les mots, ceux que Dimitra va lire dans les bibliothèques, pour s’imprégner des paroles des sages de la Grèce antique, des grapheurs, connus ou pas, qui crient leurs mots sur les murs des villes du monde. Dans cette ville aux murs constellés de graffitis, d’affiches, de cris de révolte, petit à petit, Dimitra a trouvé un vecteur pour ses pensées, son cahier pour communiquer, ses mots sur les murs pour s’exprimer. Timides et désordonnés tout d’abord, puis plus structurés, percutants, aux intentions mieux affirmées, ses mots sur les murs sont comme des messages et des bouteilles à la mer pour ceux qui l’entourent, pour les passants, pour les touristes. le tout dans une Grèce en pleine période de crise financière et politique, le chômage, les déficits, les manifestations, la révolte conte le FMI et les banquiers du monde qui ne laissent plus vivre les hommes en paix.

L’intrigue est intéressante et m’a bien plu, mais que dire de cette écriture, des phrases sans verbes ou sans pronom, qui s’étirent indéfiniment sans ponctuation, des phrases aux structures étranges qui perdent le lecteur. C’est fastidieux à lire. Certes l’écriture est voulue ainsi par Charly Delwart, mais honnêtement je m’y suis perdue et j’ai parfois eu envie de fermer le livre uniquement à cause de ça. Ç’aurait été dommage, mais du coup je n’ai pas eu un grand plaisir à lire ce roman. Mais Chut, je ne vous en dis pas plus, vous pouvez aller voir par vous-même.

Catalogue éditeur : Seuil

Dans la Grèce plongée au cœur de la crise, une jeune fille de quatorze ans décide d’arrêter de parler et se met à écrire sur les murs d’Athènes, au milieu des inscriptions qui se multiplient dans la ville pour dénoncer le système qui a conduit à l’effondrement. Ses slogans à elle sont tournés vers l’après, car elle est de la génération qui devra reconstruire, croire. Ses parents se séparent, sa sœur ne veut rien savoir, son frère s’est exilé, son entourage est perplexe. Mais elle tient bon.

Date de parution 08/01/2015 / 17.00 € TTC / 176 pages / EAN 9782021219234