Veilleuse du calvaire, Lyonel Trouillot

Lyonel Trouillot mêle la poésie de son écriture à l’histoire de son île, Haïti

Sur la colline de pierre et d’ombre, d’eau et de lumière convoitée par les hommes de pouvoir pour y construire les quartiers de demain, la Veilleuse du Calvaire protège les terres encore vierges de toute construction.
Sur la colline et aux alentours, il est très difficile de résister à la force, l’argent, le pouvoir, la dictature.
Sur la colline du Calvaire, les hommes bâtissent sans fin les maisons et les immeubles bancals qui vont les rendre puissants et riches. Pendant ce temps-là, les femmes souffrent, victimes inlassables et courageuses de la violence des hommes. Femmes toujours debout, solidaires souvent, porteuses de vie, d’espoir, de musique et de joies.

Veilleuse témoigne, protège, éloigne, raconte. Elle seule a la force de repousser la domination et la perfidie des hommes, des marchands, de tous ceux qui sont sans scrupule lorsqu’il s’agit de s’enrichir et de gouverner.

Lyonel Trouillot est un conteur qui mêle habilement la poésie de son écriture à l’histoire parfois dramatique de son île, Haïti.

Ce court roman tient à la fois du conte et d’une forme de réalité, ici la violence faite aux femmes, de tous temps, leur entraide indispensable, la misogynie de certains, le pouvoir exercé par les notables sur les plus faibles, tout y est à la fois dit et esquissé.

Il faut se laisser porter par cette voix unique, sans chercher de logique cartésienne pour en  accepter et appréhender toute la magie et toute la puissance. Un court mais puissant roman, une voix de femme à écouter et faire entendre.

Catalogue éditeur : Actes-Sud

Ce livre est celui d’un paysage de pierres, de rivières et d’ombrages, celui d’une colline abîmée par la cupidité d’un homme, un notaire sans scrupule qui en ces lieux ouvre la porte à toutes les bassesses. Mais de cette colline s’élève une voix, celle de la rébellion des femmes dont le corps est la cible de toutes les offenses, dont le courage a la puissance du poème.

Août, 2023 / 11.50 x 21.70 cm / 176 pages / ISBN : 978-2-330-18226-7 / Prix indicatif : 19.90€

Maritimes, Sylvie Tanette

Une île comme refuge, une île comme tombeau

Un conte, une fable, un court roman qui sait dire en peu de mots l’amour et la mort, la guerre et le fascisme, la vie et la tragédie.

Sur l’île, hommes et femmes vivent heureux et libres, même s’ils ont bien compris que sur la terre si proche les temps ont changé et la liberté est un mot galvaudé.

Le jour où Benjamin accoste, les regards sont d’abord inquisiteurs, puis très vite solidaires et amicaux. Car tout le monde l’aime ce jeune homme arrivé de nulle part, enfin, de cette terre inhospitalière si proche. Tout le monde comprend qu’il ne faut pas trop poser de question, qu’il faut accepter ou rejeter, mais qu’ensuite il n’y aura plus le choix. Alors on l’accepte avec ses secrets, avec son sourire, avec sa force, son sens du partage, son courage, sa volonté. Tout comme Michaëla d’ailleurs, qui très vite le rejoint en secret pour vivre avec lui sa plus belle histoire… enfin, si les hommes de là-bas ne le rattrapent pas, si la liberté existe, et si les hommes et les femmes libres ont le droit de s’aimer.

Dans ce très court et émouvant roman, Sylvie Tanette, dont j’avais déjà apprécié Un jardin en Australie, nous offre dans un registre différent un superbe texte toujours empreint d’une grande humanité.

Catalogue éditeur : Grasset

Une île perdue en Méditerranée. Des collines, des oliveraies et, au fond d’une crique rocheuse, un village paisible avec son port minuscule. Depuis toujours, sa poignée d’habitants se tient à distance du continent… Ils racontent que de mystérieuses créatures marines veillent sur eux.
Assis sur un banc face à la mer, un vieillard se souvient. C’était l’époque de la dictature. Un jour, un jeune inconnu à l’allure de dieu grec, Benjamin, avait débarqué sur l’île.  Il était en fuite, tous s’en doutaient mais nul, jamais, ne lui a demandé de comptes. Benjamin s’est installé dans une maison en ruine, sur un promontoire isolé où bientôt le rejoint Michaëla, fille de l’île et de la mer. Mais la haine qui ravage un continent peut frapper un bout de terre qui se croit à l’abri du monde.
Une puissante histoire de résistance et d’indocilité qui est aussi un appel à l’attention envers la nature et à la force de la fraternité. L’évocation poétique et solaire d’une mythologie méditerranéenne éternelle et celle d’une mémoire chargée de chagrin. On n’oubliera pas la vision de Michaëla et Benjamin, de leur amour éperdu, fracassé par l’horreur de la dictature. 

