Héroïna, Marc Fernandez

Vous aimez les thrillers efficaces avec une bonne dose de suspense, lisez Heroïna !

Aujourd’hui, Acapulco n’est plus seulement une destination de rêve pour vacanciers à la recherche de tranquillité, d’ailleurs, mieux vaut s’abstenir d’aller dans certains quartiers. La ville, comme une partie du pays, est sous la coupe des narcos.

Dans la famille Aguilar, Olivia, la mère, cherche comment protéger son Pablito de l’enfer. Son époux Roberto est l’un des caïds de la région. Si l’on n’évoque pas le nom de mafia pour parler des guerres ouvertes entre gangs, on en est pourtant très proche.

Et c’est lorsqu’elle surprend le père et le fils en train de préparer les sachet de blanche qu’elle décide d’agir pour le bien de son fils.

Pablo, son Pablito, rêve de devenir libraire et il est bien plus intéressé par la lecture ou les bandes dessinées que par le travail de la Famille. Celle qu’il devra rejoindre pour poursuivre l’œuvre de son père. Dans trois ans à peine, il sera majeur et n’aura plus le choix.

Lorsqu’elle rencontre, peut-être pas tout à fait par hasard le juge Martin Calderon, procureur et porte drapeau national de la lutte anti-drogue mais surtout ami fidèle depuis leurs années d’études, Olivia comprend qu’il est temps d’agir.

Cette vie dans l’enfer des narcos est sans pitié pour ceux qui ne respectent pas leurs engagements, pour ceux qui sont face à El Bobby, bien décidé à montrer qu’il règne en maître absolu sur la région. Alors malgré l’argent et la vie facile que cela lui procure, et surtout malgré les risques encourus, elle décide de tenter le tout pour le tout pour sauver son enfant.

Le roman alterne le point de vue d’Olivia et une vision extérieure des mêmes événements, donnant du rythme et du réalisme à l’intrigue.

Marc Fernandez connaît bien l’Amérique du Sud qu’il a déjà évoquée dans de précédents romans, et cela se sent. J’ai apprécié de découvrir le travail du juge Calderon, librement inspiré du juge Di Bella en Italie, le premier a avoir compris qu’il faut aider les enfants à sortir de ce milieu pour les sauver du destin familial tout tracé. Aidé en cela peu à peu par les mères de ces enfants, ces veuves blanches souvent victimes elles aussi de l’enfer des clans mafieux, mariées à un condamné, enfermées et surveillées par la famille.

Vous aimez les thrillers sans prise de tête, efficaces avec une bonne dose de suspense ? Alors lisez Heroïna, pour découvrir cette héroïne qu’est Olivia, vivant dans le milieu du trafic de l’héroïne, mais pas la même cette fois, la blanche, celle qui tue plus sûrement qu’elle ne fait vivre.

Catalogue éditeur : Harper Collins

Acapulco, Mexique. Assis à la table de la cuisine, Pablo, 11 ans remplit des sachets de cocaïne avec son père, Roberto Aguilár, dit El Bobby.
Quand Olivia voit cette scène, elle se retrouve face à son destin et celui de son fils. Héritier du plus gros narcotrafiquant de l’état, l’avenir de Pablo est tout tracé. Derrière les sourires, les réceptions grandioses, l’argent qui coule à flot, il y a la peur, les filatures, les menaces, les morts… Doit-elle laisser faire au risque de perdre son mari et son fils ? Car elle le sait, l’espérance de vie des narcos est courte. 
Aidée de Martín Calderón, procureur et figure nationale de la lutte antidrogue, elle décide, de protéger Pablo, quel qu’en soit le prix. Une lutte sans merci s’annonce, le combat d’une mère pour sauver son fils. 

Marc Fernandez, journaliste depuis plus de vingt ans, est cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alibi consacrée au polar. Il a également collaboré à Courrier international, hebdomadaire pour lequel il couvrait l’Espagne et l’Amérique latine. Il est l’auteur de plusieurs romans policiers dont
Mala VidaGuérilla Social ClubBandidosTapas nocturnes, et de plusieurs livres d’enquête dont La ville qui tue les femmes. Mais aussi Le nouveau Western qui nous entraîne sur le Camino del Cid.

19,90 € / Date de publication:4/5/2023 / ISBN:9791033911173

Plus loin que l’hiver, Isabel Allende

De l’hiver canadien à l’Amérique du sud, l’auteur nous entraîne à la croisée de trois destins singuliers

Il y a quelques années, je dévorais systématiquement les romans d’Isabel Allende. J’aime son approche si intime de l’Amérique du sud et de ces grands cataclysmes politiques et humains.

Je n’ai donc pas hésité devant ce nouvel opus. Plus loin que l’hiver nous entraine à Brooklyn auprès de Lucía Maraz, chilienne expatriée au Canada; du professeur Richard Bowmaster un homme particulièrement acariâtre qui l’a pourtant invitée à donner des cours dans son université ; et de Evelyn Ortega, une jeune émigrée guatémaltèque qui vient percuter leur vie tranquille un soir de violente tempête de neige.

Au chili, pendant les années sombres de la dictature de Pinochet, le frère de Maria a disparu, comme de nombreux autres jeunes hommes ou femmes à cette époque. Leur mère, comme tant d’autres folles de la place de mai, l’a attendu pendant des années, refusant de faire son deuil, jusqu’à la folie, jusqu’à la mort. Puis Maria a vaincu son cancer. Aujourd’hui enfin sereine elle espère profiter de sa vie.

