Plongez les yeux fermés dans la vie de ces trois générations de femmes en Tchécoslovaquie et vous ne le regretterez pas !
Tchécoslovaquie, dans les années 30, Magdalena est employée dans une ferme, propriété de riches patrons. Une attirance pour le fils du patron, étudiant à Vienne, une nuit d’abandon, une nuit d’incendie, et sa vie bascule. Tout comme sa mère avant elle, Magdalena va donner naissance à une bâtarde. Nous voilà donc immergés dans cette famille de femmes : Marie, une grand-mère gynécologue, dure mais juste, froide mais sensible, elle a fui Vienne lors de la partition du pays ; une mère, Magdalena, quitte la ferme et revient au village lorsqu’elle met au monde son enfant ; une fille Libuse ; puis Eva, une petite fille, chacune ayant les rêves de son temps.
Elles subiront les mêmes offenses que leur pays : la partition du pays, l’occupation par les nazis, le joug soviétique et la perte des libertés fondamentales. Pourtant face à l’adversité et fortes de leur différence, être nées bâtardes, elles sauront s’affirmer et s’épanouir, fières de leurs amours passés, d’instants de bonheur volés aux traditions, aux coutumes, au qu’en dira-t-on.
C’est le beau portrait sans concession de trois générations de femmes sans mari, de filles sans père, qui chacune à sa façon va poursuivre et inventer sa vie, son avenir, sa force, en opposition à ces hommes qu’elles auront malgré tout su aimer, mais aussi à ces hommes qui ne leur seront d’aucun secours, qui seront au contraire des entraves, des contraintes, des complications à l’épanouissement de leur vie de femme dans la recherche d’un certain bonheur et dans l’affirmation de leur liberté.
L’écriture est belle, sensible, chantante et douloureuse parfois, comme les sentiments qu’elle exprime avec une grande justesse et infiniment de sobriété. Elle parle traditions, trahison, force et honneur, amour et haine, vengeance et oubli, elle dit, elle raconte, et le lecteur ne peut qu’aimer ce roman tellement attachant, tellement émouvant, tellement beau comme des Giboulées de soleil qu’il nous emmène presque à imaginer, pluie et soleil, obscurité et lumière, tragédie et bonheur.
Catalogue éditeur : Alma éditeur
Dans un style ample et tendre et des dialogues presque naïfs, Lenka HORŇÁKOVÁ-CIVADE relate dans ce premier roman l’histoire d’une lignée de femmes bâtardes en Tchécoslovaquie de 1930 à 1980.
Elles s’appellent Magdalena, Libuse et Eva et partagent le même destin : de mère en fille elles grandissent sans père. Mais de cette malédiction, elles vont faire une distinction. Chacune a sa façon, selon sa personnalité, ses rêves, ses lubies, son parler et l’époque qu’elle traverse. Malgré elles, leur vie est une saga : Magdalena connaîtra l’annexion nazie, Libuse les années camarades et Eva la fin de l’hégémonie soviétique. Sans cesse des imprévus surgissent, des décisions s’imposent, des inconnus s’invitent. À chaque fois, Magdalena, Libuse et Eva défient tête haute l’opinion, s’adaptent et font corps. Au fond, nous disent-elles, rien n’est irrémédiablement tragique, même les plus sombres moments.
Ces héroïnes magnifiques, Lenka HORŇÁKOVÁ-CIVADE les magnifie encore par son écriture solide et douce, brodée, ourlée, chantante. Moqueuse aussi lorsque la kyrielle de personnages secondaires – paysans, apparatchiks, commères… le requiert.
Prix du Renaudot des lycéens 2016 / Prix La ruche des mots 2016
Date de parution : 07/04/2016 / 18 € / 340 pages / ISBN : 978-2-36279-185-7