120 x 185 mm / Pages : 120 / EAN : 9782246825623 prix 14.00€ / EAN numérique : 9782246825630 prix 9.99€ / paru le 12 Mai 2021

Avant elle, Johanna Krawczyk

Elle, la fille au père si secret, Elle la dictature d’un pays meurtri, avant elle, un premier roman puissant

Elle, Carmen, ne sait plus d’où elle vient ni qui elle est. Elle se noie dans l’alcool et la dépression depuis la mort d’Ernesto Gomez, le père tant aimé, silencieux, secret. Pourtant, tout devrait lui sourire. Elle est professeur d’espagnol, spécialiste de l’Amérique latine. Une évidence pour cette femme dont les parents sont arrivés d’Argentine avec leurs lourds secrets, lorsqu’ils ont fui la dictature après l’enlèvement d’Ernesto. Carmen a une petite fille qu’elle ignore totalement, celle-ci est née juste après le décès de son père, et si une naissance remplace parfois celui ou celle qui vient de partir, pour elle ce vide est bien trop immense pour parvenir à le combler. Ni son mari Raphaël, ni sa fille, ne peuvent éviter les longues heures de désespoir, encore moins remplacer la Vodka et le Whisky qui réchauffent et permettent d’oublier.

Jusqu’au jour où on la contacte pour lui demander de venir dans un garde meuble récupérer des affaires de son père. Ce sera alors la découverte de sept carnets, sept décennies pour dire les silences d’une vie. Mais ces carnets intimes vont la mener très loin dans les sombres recoins d’une histoire qu’elle aurait sans doute préféré ignorer. Y trouvera-t-elle des explications au suicide de sa mère, au silence de son père, à leurs vies Avant elle ?

Ernesto était né en argentine en 1928. Issu d’une famille pauvre, un grand-père violent omnipotent qui quitte sa femme, une indienne Guarani, pour vivre avec sa maîtresse. Une mère violée puis assassinée. Sa seule issue est l’orphelinat de Buenos-Aires où il rencontre Mario, le frère de cœur, l’ami inséparable, l’enfant handicapé abandonné par sa famille. Devenus adultes, tous deux intégreront l’armée.

Puis vient la ferveur nationale du gouvernement de Juan Perón, Évita puis Isabel. Mais la junte militaire prend le pouvoir en 1973. Dirigée par le général Videla, l’Argentine connaît les années atroces, terribles de la dictature militaire qui sévit de 1976 à 1983. Des années de massacres et de disparition en nombre pour la population (on dénombrera pas moins de 30 000 desaparecidos, 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques, et 1,5 million d’exilés). Ernesto ne quitte pas pour autant l’armée, ce lieu où il a enfin trouvé une famille et un avenir. Jusqu’à cette année 1979 où, après un drame, il embarque pour la France avec sa femme et ses lourds secrets.

Une vie plus tard, Carmen découvre l’histoire de son père, de son pays, de sa famille.

Avant elle est un roman puissant, intense, émouvant. L’auteur n’hésite pas à démontrer que la violence et les bourreaux sont souvent, hélas, des gens ordinaires que l’on peut croiser au coin de sa rue. Nous qui avons sans doute tendance à cataloguer ceux qui pratiquent la barbarie cela pose bien des questions. Tout comme ce rapport évident aux bienfaits ou effets de la psychogénéalogie : sommes nous aussi ce que nos parents ont été avant nous ? Devons nous savoir pour être et devenir, et jusqu’à quel point quand cette connaissance est pire que le silence et l’ignorance ?

J’ai aimé le style très visuel, les flash-back et les questionnements, les vides à remplir, les silence et les doutes. Mais aussi la façon dont le roman est mis en page, nous permettant de suivre aisément les différents supports, vie de Carmen, carnets d’Ernesto. C’est à la fois brillant, fort, intime, et un douloureux et nécessaire rappel de l’histoire somme toute assez récente de l’Argentine.

En lisant Avant elle, j’ai forcément pensé au superbe roman de Frédéric Couderc Aucune pierre ne brise la nuit, également publié chez Héloïse d’Ormesson et qui nous plongeait déjà dans cette période de l’histoire. Je vous en recommande la lecture. Et parce que l’auteur évoque également la coupe du monde de Rugby de 1978, n’hésitez pas à lire aussi Silencios, de Claudio Fava.

Un roman de la sélection 2021 des 68 premières fois

Pour aller plus loin, lire également la chronique de Nicole du blog motspourmots

Catalogue éditeur : Heloïse d’Ormesson

Carmen est enseignante, spécialiste de l’Amérique latine. Une évidence pour cette fille de réfugiés argentins confrontée au silence de son père, mort en emportant avec lui le fragile équilibre qu’elle s’était construit. Et la laissant seule avec ses fantômes.
Un matin, Carmen est contactée par une entreprise de garde-meubles. Elle apprend que son père y louait un box. Sur place, un bureau et une petite clé. Intriguée, elle se met à fouiller et découvre des photographies, des lettres, des coupures de presse. Et sept carnets, des journaux intimes.
Faut-il préférer la vérité à l’amour quand elle risque de tout faire voler en éclats ? Que faire de la violence en héritage ? Avec une plume incisive, Johanna Krawczyk livre un premier roman foudroyant qui explore les mécanismes du mensonge et les traumatismes de la chair.