Depuis la disparition de sa femme et de sa fille Richard est un solitaire. Il ne veut ouvrir ni son cœur ni son amitié. Acariâtre et pingre, même en pleine tempête il refuse de monter le chauffage et il supporte tant bien que mal Maria qu’il héberge dans sa maison. Il faut un accident pour que cet homme-là se réveille enfin à la vie.

Un banal accident de voiture met sur leur route la jeune Evelyn. Elle aussi a fui un pays dans lequel elle n’avait plus d’avenir. Mais sa position au Canada est fragile car elle est sans papiers. Elle aura besoin du soutien de tous pour avancer.

Du Chili au Guatemala et au Brésil en passant par le Canada et les États-Unis, nous découvrons trois personnages au passé difficile qui ont du mal à se confier et à se faire confiance. Chacun à sa manière a connu des moments particulièrement douloureux. Mais ils sont prêts à avancer sur le chemin qui mène à la sérénité et au bonheur.

Le roman m’a semblé soit trop court par moments soit au contraire trop dense. Il aborde de nombreux faits historiques, indispensables pour évoquer ces différents pays, du coup ils me semblent un peu survolés. L’opération Condor, la mainmise des hommes du cartel mafieux de la Mara Salvatrucha qui anéantissent l’avenir des jeunes, la torture et les desaparecidos des jeunes au Chili, les mères de la place de mai à la recherche de leurs fils, le trafic d’être humains et le rôle des passeurs, pour ne citer que ceux-là. Chacun de ces thèmes peut faire l’objet d’un roman, du coup je m’y suis un peu perdue. Peut-être en aurait-il fallu un peu moins. Mais dans tous les cas, et si l’on ne souhaite pas les approfondir, alors il suffit de se laisser embarquer et de passer un agréable moment de lecture.

Et pour aller plus loin dans ces sujets, à propos des disparitions au Chili et en Amérique du sud, lire l’excellent roman de Frédéric Couderc Aucune pierre ne brise la nuit

Sur les gangs mafieux, en particulier celui de la Mara Salvatrucha lire le très bon thriller de Gabino Iglesias, Santa Muerte

Catalogue éditeur : Grasset

Traduit de l’espagnol (Chili) par Jean-Claude Masson

Chilienne expatriée au Canada durant la dictature de Pinochet, Lucía Maraz porte encore les profondes cicatrices de son passé. Elle ne s’est jamais tout à fait remise de la disparition de son frère, au cours des premières années du régime, et a également dû affronter un divorce et se battre contre le cancer. Mais lorsque, professeur invitée à l’université de New York, elle s’installe dans l’appartement au sous-sol du brownstone de son collègue, le professeur Richard Bowmaster, elle entame ce nouveau chapitre de sa vie avec entrain et optimisme. Lire la suite…

Parution : 10 Juin 2020 / Format : 154 x 235 mm / Pages : 336 / EAN : 9782246822417 Prix : 20.90€ / EAN numérique: 9782246822578 Prix : 14.99€

Le voyage dans le passé. Stefan Sweig.

Stefan Sweig, le maitre incontesté de la nouvelle, un art dans lequel il excelle

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Depuis que j’ai découvert les nouvelles de Stefan Sweig, je ne peux pas résister et j’achète dès que j’en trouve une, y compris pour celle-ci trouvée dans un vide grenier, rencontre propice à un échange sympathique avec une charmante vendeuse. Bon là c’est sûr le livre est un peu épais comparé au texte qui s’y trouve, à peine 90 pages dans un joli format.

Nous assistons aux amours contrariées par la vie, l’éloignement et la guerre, entre une femme mariée et un jeune homme -ce dernier doit choisir entre vivre un amour secret près de celle qu’il aime ou partir pour réaliser ses ambitions et réussir  sa carrière- puis neuf ans plus tard, à leurs retrouvailles. Mais que deviennent des sentiments exacerbés par l’absence et l’éloignement, quand chacun a poursuivi son chemin, quand le silence et la distance sont synonymes d’oubli et de souvenirs.

Quelle réussite, comme toujours l’auteur sait dépeindre à merveille les sentiments humains, amour, amitié, ambition, envie de réussir sa vie, tout est abordé en peu de lignes et peu de mots, dans un style concis et précis.

Stefan Sweig a l’art de faire passer tous ces sentiments confus et complexes, toutes ces impressions, ces mots que l’on dit et que l’on regrette aussitôt, les regrets et les désirs, les envies et les hésitations, tout y est. On suit les personnages et on vit avec eux la complexité des sentiments, faire revivre le passé ou ne pas y revenir, garder le souvenir ou tout recommencer, rien n’est simple et tout est suggéré dans ces quelques lignes.

Catalogue éditeur  Éditions Grasset

C’est l’histoire d’un amour contrarié par les circonstances de la vie : un jeune homme pauvre tombe amoureux de la femme de son riche employeur, qui est également son bienfaiteur. Elle l’aime aussi. Il est envoyé pour plusieurs années en Amérique Latine pour une mission de confiance ; elle lui promet de se donner à lui quand il reviendra. Mais ce retour ne cessera d’être différé : la guerre de 1914-18 éclate, empêchant toute traversée de l’Atlantique pour les ressortissants des pays ennemis de l’Angleterre ; le jeune homme finit par se marier et fonder une famille. Les retrouvailles n’ont finalement lieu que neuf ans plus tard et elles ont un goût amer. Le lecteur est pris par cette histoire d’amour impossible, émouvante, qui rappelle par bien des aspects la fin de L’éducation sentimentale. Une belle réflexion sur l’usure des sentiments et l’impossibilité de faire revivre le passé.