160 pages | 16€ / Paru le 21 janvier 2021 / ISBN : 978-2-35087-737-2

Héritage, Miguel Bonnefoy

Les rêves de quatre générations portés par la magie de l’écriture de Miguel Bonnefoy

En 1873, celui qui deviendra Lonsonier part de France où il était viticulteur dans le Jura, pour rejoindre la Californie après la grande épidémie de phylloxera du XIXe siècle. Le père de Lazare accoste finalement à Valparaíso au Chili avec trente Francs et un cep de vigne en poche.  C’est à Santiago du Chili qu’il va refaire sa vie, d’abord en épousant Delphine, puis en lui faisant trois fils et en reconstituant là-bas les vignes perdues de France.

Quatre générations plus tard, que sont devenus ces enfants d’émigrés ?
Lazare a connu la guerre, la moche, celle des tranchées qui le laisse à jamais exsangue et amputé à la fois d’un poumon et de sa jeunesse comme de son insouciance. Il a fait sa vie auprès de la belle et sauvage Thérèse qui aime les oiseaux autant sinon plus que les hommes.

La vie continue, arrive Margot. C’est une enfant passionnée qui rêve de devenir pilote. Pas facile quand on est une femme dans un univers d’hommes et en plus dans une discipline balbutiante. Il faut de la pugnacité pour assouvir sa passion.
Mais à son tour, portée par l’amour d’un pays qui pourtant n’est pas le sien, elle part faire la guerre en Europe, la grande cette fois. Là, elle sera une combattante de l‘ombre et c’est une femme différente, bien que saine et sauve, qui revient au pays. Un fils, Ilario Da, et une révolution plus tard, le pays sombre dans la dictature. Il faut alors essayer de vivre ou de mourir, avec ou sans gloire. Ilario est arrêté, torturé, forcé à son tour à l’exil.

L’écriture est belle, puissante et simple à la fois, les caractères sont bien trempés, le surnaturel occupe sa juste place et le rythme ne faiblit jamais. L’auteur une fois de plus nous transporte dans une saga qui, à travers plusieurs générations, mêle les traditions de deux pays, dans cette époque difficile de deux grandes guerres, aborde les affres de la dictature et ses conséquences sur tout un pays, et y pose un brin de surnaturel comme il sait si bien le faire. Une histoire qu’il connait bien et qui est aussi son propre héritage.

Les personnages hauts en couleurs nous font vivre à travers leurs familles l’histoire du Chili, ses liens avec la France et la difficile adaptation des migrants qui jamais ne renient leur pays d’origine. Il est important aussi de se souvenir que si les français accueillent sur leur sol les migrants d’aujourd’hui, de nombreuses générations ont eu par le passé à migrer à leur tour vers des terres plus ou moins hospitalières.


Catalogue éditeur : Rivages

La maison de la rue Santo Domingo à Santiago du Chili, cachée derrière ses trois citronniers, a accueilli plusieurs générations de la famille des Lonsonier. Arrivé des coteaux du Jura avec un pied de vigne dans une poche et quelques francs dans l’autre, le patriarche y a pris racine à la fin du XIXe siècle. Son fils Lazare, de retour de l’enfer des tranchées, l’habitera avec son épouse Thérèse, et construira dans leur jardin la plus belle des volières andines. C’est là que naîtront les rêves d’envol de leur fille Margot, pionnière de l’aviation, et qu’elle s’unira à un étrange soldat surgi du passé pour donner naissance à Ilario Da, le révolutionnaire.
Bien des années plus tard, un drame sanglant frappera les Lonsonier. Emportés dans l’oeil du cyclone, ils voleront ensemble vers leur destin avec, pour seul héritage, la légende mystérieuse d’un oncle disparu.

Dans cette fresque éblouissante qui se déploie des deux côtés de l’Atlantique, Miguel Bonnefoy brosse le portrait d’une lignée de déracinés, dont les terribles dilemmes, habités par les blessures de la grande Histoire, révèlent la profonde humanité.
Miguel Bonnefoy est l’auteur de deux romans très remarqués, Le Voyage d’Octavio (Rivages poche, 2016) et Sucre noir (Rivages poche, 2019). Ils ont tous deux reçu de nombreux prix et été traduits dans plusieurs langues.

EAN: 9782743650940 / Parution: août, 2020 / 256 pages / Prix: 19,50€

Plus loin que l’hiver, Isabel Allende

De l’hiver canadien à l’Amérique du sud, l’auteur nous entraîne à la croisée de trois destins singuliers

Il y a quelques années, je dévorais systématiquement les romans d’Isabel Allende. J’aime son approche si intime de l’Amérique du sud et de ces grands cataclysmes politiques et humains.

Je n’ai donc pas hésité devant ce nouvel opus. Plus loin que l’hiver nous entraine à Brooklyn auprès de Lucía Maraz, chilienne expatriée au Canada; du professeur Richard Bowmaster un homme particulièrement acariâtre qui l’a pourtant invitée à donner des cours dans son université ; et de Evelyn Ortega, une jeune émigrée guatémaltèque qui vient percuter leur vie tranquille un soir de violente tempête de neige.

Au chili, pendant les années sombres de la dictature de Pinochet, le frère de Maria a disparu, comme de nombreux autres jeunes hommes ou femmes à cette époque. Leur mère, comme tant d’autres folles de la place de mai, l’a attendu pendant des années, refusant de faire son deuil, jusqu’à la folie, jusqu’à la mort. Puis Maria a vaincu son cancer. Aujourd’hui enfin sereine elle espère profiter de sa vie.

Depuis la disparition de sa femme et de sa fille Richard est un solitaire. Il ne veut ouvrir ni son cœur ni son amitié. Acariâtre et pingre, même en pleine tempête il refuse de monter le chauffage et il supporte tant bien que mal Maria qu’il héberge dans sa maison. Il faut un accident pour que cet homme-là se réveille enfin à la vie.

Un banal accident de voiture met sur leur route la jeune Evelyn. Elle aussi a fui un pays dans lequel elle n’avait plus d’avenir. Mais sa position au Canada est fragile car elle est sans papiers. Elle aura besoin du soutien de tous pour avancer.

Du Chili au Guatemala et au Brésil en passant par le Canada et les États-Unis, nous découvrons trois personnages au passé difficile qui ont du mal à se confier et à se faire confiance. Chacun à sa manière a connu des moments particulièrement douloureux. Mais ils sont prêts à avancer sur le chemin qui mène à la sérénité et au bonheur.

Le roman m’a semblé soit trop court par moments soit au contraire trop dense. Il aborde de nombreux faits historiques, indispensables pour évoquer ces différents pays, du coup ils me semblent un peu survolés. L’opération Condor, la mainmise des hommes du cartel mafieux de la Mara Salvatrucha qui anéantissent l’avenir des jeunes, la torture et les desaparecidos des jeunes au Chili, les mères de la place de mai à la recherche de leurs fils, le trafic d’être humains et le rôle des passeurs, pour ne citer que ceux-là. Chacun de ces thèmes peut faire l’objet d’un roman, du coup je m’y suis un peu perdue. Peut-être en aurait-il fallu un peu moins. Mais dans tous les cas, et si l’on ne souhaite pas les approfondir, alors il suffit de se laisser embarquer et de passer un agréable moment de lecture.

Et pour aller plus loin dans ces sujets, à propos des disparitions au Chili et en Amérique du sud, lire l’excellent roman de Frédéric Couderc Aucune pierre ne brise la nuit

Sur les gangs mafieux, en particulier celui de la Mara Salvatrucha lire le très bon thriller de Gabino Iglesias, Santa Muerte

Catalogue éditeur : Grasset

Traduit de l’espagnol (Chili) par Jean-Claude Masson

Chilienne expatriée au Canada durant la dictature de Pinochet, Lucía Maraz porte encore les profondes cicatrices de son passé. Elle ne s’est jamais tout à fait remise de la disparition de son frère, au cours des premières années du régime, et a également dû affronter un divorce et se battre contre le cancer. Mais lorsque, professeur invitée à l’université de New York, elle s’installe dans l’appartement au sous-sol du brownstone de son collègue, le professeur Richard Bowmaster, elle entame ce nouveau chapitre de sa vie avec entrain et optimisme. Lire la suite…

Parution : 10 Juin 2020 / Format : 154 x 235 mm / Pages : 336 / EAN : 9782246822417 Prix : 20.90€ / EAN numérique: 9782246822578 Prix : 14.99€

L’homme qui n’aimait plus les chats, Isabelle Audy

Entre conte et fable intemporelle, une dystopie des temps modernes manifeste contre la dictature et les dangers de la manipulation de masse

Une ile, entre le ciel et l’eau, une ile, sans hommes ni bateaux…. Non, là une ile avec des hommes et des femmes qui se connaissent tous, qui s’apprécient plus ou moins, mais qui vivent en bonne intelligence ; amoureux, solitaires, retraité, pêcheur, institutrice, chacun vit sa vie. Et quelques chats, oui, quelques chats, jusqu’au jour où tous réalisent que justement, les chats, on ne les voit plus. Discrets, indépendants, ils ne faisaient pas d’ennui et on vivait avec, mais leur disparition surprend la population. Que s’est-il passé ? Où sont-ils passés ?

Pour pallier au manque, des hommes et femmes étranges venus du continent apportent sur l’ile des chats qu’ils offrent, de force, aux iliens. Des chats qui ressemblent étrangement à des chiens, tenus en laisse, qui dorment dans leur niche et protègent les maisons des intrus. Mais sur l’ile, il n’y a pas d’intrus, puisque tout le monde se connait et chacun tolère, ignore, protège ou respecte l’autre.

Les réactions de chacun vont être très différentes, montrant aussi les différentes façons de réagir à ce qui nous arrive, au niveau de l’individu, de l’ile, d’un pays pourquoi pas ? Avec ce récit largement dystopique, l’auteur nous offre une fable sur l’homme, les dérives du langage, si faciles à installer, mais aussi les règles de société qui nous étouffent et que l’on accepte sans les vouloir au fond, sans se rebeller.

Impression de déjà vu dans l’installation peu à peu d’une forme de dictature, et de soumission au changement. S’il est comparé à 1984, ce court premier roman m’a aussi fait penser à La vague de Todd Strasser ; ce roman qui m’avait marquée a été adapté en film en 2009.

Roman lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois

Catalogue éditeur : éditions Le Panseur

Traité sous la forme de la transmission orale, l’auteur nous offre une œuvre qui s’inscrit dans la lignée des grandes dystopies telles 1984 et Matin Brun. Mais là où ces histoires nous condamnent à subir un demain qui s’écroule, L’homme qui n’aimait plus les chats est bien plus qu’une utopie, c’est un possible, un autrement : un aujourd’hui déjà en train de se relever.

Parution : 16/03/2019 / EAN : 9782490834006 / Nombre de pages : 128

Silencios. Claudio Fava

Indispensable, ce roman retrace un évènement oublié de la dictature argentine

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1978 en argentine, à La Plata. De jeunes hommes s’entrainent pour le championnat de rugby, ils doivent participer au mondial qui aura lieu dans quelques mois.
Ils sont jeunes, très efficaces, ce sont même de très bons joueurs, mais ils ne vivent pas à la bonne époque…

Car en Argentine à ce moment-là, le général Videla a pris le pouvoir et les disparitions, les assassinats, sont devenus monnaie courante. Le jour où le jeune Momo est enlevé, puis assassiné, le monde de Raul et de ses coéquipiers s’écroule, ils entrent de plain-pied dans la terreur et dans l’horreur.

Au match suivant, l’équipe refuse de jouer si une minute de silence n’est pas respectée en l’honneur de Momo, une minute qui s’éternise, les joueurs, les spectateurs, tous respectent, tous se taisent, tous protestent en silence face au fracas des bottes et des armes. Mais la contestation doit être brisée  dans l’œuf… et les sportifs vont disparaitre les uns après les autres…

Desaparecidos, vols de la mort, l’Esma (École Supérieure de Mécanique de la Marine), autant de mots, de noms qui ont une connotation de terreur forte lorsque l’on évoque les années noires de la dictature Argentine.

Un très court roman, mais une lecture forte et émouvante qui interroge sur les dictatures, et sur le silence et l’oubli par les peuples…

Je ne connaissais pas cet épisode, mis en lumière par l’auteur Claudio Fava, à la suite du témoignage Raul Barandiaran, unique survivant de l’équipe de rugby de La Plata. L’auteur a été touché également par la relation entre cette dictature et les années noires qu’a également connu l’Italie avec la mainmise de la mafia sicilienne.

On mourait en Argentine comme en Sicile, à Buenos Aire comme à Catane

Sur cette période, et l’Argentine en particulier, on ne manquera pas de lire également le roman de Frédéric Couderc Aucune pierre ne brise la nuit, Frédéric Couderc a également répondu à mes questions, interview à retrouver ici.

Catalogue éditeur : J’ai Lu, inédit

L’histoire vraie du club de rugby qui défia la dictature argentine…

Argentine, 1978. L’assassinat politique d’un jeune joueur de rugby de La Plata met le feu aux poudres : la guerre est déclarée entre l’équipe et la dictature. Chaque match du petit club est un défi, chaque hommage aux victimes une provocation adressée au pouvoir, qui répond par un bain de sang. Et pourtant, l’équipe, de plus en plus décimée, gagne ses matchs…
Traduction (Italien) : Alexandre Bilous, Dominique Manotti.
Thriller (n° 12419) / Paru le 07/11/2018 / Prix : 5,00€

Ne m’appelle pas Capitaine, Lyonel Trouillot

Quand deux mondes que tout oppose se rencontrent

Lyonel Troulliot nous fait découvrir une nouvelle facette de cet Haïti intime qu’il connaît si bien.

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Aude est élève journaliste. Le prochain devoir de ce futur grand reporter ? Enquêter sur des faits, des lieux, des dates, de préférence dans un milieu qu’elle ne connaît pas. Elle choisit Morne Dédé à Port-au-Prince, ce quartier connu pour avoir abrité les opposants au régime des Duvalier, quartier en tous points à l’opposé de celui où elle vit. Car Aude est une jeune fille issue de la grande bourgeoisie de Port au Prince. Née du bon côté, elle possède une voiture, des robes fabuleuses, jouit pleinement du confort moderne de la luxueuse maison familiale, dans cette société Haïtienne qui vit à l’abri dans des résidences sécurisées.

Elle choisit d’aller dans ce quartier pauvre dont elle ne sait rien où elle va rencontrer Capitaine, un survivant des années de dictature. Lui le résistant, le maître en arts martiaux qui rêvait de créer une maison comme un lieu d’apprentissage où chacun pourrait tisser des liens pour faire vivre ce quartier déshérité, ne vit plus désormais que dans le regret et le rêve de ses amours perdues.

Peu à peu, de rencontre en monologue, de discussion en échange, Aude se révèle à elle-même. Ces visites à Capitaine agissent sur elle comme un révélateur. Car tout coup elle n’appartient plus à une famille mais elle pense enfin en son nom. Elle a des idées, des opinions et c’est nouveau pour elle. Elle qui vit depuis toujours dans une certaine opulence et d’un seul côté de la barrière se réveille aux autres. A ces autres à qui elle s’adresse d’abord maladroitement, car pour une fois ils ne sont pas là pour la servir mais au contraire ils sont ses égaux et c’est nouveau pour elle.

Lyonel Trouillot nous offre ici une étonnante vision humaine et solidaire d’Haïti, l’île aux multiples visages. Toute la beauté de ce roman tient dans cet échange, dans ces deux voix qui se craignent, se repoussent, puis se mêlent et se rejoignent. Celle d’Aude et celle de Capitaine, chacun méfiant, chacun si loin de l’autre, puis d’une certaine façon de plus en plus proche. Le lecteur assiste à l’éveil d’une conscience, non pas tant du mal vers le bien mais plutôt de la richesse qui isole vers la conscience qui rapproche et qui révèle. C’est la rencontre de deux personnes que tout oppose, qui n’ont rien en commun mais qui vont se découvrir, s’éveiller l’un à l’autre, par ce chemin improbable qu’ils vont faire l’un vers l’autre, alors que rien ne pouvait le laisser présager !

A propos d’Haïti, vous pouvez retrouver également mes chroniques des romans de Louis-Philippe Dalembert, Avant que les ombres s’effacent, ou de Yanick Lahens, Douces déroutes.

Catalogue éditeur : Actes Sud

Quand Aude, aspirante journaliste, décide de frapper à la porte de Capitaine pour enquêter sur le Morne Dédé, elle n’est rien d’autre aux yeux du vieil homme qu’une jeune bourgeoise qui n’a connu que “des souffrances de contes de fées”, l’héritière d’une longue tradition de familles opulentes ayant bâti leur fortune sur le dos des pauvres gens.
Mais à ce vieillard acariâtre figé dans son fauteuil, la jeune fille offre également l’occasion de déchirer le silence, provoquant d’abord sa colère, puis parvenant peu à peu à ressusciter le grand maître d’arts martiaux qu’il a autrefois été, du temps où il se battait pour faire vivre son club, un lieu d’apprentissage, du temps où une mystérieuse élève l’avait ensorcelé et enjoint à servir “la cause”, une femme dont il était tombé fou amoureux avant de la haïr.
Parce qu’elle apprend à poser un regard critique sur le milieu protégé dont elle est issue, qu’elle sait, dès lors, voir plus loin que le bout de son portail sécurisé, Aude commence à faire sa place dans cet ailleurs. En la personne du vieil homme et de quelques jeunes “échoués”, elle identifie un autre monde, une nouvelle humanité et, avec elle, le chemin pour faire de la vie une cause commune.

Août, 2018 / 11,5 x 21,7 / 160 pages / ISBN 978-2-330-10875-5 / prix indicatif : 17, 50€

Aucune pierre ne brise la nuit, Frédéric Couderc

Vous aimez les belles histoires d’amour ? Vous aimez mieux comprendre l’Histoire, surtout quand elle aborde des sujets encore étonnamment d’actualité ? Alors vous aimerez « Aucune pierre ne brise la nuit » le magnifique roman de Frédéric Couderc, à découvrir d’urgence.

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A la fin des années 90, dans un musée au Havre, deux personnes contemplent le même tableau. Il s’agit de l’œuvre d’un inconnu, mais apparemment tous deux connaissent soit l’auteur du tableau, soit l’époque et le pays, l’Argentine, sujet de l’exposition temporaire « Français d’Argentine ». Lorsque Gabriel propose à Ariane de boire un verre, il ne s’attend certainement pas aux bouleversements qui vont suivre.

Lui est argentin, émigré en France depuis de nombreuses années, il a fui la dictature, les années sombres, et s’est réfugié dans une vie de marin solitaire. Elle est femme de diplomate, les pérégrinations de son mari l’on emmenée à Buenos Aire aux pires moments de la dictature. C’est d’ailleurs là qu’elle a eu le grand bonheur de pouvoir adopter sa fille chérie, Clara. Leurs destins se sont peut-être croisés à ce moment-là, tout comme ils se croisent à nouveau aujourd’hui.

Attiré par cette femme qui lui rappelle tant Veronica, son amour perdu d’Argentine, Gabriel le solitaire va nouer rapidement des liens étroits avec Ariane.

De discussions en découvertes, Ariane s’éveille à la réalité d’une vie dont elle ne soupçonnait rien. A Buenos Aire, elle vivait dans le cocon douillet des expatriés aisés et protégés. Elle comprend au contact de Gabriel les horreurs et la douleur qu’ont vécus les argentins lors de la dictature dans les années 70/80. Celles des jeunes enlevés par la junte, victimes de tortures, disparus à jamais lors des vols de la mort pratiqués par l’ESMA (Escuela de Mecánica de la Armada). Celles aussi des familles représentées par les grands-mères de la place de mai, qui tentent aujourd’hui encore de retrouver leurs petits-enfants, bébés volés par le pouvoir et la plupart du temps adoptés par les nantis protégés par la junte militaire.

De découvertes en soupçons, Ariane comprend que Clara, peut-être… Aussi lorsqu’elle décide de quitter son mari pour enquêter, de partir en Argentine avec Gabriel, puis avec Clara, c’est tout un pan de l’histoire de ce pays que nous dévoile l’auteur à travers son histoire. Mêlant adroitement une belle et intense histoire d’amour – parfois trop belle pour être possible d’ailleurs, tant la douleur et le chagrin peuvent être des obstacles puissants à accepter le bonheur quand il se présente – à une réalité historique édifiante et douloureuse. Le rôle des militaires, la violence de la dictature, les tortures subies par les desaparecidos, le rôle des français de l’OAS en soutien aux tortionnaires argentins, rien ne nous est épargné et c’est tant mieux. Et si le récit foisonne de détails, ils ne sont jamais prégnants et n’effacent pas le plaisir de la lecture, même si avouons-le ils nous tirent parfois quelques larmes, ils nous procurent de grandes émotions.

Ce que j’aime particulièrement dans les romans de Frédéric Couderc, c’est qu’il arrive à créer un subtil équilibre entre l’intrigue romanesque qui fait que l’on s’attache aux personnages et le thème et la vérité historique qui sont particulièrement bien maîtrisés et nous font paraitre un peu moins ignorants. Même si je connaissais en partie ce sujet-là, ayant été attentive également aux drames des bébés volés en Espagne, j’ai trouvé passionnant de mieux comprendre et d’en savoir plus.

Aucune pierre ne brise la nuit est porté par une écriture superbe, fluide, précise et juste, chaleureuse malgré le thème. J’avais déjà été emballée par le précédent roman Le Jour se lève et ce n’est pas le tien qui se passait à Cuba, et nous parlait de ce personnage méconnu qu’était Camillo Cienfuegos. J’ai été de la même façon emportée par la trame romanesque et par l’intrigue de celui-ci, je ne peux que vous conseiller de le découvrir !

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Si ce thème vous intéresse, lire également Condor, de Caryl Férey, qui évoque L’opération Condor cette vague d’assassinats réalisés en masse sous couvert de lutte contre la guérilla,  conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay,  à cette même période,  au milieu des années 1970.
A propos des bébés volés, il y a eu également le même phénomène dramatique en Espagne, y compris après les années Franco. Lire à ce sujet Mala Vida de Marc Fernandez.


Catalogue éditeur : Héloïse d’Ormesson

Dans un musée du Havre, la rencontre entre Gabriel et Ariane n’aurait pas dû avoir lieu – lui le réfugié argentin, elle la femme de diplomate. Mais devant la mystérieuse toile d’un peintre de Buenos Aires, les fantômes du passé ressurgissent, tout comme les ombres de la passion. À l’heure où les enquêtes sur les trente mille disparus sous la dictature reprennent, chacun s’embarque alors dans une quête où la vérité menace d’être plus dévastatrice encore que le mensonge…
Porté par un souffle romanesque puissant, Aucune pierre ne brise la nuit explore les cicatrices infligées par la junte militaire, et rend hommage aux victimes sans sépulture. Une histoire haletante qui sonde les tourments de la recherche identitaire et de l’amour interdit.
320 pages | 19€ / Paru le 3 mai 2018 / ISBN : 978-2-35087-456-2
© Romain Baillon/Millennium Images, UK

Sol. Raluca Antonescu

Sol, c’est un retour vers les origines à travers l’histoire d’un exil forcé, c’est  également l’histoire de l’auteur, Raluca Antonescu.

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La politique menée en Roumanie par Ceausescu et ses conséquences sur la vie de nombreuses familles m’intéresse toujours. Aussi ai-je immédiatement été tentée par la lecture de Sol, le roman de Raluca Antonescu, dont les parents ont fui ce pays pour s’installer en Suisse, contraints de laisser leurs enfants en Roumanie, Raluca ne les rejoindra qu’à l’âge de quatre ans.

Années 1979/1980, Ion est attaqué par une abeille qui, incroyable malchance, va rentrer dans sa narine, s’y loger, s’affoler, le piquer sans vergogne. Épisode, ou anecdote, pour le moins banal, mais qui va voir s’enchainer une multitude d’autres événements qui vont bouleverser irrémédiablement la vie de sa famille. Une théorie des dominos qui serait synonyme de malchance en série en quelque sorte.

Car à partir de ce jour, Ion n’est plus le même, il vocifère et lance des insultes à l’encontre du pouvoir, des communistes, du dictateur tout puissant. Comme si la piqure avait libéré cette parole qui se doit d’être tue, ses mots qu’il faut garder au plus profond de soi. Car dans la Roumanie de Ceausescu, la parole n’est pas libre et la peur étend son manteau de silence, de délation, dans les villes et les villages. Les voisins, la famille, craignent le pire, jusqu’au jour où les hommes du village tabassent Ion, pour tenter de le calmer, par crainte de représailles à leur encontre. Puis il est arrêté et enfermé. Sa fille Elena, ses petites filles Dina et Alina, sa femme Ibolya, la grand-mère pourtant maitresse-femme de cette famille, et même Viorel Cioban, le gendre, craignent également pour leur propre liberté.

La décision est prise, les filles vont profiter de l’unique autorisation  de quitter à deux le pays,  exceptionnellement accordée à Alina championne nationale de tir, et à Dina. Les filles partiront seules sans espoir de retour. Elles s’installeront, jeunes adolescentes, en Suisse. Les années ont passé, on découvre Johan, le fils d’Alina, élevé par Dina. Il refuse de connaître ses origines, d’écouter les souvenirs et les regrets de cette tante qui l’a élevé à la mort de ses parents. Mais on le comprend, son cheminement vers la racine de l’oubli, vers ses propres racines, est pourtant l’élément indispensable qui lui permettra de continuer son parcours vers l’équilibre et la lumière.

Difficile chemin vers une liberté qui coûte si cher : l’abandon de ses racines, de sa famille, parents, grands-parents, souvenirs, il faut partir sans aucun bagage de quelque sorte que ce soit, pour se créer ailleurs une vie nouvelle. L’auteur utilise de façon très imagée la métaphore du sol – sable, argile, calcaire, humus –  et donc de ses différentes strates toutes si différentes et pourtant toutes indispensables à la survie de chacun, pour montrer que ces strates sont aussi la famille, la vie, la mémoire et l’avenir, celui dont on rêve et celui que l’on vit.

Autre point particulièrement intéressant et qui transpire dans chaque partie du roman, la dureté de la vie quotidienne sous la dictature, la misère et les privations, le manque de liberté, criant, paralysant. Jusqu’à l’envie de produits de base, du beurre, de la farine, dont le besoin tellement criant peut parfois entrainer la délation.

Enfin, les informations sur les orphelinats, sur cette politique de natalité à outrance, et d’abandon forcé des bébés dans les orphelinats où ils étaient maltraités, souvent victimes de malnutrition et de violence, et qui a entrainé un trafic d’enfants et l’adoption de ces milliers d’orphelins à l’étranger.

Sol est un très beau roman, même s’il y règne parfois une grande tristesse, faite de violence et de mutisme, y compris entre les membres d’une même famille, qui nous montre que les années de silence laissent des traces jusque sur les générations futures.

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Catalogue éditeur : La baconnière

En pleine Roumanie de Ceausescu, deux jeunes adolescentes sont forcées par leurs parents à fuir leur pays et leur famille. La plus jeune sœur a intégré l’équipe junior roumaine de tir et elles sont exceptionnellement autorisées à se rendre en Suisse disputer un tournois international. Elles ne rentreront pas. L’intégration de chacune de ces deux femmes à leur nouvelle vie se fera de façon totalement divergente.
Ce roman se penche surtout sur la deuxième génération d’immigrés et sur la très délicate question du rapport à leurs familles et à leurs origines. Raluca Antonescu va tout mettre en œuvre pour créer un sol, couche par couche, du calcaire à l’humus, à son personnage principal, Johan, fils de la tireuse d’élite, morte dans un accident.
C’est un roman familial de lecture aisée qui gagne en profondeur par le point de vue artistique et non littéraire de départ. Venant des Beaux-arts, Raluca Antonescu utilise souvent les matières comme point de départ d’une scène.
Elle excelle ensuite dans le rendu des descriptions et des dialogues. Ses personnages sont attachants, finement construits et évolutifs.

Date de parution : 17/08/2017 / EAN : 9782940431717